La modernité

Le projet de la modernité

 

Source : http://glory2godforallthings.com/2014/01/10/the-modern-project/
Quand je faisais des études supérieures en théologie, il n’était pas rare d’entendre des discussions sur le «projet de la modernité ». C’était un slogan académique pour décrire les efforts sociaux / philosophique / politiques / religieux pour construire le monde moderne. Le siècle des Lumières (17e-18e siècles) a apporté des nouvelles façons de penser dans le courant dominant de la culture occidentale (et maintenant le monde). Ce projet a imaginé et renouvelé le sens et la conception de l’État, il a réfléchi et a réinventé le christianisme ; et surtout, il a conçu une nouvelle façon de voir de l’être humain. Nous sommes les héritiers de cet apport. La personne la plus inculte dans notre société partage les hypothèses du « projet de la modernité » Nous sommes ce projet.
Dans le projet moderne, les êtres humains sont des centres autonomes de conscience dont les choix et les décisions réalisent leur accomplissement. Je m’explique :
Nous jouissons de façon autonome chacun d’entre nous de sa conscience de soi. Mon identité est enracinée dans le fait que je suis conscient et aussi que cette conscience est le centre de mon autonomie et m’appartient à moi seul. Je peux choisir de partager avec les autres et faire cause commune avec les autres – mais je ne me détermine que par moi-même. C’est le cœur de l’individualisme.
Nos choix et nos décisions réalisent notre accomplissement personnel. Ce je suis dans le monde est un produit de mes expériences et des choix et des décisions que je prends. Ces décisions créent mon identité – ce sont mes moyens d’actualisation de mon individualité. Mes décisions et les choix sont ce qui détermine le sens de ma vie. Je suis celui que je choisis d’être.
Quand vous examinez ces idées, il est facile de comprendre pourquoi la principale force motrice de l’histoire moderne est la liberté. Cette conception de ce que signifie être un humain fait qu’une certaine vision de ce qui est compris par le mot liberté est une des parties les plus essentielles de la vie. Tout ce qui restreint la liberté est considéré comme un ennemi de l’existence individuelle et de l’accomplissement personnel. C‘est seulement si je suis libre de choisir que je suis capable d’exister convenablement comme individu épanoui.
Ce ne sont pas nécessairement des idées conscientes, mais elles sont presque universelles dans le monde moderne. Nous utilisons les mots «liberté» et «choix» sans éprouver la nécessité de définir ces termes et cela avec un large consensus dans la société. De même certains groupes chrétiens ont joué un rôle majeur dans le développement de la vision du monde moderne, de sorte que leurs héritiers spirituels sont devenus la forme dominante du christianisme moderne. Les Eglises qui pratiquent le baptême de l’enfant -pratique normative dans le christianisme classique- et qui était autrefois la pratique dominante, même parmi les protestants, ces églises aujourd’hui doivent constamment défendre une pratique qui semble contredire les hypothèses les plus fondamentaux de la liberté humaine.  » Est-ce qu’il ne faut pas attendre que l’enfant soit en mesure de choisir lui-même s’il veut être baptisé ?  » Tout ce qui porte atteinte ou limite le choix semble dangereux ou douteux dans le cadre du projet de la modernité. Une relation avec Christ est quelque chose qui doit être librement choisie…

