Sur la maladie

Source: https://orthodoxcityhermit.com/category/contemporary-elders/elder-aimilianos/
Nous tombons malades et nous souffrons pour différentes raisons, mais c’est souvent parce que nous avons péché, volontairement ou involontairement, ou parce que nous nous sommes éloignés de Dieu. Mais, si vous êtes malades, n’ayez pas peur et ne vous inquiétez pas, car la maladie est un grand cadeau de Dieu. Les malades sont les enfants spéciaux de Dieu. Les malades sont sous la protection spéciale de Dieu. Ils ont la bénédiction spéciale de Dieu. Ils ont l’amour de Dieu. Ils sont dans Son étreinte, alors que quelqu’un qui a la santé pourrait ne pas l’être. La personne malade, la personne souffrante, la personne malade se trouve dans une situation privilégiée, ou potentiellement privilégiée, par rapport à Dieu. Ceux qui n’ont jamais connu la maladie, et ceux qui n’ont jamais connu la souffrance, manquent souvent d’empathie; et souvent leur cœur est étroit, petit et restreint, et incapable de s’ouvrir et d’embrasser la souffrance des autres parce qu’ils ne le savent tout simplement pas. Les malades, par contre, sont souvent les personnes les plus aimantes, les plus compréhensives et les plus compatissantes que vous rencontrerez jamais, et ce sont eux qui auront l’audace devant Dieu dans leurs prières pour les autres. N’ayez donc pas peur de votre maladie. Laissez-la à Dieu. Faites ce que les médecins vous disent. Lorsque vous prenez vos médicaments, vous recevez le Christ. Ce n’est pas un mal, ni le signe d’un manque de foi, de prendre vos médicaments. Lorsque vous prenez vos médicaments, vous recevez une bénédiction, vous recevez le Christ lui-même. Faites ce que les médecins disent, prenez vos médicaments, passez vos tests, mais ne soyez pas anxieux. Parfois, ce qui est pire que d’être malade, c’est d’avoir peur de tomber malade. Laissez les choses entre les mains de Dieu. Tout ce que Dieu vous donne est le meilleur pour vous. Dieu ne vous donne jamais une croix sans d’abord la peser et la mesurer très soigneusement pour s’assurer que la croix aboutira à votre croissance spirituelle. Alors ne pensez pas que c’est aléatoire, ne pensez pas que c’est un hasard, ne pensez pas que c’est trop. Elle a été très soigneusement pesée et très soigneusement mesurée, de sorte qu’il en résulte une croissance spirituelle et un bénéfice spirituel. Autant le corps dépérit, autant notre vie en Dieu est renouvelée. Dieu ne peut pas naître en nous sans les douleurs de l’enfantement. Et la souffrance que nous éprouvons, que ce soit une souffrance émotionnelle ou physique, ce sont les douleurs de la naissance, le travail, la souffrance dans notre vie qui permettront à Dieu de naître et de grandir en nous. Nous devrions donc avoir du regret pour la personne qui n’a pas goûté à la douleur involontaire parce que cette personne n’est pas susceptible de s’imposer une quantité suffisante de douleur volontaire (…) Elle voudra rester dans son endroit confortable, sa zone de confort, et elle va résister à toutes sortes de changements. La maladie est une visite de Dieu, une visite divine. La maladie nous humilie, elle nous enseigne, elle nous remodèle, elle nous éveille à la réalité, elle nous permet de voir ce qui est vraiment important et ce qui a de la valeur. Ce n’est pas une punition, mais une visite divine pour notre correction et notre éducation. –
L’ Ancien Aimilianos (+ 9 mai 2019) du monastère de Simonopetra  Extrait de: Une conférence intitulée «Heureux ceux qui ont le cœur pur: Réflexions sur la nature spirituelle de la souffrance», par le Père Maximos Constas, Patristic Nectar Publications (2017).

