Saint Nicéphore (1890-1964)

La vie de saint Nicéphore le lépreux ( voir le site de l’Église orthodoxe en Amérique:https://www.oca.org/saints/lives/2016/01/04/205506-saint-nikephoros-the-leper).

Le père Nicéphore (Nikephoros) (Nicholas Tzanakakis dans le monde) est né en 1890 dans un village montagneux de Khania, à Sikari, Kastanohori à l’ouest de la préfecture région qui a un climat sain, avec de belles forêts, des eaux abondantes, des gorges et des grottes. Ce village a une particularité que l’on ne rencontre pas souvent: il est divisé en onze quartiers, qui portent également le nom des familles qui s’y sont d’abord installées. Saint Nikephoros est donc né dans le quartier de Kostoyianides.
Ses parents étaient des villageois simples et pieux,
ils sont décédés alors qu’il était encore un jeune enfant, le laissant comme orphelin. Ainsi, à l’âge de treize ans, il a quitté son domicile. Son grand-père, qui avait entrepris de l’élever, s’est rendu à Khania pour y travailler dans un salon de coiffure afin d’ apprendre le métier. Il a alors montré les premiers signes de la maladie de Hansen, à savoir la lèpre. Les lépreux étaient isolés sur l’île de Spinalonga car la lèpre était une maladie contagieuse et elle était traitée avec crainte et consternation.

Nicolas avait seize ans lorsque les signes de la maladie ont commencé à devenir plus visibles, alors il est parti sur un bateau pour l’Égypte afin d’éviter d’être confiné à Spinalonga. Il est resté à Alexandrie, travaillant à nouveau dans un salon de coiffure, mais les signes de la maladie sont devenus de plus en plus apparents, en particulier sur ses mains et son visage. C’est pourquoi, grâce à l’intervention d’un clerc, il se rendit à Chios, où il y avait à l’époque une église pour les lépreux, et le prêtre était le père Anthimos Vagianos, plus tard saint Anthimos (15 février).

Nicolas est arrivé à Chios en 1914 à l’âge de vingt-quatre ans. Dans l’hôpital pour lépreux de Chios, qui était un complexe avec de nombreuses propriétés familiales, il y avait une chapelle de Saint-Lazare, où l’icône miraculeuse de Panagia Ypakoe (2 février) a été conservée. Dans cet espace, le chemin des vertus a été ouvert pour Nicolas. En deux ans, Saint Anthimos le considérait prêt pour le schéma angélique et le tonsura avec le nom de Nikephoros. La maladie a progressé et évolué en l’absence de médicaments appropriés, provoquant de nombreuses lésions importantes (un médicament a été trouvé en 1947).

Le père Nikephoros vivait dans une obéissance sans réserve et authentique à son père spirituel, pratiquant un jeûne austère, travaillant dans les jardins. Il a également enregistré les miracles de Saint Anthimos, dont il avait été témoin de ses propres yeux (beaucoup d’entre eux étaient liés à la délivrance de ceux possédés par les démons).

Il y avait une relation spirituelle particulière entre Saint Anthimos et le moine Nikephoros, qui est toujours resté proche de lui, comme l’écrit le père Theoklitos Dionysiatis dans son livre Saint Anthimos de Chios. Le père Nikephoros priait la nuit pendant des heures en faisant d’innombrables métanies, il ne s’est querellé avec personne, ni blessé le cœur de personne, et il était le maître de choeur de l’ église. À cause de sa maladie, cependant, il a lentement perdu la vue, et il a donc chanté les tropaires et les épîtres de mémoire.

La léproserie de Chios a été fermée en 1957 et les patients restants, ainsi que le père Nikephoros, ont été envoyés au foyer de Sainte Barbara pour les lépreux à Athènes, à Aigaleo. À cette époque, le père Nikephoros avait environ 67 ans. Ses membres et ses yeux ayant été complètement altérés et déformés par la maladie.