La discipline de l’Église sur les questions morales (ou autre) a également été scrutée de plus près. La personne moderne peut s’associer à une Église, elle peut devenir «catholique » ou « orthodoxe » ou « presbytérienne », etc. Mais que les détails moraux de la vie puissent être régis par cette association semble discutable pour eux. Une majorité des Américains qui s’identifient comme  » catholiques  » ignorent l’enseignement de l’Eglise sur de nombreuses questions – en particulier celles qu’ils considèrent comme relevant du «privé»    (les questions sexuelles en particulier). L’Église a une fonction dans leur vie, mais seul le choix privé de l’individu détermine la capacité de définir et de déterminer la nature véritable de ce choix. Dans un tel monde être «catholique », « orthodoxe », « calviniste », est davantage une étiquette, un identificateur d’un choix individuel, que l’appartenance à une communauté dans laquelle l’identité et la vie se développent.
Il y a un choc civilisationnel entre le christianisme classique et le projet de la modernité.
Dans la compréhension classique, nous ne sommes pas des individus autonomes. Nous sommes des êtres contingents dont l’existence est un don avec un but, un sens et une direction donnée par Dieu. Nous avons de la valeur en tant que personnes, et non pas à cause de nos choix ou de notre capacité à choisir, mais parce que nous sommes créés à l’image de Dieu. Ainsi, les plus diminués parmi nous, y compris ceux qui ne peuvent rien faire ou ceux qui sont dans un état végétatif, ont toute leur dignité et possèdent une valeur réelle.
Nous ne sommes pas définis par nos choix et nos décisions. Ce que nous sommes est un don de Dieu – c’est une donnée. Notre identité est le lieu où se réalise notre transformation dans une vie chrétienne et non pas un travail privé d’auto-accomplissement. Nos choix et nos décisions ne sont pas sans importance, mais ils ont seulement un mérite relatif …. En fin de compte, nous sommes la création de Dieu et nos décisions n’ont de sens que par rapport à lui.
Le choc civilisationnel est peut-être le plus aigu sur ​​les lieux où le choix moderne et la conception classique s’affrontent. Les points de friction les plus courants se situent au niveau de la biologie et des relations entre les personnes. Le christianisme classique considère la biologie et les relations comme des données. Le genre n’est pas un choix. La famille est biologique plutôt qu’une entité associative. Les relations sexuelles servent un ordre donné plutôt que des besoins privés. Les fondements du projet moderne sont de maximiser la liberté et le choix. Pour la modernité la biologie est considérée comme réelle, mais pas nécessairement déterminante (ainsi certains aujourd’hui veulent choisir leur genre) .La famille est de plus en plus définie comme un ensemble de choix – de relations que nous privilégions. Les liens de sang avec les responsabilités qui en découlent sont largement en voie de disparition dans la jurisprudence actuelle. Ainsi, nous avons le « hasard de la naissance » qui ne peut pas vraiment rivaliser avec la «liberté de choix».
La version populaire souvent décriée du relativisme (« c’est vrai pour vous ») est tout simplement une expression qui maximise le choix. La vérité qui n’est pas choisie est considérée dans le monde moderne comme oppressive. Le monde classique de la doctrine chrétienne et du dogme est donc en voie de disparition, il est considéré comme un ensemble de vérités extrêmement incommodes. Pourquoi serait-il mauvais pour nous de ré- imaginer Dieu ?

