Entretien avec le Père Roman Braga (1) : le moine intérieur et le moine extérieur

 

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http://www.pravmir.com/god-is-always-with-you/

L’Archimandrite Roman [Braga], 93 ans , du monastère de la Dormition s’est endormi dans le Seigneur peu avant minuit le soir du mardi 28 Avril 2015.

Jessica Precop | 2 mai 2015

Au début de mai 2012, Jessica Precop  [ de la part du département de la jeunesse de l’OCA ( Orthodox Church in America) des jeunes adultes et du ministère dans les Campus de l’Amérique],  s’est rendue au monastère de la Dormition de la Mère de Dieu situé à Rives Junction, MI, afin d’interviewer l’archimandrite Roman [Braga], qui a grandi et a servi en Roumanie sous le régime communiste. Le Site de l’OCA a réimprimé l’interview en souvenir de l’archimandrite Roman.

Archimandrite Roman avec l’intervieweur Jessica Precop.

 

Père Roman, pour commencer, que pouvez-vous nous dire sur le mode de vie monastique?

 

C’est une bonne question. Mais d’abord, vous devez comprendre l’environnement culturel roumain quand j’étais jeune – dans les années 1920 – 1950. Le peuple roumain, je pense, a toujours eu un penchant vers la vie monastique, car être monastique et mener une vie de type monastique ne signifie pas seulement qu’il faut aller vivre dans un monastère. Quand Jésus prêchait l’évangile — « si vous aimez votre mère et son père plus que moi, vous n’êtes pas digne de moi»–, ou quand Jésus disait « si vous ne prenez pas votre croix et ne Me suivez pas vous n’êtes pas digne de moi», Jésus ne s’adressait pas à des moines; les moines n’existaient pas à cette époque. Jésus parlait aux gens, les personnes seules, les personnes mariées, tout le monde. Donc en un sens, en ce qui concerne les vertus, il n’y a aucune différence entre moines et laïcs. Les vertus monastiques sont pour tout le monde. Je vais vous donner un exemple: ceux qui veulent consacrer leur vie à Jésus, à l’Eglise, et qui veulent sauver leurs âmes à travers le mode de vie monastique, se mettent parfois en contradiction avec les souhaits de leurs parents, qui peuvent vouloir que leurs enfants mènent une vie laïque . Mais rappelez-vous: Dieu vient en premier dans notre vie, puis viennent les parents et la famille.

 

 

Nous devons d’abord écouter Dieu parce qu’Il est le Père de nous tous. Il y a un élément monastique en cela. L’abstinence, par exemple, n’est pas réservée seulement pour les moines. En général les personnes mariées doivent faire preuve de plus d’abstinence que les célibataires. Les laïcs ont aussi bien besoin de pratiquer l’abstinence encore plus que les moines. L’abstinence signifie s’abstenir de nourriture, de l’alcool, de beaucoup d’autres choses. Dans notre culture, ici en Amérique (et ailleurs aussi Ndt), nous nous abstenons de certaines choses seulement quand nous y sommes forcés pour des raisons de santé. Mais Dieu veut que nous nous abstenions de certaines choses afin que nous ne soyons pas dominés par les choses matérielles; afin d’être libre des choses matérielles. Les choses matérielles sont éphémères; nous ne pouvons pas les prendre avec nous. En tant que personnes, nous devons grandir. Nous cessons d’être une personne lorsque nous sommes dominés par les choses matérielles. Le sexe, les drogues, l’alcool, le tabagisme, la suralimentation, et bien d’autres choses du même genre font de vous un esclave; vous n’êtes plus une personne libre. Eh bien, Dieu veut que nous soyons libres, car Il nous a fait libre et c’est en ceci notre ressemblance avec Dieu: «Faisons les hommes selon notre propre image. »

 

Donc les vertus sont les mêmes pour les personnes mariées que pour les moines; La seule différence est que les moines vont à un à un monastère, ils vivent dans des communautés parce qu’ils veulent consacrer leur vie à Dieu et être dégagés des obligations sociales. Les moines ne se marient pas; à la place ils font un vœu de chasteté et de pauvreté. Pourquoi? Parce qu’ils ne veulent pas dépendre de biens que l’on possède. Les moines ne  possèdent pas de terres, n’ont rien d’autre que leurs effets personnels. Dans les monastères, les moines portent l’habit (monastique), un uniforme spécial si vous préférez, car ils sont considérés comme l’armée de l’Eglise, les soldats de l’Église. L’Eglise dépend d’eux.

