Une ermite au Sinai

Un jour, un groupe de pèlerins visita le monastère de l’Ancien Porphyrios Kavsokalivite à Milesi. Parmi eux se trouvait une Française, professeure d’histoire à l’université, athée convaincue et professant le nihilisme. Elle n’attendait pas grand-chose d’une rencontre avec un homme qui n’avait fait que deux ans d’école, mais à la demande de ses amis, elle décida de s’entretenir avec l’Ancien.

L’Ancien Porphyrios insista pour qu’ils parlent seuls, sans interprète. Après une longue conversation, la Française quitta la cellule en larmes.

Lorsqu’on lui demanda comment elle avait compris les paroles de l’Ancien, qui ne parlait que le grec, elle répondit, stupéfaite : « Il parle couramment le français ! »

Un médecin allemand eut une rencontre similaire avec l’Ancien, tout comme des pèlerins de Serbie, de Roumanie et d’Irlande…

Plus tard, répondant aux questions de ses enfants spirituels, l’Ancien Porphyrios expliqua ce miracle ainsi : « Je parle aux gens en grec et le Saint-Esprit interprète mes paroles dans leurs esprits et leurs cœurs. » La langue du Saint-Esprit, jadis oubliée par l’orgueil des bâtisseurs de la tour de Babel, est révélée à nouveau dans la Sainte Église par des personnes saintes qui plaisent à Dieu par leur vie juste.

La rencontre avec une telle personne changea à jamais la vie de la professeure d’histoire Marie Madeleine le Beller. Quelques années plus tard, elle renonça à la vie mondaine et choisit la voie de l’ascétisme solitaire dans le désert près du monastère du Sinaï.

Baptême et début de la vie ascétique de la moniale Marie-Madeleine

Marie Madeleine Le Beller, ancienne athée, se rendit en Terre Sainte et fut baptisée dans le Jourdain en 1986. Elle avait 40 ans. Après son baptême, elle décida de consacrer sa vie à Dieu et de vivre dans la solitude. Avant de franchir cette étape importante, la future moniale reçut la bénédiction de l’Ancien Porphyrios Kavsokalivite, de l’Archimandrite Sophrony (Sakharov) et d’autres ascètes.

Pendant longtemps, Marie pria saint Jean Climaque de lui montrer le bon chemin. Elle vendit ensuite sa maison à Paris et acheta un terrain à un Bédouin dans le désert du Sinaï, près de la grotte de saint Jean, à quelques kilomètres du monastère de Sainte-Catherine.

Dans son ermitage, la Française était connue sous le nom de Moniale Marie-Madeleine. Ses exploits ascétiques ne furent pas faciles : pendant la première période de sa vie au Sinaï, elle vécut sans abri, parmi les rochers et les blocs de pierre, avec seulement un sac de couchage. Ses seuls compagnons étaient des scorpions et des serpents venimeux. Beaucoup de gens l’évitaient et la croyaient mentalement malade.

La parcelle de terrain achetée par la moniale Marie ne comportait qu’un caroubier et un puits. Au fil du temps, elle planta un verger de pommiers et d’oliviers et construisit un ermitage : plusieurs cellules, une chapelle sur un rocher et un petit étang.

Une vie solitaire

Pendant longtemps, les relations de Marie-Madeleine avec les habitants du Monastère furent compliquées. Certains moines la soutenaient, mais beaucoup pensaient qu’elle ne devrait pas vivre seule dans le désert sans avoir d’abord passé du temps comme novice au couvent de femmes de l’oasis de Feiran.

La foi de la Moniale fut alors renforcée par le souvenir de la bénédiction des Anciens. Lors de sa dernière visite au Sinaï, le Vénérable Païssios de la Sainte Montagne se rendit au monastère de Feiran. Après s’être entretenu avec la Moniale Marie, il lui donna sa bénédiction pour une règle de prière spéciale et la vie solitaire d’ermite.

Dans l’ermitage qu’elle fonda, Marie-Madeleine mena une vie ascétique simple, priant, s’occupant du jardin et confectionnant des perles de chapelet. Dans ses dernières années, elle devint sculptrice sur bois et décora la chapelle avec des icônes. Les dimanches et jours de fête, elle assistait aux offices au monastère du Sinaï et passait les Semaines Sainte et Lumineuse à Jérusalem.