La civilisation chrétienne a pris fin à un certain moment au fur et à mesure que le monde moderne a émergé. Le projet moderne ne s’est pas demandé comment il pourrait sauver la civilisation chrétienne – c’était son ennemi depuis le début. La question que se posait la modernité a été : « A quoi voulons-nous que le monde ressemble » ? Car ce à quoi ressemble le monde est une question de choix. La théologie protestante (qui est elle-même un projet de la modernité) a été en grande partie tournée non pas à vers une exploration plus profonde de ses racines et de ses traditions, mais par une investigation continue et une ré- imagination de l’Évangile chrétien. La « Sola Scriptura » n’a jamais été conçue pour être une force de contrôle pour diriger le cours de la civilisation. Elle était d’abord et avant tout un moyen utilisé pour rejeter l’Église classique et ses traditions. Comme la Constitution américaine, « l’Ecriture » a été évolué depuis.
Aujourd’hui le christianisme classique n’a pas disparu. Il reste et demeure une épine dans le pied de la modernité. Les médias populaires scrutent de façon permanente le Vatican, espérant un signe de l’effondrement de ses fondements. L’Orthodoxie ressuscitée dans son bouillonnement russe est décrite comme étant alliée avec un  » voyou « , et qu’elle est réactionnaire.
Pendant ce temps, le christianisme dans sa forme classique est placé sur une voie difficile. La tentation est simplement d’être réactionnaire – à considérer que c’est un   » choix », conservateur dans ce cas, et alors le projet de la modernité aura atteint son but. Car si le christianisme consiste simplement à être un choix, alors il peut être assimilé (et marginalisé).  Cependant, l’argument classique qui affirme que nous ne sommes pas le produit de nos propres choix, que nos vies sont définies par le don gracieux de Dieu et que toutes les choses sont liées à Dieu, cet argument est le seul qui va à contre-courant du monde moderne. C’est le lieu de la Tradition – quelque chose qui est donné n’est pas un choix –et qui refuse de céder aux pressions modernes.
La spiritualité du christianisme classique est celle du dépouillement de soi plutôt que l’auto – accomplissement. Elle reconnaît que la vie est toujours un don. Les liens de sang et de parenté sont une réalité réelle et exigent reconnaissance en tant que tels. Mes désirs que j’imagine et l’exigence d’un monde à ma mesure sont considérés comme des tentations qui m’éloignent des tâches qui m’incombent. Le projet moderne a toujours promis un monde meilleur – et pour ceux qui ont la richesse et l’intelligence de profiter au mieux de la liberté – cette promesse a fourni de grands dividendes. Mais la promesse a également été une parodie du vide d’une telle existence. Car nous sommes, en fait, des êtres contingents. Et si nous pouvons nous imaginer pouvoir être autre chose que ce que nous sommes, à la fin il y a la tombe qui refuse de céder à nos choix. Et dans ce qui peut être le plus ironique, de nos jours, le projet de la modernité met en avant le droit de mourir – comme si c’était un choix.

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Un témoignage sur l’Eglise Orthodoxe à Madagascar

TEMOIGNAGE SUR L’EGLISE ORTHODOXE A MADAGASCAR

(Source: The Greek-Australian VEMA,January 2013, pg. 17/35)

Ce n’est pas souvent que nous avons la possibilité de prendre un peu de temps, de nous rappeler nos expériences et de mettre par écrit un compte rendu de nos activités, de sorte que le monde extérieur soit informé des progrès de notre mission. Les nombreuses expéditions missionnaires difficiles et régulières dans les hautes terres montagneuses escarpées, ou dans les plaines arides et désertiques de cette énorme île africaine, drainent notre énergie et ce qui nous en reste est consacré à superviser les projets en cours dans les chefs lieu. Ces projets comprennent, les rations alimentaires hebdomadaires pour 100 familles pauvres, le lait et des biscuits à haute teneur en protéines par jour pour 1000 enfants sous-alimentés, le fonctionnement des deux cliniques médicales entièrement fonctionnelles, et 15 écoles primaires et secondaires. Nous devons aussi faire mention des soins que nous fournissons pour 12 personnes âgées dans la maison de notre mission pour personnes âgées , ainsi que les trois écoles de couture visant à fournir des possibilités d’emploi futurs pour les jeunes femmes sans emploi , ou des femmes socialement marginalisées . Un orphelinat abrite 13 enfants sans parents nous attend également, car il repose uniquement sur ​​la mission orthodoxe pour sa survie.

Nous courons d’un endroit à l’autre avec « notre cœur sur nos lèvres » pour ainsi dire.  Notre conscience ne nous laisse pas au repos – car aussi longtemps que nous savons qu’il y a de la douleur et la souffrance et que nos frères africains (malgaches) comptent sur notre aide, nous n’aurons pas de répit. C’est avec ce sentiment écrasant de la responsabilité en tant que chrétiens ; c’est dans ce souvenir constant de la réponse fidèle d’Abraham, « Me voici» (Gen22 : 1) que nous sommes fidèles à l’appel de Dieu à le servir dans le champ béni de la mission. C’est alors que nous ressentons la merveilleuse présence de notre Seigneur plus proche que jamais dans nos vies, ici à Madagascar – et tous les problèmes s’évanouissent, les obstacles s’effondrent, les tentations cessent. Ils sont toujours présents – mais ils paraissent sans importance maintenant. Les mots de consolation de notre Seigneur, je suis avec vous pour toujours (Mat 28:20 ) se font sentir au fond de nos cœurs. Nous savons lorsque nous regardons les visages doux et les sourires étincelants de nos frères malgaches, que c’est cela à quoi nous appartenons, que c’est ici que nous sommes aimés et que nous aimons, c’est ici que nous consacrons notre vie à leur service et à Son service. .