Sur la nature religieuse du monde moderne

 

Source: https://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2021/02/15/the-religious-nature-of-modern-life/

Chaque jour, je prends de plus en plus conscience de la nature «religieuse» de presque toute la vie moderne. Cela peut sembler une observation étrange lorsque la culture dans laquelle nous vivons se décrit en grande partie comme «laïque». Cette désignation, cependant, n’a de sens qu’en affirmant que la culture ne donne aucune allégeance ou préférence à un corpus religieux organisé en particulier. Il est regrettable cependant que cette conception rend la culture particulièrement aveugle à la façon dont elle est «religieuse» dans presque tout ce qu’elle fait. Je soupçonne que plus nous sommes éloignés de la vraie communion avec Dieu, plus nous devenons «religieux». C’est, je pense, un substitut idolâtre à la vraie existence, et une tentative malavisée d’imposer un ordre et un sens que nous créons nous-mêmes. Notre vie sociale devient ainsi dominée par nos efforts continus pour convaincre (ou contraindre) les autres (ou pour nous convaincre) d’accepter une vision du monde et un mode de vie qui n’ont pas d’existence véritable en dehors de nos propres efforts pour y parvenir. Dans la première moitié du XIXe siècle, le théologien allemand Friedrich Schleiermacher a avancé l’idée que la religion se composait de sentiments (très primitifs) plutôt que de doctrine, de rituel ou de moralité. Ses écrits étaient assez profonds et offrent certaines des premières explorations de la psychologie de l’esprit religieux. Sa thèse, cependant, était caracteristique  des mouvements culturels qui se déchaînaient déjà dans des vagues de ferveur «religieuse» (c’est-à-dire «sentiments»). Son siècle se rebellait déjà contre l’aride rationalisme des Lumières du XVIIIe siècle. La beauté mathématique d’une fugue de Bach cédait la place aux romantiques (comme Beethoven) où la musique s’éloignait de la théorie pour se tourner vers la flamme  de l’impact émotionnel (pour ne rien enlever à la beauté d’une fugue de Bach). Le même mouvement peut être vu dans l’art ainsi que dans un certain nombre d’autres domaines de la culture.

