LE GRIFFON

LE GRIFFON

Source:http://orthodoxologie.blogspot.ch/2014/06/le-griffon.html

 

Un citadin se promenait dans le centre-ville avec un bon ami venu d’un village très éloigné. Il était midi et les rues étaient remplies de gens. Les voitures klaxonnaient, on entendait les sirènes des ambulances et les bruits des voitures: voilà les sonorités de la cité qui les assourdissaient. 

Soudain, le villageois dit à son ami : 

-J’ai entendu une cigale ! 

– Cela n’est pas possible dans ce vacarme! a répondu le citadin. 

– Mais j’en suis sûr, j’ai entendu une cigale! 

– C’est une folie! a répondu son ami. 

Le villageois a écouté un moment avec attention, et puis il a traversé rapidement la rue vers une zone verte avec quelques arbres. Il a cherché autour et sous les branches et il a trouvé le petit grillon! Son ami est resté étonné. 

– C’est incroyable! Il faut avoir une ouïe surhumaine! 

– Pas du tout. Mes oreilles sont très semblables aux tiennes. Tout dépend de ce que tu écoutes avec elles.

– Mais c’est impossible ! Moi, je ne pourrais pas ouïr un griffon en ce bruit! 

– Cela dépend de ce qui est important pour toi, répondit-il immédiatement. Permets-moi de te montrer quelque chose 

Il a mis la main dans sa poche et il en a extrait quelques pièces de monnaie et il les a laissé tomber discrètement sur le trottoir. 

Alors, en dépit du bruit assourdissant de la cité, ils ont remarqué que tous les gens dans un rayon de cinq mètres ont tourné la tête, en regardant vers le bas 
[pour voir] si l’argent tombé était le leur. 

– Est-ce que tu comprends-ce que je veux dire? Tout dépend de ce qui est important pour toi-même!  Ecoutant jour après jour dans les média des « nouvelles » politiques et/ou diverses tragédies, catastrophes, etc. l’oreille, qui est le prolongement de notre cerveau se fixe sur tout ce qu’il est mauvais (voir l’arbre biblique du bien et du mal). De cette manière on nous induit la PEUR ! Graduellement nous devenons impuissants, craintifs envers l’avion, le froid, le vent, les aliments, les infections, envers les gens d’autour de nous etc. Et, ce qu’il est le plus grave, envers nos sentiments. 
La réponse est: en écoutant ces prétendues « informations » qui, en fait sont poussière pour nos oreilles, nous sommes pris au piège ! Nous commençons à croire que l’atmosphère sociale est pesante, que les gens sont méchants, que nous vivons dans un monde plein d’incertitudes, qu’il est difficile d’avoir de la confiance dans les gens, etc. et pendant tout ce temps, les cigales chantent, les feuilles des arbres frémissent, les ruisseaux murmurent et nous… nous ne les écoutons plus ! 

Source:http://orthodoxologie.blogspot.ch/2014/06/le-griffon.html

CHRISTOS ANESTI

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Extraits du bulletin Al Karma du diocèse de Tripoli et du Koura (Liban).

https://www.facebook.com/GreekOrthodoxArchdioceseOfTripoliKouraDependencies/posts/791912410897196

 

CHRIST EST RESSUSCITE !

Une fois de plus notre Dieu nous accorde la grâce de célébrer sa glorieuse résurrection qui clôt les quarante jours de jeûne ainsi que les prières, offices et demandes d’intercession qui accompagnent cette période, spécialement durant la grande semaine sainte. En cette période nos traditions sont diverses, ainsi que nos manifestations de joie, néanmoins notre usage le plus important en tant que croyants est l’exclamation « Christ est ressuscité ; En vérité Il est ressuscité » .C’est par cette exclamation que nous accueillons Pâque, que nous certifions notre foi dans la résurrection du Christ et que nous échangeons entre nous et avec le prêtre les vœux pour la fête.

Cette exclamation dépasse le simple fait d’être une habitude pour constituer une proclamation de foi et un engagement personnel devant Dieu pour que Pâque soit l’occasion de commencer une vie nouvelle qui s’appuie sur le renouvellement de notre foi en la Résurrection du Christ.