Ce que nous recevons en retour par la bonté aimante de Dieu dans le champ de la mission ne peut être exprimé en paroles. Cependant dans le but de de faire un récit informatif nous allons essayer humblement de raconter comment Dieu nous a sauvés plusieurs fois alors que nous étions en danger, comment Il nous a consolés dans les moments de doute et comment Il a renforcé notre peu de foi à travers la joie dans le service de la mission de Madagascar.

Une question fréquente qui nous est souvent posée, ‘ Est-ce que les malgaches   acceptent le christianisme orthodoxe en toute conscience, ou bien est-ce qu’il y a une arrière-pensée pour profiter d’avantages matériels ?  » Il s’agit d’une question que nous pourrions nous poser à nous-mêmes d’autant plus que notre mission s’adresse surtout aux catégories sociales défavorisées en fournissant une aide humanitaire à ces groupes. La réponse est venue rapidement avec un jeune baptisé du nom de Panayiotis. Panayiotis est un jeune homme d’humeur joyeuse, il venait régulièrement à l’église et il avait une voix exceptionnelle. Il était membre de la chorale de l’église. Or il se trouva que Panayiotis a cessé de venir à l’église après un certain temps et que nous ne l’avons plus revu depuis plus d’un an. Nous avons demandé au prêtre de la paroisse s’il avait vu ou obtenu des nouvelles de Panayiotis, mais personne n’avait de nouvelles de lui. Nous nous demandions si Panayiotis avait perdu son zèle pour l’Eglise, ou bien si sa famille l’a convaincu de revenir aux croyances traditionnelles (une partie non négligeable de la population adhère aux croyances traditionnelles). Étonnamment, un jour, à la fête de la Pentecôte, Panayiotis est apparu à l’église, la tête baissée, et faisant avec piété le signe de la Croix. A la fin de la Divine Liturgie, heureux de le voir de nouveau, nous avons demandé à Panayiotis où il avait été pendant si longtemps. «Je suis allé à l’est de l’île pour trouver du  travail », répondit-il. Il nous a expliqué que son travail était dans la ville de Toamasina où notre mission ne dispose pas encore d’une église. «Je parle à tout le monde de l’orthodoxie », poursuit-il « et je prie beaucoup. À ce moment-là il a enlevé de sa poche un komboskini  [chapelet orthodoxe] à 200 nœuds qui était en lambeaux. «Je dis la prière de Jésus tous les jours – et je prie pour vous aussi, dit-il. «Mon komboskini est dans un très mauvais état parce que je l’utilise tous les jours. J’en ai besoin d’un nouveau ».

Oui, nous n’avions pas vu Panayiotis pendant longtemps, mais il est resté fidèle à l’Église. Nous avons été émus par sa stabilité exemplaire dans la foi et sa diligence à la prière. Panayiotis est retourné à Toamasina le lendemain. Nous sommes sûrs qu’il continue à prier pour nous.

Une grande partie de la population à Madagascar est de religion traditionnelle (culte des ancêtres). Cela rend le travail de la mission dans certains cas difficile. Beaucoup de villages sont liés par des tabous et la sorcellerie et les lois tribales sont profondément ancrées dans la culture malgache. Nous devons être sensibles à la culture dans notre ministère parmi ces personnes et avoir toujours à l’esprit que le christianisme est relativement nouveau pour certaines de ces communautés(…). De même le mauvais état des routes pratiquement inexistantes fait que nos voyages de mission sont des expéditions difficiles et périlleuses.