Le 19e siècle est devenu le siècle des sentiments et des émotions. Nous n’en sommes jamais remis. Les mouvements religieux du 19e siècle (en particulier le  »deuxième grand réveil ») n’étaient pas des mouvements de nature doctrinale. En effet, la seule grande innovation doctrinale a été de promouvoir une expérience «de nouvelle naissance», largement définie comme un événement émotionnel. L’excès émotionnel était le résultat attendu du «renouveau». En effet, les réveils de ce siècle ont suscité dans certains domaines une sorte d’hystérie. Des vies ont été transformées. Des centaines de nouvelles dénominations ont vu le jour dans son sillage alors qu’une émotion fièvreuse provoquait une créativité religieuse inédite depuis des siècles. Les grands mouvements sectaires américains (mormons, adventistes du septième jour, témoins de Jéhovah, shakers, etc.) coulaient dans la fièvre de l’émotion religieuse. J’ajouterais à ces mouvements du XIXe siècle les «réveils» sociaux modernes qui se manifestent dans la théorie du genre, le transgenre, etc. Ils partagent une base et un comportement «religieux» communs et, je pense, ne peuvent être correctement compris que de cette manière. Des milliers de personnes sont sexuellement «nées de nouveau» et, voici, elles sont renouvelées – avec des comportements qui sont comme des cultes. La même émotion religieuse au XIXe siècle a envahi le domaine politique et est devenue le moteur de la réforme sociale. Il est également vrai que la poussée vers l’Ouest (le far west des USA) s’est appuyée sur une vague de sentiments religieux afin d’accomplir le «destin manifeste» de la nation. Au XXe siècle, ces sentiments religieux ont été exploités par les annonceurs et les politiciens (notamment sous forme de patriotisme). Il est absolument vrai aujourd’hui que lorsque nous assistons à des débats autour du drapeau et de l’hymne national, nous assistons à un débat religieux. Le patriotisme est un mouvement religieux. Malheureusement, le même ensemble de sentiments est le carburant des moteurs de la guerre à notre époque. Les auteurs-compositeurs de Tin Pan Alley ont été sollicités pour la musique patriotique pour soutenir l’entrée malavisée de l’Amérique dans la Première Guerre mondiale. Il est rare que la «logique» d’une guerre soit suffisante pour obtenir du soutien dans une démocratie. Seul un sentiment quasi religieux peut susciter la folie nécessaire pour envoyer des gens à la mort à grande échelle. Nous ne faisons pas que combattre  seulement pendant les guerres – nous y croyons. Toutes ces pensées tourbillonnent dans mon esprit alors que je pense à ma propre foi et à ma pratique en tant que chrétien orthodoxe. Les habitudes du cœur qui produisent le sentiment religieux sont puissantes. Ces habitudes sont capables d’accomplir des actions puissantes … Cependant, elles ne produisent pas de théosis  (la sanctification)–  et donc le salut. Les sentiments associés aux mouvements et événements de type religieux dans notre culture ne sont en fait que des passions. Ils incluent la luxure, l’envie, la colère, la honte, le dégoût et une foule d’autres forces similaires. Le simple fait qu’ils soient attachés à quelque chose que nous considérons comme noble (comme notre foi religieuse ou le drapeau de notre nation) n’en fait pas de nobles sentiments. Souvent, ce sont des sentiments de foule, capables de générer des pensées et des actions dangereuses, voire meurtrières. En tant que croyants orthodoxes, nous prions: « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, et renouvelle en moi un esprit  de droiture. » Cela décrit une vie fondée sur un esprit et un cœur bien ordonnés, non dominés par les passions, et encore moins animés par les vents et les courants de la culture populaire. Malheureusement, l’orthodoxie est considérée par certains comme une sorte de château-fort dans les guerres culturelles, un bastion de croyances et de pratiques traditionnelles qui fournit un lieu de sécurité contre les vents libéraux dominants. C’est, en effet, un lieu où les pratiques et croyances traditionnelles relèvent du dogme. Mais ce n’est pas un moulin à vent conservateur. Aux libéraux comme aux conservateurs, l’Église dit: «Entrez et ne suivez pas le vent». L’invitation est de renoncer au (x) esprit (s) religieux de l’époque, qu’ils soufflent de gauche ou de droite. L’Écriture nous enseigne: «Par conséquent, si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création; les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. (2Cor. 5:17).

Le mode de vie orthodoxe nous demande de prendre le chemin de la nouvelle création dans laquelle les passions sont perçues comme des distractions et des chaînes de servitude. Pour beaucoup, une telle analyse est critiquée comme un «retrait du monde». Ce n’est pas un retrait, mais un refus de participer à l’orgie de sentiments qui ne peuvent pas servir le Christ ou nos semblables. Seuls ceux qui ont crucifié la chair et se sont libérés de telles passions sont vraiment présents dans le monde. Ils sont des marqueurs de notre vraie existence et des socles pour une communion inébranlable dans le Christ. Depuis plus de 200 ans, la modernité a travaillé sous des slogans qui promettent un monde meilleur. Si les sentiments qu’ils contiennent sont toujours bien intentionnés, en vérité, ils servent principalement à attiser les passions et à exiger des actions qui transcendent les stratégies raisonnables et rationnelles. Ils supposent qu’aucun problème n’est insurmontable tant que nous nous en soucions suffisamment (c’est un sentiment que je m’attends à voir un jour sur un pare-chocs). Ce n’est bien sûr pas vrai. Le sentiment «religieux» de la modernité est un tourbillon de mort. Vous n’avez pas besoin de chercher plus loin que les guerres culturelles ou les factions religieuses (dont certaines s’imaginent être laïques) sont rassemblées en bataille constante. Aucun des deux ne peut vaincre l’autre. Vous ne gagnez jamais une guerre de religion. Les Écritures nous enseignent que notre combat n’est pas avec la chair et le sang mais contre « contre les princes de ce monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes.». Le seul endroit où de telles batailles peuvent être menées est dans le cœur humain. Saint Séraphin nous a enseigné que si nous acquérons l’Esprit de paix, mille âmes autour de nous seront sauvées. Avec ce ratio, nous pourrions sauver le monde. Un tel salut paraîtrait aussi calme et inefficace que 12 paysans dans une chambre haute. Dieu n’a jamais eu d’autre plan.