Là-bas, le père Eumenios y vivait également au foyer des lépreux. Il souffrait également de la maladie de Hansen, mais avec les médicaments qu’il avait reçus, il était complètement guéri. Cependant, il a décidé de rester dans la maison des lépreux pour le reste de sa vie près de ses compagnons de souffrance, en prenant soin d’eux avec beaucoup d’amour. Il se soumit ainsi au père Nikephoros, à qui le Seigneur avait accordé de nombreuses en récompense de sa patience. Une foule de gens se réunissaient dans l’humble cellule du lépreux Nikephoros, à Sainte Barbara à Aigaleo pour obtenir ses prières. Voici quelques témoignages de ceux qui l’ont rencontré:

«Alors qu’il était accablé de blessures et de douleurs, il ne se plaignait pas, mais il faisait preuve d’une grande patience.»

«Il a eu le charisme de consoler ceux qui étaient tristes. Ses yeux étaient irrités en permanence et sa vue était limitée. Il avait également une raideur dans les mains et une paralysie des membres inférieurs. Néanmoins, il a enduré tout cela de la manière la plus douce, douce, souriante et délicieuse, et il était aussi agréable et aimable. »

«Son visage, rongé par les marques de sa maladie et ses blessures, brillait. Ce fut une joie pour ceux qui ont vu cet homme démuni et apparemment faible dire: Que Son Saint Nom soit glorifié. »

Le père Nikephoros s’est reposé le 4 janvier 1964 à l’âge de 74 ans. Après trois ans, ses reliques sacrées ont été exhumées et se sont révélées parfumées. Le Père Eumenios et d’autres croyants ont rapporté de nombreux cas où des miracles se sont produits en appelant Saint Nikephoros à intercéder auprès de Dieu.

La vie de Saint Nikephoros est un brillant exemple et un modèle pour tout le monde. Il plaisait à Dieu parce qu’il avait tant enduré. Pour cette raison, nous avons de nombreux témoignages que notre saint a reçu du Saint-Esprit le don de discernement et une foule d’autres charismes. Il convient de noter que la plupart des miracles sont enregistrés, et aujourd’hui le saint apporte une aide à toute personne dans le besoin ( et il faudrait préciser: qui lui demande cette aide avec foi). Certainement que d’autres miracles seront manifestes.

Surtout lire l’homélie du P. Elie du monastère de la Transfiguration – Terrasson sur https://orthodoxologie.blogspot.com/

Bulletin du mois de Mars 2020 de l’Eglise Orthodoxe à l’Ile Maurice

Paroisse Orthodoxe de la Sainte Transfiguration

Numéro 52, Mars 2020

La pénitence

Au fondement même de l’enseignement spirituel du Starets Serge, il y a la pénitence. En cela, il se montre profondément fidèle à l’Évangile puisque l’enseignement de Saint Jean-Baptiste, qui prépare celui du Christ et      « aplanit les voies du Seigneur », (cf. Matthieu 3,8 ; Marc 1,4 – 5 ; Luc 3,3. 8), et que l’enseignement du Christ lui-même est inauguré de la même façon : « Jésus commença à prêcher et dit : repentez-vous car le royaume des cieux est proche » (Matthieu 4,17 ; CF. Marc 1,15). 

La pénitence doit être au commencement, au milieu et à la fin de la vie spirituelle. Il considère que l’homme doit faire pénitence dès lors de son réveil et au moment même où il va s’endormir, et entre ces deux moments d’une manière incessante. Comme Saint Isaac le Syrien, 

Le Starets Serge considère que l’homme a besoin de la pénitence jusqu’à son dernier souffle. 

Le Starets Serge distingue : A) la pénitence que l’on éprouve vis-à-vis de tel ou tel péché que l’on a commis, et B) la pénitence que l’on éprouve vis-à-vis de son état de péché en général. 