Un exemple me vient particulièrement à l’esprit. Nous sommes partis de la base de la mission pour atteindre le village très isolé d’Anjabaky dans le sud, dans le but de distribuer des produits alimentaires et des fournitures scolaires pour les familles pauvres de la région. Le voyage a duré environ 22 heures et nous avions peur des bandits de route qui sont fréquents dans le sud en particulier lorsque l’on voyage de nuit. Quand nous sommes finalement arrivés le lendemain, nous avons été accueillis par des villageois anxieux et effrayés. Ils étaient soulagés de nous voir et lorsque nous leur avons demandé pourquoi ils avaient si peur, ils ont répondu, « il y a seulement trente minutes nous avons été attaqués par des dahalo (bandits). Ils étaient armés et ils ont terrorisé notre village, menacé nos femmes et nos enfants. Trois d’entre eux ont réussi à s’échapper, mais l’un a été attrapé. Le doyen du village, (ray aman – dreny ) a ordonné qu’il soit attaché et qu’il soit sanctionné (…).    « Nous étions inquiets que vous rencontriez les bandits sur la route qui mène à notre village », ont-ils continué. « Vous devrez partir d’ici avant la nuit.  »

Nous avons distribué à la hâte ce que nous avons apportés avec nous, en remerciant Dieu que nous étions arrivés sains et saufs (…). Les bandits sont impitoyables et dangereux dans ces zones rurales isolées. Lorsque nous avons demandé aux habitants pourquoi ils continuent à vivre dans ces endroits isolés difficiles qui sont à l’écart des routes et qui sont exposés à divers dangers, ils ont répondu : «Nous n’osons pas abandonner la terre de nos ancêtres, car nous croyons que leurs esprits vont nous maudire si nous partons ». Il y a beaucoup de travail à faire dans cette vigne(…). Nous avons quitté le village, mais nous avons promis avec beaucoup de compassion dans nos cœurs de visiter ces gens à nouveau.

Une des plus grandes joies dans la mission de Madagascar est d’être témoins de baptêmes de groupe. Les catéchumènes sont préparés pour le sacrement du baptême à travers un processus de catéchèse qui dure généralement jusqu’à 11 mois. Un village peut désirer la catéchèse et quand le curé de la paroisse et le Geronda (c’est à dire l’Ancien qui est l’évêque Mgr Ignace) considèrent que les gens sont prêts spirituellement, nous nous apprêtons à partir pour faire les baptêmes. Le véhicule 4×4 de la mission est entièrement chargé. Nous avons une grosse citerne dans la remorque qui sert de font baptismal, ainsi que le repas qui sera donné aux villageois à l’arrivée afin de cuisiner et de partager un repas lors de la célébration festive qui suit les baptêmes. Geronda apporte toujours des douceurs pour les nouveaux baptisés, ainsi que des icônes encadrées et des petites croix comme cadeaux pour chaque personne pour cette journée spéciale. Nous fournissons également de la papeterie scolaire, des ballons, des ballons de football et des cordes à sauter pour les enfants nouvellement baptisés.

Un jour, nous avions prévu de faire des baptêmes dans un village appelé Andranohinaly. Il y a une grande souffrance dans ce village en raison de la sécheresse. Les gens marchent 15km pour atteindre la source d’eau la plus proche pour leur consommation quotidienne. Les enfants ici sont extrêmement en dessous de leur poids normal à cause et de la malnutrition. Même les animaux (buffles et chèvres) périssent à cause du manque d’eau – nous voyons souvent la cage thoracique de certains animaux qui dépassent de leurs côtés et nous nous sentons profondément attristés. À l’arrivée, les chrétiens nous ont dit qu’il n’avait pas plu depuis plus d’un an. Nous avons commencé la préparation pour les baptêmes par la mise en place des fonts baptismaux à l’ombre d’un arbre (puisque nous n’avons pas encore une église dans ce village). Plusieurs chèvres étaient tout près, bêlant (…). Il était difficile de faire des baptêmes dans cette zone, car nous avons été obligés pour le transport de l’eau pour le baptême à partir de la ville voisine d’acheter des bidons pour 2000ariary (environ 1 $ australien ) chacun . Bien que nous étions heureux de voir tant de gens embrasser l’orthodoxie, nous étions également attristés de voir tant de pauvreté. En ce jour un prêtre bénévole de Grèce devait célébrer le Mystère du baptême. Les catéchumènes vêtus de leur robe blanche (pour le baptême) se tenaient tranquillement lorsque la célébration du Mystère a commencé. Puis quelque chose d’extraordinaire s’est produit. Les chèvres à proximité qui faisaient tant de bruit sont soudain devenues pleinement attentives. Et alors que le prêtre prononçait ces mots « C’est pourquoi, ô Roi qui aime l’humanité, viens maintenant par la descente de Ton Esprit Saint sanctifier cette eau », les chèvres se sont agenouillées et ont suivi le service avec un silence impressionnant. Nous nous sommes émerveillés de voir la nature s’incliner et adorer le Saint-Esprit dans Sa descente pour effectuer le Mystère. Ici, dans ce pauvre village oublié, nous avons été témoins de la présence du Seigneur  parmi nous !