 

Une parole d’un Ancien

Tout passera et finira comme s’il n’avait jamais existé, tandis que les œuvres faites en Dieu resteront avec l’âme qui les a travaillées afin que l’ouvrier puisse en récolter la vie éternelle. Heureux les philosophes de Dieu, qui mettent de côté les choses éphémères et amassent les choses éternelles, de sorte qu’à leur départ, ils trouvent leurs trésors dans la trésorerie de Dieu avec des intérêts accumulés. Heureux ceux qui nettoient leur cœur des mauvaises herbes du péché et cultivent la bonne semence, car le temps viendra pour eux de récolter les gerbes de la vie éternelle! Heureux ceux qui sèment des larmes avec le jeûne spirituel, c’est-à-dire qui sont toujours affamés et assoiffés de bonnes œuvres, car ils récolteront la joie éternelle!

L’Ancien Ephraim d’Arizona (1929- décembre 2019)

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johansen l’homme qui corrigeait les erreurs des gens

C’est un mardi matin.
D’habitude, nous tenons un service d’intercession pour les malades dans notre chapelle du village juste en face de l’hôpital ce jour-là. J’arrive généralement juste avant le début du service, je mets mes vêtements sacerdotaux , je bénis ceux qui sont présents et je commence à célébrer. Puis certains me demandent d’entendre leurs confessions. Je donne la communion aux malades ou bien je parle simplement avec les gens. Ce matin-là, on m’a demandé de célébrer une litie pour des défunts. J’ai alors allumé la plaque chauffante, j’ai sorti du charbon de bois de la boîte et l’ai mis sur la plaque. Pendant que j’attendais que le charbon de bois s’allume, une fille d’une dizaine d’années est venue vers moi et m’a touché à la manche. «Un homme à l’extérieur vous appelle,» et elle pointa son doigt vers la porte d’entrée. «Un homme m’appelle? Pourquoi n’entre-t-il pas? La fille haussa les épaules. « Je ne sais pas. Il vous appelle.  » Je suis sorti et j’ai vu un homme petit, mince et âgé d’environ soixante-cinq ans. Il se tenait sur le chemin qui mène à la chapelle, tenant à deux mains une grande boîte à icônes en bois et la serrant contre sa poitrine. Son visage me semblait familier. Je me suis souvenu que je le voyais souvent fouiller dans les poubelles, ramasser des canettes vides de bière et de boissons énergisantes. Une veste surdimensionnée, clairement ramassée dans un tas d’ordures, et un manteau tout aussi usé le faisaient ressembler à un clochard. En  passant près des poubelles et le voyant trier le contenu des sacs à ordures, je l’ai toujours salué et j’ai toujours continué sans m’arrêter. S’arrachant à son travail, il regardait dans ma direction avec ses yeux à moitié aveugles, luttant pour comprendre qui était l’homme qui venait de le saluer. Il faisait tout cela au ralenti – et en raison de sa lenteur, il n’avait pas le temps de me rendre le salut. Sa lenteur m’amusait. Je me suis souvenu de l’histoire que m’a racontée un jeune homme que je connais. Il était responsable de la sélection et de la culture de variétés spéciales de pommes de terre utilisées pour la fabrication de chips pour une entreprise renommée. À une période donnée, il avait dû beaucoup voyager à travers l’Europe pour trouver le bon matériel. La Norvège était l’un des pays qu’il a visités. Il raconte: «Avec notre chauffeur et notre interprète, qui étaient également russes, nous nous sommes rendus dans un village local. En roulant lentement le long de la rue principale, nous sommes arrives près d’une maison. Un vieil homme norvégien était assis sur un banc à côté et fumait une pipe. Le chauffeur s’est garé devant le vieil homme, a baissé la vitre et a dit quelque chose en norvégien très poliment. En réponse, le vieil homme se leva de son siège, posa sa main sur sa poitrine et s’inclina. Le chauffeur a remonté la vitre et nous avons continué. « ‘Qu’est-ce que tu lui as dit?’ «Je l’ai salué et je lui ai adressé les salutations de M. Johansen.» «Vous voulez dire que vous et lui avez des connaissances communes?» « ‘Bien sûr que non! C’était la première fois que je le voyais. » «Alors comment savez-vous que le vieux monsieur connaît un certain M. Johansen qui lui envoie régulièrement des salutations?» «Je n’en sais rien! Ici, tout le monde s’appelle Johansen ou Andersen. C’est ainsi que je m’amuse et me débarrasse de mon ennui. Ils sont terriblement lents, et maintenant ce monsieur va penser à qui je suis et quel M. Johansen a demandé qu’on se souvienne de lui toute la journée. » « ‘Pourquoi tu t’embêtes à çà?’ «Je ne sais pas,» il haussa les épaules. « Je vous l’ai déjà dit, par ennui. » « 