Son dernier voyage en Terre Sainte pour Pâques eut lieu en 2009. En novembre 2012, elle se rendit en Crète pour un examen médical, où un cancer du côlon avancé lui fut diagnostiqué.

Maladie

La moniale Marie se rendit en Russie pour se faire examiner et soigner pour sa maladie. Elle connaissait l’évêque responsable de l’hôpital Saint-Alexis, le métropolite de Moscou. Là, après un examen, on lui proposa un traitement de chimiothérapie et une intervention chirurgicale dans un grand centre de cancérologie en Russie. Cependant, elle n’accepta pas l’offre, préférant mourir dans son ermitage bien-aimé.

Avant de rentrer, Marie visita le désert de Sarov. Puis elle passa par la ville de Bari et l’église de Saint-Nicolas le Thaumaturge. À Bari, elle rencontra une femme russe nommée Euphrosyne et lui demanda de l’accompagner dans la péninsule du Sinaï. Euphrosyne s’occupa de Marie-Madeleine dans son ermitage pendant près d’un an, jusqu’au dernier jour de la vie terrestre de la Moniale. Par la grâce de Dieu, elles vécurent en harmonie malgré la barrière de la langue (Euphrosyne ne parlait que le russe, que Marie comprenait à peine).

Mort et miracle lors des funérailles

Après Pâques 2013, Mère Marie cessa presque de bouger. Elle n’était plus en mesure d’assister aux offices au Monastère, mais elle porta la croix de sa douloureuse maladie avec un grand courage et une grande patience, sans assistance médicale ni soins hospitaliers.

Elle s’est endormie dans le Seigneur dans sa cellule le jour de la fête de saint Spyridon de Trimythonte, le 12 décembre 2013, à 13h00. Avant sa mort, le Père Paulos du monastère du Sinaï célébra la Divine Liturgie dans l’ermitage et donna la Sainte Communion à la Moniale.

Le corps de l’ascète fut transporté à l’hôpital pour être déclaré décédé. L’autorisation du Consulat de France devait être obtenue pour l’enterrement. Elle fut accordée dans la nuit du 17 décembre et les funérailles furent organisées pour le jour suivant.

Le corps de l’Ancienne devait être ramené de l’hôpital au Monastère, lorsqu’un événement étrange et mystérieux se produisit. Soudain, une tempête de neige éclata et toute la région fut couverte de neige. Quatorze hommes coptes furent envoyés du Monastère pour transporter le corps de la Moniale sur le terrain accidenté jusqu’à son ermitage.

Normalement, le trajet de l’autoroute à l’ermitage aurait pris une heure, mais dans des conditions météorologiques aussi difficiles, il aurait pu en prendre deux. Cependant, lorsque les travailleurs soulevèrent la dépouille de l’Ancienne, le blizzard s’arrêta et ils se rendirent à l’ermitage en seulement 45 minutes. Au moment où le corps fut amené à l’ermitage, le blizzard était revenu.

Bien que l’Ancienne ait souhaité être enterrée dans son ermitage, à l’insistance des Pères de Sainte-Catherine, l’enterrement eut lieu au cimetière du monastère de Feiran. Les funérailles furent célébrées par l’Archevêque Damian du Sinaï et les Hiéromoines Michel et Eugène avec quatre moniales du monastère de Feiran. Parmi les proches de la Moniale Marie-Madeleine, seule Euphrosyne était présente, elle qui avait servi l’Ancienne moniale avec abnégation jusqu’à la fin.

Saint Païssios de la Sainte Montagne a écrit :

« Un moine se retire du monde non pas parce qu’il le hait, mais parce qu’il l’aime et veut l’aider par sa prière dans des choses qui transcendent l’effort humain, en comptant sur l’intervention divine. C’est ainsi que Dieu apporte le salut au monde. »

À notre époque, où l’amour et la sainteté semblent faire défaut, Dieu révèle Ses ascètes au monde. Bien que beaucoup restent inconnus de nous, ils prient avec ferveur pour l’humanité entière et pour notre existence sur cette terre. C’est par leur intercession que le monde trouve son fondement.

https://catalog.obitel-minsk.com/blog/2023/09/elder-mary-magdalene-a-hermit-from-the-sinai-desert

Icône de Saint Porphyrios (+ le 2 décembre 1991)

Elder Mary Magdalene

Parcelle de terrain achetée par la moniale Marie Madeleine