« CHRIST EST RESSUSCITE » exprime notre joie et notre certitude que nous possédons ce qu’il y a de plus précieux pour un être humain, car nous appartenons à une communauté qui ne craint pas la mort mais qui a vaincu la mort. La mort est devenue un passage et non plus la fin. C’est ce qui nous pousse à vivre dans l’espérance de la joie immense qui nous est promise. Et pourtant nous sommes dans le monde et en même temps notre espérance est dans le Seigneur qui est la source véritable de la joie et non pas le monde. Nous n’accordons pas de l’importance à ce qui plaît aux gens (du monde) et qui impliquerait que nos désirs et nos vies se situent uniquement en ce monde, mais bien au contraire, nous attachons la plus grande importance à ce qui plaît au Christ levé du tombeau, à Son évangile, et nous montrons que nous célébrons ce bonheur d’être avec le Christ, bonheur qui surpasse tous les plaisirs terrestres.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie aussi que nous avons obtenu l’espérance de pouvoir nous relever de tout ce qui nous fait tomber, de nous libérer de toute ce qui nous enchaîne, car les difficultés et les peines de nos vies ont été baignées par la lumière de la résurrection. Nous ne sommes plus abattus par les difficultés et nous ne sommes plus esclaves du pêché, mais nous sommes des fils confiants dans nos capacités de pouvoir nous libérer de nos chaînes grâce à la résurrection de notre Seigneur et de Sa force. Cette certitude se traduit par notre persévérance à dépasser les chutes qui se présentent sur le chemin de notre renouvellement (=métanoia=repentir) ; car la joie de la résurrection que nous vivons mérite toute notre énergie.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie aussi que nous avons réellement compris « qu’il n’y a plus de morts dans les tombeaux » selon l’homélie pascale de Saint Jean Chrysostome ; nous ne sommes plus un peuple qui désespère pour ses biens aimés défunts (« qui se sont endormis ») bien que nous soyons remplis du désir de les voir. Désormais notre tristesse véritable est pour ceux qui ne goûtent pas à la joie de la résurrection et notre joie consiste que nous soyons tous avec le Christ, aussi bien les vivants que ceux qui sont déjà partis selon la parole de Mgr Georges du Mont Liban.

« CHRIST EST RESSUSCITE » signifie que nos âmes ont été touchées par la lumière de la Résurrection, nos âmes ont délaissé les ténèbres et ont été purifiées par l’humilité, ce qui nous porte à nous élever au-dessus des coups que nous pourrions recevoir des autres et effacer ainsi toute haine ou rancune…

Toute fête en Eglise est un moment pour espérer que le sens de la fête va imprégner nos vies afin que nous nous renouvelions en Christ ; alors à plus forte raison pour la fête de Pâque qui est la fête des fêtes.

Le Seigneur nous accueille tous, il reçoit celui qui lui dit « Tu es le Fils du Dieu Vivant », « Souviens-toi de moi dans Ton Royaume ». Il reçoit celui qui délaisse le vieil homme pour revêtir le nouveau et qui suit les commandements de Dieu. C’est pourquoi l’Eglise s’adresse à tout le monde pour leur demander de se renouveler, d’abandonner leurs pêchés, de ne plus regarder en arrière et qu’ils s’élancent à la rencontre du Seigneur ressuscité d’entre les morts. C’est pourquoi elle leur dit : « Vous les croyants, sortez à la rencontre de la Résurrection ».

 

Extraits du bulletin Al Karma du diocèse de Tripoli et du Koura (Liban).

https://www.facebook.com/GreekOrthodoxArchdioceseOfTripoliKouraDependencies/posts/791912410897196

 

HOMELIE PASCALE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME

Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité ! Que tout serviteur fidèle entre joyeux dans la joie de son Seigneur !