C’est  ce gentleman norvégien que ce collectionneur de canettes m’a rappelé. J’ai continué à lui dire bonjour à chaque fois sans aucune intention particulière, même si je l’ai appelé nul autre que «Johansen» dans mes propres pensées.  «Bonjour», dit le collectionneur de canettes, visiblement inquiet. « Voici une icône pour vous. Je l’ai trouvée dans une poubelle. Mais elle est endommagée et doit être réparée. » Des personnes adonnées à l’alcool nous apportaient de petites icônes ou des croix métalliques en échange de boisson alcolisée. Cette fois aussi, je m’attendais à ce qu’il dise: «Voudriez-vous me donner du vin d’église ?» Je ne me souviens pas l’avoir jamais vu ivre. Mais que faire ensuite? Pour une raison quelconque, il m’avait apporté l’icône. Il me tendit l’icône sans dire un mot. J’acquiesçai d’un air interrogateur et demandai: «Que désirez-vous d’autre? «Rien,» dit l’homme qui se retourna et s’éloigna. Je l’ai suivi des yeux et j’ai eu honte. Nous avons restauré l’icône. C’était une grande icône du Sauveur peinte dans un style démodé. Maintenant, elle est suspendue dans le sanctuaire dans un cadre rénové. Je n’ai pas revu le vieil homme pendant longtemps après cette journée mémorable. L’icône et son cadre avaient déjà été restaurés, mais je ne pouvais toujours pas me pardonner pour la conversation et remercier le donateur. Un jour, alors que je traversais le village, je suis tombé sur lui. L’homme a été surpris: « Une icône? Je ne me souviens pas. Je ne vous ai rien donné. Vous feriez mieux de me dire si ceci est un péché pour moi ou non: Je vais dans des tas de déchets pour ramasser des canettes de bière vides. Et qu’est-ce que je ne trouve pas là-bas! Des croix, des livres spirituels, des icônes diverses… Les gens jettent des icônes à la poubelle! Je les trouve et les ramène à la maison. Savez-vous combien j’en ai?! Parfois, je trouve des prosphores d’église. Ils sont très secs et non moisis. Je n’ai aucune idée de ce que je dois en faire. Je ne peux pas les laisser à la poubelle. À la maison, je les fais tremper dans de l’eau bénite et je les mange. Est-ce un péché? Est-ce un péché que je les mange?
« Un péché? Non, ce n’est pas un péché. »
« Et qu’est-ce qu’un péché? »
Je montraialors  ses doigts jaunes de tabac et dis: «S’empoisonner volontairement avec du tabac jour après jour, c’est un péché. Manger de la prosphore n’est pas un péché. Merci d’avoir fait ça ».
Six mois plus tard, peut-être même un an, un de nos paroissiens m’a appelé et m’a demandé de venir rendre visite à quelqu’un qui était gravement malade. «Père, il ne lui reste que la peau et les os. J’espère qu’il pourra recevoir la communion et l’onction à temps. Il croit en Dieu, à sa manière, et c’est une très bonne personne. Il a dit que vous le connaissiez. Il a été touché que vous l’ayez confondu avec quelqu’un. J’ai accepté d’aller donner la communion au malade. Nous nous sommes mis d’accord sur un jour où je pourrais le faire. Ensuite, j’ai reçu à nouveau des appels pour changer l’heure parce que l’homme était emmené de temps en temps à l’hôpital. Finalement, j’ai rencontré l’homme un mois après que ma connaissance m’ait téléphoné. Je montai au quatrième étage et m’approchai de la porte indiquée, qui était légèrement ouverte. J’ai ouvert la porte moi-même sans sonner et j’ai vu le vieux «Johansen». Il avait l’air bien pire, était devenu assez maigre. Ses yeux étaient exactement comme avant, plissant légèrement les yeux. Et il n’y avait plus de taches de nicotine sur ses doigts. Il m’a vu regarder ses doigts et m’a dit: «J’ai fumé d’aussi lontemps que je me souvienne. Vous avez dit que c’était un péché et j’ai arrêté de fumer. Vous voyez, maintenant mes doigts sont absolument propres. J’ai regardé autour. Le couloir n’avait pas de papier peint. « Johansen » s’est plaint qu’il allait faire des réparations et avait déchiré le vieux papier peint, mais maintenant il n’avait pas assez de force pour accrocher le nouveau papier peint. Il m’a invité dans la salle. Nous avons prié ensemble. Je lui ai donné l’onction, puis j’ai entendu sa confession et lui ai donné la communion.
«Depuis quelques années, je ramasse des canettes vides et les jette au rebut. Je pourrais survivre sans faire cela – je reçois une pension et mes enfants me soutiennent; mais je les ai tous rassemblés. Au début, j’étais désolé parce que c’était du métal et qu’il fallait le recycler. Tant de travail y est investi, et c’est gaspillé! Une fois les canettes empilées, je les emmenais au centre de recyclage. Je recevais de l’argent et j’allais dans une église voisine. J’achetais de grandes  bougies et les mettais sur tous les chandeliers, une devant chaque saint. Je mettais l’argent restant dans une boîte de dons pour les pauvres et j’étais heureux de pouvoir aider quelqu’un. Allons maintenant à la cuisine et je vais vous montrer combien de «saints» j’ai. »