 

Pendant que  nous conversons aujourd’hui, il y a une session du  Saint Synode de l’OCA (Orthodox Church of America) dans notre monastère. Le Saint-Synode de l’Eglise est composé de ses évêques. L’Eglise a besoin d’évêques. Les évêques ne peuvent pas être mariés, et ils devraient être choisis parmi les moines. Si les dirigeants de l’Église viennent vous dire, « nous avons besoin de vous pour être évêque, » vous ne pouvez pas dire non parce que vous avez à être obéir à l’Eglise. Avec les vœux de chasteté et de pauvreté, le moine fait également le vœu d’obéissance. Et si l’Eglise a besoin de vous envoyer quelque part pour commencer à fonder une église locale, vous devez y aller. Vous ne disposez pas de biens, d’une maison dont il faut se soucier. Vous ne pouvez pas dire « Oh, j’ai une maison, quoi faire avec ma maison? » Vous avez juste une valise et vous mettez en elle les choses nécessaires et vous partez sur le champ. Donc, l’obéissance est un autre voeu que les moines font.

 

Comme je l’ai dit avant, les moines portent un habit. Ils portent des vêtements longs et des robes. Ceci constitue le moine extérieur, le moine que tout le monde voit. Le «moine extérieur», pour ainsi dire, n’est pas fait pour tout le monde. Par contre le moine intérieur concerne  tout le monde. En d’autres termes, les vertus de l’abstinence et du sacrifice sont les mêmes pour le moine qui a prononcé ses vœux que pour le profane. Donc, les vertus monastiques de renoncement à sa volonté propre, de prendre sa croix, et d’abstinence-ci sont pour tout le monde. Les vertus sont les mêmes et nous nous dirigeons tous vers le même endroit, que ce soit les personnes mariées ou les moines.Le mariage n’est pas une chose facile. Il faut beaucoup d’ascétisme dans le mariage.

Vous avez trois, quatre, cinq enfants; parfois même vous n’avez pas le temps de manger, car il faut simplement laisser les enfants manger, et vous vous sacrifiez pour eux et pour d’autres. C’est ceci est la différence entre moines et laïcs.

 

La Roumanie compte environ 500 monastères. Il y a toujours eu beaucoup de moines et de moniales en Roumanie. Ils ne sont pas cloîtrés; ils vont faire les courses, ils vont au marché. La Roumanie est un petit pays, de la taille de l’État de l’Ohio, et les moines et moniales sont influencés par la culture du pays. Même aujourd’hui, les monastères de la Roumanie sont pleins de moines et de moniales. Donc, cela dépend de la culture dans laquelle vous vivez et la façon dont vous comprenez l’Evangile.

 

Pouvez-vous nous dire ce qui vous a amené à la vie monastique?

 

Je ne suis pas allé au monastère quand j’étais jeune. J’ai été  en prison deux fois, et après mon premier emprisonnement, je suis devenu un moine parce que j’ai mûri en prison. Lorsque vous rencontrez la souffrance, alors vous commencez à réfléchir. Je suis un enseignant. Je donnais des cours dans une école secondaire à Bucarest. J’étais assez mûr pour comprendre la vie et me demander, « pourquoi ne suis-je pas marié alors que j’ai 30 ans? »  “Est-ce que je dois me marier ou pas?” Alors la prison m’a donné le temps de méditer et de réfléchir, « Qu’est ce qui est   mieux pour moi ? Me marier et avoir une famille, ou bien choisir la vie monastique? « J’ai décidé de suivre la vie monastique.