A. La première forme de pénitence est vitale : ne pas faire pénitence revient à rester dans le péché, à être coupé de l’Eglise et donc à être privé de la grâce. Elle comporte trois étapes : 

1) se repentir du péché que l’on vient de commettre ;

2) se le rappeler à la fin de la journée ayant demandé de nouveau pardon à Dieu ; 

3) le confesser et s’en repentir lorsqu’on reçoit le sacrement de pénitence. 

La troisième étape permet de recevoir le pardon total et définitif du péché qui a été confessé avec repentir. On doit alors le considérer comme effacé, ne plus y penser, considérer le pardon divin comme le commencement d’une vie nouvelle. 

La première étape permet cependant déjà d’obtenir de Dieu le pardon quand il s’agit de péchés peu importants et notamment de pensées mauvaises. « Si l’on a une pensée mauvaise et que l’on fait pénitence en voulant penser et agir autrement, ce péché est effacé sur-le-champ. » 

Le Starets Serge insiste beaucoup sur la seconde étape : la fin de chaque journée doit être un « temps fort » de la pénitence auquel il faut consacrer, même si on n’a pas le temps ou si on est fatigué, au moins quelques secondes. À ce moment, la pénitence consiste d’abord en un examen de conscience détaillé, c’est-à-dire à soumettre à une critique spirituelle tout ce que l’on a fait au cours de la journée, à considérer tout ce que l’on a fait de mal, mais aussi tout ce que l’on a fait de bien et tout ce que l’on a mal fait (c’est-à-dire notamment tout ce que l’on a fait avec des pensées passionnées), et de demander pardon à Dieu, dans un sentiment sincère de contrition, pour tout ce à quoi on s’est montré infidèle à Sa volonté. La pénitence est alors d’une part, vis -à-vis du passé, regret, et d’autre part, vis-à-vis du présent et de l’avenir, volonté de ne plus commettre le mal et de faire le bien. 

Ce deuxième aspect de la pénitence est particulièrement important et permet d’éviter que l’on reste psychologiquement et spirituellement tributaire et dépendant des péchés qu’on a commis.

Pour la même raison, la pénitence ne doit jamais rappeler en détail les péchés commis ni être une attitude morbide de considération du péché : le Starets Serge insiste sur la nécessité de se désolidariser du passé dans ce qu’il a de mauvais et de vivre chaque jour comme un jour nouveau, et aussi de ne pas se sentir affecté par son péché, mais de le considérer comme étant profondément étranger à notre vraie nature. Les démons veulent que nous nous identifiions à notre péché pour nous amener à désespérer de nous-mêmes ; c’est une ruse dont nous ne devons pas être dupes. 

B. Starets Serge distingue une deuxième forme de pénitence, plus générale et plus constante, à laquelle convient plutôt le nom de contrition ou de componction (c’est le penthos des Pères grecs). Cette deuxième forme de pénitence est tout aussi importante et indispensable. On doit faire pénitence pour les péchés que l’on a commis inconsciemment. Cette notion est paradoxale, puisque, en principe, un homme n’est responsable et coupable que des fautes qu’il a commises consciemment, c’est-à-dire en sachant qu’il commettait le mal et avec intention de le commettre. Cependant la conscience chrétienne se montre plus exigeante. De nombreuses prières dans l’Eglise demandent à Dieu de pardonner au pécheur ses fautes volontaires et involontaires, commises sciemment ou par inadvertance, ou encore consciemment et inconsciemment. Souvent nous faisons du mal à notre prochain sans le vouloir et sans nous en rendre compte ; malgré cette absence d’intentions mauvaises, il subit ce mal à cause de nous. De même, nous commettons vis-à-vis de Dieu des fautes que l’étroitesse de notre conscience et la faiblesse de notre sens moral et de notre discernement spirituel ne nous permettent pas de remarquer. Le Starets Serge considère donc que dans notre attitude de prière nous devons inclure ce type de faute et demander à Dieu : « Pardonne-moi mes péchés que je ne connais pas, mes péchés inconscients. » 

La pénitence est une nécessité pour tout homme, car tout homme est pécheur, ou en tout cas dans un état de péché. Celui qui croit n’avoir pas besoin de pénitence est dans l’illusion. C’est pourquoi « Dieu préfère quelqu’un qui pèche et qui fait pénitence à quelqu’un qui croit ne pas pécher et ne fait pas pénitence ». 

