Paroles de consolation de l’Archimandrite Zacharie de Maldon (Essex-Grande Bretagne)

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19 mars 2020

Beaucoup de gens sont dans la confusion et d’autres paniquent à cause de la menace de l’épidémie de coronavirus qui s’est propagée dans le monde entier. Je pense cependant que cela ne devrait pas arriver, car quoi que Dieu fasse avec nous, Il le fait par amour. Le Dieu des chrétiens est un Dieu bon, un Dieu de miséricorde et d’Amour, « qui aime l’humanité ». Dieu nous a créés dans Sa bonté afin de partager Sa vie et même Sa gloire avec nous. Lorsque nous sommes tombés dans le péché, Il a permis à la mort d’entrer à nouveau dans notre vie par bonté, afin que nous ne devenions pas immortels dans notre méchanceté, mais que nous cherchions un chemin de salut. Bien que nous soyons tombés, Dieu n’a jamais cessé de pourvoir à nos besoins, non seulement en biens matériels afin de soutenir notre race, mais Il a également envoyé des prophètes et des justes, préparant Son chemin afin qu’Il puisse venir résoudre notre tragédie, et apporter le salut éternel par la Croix et la Résurrection de Son amour ineffable. Il est venu et a pris sur Lui la malédiction du péché, et Il a montré Son amour jusqu’à la fin : « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, Il les a aimés jusqu’à la fin » (Jean 13 :1). Toutes les choses que Dieu a faites lorsqu’Il nous a créés, lorsqu’Il a fourni des biens pour soutenir le monde, lorsqu’il a préparé Sa voie pour Sa venue sur terre, lorsqu’Il est venu lui-même en personne et a opéré notre salut d’une manière si impressionnante, toutes ces choses, Il les a faites par bonté. Sa bonté est sans limite. Il nous sauve et souffre tellement pour nous, attendant que nous « arrivions à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2:4) et que nous apportions une vraie repentance, afin que nous puissions être avec Lui pour l’éternité. Ainsi, à chaque étape de sa relation avec l’homme, notre Dieu ne montre que Sa bonté et Sa miséricorde, « ce qui vaut mieux que la vie » (Psaume 63:3) ; la bonté est Sa nature et Il fait tout pour le bien et le salut de l’homme.

Par conséquent, lorsqu’Il reviendra pour juger le monde, un autre Dieu le jugera ? Ne sera-t-il pas le même Dieu bon, le Dieu de la miséricorde et de la bonté, qui aime les hommes ? Soyons certains que nous ne nous présenterons devant aucun autre Dieu que Celui qui nous a créés et sauvés. Et ainsi, c’est encore avec la même miséricorde et le même amour qu’Il nous jugera. C’est pourquoi nous ne devons ni paniquer ni hésiter, car c’est le même Dieu qui nous recevra dans l’autre vie et nous jugera avec la même bonté et la même compassion. Certains craignent que l’heure de leur fin soit venue. Ce fléau du Coronavirus a aussi un aspect positif, car nous avons quelques semaines à partir du moment où il nous assaillira jusqu’à notre fin. Nous pouvons donc consacrer ce temps à nous préparer pour notre rencontre avec Dieu, afin que notre départ ne se produise pas à l’improviste et sans préparation, mais après avoir parcouru toute notre vie chaque fois que nous nous tenons en prière devant Dieu, parfois avec des actions de grâces jusqu’à la fin pour tout ce que Dieu a fait pour nous et d’autres fois avec la repentance, en cherchant le pardon de nos transgressions. Rien ne peut nous nuire avec un tel Dieu, qui permet toutes choses par Sa bonté. Nous devons simplement continuer à Le remercier jusqu’à la fin et à prier humblement dans la repentance pour le pardon de nos péchés.

Quant à moi, ce fléau m’aide. J’aspirais à retrouver la prière que j’avais avant, avec laquelle je peux parcourir toute ma vie depuis ma naissance jusqu’à maintenant, en remerciant Dieu pour tous Ses bienfaits « connus ou inconnus » ; et aussi, avec laquelle je peux parcourir toute ma vie en me repentant de tous mes péchés et transgressions. C’est merveilleux de pouvoir passer toute sa vie à prier, en amenant toutes choses devant Dieu avec persévérance dans la prière. Vous sentez alors que votre vie est rachetée. C’est pourquoi cette situation m’aide vraiment. Je ne panique pas, mais « je suis en souci à cause de mon péché » (Psaume 37:19).*