Que celui qui s’est donné la peine de jeûner reçoive maintenant le denier qui lui revient ! Que celui qui a travaillé dès la première heure reçoive à présent son juste salaire ! Si quelqu’un est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces ! Si quelqu’un a tardé jusqu’à la sixième heure, qu’il n’ait aucune hésitation, car il ne perdra rien ! S’il en est un qui a différé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter ! S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier aussi bien que le premier. Il admet au repos celui de la onzième heure comme l’ouvrier de la première heure. Du dernier il a pitié et il prend soin du premier. À celui-ci il donne ; à l’autre il fait grâce. Il agrée les œuvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté. Il honore l’action et loue le bon propos. Ainsi donc, entrez tous dans la joie de votre Seigneur et, les premiers comme les seconds, vous recevrez la récompense. Riches et pauvres, mêlez-vous, abstinents et paresseux, pour célébrer ce jour. Que vous ayez jeûné ou non, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, goûtez-en tous ; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun. Goûtez tous au banquet de la foi, au trésor de la bonté.

Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous. Que nul ne se lamente sur ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau. Que nul ne craigne la mort, car celle du Sauveur nous en a délivrés : il l’a fait disparaître après l’avoir subie. Il a dépouillé l’Enfer, celui qui aux Enfers est descendu. Il l’a rempli d’amertume pour avoir goûté de sa chair. Et cela, Isaïe l’avait prédit : l’Enfer, dit-il, fut irrité lorsque sous terre il t’a rencontré ; irrité, parce que détruit ; irrité, parce que tourné en ridicule ; irrité, parce qu’enchaîné ; irrité, parce que réduit à la mort ; irrité, parce qu’anéanti. Il avait pris un corps et s’est trouvé devant un Dieu ; ayant pris de la terre, il rencontra le ciel ; ayant pris ce qu’il voyait, il est tombé à cause de ce qu’il ne voyait pas. Ô Mort, où est ton aiguillon ? Enfer, où est ta victoire ? Le Christ est ressuscité, et toi-même es terrassé. Le Christ est ressuscité, et les démons sont tombés. Le Christ est ressuscité, et les Anges sont dans la joie. Le Christ est ressuscité, et voici que règne la vie. Le Christ est ressuscité, et il n’est plus de mort au tombeau. Car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis. À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles. Amen.

http://orthodoxologie.blogspot.com/2011/04/homelie-pascale-de-saint-jean.html

 

 

 

 

Dimanche de Marie l’Egyptienne (Homélie)

Icône de Sainte Marie l’Egyptienne

Source:http://archtripoli.com/main.php

Pour le dernier dimanche du Grand Carême , et avant d’entrer dans la Grande Semaine Sainte à l’issue de laquelle on célèbre la Pâque salvatrice du Christ, notre Eglise nous rappelle une parole d’or  inspirée par l’Evangile du Christ et les enseignements des Apôtres. Cette parole est prononcée au cours de la Liturgie de ce jour, elle comporte la signification  profonde de ce que nous commémorons.   L’Eglise s’adresse aux fidèles qui ont terminé la cinquième semaine de jeûne, et qui sont sur le point de terminer les derniers jours de la sainte quarantaine. Elle leur rappelle que le Royaume de Dieu n’est pas manger et boire, et  de toutes façons manger ou  s’en abstenir ne constitue pas en soi le critère pour entrer  dans le Royaume de Dieu. La participation à la résurrection qui donne la vie ne dépend pas d’un régime alimentaire déconnecté  de ce qui constitue, en effet, l’essence même de la vie spirituelle, qui est justice et sanctification avec l’ascétisme.
La justice se situe au niveau du  comportement, selon la volonté de notre Seigneur et Dieu le Christ, notre Maître. Et aussi de se rendre étranger  à tout ce qui est contraire à Lui et qui attriste Son Esprit qui réside en nous. Et l’ascèse illustre cela car il est sortie au désert où la seule aide est celle du Dieu qui nous sauve.  Le désert n’est pas un lieu géographique, mais il est spirituel et dans nos vies. Cela est à l’image des anciens Hébreux qui ont abandonné l’abondance en Egypte et le confort pour entrer dans le repos de Dieu. Mais le désert représente également la liberté par rapport aux contraintes matérielles afin de profiter de la puissance de Dieu et Sa grâce. « Toutes ces choses ont été écrites pour nous guider. » Ainsi la richesse matérielle n’est pas un critère pour obtenir le royaume  mais c’est plutôt l’amour de Dieu et du prochain et où le mal est absent. Un amour qui incite ses adeptes à se sacrifier (même jusqu’à la mort) pour celui qui est proche. « Le juste est l’homme qui fait miséricorde tous les jours » il est celui qui s’empresse de faire le bien comme le Christ l’a fait pour notre justification. Entrer dans le repos de Dieu est accordé à ceux  « qui stockent leurs trésors dans les mains des pauvres. »