Enfin, lorsque les baptêmes sont terminés, il était temps de vider la citerne (font baptismal) afin que nous puissions la remettre en arrière sur la remorque. Le chef du village nous a approchés, nous demandant si nous pouvions donner de l’eau aux animaux qui souffrent de soif. Le prêtre a expliqué que ce n’était pas possible parce que l’eau a été bénie et est considérée comme sacrée. Les gens ont humblement accepté sa parole et tout le monde a contribué à creuser un grand trou afin que l’eau bénie (du baptême) puisse y être versée et qu’ensuite on le recouvre par de la terre restant afin de ne pas marcher dessus. Le prêtre a promis que Dieu les bénirait pour leur obéissance et humilité.

Peu de temps après, des nuages ​​ont commencé à se rassembler dans le ciel et en quelques minutes de grosses gouttes de pluie ont commencé à tomber. Le deuxième miracle avait eu lieu ! Les enfants ont commencé à danser dans l’excitation. Les adultes battaient des mains et chantaient dans la joie. Quelques instants plus tard une violente averse de pluie a arrosé la terre assoiffée et a rempli les réservoirs d’eau vides depuis longtemps. Les enfants couraient nus jouer sous la pluie. Quel spectacle ce fut ! Les aînés ont crié : «Nous avons été bénis père, oui – nous avons été bénis comme vous l’aviez promis ! Nous sommes tous restés sans voix, les larmes aux yeux – car Dieu les avait vraiment bénis (et nous aussi) en ce jour mémorable.

Ce ne sont que quelques-unes des nombreuses expériences bénies qui caractérisent notre vie quotidienne sur le terrain de la mission. C’est dans des cas comme ceux-ci – dans les moments de doute de périls et de joie que nous nous rendons compte que nous ne sommes rien sans Dieu. La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux (Mat9 : 37). Nous ne pouvons pas tous être des missionnaires qui luttent sur ​​le front spirituel, mais nous pouvons au moins être conscients des paroles du Christ, « car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger » (Mat 25:35 ) « et dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Matt 25:40 ) ». Nous prions pour que notre Seigneur éclaire et appelle chacun de nous à aider en fonction de ses capacités l’église bénie de Madagascar et ses enfants orthodoxes, afin que Son Nom soit glorifié dans les siècles !

                       

Source:

http://modeoflife.org/tag/matina-kouvoussis/

L’auteur de ce témoignage vit à Madagascar depuis plus de 10 ans et participe pleinement à la vie de l’Eglise Orthodoxe dans ce pays.

 

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Qu’est ce que le péché (Antoine le Grand)

antoine le grand

 

Ce qui est selon la nature n’est pas un péché.

Le péché, c’est le choix du mal.

Manger n’est pas un péché. Le péché, c’est de manger sans rendre grâce, sans décence et sans tempérance…

Le regard, s’il est pur, n’est pas non plus un péché. Le péché, c’est de regarder avec envie, ou avec orgueil ou avec indiscrétion.

C’est de ne pas écouter paisiblement, mais avec hostilité.