Dans la cuisine, un coin et le mur en face de l’évier avec une cuisinière à gaz étaient recouverts d’icônes de haut en bas jusqu’au niveau de la table. Parmi elles, il y avait de vieilles icônes dans des boites; mais la plupart étaient petites – de très petites de la taille d’un morceau de papier d’un petit carnet.
Ici, je prie. Comment est-ce que je prie? Parfois avec un livre de prières, mais surtout dans mes propres mots, et je parle aux saints. J’ai hérité de ces icônes de mes parents. Celles-ci je les ai achetées moi-même, et j’ai trouvé les autres à la poubelle. Les gens jettent des icônes. Ils n’en ont pas besoin. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d’icônes que j’ai apporté dans mon garage! Je prie pour ceux qui jettent des icônes et je demande aux saints de ne pas s’en offusquer. C’est toute la folie et l’irréflexion qui les poussent à le faire. Ils vivent comme de petits enfants et ne savent pas ce qu’ils font. J’ai pitié d’eux.
«J’ai pensé ces derniers temps que je mourrai bientôt. Mais qui corrigera leurs erreurs à ma place? »
Il a arrêté de parler. Puis il a pris une petite icône avec l’image d’un saint moine sur l’étagère. Le temps avait effacé l’inscription dessus. « Regarde! C’est vieux avec une impression argentée. Quand j’allume la lumière le soir, elle scintille partout! Elle traînait  près d’une benne à ordures. Le soleil l’a illuminée et je l’ai vue. C’est mon icône préférée. Prends-la moi comme souvenir.
«Et maintenant,» il ouvrit l’armoire de la cuisine et en sortit une bouteille de vin de l’Église. «Je l’ai achetée à l’église il y a longtemps. Quand je mourrai, je vous en prie, célébrez la Liturgie avec ce vin.
Il était temps pour moi de partir, mais le vieil homme s’assit sur une chaise à côté de la porte d’entrée et se roula en boule. Je me suis souvenu de notre première rencontre et je lui ai dit: L’icône du Sauveur que vous avez apportée à la chapelle est maintenant suspendue dans le sanctuaire. Alors ne vous inquiétez pas, tant que je serai en vie, je me souviendrai de vous. 
«Là, vous me parlez à nouveau de cette icône! Je n’ai jamais apporté d’icônes à l’église. » «Avez-vous un frère jumeau? Si ce n’est pas vous, qui nous l’a donnée?  Il sourit malgré sa douleur: « Je ne sais pas. C’était peut-être un ange. S’appuyant lourdement sur sa canne, il se leva de sa petite chaise. «Désolé,c’est un moment gênant pour avoir un spasme.»
Je l’ai béni et je suis sorti. Il faisait déjà nuit. De minuscules flocons de neige tourbillonnaient à la lumière électrique des réverbères. En marchant, j’écoutais la neige craquer sous mes pieds. J’ai marché, me sentant de plus en plus comme un orphelin.
«Johansen», nous avons été proches les uns des autres toutes ces années, vous et moi. Chaque fois que je vous voyais fouiller dans les ordures, je me sentais désolé pour vous, pensant que vous n’aviez pas assez d’argent pour boire de l’alcool. Pardonnez-moi, je n’ai pas encore appris à bien voir les gens.
Vous l’avez bien dit: les gens, même les adultes, restent des enfants. Comme les enfants du primaire, ils se comportent mal, courent et font du bruit. Quand ils se sentent bien, ils rient. Quand ils se sentent mal, ils vont à l’église et pleurent. Ils sont différents mais très similaires, comme dessinés sur du papier calque. Parfois, ils jouent à des jeux dangereux comme les petits enfants. Ils se perdent dans leurs jeux et ne remarquent pas à quel point ils se rapprochent du bord du gouffre. Ils doivent être protégés; ils ne voient pas à quel point ils bougent et tombent dangereusement. Personne ne vous a rien expliqué, «Johansen», vous avez tout compris par vous-même et vous vous êtes restés de côté. Jour après jour, je les préviens des dangers qui les menacent. Mais vous , vous avez eu pitié d’eux  et corrigé leurs erreurs. La rangée de réverbères s’est terminée, la lumière s’estompait. Je ne pouvais plus voir les flocons de neige, je les sentais juste voler dans mon visage, fondre et couler sur mes joues. Plus je marchais longtemps, plus je me sentais orphelin. Ne meurs pas, notre cher ange «Johansen», ce sera trop dur sans toi.
Prêtre Alexander Dyachenko
 https://orthochristian.com/138185.html