Les croyants ont jeûné et se sont restreints dans les aliments et les boissons mais il leur reste le grand test: vont ils se détacher des choses auxquelles ils tiennent comme si leurs vies en dépendait?…vont-ils aimer le prochain comme le Maître et lui donner de leur argent, de leur temps, de leurs forces et même de leurs vies? La sanctification dépend de l’obéissance au Maître en qui Ils croient et font confiance et ont voulu comme Seigneur de leurs vies. Et l’obéissance se manifeste lorsque l’on agit « dans la lumière », dans l’amour de ceux qui sont à nos côtés, dans la miséricorde et le sacrifice.
Et aujourd’hui notre Eglise termine en donnant ce conseil:  » Lorsque nous jeûnons, faisons le bien, et notre Seigneur nous donnera au lieu des biens matériels les richesses spirituelles ».

Les maximes du P. Hopko

 

55 maximes du Père Thomas Hopko

Le père Thomas Hopko (1939-2015) a été ordonné prêtre en 1963. Par la suite il est devenu professeur de théologie à l’Institut Saint Wladimir à New York et puis doyen de ce même institut. Depuis 2002 il était doyen émerite. Il s’est endormi dans le Seigneur tout récemment. Il était marié et père de 5 enfants. (Voir : http://en.wikipedia.org/wiki/Thomas_Hopko)

 

1) Soyez toujours avec le Christ et faites confiance à Dieu en tout.
2) Priez comme vous le pouvez, et non pas comme vous pensez que vous devez le faire

3) Ayez une règle de prière raisonnable (qui peut être appliquée, ni trop longue ni trop courte) que vous observerez avec discipline.

4) Dites plusieurs fois par jour la prière du Seigneur (Le Notre Père).

 

5) Répétez une courte prière quand votre esprit n’est pas occupé.

 

6) Faites des prosternations quand vous priez.
7) Mangez avec modération, et jeûnez les jours de jeûne.
8) Pratiquez le silence, intérieur et extérieur.
9) Asseyez-vous et faîtes silence 20 à 30 minutes chaque jour.

10) Faites des actes charitables en secret (et surtout pas de façon ostentatoire).

 

11) Allez régulièrement aux offices liturgiques.

 

12) Allez régulièrement à la confession et à la Sainte Communion.

 

13) Ne dialoguez pas avec les pensées et les sentiments intrusifs.

 

14) Révélez régulièrement toutes vos pensées et vos sentiments à une personne de confiance.

 

15) Lisez régulièrement les Écritures.

 

16) Lisez des livres de qualité, un peu à la fois
17) Cultivez la communion avec les saints.
18) Soyez une personne simple liée pleinement aux autres hommes.

 

19) Soyez poli avec tout le monde, en premier lieu de tous les membres de la famille.
20) Maintenez la propreté et l’ordre dans votre maison.
21) Ayez un passe-temps sain.

22) Pratiquez régulièrement une activité physique.

 

23) Vivez une chose à la fois à chaque instant de la journée.
24) Soyez totalement honnêtes, tout d’abord avec vous-mêmes.

25) Soyez fidèles dans les petites choses.

 

26) Effectuez votre travail comme il se doit puis passez à autre chose.
27) Commencez d’abord avec les choses les plus difficiles et les plus pénibles.

28) Faites face à la réalité.

29) Soyez reconnaissants.

30) Soyez de bonne humeur.

 

31) Soyez simples, discrets, silencieux et modestes.
32) N’attirez jamais l’attention sur vous-même.

 

33) Écoutez quand les gens vous parlent.

 

34) Soyez éveillés et attentifs, pleinement présents là où vous vous trouvez.

35) Ne pensez et ne parlez pas à propos des choses courantes plus que nécessaire.
36) Parlez simplement, clairement, fermement, directement.

37) Fuyez l’imagination, la fantaisie, et les pensées raisonnantes (que l’on se fait) pour essayer d’imaginer les choses afin de les comprendre.