Nous devons voir la bonté de Dieu dans toutes les choses qui arrivent maintenant. Les saints Pères ont vu Sa bonté. Une épidémie similaire s’est produite au IVe siècle dans le désert égyptien, qui faucha plus d’un tiers des moines, et les Pères ont dit avec beaucoup d’inspiration que « Dieu récolte les âmes des saints pour son Royaume », et ils n’ont pas hésité. Le Seigneur lui-même parle dans l’Évangile des derniers jours, des épreuves et des afflictions que le monde traversera avant la Parousie [2]. Cependant, nous ne discernons ni tristesse morbide ni désespoir dans Ses paroles. Le Seigneur qui a prié dans le jardin de Gethsémani à la sueur de son front pour le salut du monde entier, dit que lorsque nous voyons les choses terribles qui précèdent Sa seconde venue, nous devons relever la tête avec inspiration, car notre rédemption est proche (cf. Luc 21:28). Certains me disent : « Que Dieu étende sa main secourable ». Mais c’est précisément la main de Dieu. Il désire et opère notre salut « à divers moments et de diverses manières » (Hébreux 1:1) : « Mon Père agit jusqu’à présent, et moi j’agis » (Jean 5:17). Ce virus peut être un moyen que Dieu utilise pour amener beaucoup de gens à se repentir et à récolter beaucoup d’âmes prêtes pour son Royaume éternel. Par conséquent, pour ceux qui s’abandonnent et se confient à la Providence de Dieu, tout contribuera à leur bien : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8:28).

Ainsi, il n’y a pas de place pour un désarroi morbide. Nous ne devons pas non plus résister aux mesures que le gouvernement prend pour diminuer la propagation des afflictions que nous voyons dans la vie de tant de personnes. Il n’est pas correct d’aller à l’encontre des autorités. Nous devrions faire tout ce que dit le gouvernement, parce qu’il ne nous demande pas de renier notre foi, il nous demande seulement de prendre quelques mesures pour le bien-être commun de tous, afin que cette épreuve puisse passer, et ce n’est pas du tout déraisonnable. Certaines personnes le prennent trop au sérieux, elles agitent des drapeaux et jouent les martyrs et les confesseurs. Pour nous, il n’y a aucun doute : nous nous soumettrons purement et simplement aux ordres du gouvernement. Il est injuste de désobéir au gouvernement car, lorsque nous tombons malades, c’est à ses hôpitaux que nous nous adressons et ce sont eux qui prennent en charge toutes les dépenses et nos soins. Pourquoi ne pas les écouter ?

C’est l’ethos du Christ que Dieu a montré dans Sa vie sur terre et c’est le commandement apostolique que nous avons reçu : « … soyez soumis aux principautés et aux pouvoirs, obéissez aux magistrats, soyez prêts à toute bonne œuvre, ne dites de mal de personne, ne soyez pas fauteurs de trouble, mais soyez doux, faites preuve de toute douceur envers tous les hommes » (cf. Tit. 3, 1-2) ; et « Soumettez-vous à toute autorité établie parmi les hommes pour l’amour du Seigneur, que ce soit au roi, soit aux gouvernants… » (voir 1 Pierre 2, 13-17). Si nous n’obéissons pas à nos gouvernants qui ne demandent pas grand-chose, comment obéirons-nous à Dieu, Qui nous donne une loi divine, bien plus sublime que toute loi humaine ? Si nous respectons la loi de Dieu, nous sommes au-dessus des lois humaines, comme le disaient les apologistes du IIe siècle pendant l’Empire romain qui persécutait les chrétiens. Il est surprenant de voir dans le pays où nous vivons, au Royaume-Uni, que les footballeurs font preuve d’une telle compréhension et d’un tel discernement pour être les premiers à se retirer de leurs activités avec docilité face aux indications du gouvernement de prendre des mesures prophylactiques. Il serait triste pour nous, peuple de foi, de ne pas atteindre la mesure des footballeurs et de ne pas faire preuve de la même docilité envers les autorités pour lesquelles notre Église prie.