C’est de ne pas réserver la langue à l’action de grâce et à la prière, mais de lui laisser dire n’importe quoi.

C’est de ne pas travailler de nos mains pour secourir les autres, mais de s’en servir pour tuer et voler.

Ainsi, chacun de nos membres pèche de lui-même en faisant le mal au lieu du bien, contre la volonté de Dieu.

(Saint Antoine le Grand, exhortations, La Philocalie, Tome 1, page 53, DDB/J.-Cl. Lattès)

 

 

Les métaphores du désespoir

comment expliquer la frénésie de consommer plus pour les fêtes de Noël ? à méditer pendant le carême.

Les métaphores du désespoir

Par le père Jean Valentin Istrati (prêtre roumain)
Le monde est en proie fin décembre à une panique qui ne se prête pas à l’explication. Cohues dans les magasins, files d’attente interminables pour pouvoir frénétiquement se débarrasser de ses derniers kopecks, des chalands à chaque coin de rue faisant commerce de toute sorte de pacotille et, dirai-je, d’âmes humaines : ils vous proposent le bonheur ou ne fût-ce qu’une parcelle de celui-ci. Même les plus méchants des passants font des sourires aux enfants, les pauvres sapins sont sciés, la consommation d’électricité explose pour tout le mois dit des cadeaux, on s’arrache les guirlandes, les étoiles, les ornements…
Tout le monde s’empiffre, on fait jouer des noëls aux ordinateurs. Le SAMU se hâte de venir en aide aux victimes des indigestions. Foules et attroupements partout où quelque chose est en vente. On a l’impression que tous ces gens sentent qu’ils vont mourir dans les 48 heures qui suivent et veulent vivre de la manière la plus intense possible ce qu’il leur reste d’existence. Il se trouve toujours d’austères moralistes pour expliquer de la manière la plus sérieuse que tout ceci n’est que vanité, ignorance, indifférence, artifice, malédiction de la matière et orgueil de la chair et autres diagnostics relevant de la langue de bois . Cependant, comment percevoir ce bouillonnement extraordinaire, quel est le mystère que cachent ces myriades de feux bariolés, quel est le sens de ces files d’attente et de ces multitudes dans les commerces ? A quoi visent les exclamations aux relents de mauvais champagne dans les lieux publics, à quoi rime cette humanité saisie par une sorte de délire effervescent en plein hiver ?
La réponse est fort simple. Les gens sont à la recherche du bonheur, ils aspirent à la vie éternelle, à la lumière transcendante, à l’amour, à contempler les saints habitants du Ciel, à s’assouvir des sons de la chorale de myriades d’anges, à l’éternelle liturgie de l’Agneau de Dieu. Tout cela, ils y aspirent passionnément. Mais de qui parlons nous ? De ceux qui s’égosillent Place de la Constitution ? Des ivrognes dans les escaliers des immeubles ? De ceux qui se donnent à cœur joie d’allumer des pétards dans les cités dortoirs ? Des mélomanes qui assourdissent leurs voisins en installant des baffles sur les rebords de fenêtres ? Des amateurs de mousseux imbuvable ? Des consciences humaines cloîtrées dans des clubs privés où les décibels, la fumée et les pénombres s’appliquent à prophétiser les siècles futurs ? De la mascarade qui tambourine sous nos fenêtres plongeant dans la détresse les parents et leurs petits enfants ? Oui, c’est bien d’eux qu’il s’agit. Mais ils ne savent pas où chercher. Ils sont en quête, comme le disent les Pères, d’objets tangibles mais avec un désir insatiable, ils cherchent l’éternité dans la chair, la lumière dans les détritus.
Cela équivaut à essayer d’assouvir son appétit en allant chercher dans la poubelle plutôt qu’au réfrigérateur ou au fourneau. De nos jour Noël nous offre encore une possibilité de regarder comment les hommes s’agrippent désespérément à la matière essayant d’assouvir leur constante soif spirituelle, comme ils fouillent les déchets dans l’espoir de tomber sur le paradis, comme ils aspirent à voir le ciel le regard désespérément fixé vers le sol. Les insatiables sont de simples victimes de leur estomac mais leur appétit ne peut être assouvi que par la nourriture Divine, celle que nous recevons avec la sainte eucharistie. Les dépravés sont ceux qui périssent dans une multitude de corps, cela à la recherche de l’amour authentique, celui qui réside dans la demeure nuptiale du Seigneur. Ceux qui vident des cohortes de bouteilles sont assoiffés, sans le savoir, de l’eau de la vérité, celle qui descend du Ciel et nous mène vers la vie éternelle. Ceux qui prennent plaisir à écouter des refrains creux ont en réalité envie d’entendre les mélodies des chorales célestes.
Les fêtes sont la clameur assourdissante et désespérée des hommes qui aspirent à l’éternité. C’est l’infinie douleur de ceux qui savent qu’ils vont mourir. C’est le frémissement que ressent l’homme face au non être, c’est la résistance acharnée que manifestent ceux qui vont être inhumés. C’est la réponse de millions d’âmes immortelles clamant vers le ciel : « Non, nous ne mourrons pas, nous sommes faits pour les cieux, nous avons des idéaux, des désirs, des émotions, des projets conçus pour durer à l’infini ». Mais, malheureusement rares sont ceux qui savent où se situe la vraie nourriture, la vraie musique, les vrais cadeaux, la vraie lumière, la vraie vie.
Là où naît le Christ, Pain céleste, éternel Hymne à l’amour, Don de Dieu aux hommes, Lumière éclairant l’univers, la Voie, la Vérité et la vie.
Traduction Nikita KRIVOCHEINE