D’après Jean-Claude LARCHET, le starets Serge, Éditions du Cerf, Paris 2004, pp 33-39. 

Divine Liturgie 

Chaque dimanche à 9h30 

2 mars : début du Grand Carême 

Dimanche 8 mars: Triomphe de l’Orthodoxie 

15: de Saint Grégoire Palamas (le P. Athanasios sera à la Réunion) 

22 : de la Sainte Croix 

Mercredi 25 : Annonciafion de la très sainte Mère de Dieu 

29 : de saint Jean Climaque. 

Eglise orthodoxe de la 

Sainte Transfiguration 

Grande-Rivière N-O 

Ile Maurice 

(derrière le garage Bala) 

Divine Liturgie Chaque dimanche à 9h30 

Site WEB: 

http://orthodoxchurchmauritius.org 

Père Athanasios, tel.: 57 33 32 53 

E-mail: p.athanasios@myt.mu 

Père Ian, tel.: 52 57 90 53 

E-mail: fr.ian@antiochian.org.nz 

Où est Dieu?

Où est Dieu?
Comment trouver Dieu dans un monde qui ne croit pas?
Dieu est miséricordieux, prompt à pardonner, rapide à faire preuve de miséricorde et à nous enlacer lorsque nous nous tournons vers lui. De toute éternité, notre Dieu a choisi de créer l’humanité à Son image et à Sa ressemblance, offrant à Ses créatures la possibilité de communier avec Lui dans l’infini du temps. Il nous a donné le libre arbitre, nous permettant de choisir, ou de ne pas choisir, d’ avoir une relation avec Lui. Nous, dans notre liberté, pouvons choisir entre le bien (Dieu) et le mal (Satan), selon notre choix.
Nous pouvons généralement faire la différence entre le bien et le mal. Le meurtre et le vol se trouvent évidemment dans le camp du mal, tandis que la bonté, les actions philanthropiques, la miséricorde et l’amour sont dans le camp de la sainteté et du divin. Pourtant, beaucoup estiment que Dieu n’est qu’un mythe, une bonne idée, mais difficilement crédible. Si ce Dieu auquel ils aimeraient croire était vraiment réel, ne faciliterait-il pas les choses pour le voir  le chercher? Si nous sommes libres de choisir Dieu, pourquoi ne se fait-il pas plus facile à trouver? Pourquoi ce Dieu s’attend-il à ce que nous croyions en Lui alors que nous ne pouvons pas Le voir ou Le sentir? S’il y a un Dieu, pourquoi ne se fait-il pas simplement connaître, nous laissant choisir ou non la communion avec lui?
Ce sont des questions que beaucoup de gens se posent, au moins pour eux-mêmes. Beaucoup veulent croire qu’il y a un Dieu qui prend soin d’eux et est capable de faire une différence dans leurs luttes quotidiennes, mais ils ne peuvent tout simplement pas croire. La philosophie nihiliste qui a conquis de nombreux jeunes aujourd’hui est basée sur le désespoir d’un âge qui a vu tant de guerres, tant de pauvreté, tant de meurtres, tant d’enfants maltraités et un avenir apparemment sans espoir. Comment peut-il y avoir un Dieu alors que tant de souffrances abondent dans ce monde? Comment peut-il y avoir un Dieu quand même des personnes innocentes, de bonnes personnes, souffrent?
Où est Dieu? Il est au soleil qui se leve. Il se trouve dans les montagnes glorieuses et la vaste mer qui s’étend au-delà de l’horizon. Il est present lors de la tendre caresse de la main d’une mère sur son nouveau-né. Il est dans le bras protecteur du policier qui réconforte l’enfant perdu. Il se trouve dans les mots d’absolution prononcée par le prêtre après une bonne confession. Il est dans le visage souriant d’une vieille femme qui voit un jeune couple se tenant la main. Il est dans la merveille du cosmos par une nuit sombre. Il est dans le petit rire d’un petit enfant jouant avec son grand-père. Il est dans la chaleur d’un chaton tenu dans la main. Il est dans la croix qui a porté le Fils de l’homme. Il est dans le pain et le vin qui deviennent Son corps et Son sang. Il est l’Esprit transformateur qui change les cœurs et rend les hommes saints. Il est plus proche de nous que notre propre souffle, plus affectueux que l’étreinte d’une grand-mère pour un enfant malade. Il est partout, car il n’y a aucun endroit où Il ne peut pas être. Il remplit toutes choses. Il est partout visible si seulement nous regardons les yeux ouverts et les cœurs ouverts.
Avec amour en Christ,
Abbé Tryphon