 

Lorsque j’étais un jeune garçon, j’ai vécu dans un monastère, au Séminaire de Cernica à Bucarest, et j’ai aimé la vie monastique. Donc, pour moi, le monachisme était un mode de vie naturel.

 

Pouvez-vous nous dire ce qu’était la vie d’un chrétien sous un régime communiste?

(A suivre)

“God is Always with You”

La Chute et la Résurrection de l’Homme

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Mosaïque montrant la chute d’Adam et Eve 

 

LA  CHUTE  ET  LA  RÉSURRECTION  DE  L’HOMME

Source : Métropolite Hierotheos de Nafpaktos. Orthodox Heritage Vol.12 issue 03-04  (avril 2015)

Habituellement nous pensons la chute en termes juridiques qui pourraient être empruntés au vocabulaire des tribunaux.

Nous considérons que le pêché d’Adam était simplement la désobéissance à une loi extérieure, que cette désobéissance a créé une grande culpabilité chez l’être humain, et que les conséquences de cette culpabilité sont héritées par les descendants d’Adam.

Cette approche du pêché n’est pas celle de l’Eglise Orthodoxe.

Dans l’Orthodoxie, le pêché est considéré comme une maladie. L’homme est tombé malade et cette maladie a des conséquences pour l’ensemble de la race humaine.

Saint Cyrille d’Alexandrie (Patriarche d’Alexandrie de 412 à 444) emploie l’image d’une plante : quand les racines d’une plante sont malades, alors toutes les branches de la plante sont malades. Nous pouvons interpréter le pêché d’Adam de la même façon.

Saint Maxime (580-662 moine et théologien byzantin) place sur le plan théologique la chute de l’homme et sa restauration. Il dit qu’au commencement de la Création du monde il y avait cinq ensembles séparés :

–      La séparation entre ce qui est créé et ce qui n’est pas créé (l’Incréé).

–      La séparation entre la Terre et le Ciel.

–      La séparation entre le Monde et le Paradis.

–      La séparation entre ce qui est tangible (le matériel) et ce qui est noétique (de « Noûs », voir un peu plus loin).

–      La séparation entre l’homme et la femme.

Adam, avec l’aide et la grâce de Dieu, mais également par son effort personnel comme expression de sa liberté propre, devait surmonter ces séparations et atteindre à l’union avec l’Incréé. Certes, la séparation entre le créé et l’Incréé ne pouvait être abolie, mais la création aurait atteint une certaine unité avec l’Incréé. De plus, il est admis que l’Incréé peut demeurer dans le créé, et donc dans l’homme qui devient ainsi -selon saint Maxime le Confesseur – incréé par la grâce.

Adam n’a pas pu abolir ces séparations. Continuer la lecture de La Chute et la Résurrection de l’Homme

LE GRIFFON

LE GRIFFON

Source:http://orthodoxologie.blogspot.ch/2014/06/le-griffon.html

 

Un citadin se promenait dans le centre-ville avec un bon ami venu d’un village très éloigné. Il était midi et les rues étaient remplies de gens. Les voitures klaxonnaient, on entendait les sirènes des ambulances et les bruits des voitures: voilà les sonorités de la cité qui les assourdissaient. 

Soudain, le villageois dit à son ami : 

-J’ai entendu une cigale ! 

– Cela n’est pas possible dans ce vacarme! a répondu le citadin. 

– Mais j’en suis sûr, j’ai entendu une cigale! 

– C’est une folie! a répondu son ami. 

Le villageois a écouté un moment avec attention, et puis il a traversé rapidement la rue vers une zone verte avec quelques arbres. Il a cherché autour et sous les branches et il a trouvé le petit grillon! Son ami est resté étonné. 