A propos du careme de la Nativité

CAREME DE LA NATIVITE DU SEIGNEUR

L’Eglise orthodoxe se prépare à la fête de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ par un jeûne de 40 jours qui débute le 15 novembre.

Saint Siméon de Thessalonique affirme  que ce jeûne de 40 jours est effectué de façon semblable à celui fait par Moise qui a jeûné 40 jours avant de recevoir les tables de la loi gravée sur de la pierre, et nous jeunons pendant 40 jours pour recevoir de la Mère de Dieu la Parole de vie non gravée dans la pierre mais qui est incarnée et dont nous participons par la communion au corps du Christ

En pratique durant cette période il faut éviter la viande et les produits laitiers. Le poisson est permis jusqu’au 17 décembre, puis ensuite jusqu’au 24 décembre le jeûne se fait strict comme pour le Grand Carême. Et bien sûr le 25 décembre, jour de fête, tous les aliments sont autorisés.

Le jeûne de la Nativité est une consolation et un soutien , car nous sommes des êtres dont l’esprit se  disperse facilement…Nous qui nous éloignons de Dieu, Il nous rappelle par le jeûne à se faire proche de Lui…Le jeûne de la Nativité est une expérience spirituelle semblable à celle du Grand Carême. C’est une marche vers le Salut. Lors d’un voyage on ne peut emporter toutes ses affaires, et le jeûne est un voyage durant lequel on se débarrasse du vieux pour revêtir du neuf. Le jeûne est un moyen béni par lequel on apprend à mieux se connaître. Il nous fait découvrir notre vérité,  ce qui nous manque, ce dont on a le plus besoin. Avec la grâce divine, cet effort ascétique nous ouvre un peu plus les yeux, nous amenant à comprendre le Mystère du Salut offert dans la Nativité du Christ. Ainsi nous posséderons progressivement la joie véritable…

La Vierge en ce jour enfante le suprême Dieu et la terre offre un asile en une grotte à l’Inaccessible. Les anges avec les bergers le glorifient. Les mages avec l’étoile cheminent. Car pour nous est mis au monde un enfant nouveau-né, le Dieu d’avant les siècles. (Kondakion de la Nativité de notre Seigneur).

Extraits de sources diverses: http://www.holytrinityfamily.org/Studies_articles/Nativity%20Fast.html https://www.facebook.com/georges.massouh?fref=ts