Bulletin du mois d’avril 2021 de l’Eglise Orthodoxe à l’île Maurice

echelle

 

Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration

 

 

Numéro 63, avril 2021

 

Saint Jean Climaque

 

En ce dimanche 11 avril, l’Église nous invite à vénérer tout particulièrement saint Jean Climaque qui est le maître spirituel que l’Église nous conseille le plus d’écouter tout au long du carême, puisqu’en principe, selon le typicon de l’Église, on devrait lire chaque jour à l’office un passage de son Échelle sainte.

L’échelle de saint Jean Climaque a toujours été considérée, dans la tradition orthodoxe, comme la somme de la vie spirituelle, comme le livre qui résume véritablement tout l’enseignement des saints Pères sur la vie spirituelle, sur la vie monastique qui apparaît, si je puis dire, comme l’exemplaire de toute vie spirituelle. Tout chrétien, d’une manière ou d’une autre, doit, dans l’état qui est le sien, essayer de mettre en oeuvre avec discernement ce qui est l’âme de la vie monastique.

Saint Jean Climaque nous met en face de ce qui doit être le point de départ de cette ascension vers le ciel qu’il nous propose. La base de l’échelle ainsi conçue, c’est l’attachement au Christ. Un attachement au Christ sans partage, le désir d’être vraiment, totalement son disciple, c’est cela qui est la base essentielle, fondamentale de la vie monastique et de toute vie chrétienne.