– C’est incroyable! Il faut avoir une ouïe surhumaine! 

– Pas du tout. Mes oreilles sont très semblables aux tiennes. Tout dépend de ce que tu écoutes avec elles.

– Mais c’est impossible ! Moi, je ne pourrais pas ouïr un griffon en ce bruit! 

– Cela dépend de ce qui est important pour toi, répondit-il immédiatement. Permets-moi de te montrer quelque chose 

Il a mis la main dans sa poche et il en a extrait quelques pièces de monnaie et il les a laissé tomber discrètement sur le trottoir. 

Alors, en dépit du bruit assourdissant de la cité, ils ont remarqué que tous les gens dans un rayon de cinq mètres ont tourné la tête, en regardant vers le bas 
[pour voir] si l’argent tombé était le leur. 

– Est-ce que tu comprends-ce que je veux dire? Tout dépend de ce qui est important pour toi-même!  Ecoutant jour après jour dans les média des « nouvelles » politiques et/ou diverses tragédies, catastrophes, etc. l’oreille, qui est le prolongement de notre cerveau se fixe sur tout ce qu’il est mauvais (voir l’arbre biblique du bien et du mal). De cette manière on nous induit la PEUR ! Graduellement nous devenons impuissants, craintifs envers l’avion, le froid, le vent, les aliments, les infections, envers les gens d’autour de nous etc. Et, ce qu’il est le plus grave, envers nos sentiments. 
La réponse est: en écoutant ces prétendues « informations » qui, en fait sont poussière pour nos oreilles, nous sommes pris au piège ! Nous commençons à croire que l’atmosphère sociale est pesante, que les gens sont méchants, que nous vivons dans un monde plein d’incertitudes, qu’il est difficile d’avoir de la confiance dans les gens, etc. et pendant tout ce temps, les cigales chantent, les feuilles des arbres frémissent, les ruisseaux murmurent et nous… nous ne les écoutons plus ! 

Source:http://orthodoxologie.blogspot.ch/2014/06/le-griffon.html

CHRISTOS ANESTI

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Extraits du bulletin Al Karma du diocèse de Tripoli et du Koura (Liban).

https://www.facebook.com/GreekOrthodoxArchdioceseOfTripoliKouraDependencies/posts/791912410897196

 

CHRIST EST RESSUSCITE !

Une fois de plus notre Dieu nous accorde la grâce de célébrer sa glorieuse résurrection qui clôt les quarante jours de jeûne ainsi que les prières, offices et demandes d’intercession qui accompagnent cette période, spécialement durant la grande semaine sainte. En cette période nos traditions sont diverses, ainsi que nos manifestations de joie, néanmoins notre usage le plus important en tant que croyants est l’exclamation « Christ est ressuscité ; En vérité Il est ressuscité » .C’est par cette exclamation que nous accueillons Pâque, que nous certifions notre foi dans la résurrection du Christ et que nous échangeons entre nous et avec le prêtre les vœux pour la fête.

Cette exclamation dépasse le simple fait d’être une habitude pour constituer une proclamation de foi et un engagement personnel devant Dieu pour que Pâque soit l’occasion de commencer une vie nouvelle qui s’appuie sur le renouvellement de notre foi en la Résurrection du Christ.