38) Fuyez les choses sensuelles et charnelles dès leur apparition.

 

39) Ne vous plaignez pas, ne grognez pas, ne murmurez pas, ne geignez pas.
40) Ne pas rechercher ni attendre de la pitié ou de la louange

41) Ne vous comparez pas avec qui que ce soit.
42) Ne jugez personne pour quoi que ce soit.
43) N’essayez pas de convaincre quiconque de quoi que ce soit.
44) Ne vous défendez et ne vous justifiez pas.
45) Soyez déterminés par Dieu et attachés à Lui, pas aux gens.
46) Acceptez la critique avec grâce et éprouvez-la avec prudence.
47) Donnez des conseils seulement lorsqu’on vous le demande ou quand il est de votre devoir de le faire.
48) Ne faites rien pour les gens qu’ils ne peuvent et ne doivent faire par eux-mêmes.
49) Ayez un planning quotidien de vos activités, afin d’éviter les lubies et caprices.

50) Soyez miséricordieux envers vous-même et avec les autres.
51) N’ayez pas d’attentes extraordinaires, si ce n’est d’être farouchement tentés jusqu’ à votre dernier souffle.
52) Concentrez-vous exclusivement sur Dieu et la lumière qui vient de Lui, et jamais sur les ténèbres, la tentation et le péché.
53) Acceptez avec patience et sereinement lorsque vous êtes critiqués et que vos défauts sont exposés, agissez ainsi en vertu de la miséricorde de Dieu.

54) Quand vous tombez, levez-vous immédiatement et recommencez.

55) Obtenez de l’aide quand vous en avez besoin, sans crainte ni honte.

Sources:http://holycrossoca.org/newslet/0907.html

http://orthodoxologie.blogspot.com/2010/08/les-maximes-de-pere-dimitri-hopko-ii.html

 

Le Pardon par saint Jean de Cronstadt

Si vous pardonnez aux gens leurs péchés, votre Père céleste aussi vous pardonnera vos péchés » dit le Seigneur (Mat.VI,14-15).

 

Ce dimanche s’appelle dans la langue populaire « dimanche du Pardon«  [Le dimanche du Pardon a eu lieu cette année le 22 février, le Grand Carême commence juste après]. Depuis les temps anciens, on garde la coutume en ce jour et durant toute la semaine de la Tyrophagie [ ou plus clairement la semaine des laitages, c’est la dernière semaine avant le Grand Carême durant lequel on ne mange plus de produits laitiers], de se demander mutuellement pardon pour les péchés commis l’un envers l’autre. Magnifique coutume, authentiquement chrétienne : qui de nous, en effet, ne pèche pas contre son prochain, que ce soit en paroles, en actes ou en pensées? En demandant pardon à l’autre, nous montrons notre foi en l’Evangile, notre humilité, notre refus du mal, notre amour de la paix. Au contraire, ne pas désirer demander pardon montre notre peu de foi, la suffisance, la rancune, l’insoumission à l’Evangile, la résistance à Dieu, la complicité avec le Diable.

 

Pourtant nous sommes tous enfants du Père Céleste par la grâce, membres du Christ notre Dieu, membres de l’unique corps, l’Eglise, qui est Son Corps, et membres les uns des autres ; Dieu est Amour (IJn.IV,8); et plus que tous les holocaustes et les sacrifices, Il exige de nous un amour mutuel, qui est patient, fait miséricorde, n’envie pas, ne s’enfle pas, ne s’enorgueillit pas, ne fait pas de scandale, ne recherche pas son intérêt, ne s’irrite pas, ne tient pas rancune, ne se réjouit pas de l’injustice, mais se réjouit de la vérité. Il excuse tout, croit tout, supporte tout et jamais ne cesse (I Cor.XIII,4-8). Toute la loi tient en deux mots : aime Dieu et ton prochain. Le coeur de l’homme est extrêmement égoïste, impatient, jaloux de son dû, méchant et rancunier ; il est prêt à s’emporter contre son frère contre un mal patent, mais aussi pour un mal imaginaire, pour une parole offensante, mais aussi pour une parole équitable ou tranchante – et même pour un regard qui a semblé peu indulgent, u équivoque, rusé, fier, c’est tout juste s’il ne s’emporte pas contre les pensées du prochain, celles qu’il lui invente. Le Seigneur qui sonde les cœurs, dit ceci : c’est du cœur que sortent les pensées méchantes, adultère, débauche, meurtre, vol, emportement, méchanceté, fourberie, obscénités, envie, blasphème, orgueil, déraison(Mc.VII,21-22). A la méchanceté humaine doit être opposée l’infinie bonté et la grâce toute puissante de Dieu ; avec son secours, il est aisé de fuir tout mal par la douceur, la bonté, l’esprit de concession, la patience et la longanimité. (…) En échange des péchés pardonnés au prochain, le Père céleste nous promet le pardon de nos péchés, l’acquittement au Jugement dernier, la béatitude éternelle ; les miséricordieux obtiendront miséricorde(Mat.V,7). La méchanceté invétérée doit s’attendre au juste Jugement de Dieu et au tourment éternel.