Si saint Jean Climaque a donné 33 degrés à son échelle, c’est pour bien montrer que c’est en suivant le Christ que l’on peut en atteindre le sommet. 33, c’est le nombre des années terrestres du Christ, et c’est en suivant le Christ pas à pas, dans ce chemin qui l’a conduit de Bethléem à la croix et à la résurrection, que le moine ou le chrétien en général pourra parvenir à la vision de Dieu, à la vision de la lumière plénière à laquelle il aspire.

La base de tout cela, c’est l’amour du Christ, le désir de se donner totalement à Lui. Le chrétien dans le monde ne doit pas avoir un autre idéal. Il doit le réaliser, certes, dans une vie qui dans son organisation quotidienne n’est pas constituée en vue de cela, mais le but reste le même, la vie monastique étant simplement le moyen qui exprime le mieux, permet le mieux possible de rejoindre cet idéal, compte tenu bien sûr des particularités de chacun.

L’Échelle de saint Jean Climaque, bien qu’elle contienne beaucoup de préceptes spirituels divers et qu’elle touche à beaucoup de sujets, pourrait se ramener à l’humilité. Saint Jean Climaque nous dit quelque part : « de même que l’orgueil seul a pu précipiter des anges du ciel, on peut penser que l’humilité à elle seule, si elle est profonde, véritable, peut faire de l’homme un ange, élever l’homme de la terre au ciel. » Si nous pouvons loyalement devant Dieu dire : « oui, je tâche au moins d’être humble en cela », eh bien, à ce moment-là nous sommes sur cette échelle, nous parviendrons à son sommet. Si, au contraire, nous sommes obligés de reconnaître que notre comportement, que nos pensées, et que nos réactions viennent, d’une manière ou d’une autre, de l’orgueil, de notre amour de nous-mêmes, de nos susceptibilités, alors, à ce moment-là, il faut opérer une conversion, un retournement profond de notre attitude ; sinon, au lieu de rester sur l’échelle, nous serons comme ces malheureux moines qui sont happés par le grappin des démons et qui, de l’échelle, tombent dans la gueule de l’enfer.

Nous devons, quand nous nous sentons ainsi tentés, quand nous sentons que le démon essaie de nous faire tomber de cette échelle qui est notre seule sauvegarde, le seul chemin véritable que nous devrions suivre, nous devons appeler à l’aide ces anges qui sont là, prêts à nous aider, à nous fortifier pour nous conduire vers le sommet. Oui, c’est l’humilité qui est l’échelle véritable. Cette échelle que Jacob voyait déjà, établissant une union étroite entre la terre et le ciel.

L’échelle de saint Jean Climaque est sans doute aussi l’échelle qui nous conduit à la joie, et à la joie véritable. Et à mesure qu’on lit ce livre, en s’efforçant de le mettre en pratique, on voit cette joie fleurir, s’épanouir et finalement elle pénètre tout, elle imprègne tout cet itinéraire spirituel.

Demandons à saint Jean Climaque de nous aider, de nous éclairer intérieurement pour nous montrer comment gravir cette échelle.

D’après l’archimandrite Placide Deseille, La couronne

bénie de l’année chrétienne, volume 2, pages 99 – 103.

 

Divine Liturgie

Confinement: église fermée.

Dimanche 4 avril: la Sainte Croix

Epitre: Héb. 4/14 – 5/6. Evangile : Marc 8/34 – 9/1

Dimanche 11 : saint Jean Climaque

Epitre: Héb. 6/13-20. Evangile : Marc 9/17-31

Dimanche 18 : Sainte Marie d’Egypte

Epitre : Héb. 9/11-14. Evangile : Marc 10/ 32-45

Dimanche 25 :Les Rameaux

Epitre : Phil. 4/4-9. Evangile : Jean 12/1-18

 

Eglise orthodoxe de la

Sainte Transfiguration

Grande-Rivière N-O

Ile Maurice

(derrière le garage Bala)

Divine Liturgie

Chaque dimanche à 9h30

Site WEB:

http://orthodoxchurchmauritius.org

 

Père Athanasios, tel.: 57 33 32 53

E-mail: p.athanasios@myt.mu

Père Ian, tel.: 52 57 90 53

E-mail: fr.ian@antiochian.org.nz