« CHRIST EST RESSUSCITE » exprime notre joie et notre certitude que nous possédons ce qu’il y a de plus précieux pour un être humain, car nous appartenons à une communauté qui ne craint pas la mort mais qui a vaincu la mort. La mort est devenue un passage et non plus la fin. C’est ce qui nous pousse à vivre dans l’espérance de la joie immense qui nous est promise. Et pourtant nous sommes dans le monde et en même temps notre espérance est dans le Seigneur qui est la source véritable de la joie et non pas le monde. Nous n’accordons pas de l’importance à ce qui plaît aux gens (du monde) et qui impliquerait que nos désirs et nos vies se situent uniquement en ce monde, mais bien au contraire, nous attachons la plus grande importance à ce qui plaît au Christ levé du tombeau, à Son évangile, et nous montrons que nous célébrons ce bonheur d’être avec le Christ, bonheur qui surpasse tous les plaisirs terrestres.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie aussi que nous avons obtenu l’espérance de pouvoir nous relever de tout ce qui nous fait tomber, de nous libérer de toute ce qui nous enchaîne, car les difficultés et les peines de nos vies ont été baignées par la lumière de la résurrection. Nous ne sommes plus abattus par les difficultés et nous ne sommes plus esclaves du pêché, mais nous sommes des fils confiants dans nos capacités de pouvoir nous libérer de nos chaînes grâce à la résurrection de notre Seigneur et de Sa force. Cette certitude se traduit par notre persévérance à dépasser les chutes qui se présentent sur le chemin de notre renouvellement (=métanoia=repentir) ; car la joie de la résurrection que nous vivons mérite toute notre énergie.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie aussi que nous avons réellement compris « qu’il n’y a plus de morts dans les tombeaux » selon l’homélie pascale de Saint Jean Chrysostome ; nous ne sommes plus un peuple qui désespère pour ses biens aimés défunts (« qui se sont endormis ») bien que nous soyons remplis du désir de les voir. Désormais notre tristesse véritable est pour ceux qui ne goûtent pas à la joie de la résurrection et notre joie consiste que nous soyons tous avec le Christ, aussi bien les vivants que ceux qui sont déjà partis selon la parole de Mgr Georges du Mont Liban.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie que nos âmes ont été touchées par la lumière de la Résurrection, nos âmes ont délaissé les ténèbres et ont été purifiées par l’humilité, ce qui nous porte à nous élever au-dessus des coups que nous pourrions recevoir des autres et effacer ainsi toute haine ou rancune…

Toute fête en Eglise est un moment pour espérer que le sens de la fête va imprégner nos vies afin que nous nous renouvelions en Christ ; alors à plus forte raison pour la fête de Pâque qui est la fête des fêtes.

Le Seigneur nous accueille tous, il reçoit celui qui lui dit « Tu es le Fils du Dieu Vivant », « Souviens-toi de moi dans Ton Royaume ». Il reçoit celui qui délaisse le vieil homme pour revêtir le nouveau et qui suit les commandements de Dieu. C’est pourquoi l’Eglise s’adresse à tout le monde pour leur demander de se renouveler, d’abandonner leurs pêchés, de ne plus regarder en arrière et qu’ils s’élancent à la rencontre du Seigneur ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi elle leur dit : « Vous les croyants, sortez à la rencontre de la Résurrection ».

 

Extraits du bulletin Al Karma du diocèse de Tripoli et du Koura (Liban).

https://www.facebook.com/GreekOrthodoxArchdioceseOfTripoliKouraDependencies/posts/791912410897196

 

HOMELIE PASCALE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité ! Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son Seigneur !

Que celui qui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le denier qui lui revient ! Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire ! Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces ! Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien ! S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter ! S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. Il admet au repos celui de la onzième heure comme l’ouvrier de la première heure. Du dernier il a pitié et il prend soin du premier. À celui-ci il donne ; à l’autre il fait grâce. Il agrée les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté. Il honore l’action et loue le bon propos. Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Seigneur et, les premiers comme les seconds, vous recevrez la récompense. Riches et pauvres, mêlez-vous, abstinents et paresseux, pour célébrer ce jour. Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, goûtez-en tous ; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté.

Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur nous en a délivrés : il l’a fait disparaître après l’avoir subie. Il a dépouillé l’Enfer, celui qui aux Enfers est descendu. Il l’a rempli d’amertume pour avoir goûté de sa chair. Et cela, Isaïe l’avait prédit : l’Enfer, dit-il, fut irrité lorsque sous terre il t’a rencontré ; irrité, parce que détruit ; irrité, parce que tourné en ridicule ; irrité, parce qu’enchaîné ; irrité, parce que réduit à la mort ; irrité, parce qu’anéanti. Il avait pris un corps et s’est trouvé devant un Dieu ; ayant pris de la terre, il rencontra le ciel ; ayant pris ce qu’il voyait, il est tombé à cause de ce qu’il ne voyait pas. Ô Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? Le Christ est ressuscité, et toi-même es terrassé. Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés. Le Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie. Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie. Le Christ est ressuscité, et il n’est plus de mort au tombeau. Car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.

http://orthodoxologie.blogspot.com/2011/04/homelie-pascale-de-saint-jean.html

 

 

 

 

Dimanche de Marie l’Egyptienne (Homélie)

Icône de Sainte Marie l’Egyptienne

Source:http://archtripoli.com/main.php

Pour le dernier dimanche du Grand Carême , et avant d’entrer dans la Grande Semaine Sainte à l’issue de laquelle on célèbre la Pâque salvatrice du Christ, notre Eglise nous rappelle une parole d’or  inspirée par l’Evangile du Christ et les enseignements des Apôtres. Cette parole est prononcée au cours de la Liturgie de ce jour, elle comporte la signification  profonde de ce que nous commémorons.   L’Eglise s’adresse aux fidèles qui ont terminé la cinquième semaine de jeûne, et qui sont sur le point de terminer les derniers jours de la sainte quarantaine. Elle leur rappelle que le Royaume de Dieu n’est pas manger et boire, et  de toutes façons manger ou  s’en abstenir ne constitue pas en soi le critère pour entrer  dans le Royaume de Dieu. La participation à la résurrection qui donne la vie ne dépend pas d’un régime alimentaire déconnecté  de ce qui constitue, en effet, l’essence même de la vie spirituelle, qui est justice et sanctification avec l’ascétisme.
La justice se situe au niveau du  comportement, selon la volonté de notre Seigneur et Dieu le Christ, notre Maître. Et aussi de se rendre étranger  à tout ce qui est contraire à Lui et qui attriste Son Esprit qui réside en nous. Et l’ascèse illustre cela car il est sortie au désert où la seule aide est celle du Dieu qui nous sauve.  Le désert n’est pas un lieu géographique, mais il est spirituel et dans nos vies. Cela est à l’image des anciens Hébreux qui ont abandonné l’abondance en Egypte et le confort pour entrer dans le repos de Dieu. Mais le désert représente également la liberté par rapport aux contraintes matérielles afin de profiter de la puissance de Dieu et Sa grâce. « Toutes ces choses ont été écrites pour nous guider. » Ainsi la richesse matérielle n’est pas un critère pour obtenir le royaume  mais c’est plutôt l’amour de Dieu et du prochain et où le mal est absent. Un amour qui incite ses adeptes à se sacrifier (même jusqu’à la mort) pour celui qui est proche. « Le juste est l’homme qui fait miséricorde tous les jours » il est celui qui s’empresse de faire le bien comme le Christ l’a fait pour notre justification. Entrer dans le repos de Dieu est accordé à ceux  « qui stockent leurs trésors dans les mains des pauvres. »

Les croyants ont jeûné et se sont restreints dans les aliments et les boissons mais il leur reste le grand test: vont ils se détacher des choses auxquelles ils tiennent comme si leurs vies en dépendait?…vont-ils aimer le prochain comme le Maître et lui donner de leur argent, de leur temps, de leurs forces et même de leurs vies? La sanctification dépend de l’obéissance au Maître en qui Ils croient et font confiance et ont voulu comme Seigneur de leurs vies. Et l’obéissance se manifeste lorsque l’on agit « dans la lumière », dans l’amour de ceux qui sont à nos côtés, dans la miséricorde et le sacrifice.
Et aujourd’hui notre Eglise termine en donnant ce conseil:  » Lorsque nous jeûnons, faisons le bien, et notre Seigneur nous donnera au lieu des biens matériels les richesses spirituelles ».