S’ils nous demandent d’arrêter nos services religieux, obéissons simplement et bénissons la Providence de Dieu. En outre, cela nous rappelle une vieille tradition que les Pères avaient en Palestine : pendant le Grand Carême, le Dimanche des Laitages, après le pardon mutuel, ils partaient dans le désert pendant quarante jours sans Liturgie ; ils continuaient seulement à jeûner et à prier afin de se préparer et de revenir le dimanche des Rameaux pour célébrer de manière pieuse la Passion et la Résurrection du Seigneur. Ainsi, les circonstances actuelles nous obligent à revivre ce qui existait jadis au sein de l’Église. C’est-à-dire qu’elles nous obligent à vivre une vie plus hésychaste, avec plus de prière, qui compensera cependant le manque de Divine Liturgie et nous préparera à célébrer avec plus de désir et d’inspiration la Passion et la Résurrection du Seigneur Jésus. Ainsi, nous ferons de ce fléau un triomphe de l’hésychasme. En tout cas, tout ce que Dieu permet dans notre vie vient de Sa bonté pour le bien-être de l’homme, car Il ne veut jamais que Sa créature soit blessée de quelque façon que ce soit.

Il est certain que si nous sommes privés de la Divine Liturgie pendant une période plus longue, nous pouvons l’endurer. Que recevons-nous dans la Liturgie ? Nous participons au Corps et au Sang du Christ, qui sont emplis de Sa grâce. C’est un grand honneur et un grand bienfait pour nous, mais nous recevons aussi la Grâce de Dieu de bien d’autres façons. Lorsque nous pratiquons la prière hésychaste, nous demeurons en Présence de Dieu avec l’esprit dans le cœur appelant le saint Nom du Christ. Le Nom Divin nous apporte la grâce du Christ parce qu’il est inséparable de Sa Personne et nous conduit en Sa Présence. Cette Présence du Christ qui est purifiante, nous purifie de nos transgressions et de nos péchés, elle renouvelle et illumine notre cœur afin que l’image de Dieu notre Sauveur, le Christ, puisse y être formée.

Si nous n’avons pas la Pâque dans l’Église, rappelons-nous que tout contact avec le Christ est une Pâque. Nous recevons la Grâce dans la Divine Liturgie parce que le Seigneur Jésus y est présent, qu’Il accomplit le sacrement et qu’il est Celui qui est communiqué aux fidèles. Cependant, lorsque nous invoquons Son Nom, nous entrons dans la même Présence du Christ et nous recevons la même Grâce. Par conséquent, si nous sommes privés de la Liturgie, nous avons toujours Son Nom, nous ne sommes pas privés du Seigneur. De plus, nous avons aussi Sa parole, en particulier Son Evangile. Si Sa parole demeure continuellement dans notre cœur, si nous l’étudions et la prions, si elle devient notre langue, celle avec laquelle nous parlons à Dieu comme Il nous a parlé, alors nous aurons à nouveau la Grâce du Seigneur. Car Ses paroles sont des paroles de vie éternelle (Jean 6:68), et le même mystère s’accomplit, nous recevons Sa grâce et nous sommes sanctifiés.

De plus, chaque fois que nous montrons de la bonté envers nos frères, cela est agréable au Seigneur, Il considère que nous l’avons fait en Son Nom et Il nous récompense. Nous faisons preuve de bonté envers nos frères et le Seigneur nous récompense par Sa Grâce. C’est une autre façon de vivre en présence du Seigneur. Nous pouvons avoir la Grâce du Seigneur par le jeûne, l’aumône et toute bonne action. Ainsi, si nous sommes contraints d’éviter de nous rassembler en Église, nous pouvons aussi être unis en esprit dans ces saintes vertus qui sont connues au sein du Corps du Christ, la sainte Église, et qui préservent l’unité des fidèles avec le Christ et avec les autres membres de son Corps. Tout ce que nous faisons pour Dieu est une Liturgie, car elles servent à notre salut. La liturgie est le grand événement de la vie de l’Église, où les fidèles ont la possibilité d’échanger leur petite vie avec la Vie sans limites de Dieu. Cependant, la puissance de cet événement dépend de la préparation que nous effectuons avant, par toutes les choses que nous avons mentionnées, par la prière, les bonnes actions, le jeûne, l’amour du prochain, la repentance.

C’est pourquoi, mes chers frères, il n’est pas nécessaire de faire des confessions héroïques contre le gouvernement pour les mesures prophylactiques qu’il prend pour le bien de tous les peuples. Nous ne devons pas non plus désespérer, mais seulement trouver sagement des moyens pour ne pas perdre notre communication vivante avec la Personne du Christ. Rien ne peut nous nuire, nous devons simplement être patients pendant un certain temps et Dieu verra notre patience, lèvera tout obstacle, toute tentation et nous verrons à nouveau l’aube de jours joyeux, et nous célébrerons notre espoir et notre amour communs, eux  que nous avons en Jésus-Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d’après

PEMPTOUSIA

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