 

Ecoutez ce récit qui montre comment Dieu punit dès ici-bas les méchants qui ne veulent pas se réconcilier entre eux. Dans la laure des Grottes de Kiev, il y avait deux solitaires -deux moines- le prêtre Tite et le diacre Evagre. Après avoir vécu quelques années en bonne intelligence, pour une raison quelconque, ils se prirent d’inimitié et de haine l’un envers l’autre ; leur animosité mutuelle dura fort longtemps, et eux, sans se réconcilier, avaient l’audace d’offrir à Dieu le Sacrifice non sanglant de l’Autel.
Tous les conseils de la communauté, de laisser là leur colère et de vivre entre eux dans la paix et la bonne entente, demeurèrent vains. Un jour le prêtre Tite tomba gravement malade. Désespérant de survivre, il commença à pleurer amèrement son péché et envoya quelqu’un demander pardon à celui qu’il n’aimait pas ; mais Evagre ne voulut même pas en entendre parler et se mit à le maudire sans pitié. La communauté des frères, déplorant un si grave égarement, l’amena de force auprès du mourant. Tite, apercevant son ennemi, se dressa sur sa couche avec l’aide des autres et tomba devant lui, le suppliant avec des larmes de lui pardonner. Mais Evagre était si inhumain qu’il se détourna de lui et s’écria avec fureur : ni dans cette vie, ni dans l’autre, je ne veux me réconcilier avec lui ! Il s’arracha des mains de la communauté et tomba à terre. Les moines voulurent le relever, mais quelle ne fut pas leur surprise de le voir mort, et si froid qu’on eût dit qu’il avait expiré depuis longtemps! Leur surprise s’accrut encore quand ils virent au même moment le prêtre Tite se lever en bonne santé de sa couche de douleur, comme s’il n’avait été jamais malade. Frappés de stupeur devant un événement si inattendu, ils entourèrent Tite et l’un après l’autre l’interrogeaient : qu’est-ce que cela signifie ? Il répondit : « J’étais dans cette grave maladie, jusqu’à ce que moi, pécheur, qui m’étais emporté contre mon frère, je visse les Anges s’éloigner de moi et verser des larmes sur la perte de mon âme et les esprits impurs se réjouir. Voilà la raison pour laquelle j’ai désiré plus que tout me réconcilier avec lui. Mais comme on me l’amenait, que je me prosternais devant lui et que lui commençait à me maudire, je vis un Ange menaçant de le frapper avec une lance de feu, et le malheureux tomber à terre, mort. Et le même Ange me tendit la main et me releva de ma couche de douleur. » Les moines pleurèrent la terrible mort d’Evagre et depuis lors ils commencèrent à veiller à ce que jamais le soleil ne se couche sur leur colère.

 

Frères et sœurs, la rancune est le plus terrible des vices, elle est aussi détestable devant Dieu que funeste dans la société. Nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu : la bonté et l’innocence doivent être nos vertus permanentes ; car Dieu se conduit à notre égard selon sa Bonté ; Il est lent à la colère et nous pardonne sans compter. Nous aussi nous devons pardonner. Mais le rancunier n’a pas en lui l’image et ressemblance de Dieu, il est plutôt une bête qu’un homme. Amen. »

 

Saint Jean de Cronstadt