Source: https://www.facebook.com/Abbot-Tryphon-1395030584153681/

Sur la Vérité

La Vérité éternelle a perduré depuis les temps anciens.
À une époque où beaucoup de gens pensent que la vérité est relative, savoir qu’il existe une vérité absolue est réconfortant. La liberté qui vient avec la connaissance que nous sommes capables d’embrasser des enseignements qui sont une continuation d’une ligne ininterrompue remontant à l’époque apostolique, est libératrice. En tant que chrétiens orthodoxes, nous ne sommes pas confrontés à la tâche troublante d’interpréter à nouveau les Écritures, ou de décider des enseignements moraux et dogmatiques pour nous-mêmes, ou d’essayer de rendre notre foi pertinente pour cet âge. Au contraire, nous pouvons nous immerger dans la connaissance que nous avons acquis l’esprit de l’ancienne église universelle.
Nous n’avons pas eu à réinventer la Foi, parce que nous nous sommes alignés sur l’Église qui est à la fois ancienne et pertinente pour le chercheur moderne. Nous savons que les enseignements de l’Église ne sont pas basés sur l’esprit fini ou l’imagination de notre propre nature déchue, mais sur la vérité éternelle qui a perduré depuis les temps anciens.
Il est réconfortant de savoir que l’Église est restée fidèle à son héritage pendant environ deux mille ans. Il est libérateur de savoir que les anciens dogmes chrétiens, les modes de culte et les enseignements moraux guident nos vies, comme cela s’est fait depuis deux mille ans.
La vérité n’est pas relative, mais absolue. Il n’y a pas de plus grande liberté que de pouvoir recevoir, comme la nôtre, la vérité transcendante qui a fait les saints, depuis les temps anciens. Il n’y a pas de plus grande liberté que de pouvoir embrasser la vérité absolue qui a transcendé le temps, l’espace, la culture et la race. Pas de plus grande joie que d’être compté comme appartenant au Christ et de nous être joints à l’Église même qu’il a fondée.
Avec l’amour en Christ,
Abbé Tryphon

Source: https://www.facebook.com/Abbot-Tryphon-1395030584153681

L’accélération du temps

Par Grégoire Fetchorou

En été, nous partions, comme il se doit, à la campagne chez notre grand-mère. Nous habitions, quasiment à l’écart de la civilisation, dans une petite maison en bois et argile. On passait nos soirées à écouter des contes, à la lumière d’une lampe à huile. Quelle richesse révélait alors ce monde plein de mystères et de beauté ! Comme si je vivais dans un autre temps, prenais part à une autre histoire qui donnait accès à l’éternité. Mais à présent, il se fait que, de plus en plus vite, le temps se ratatine.

Le temps s’écoule plus vite, beaucoup plus vite qu’auparavant. Est-ce que vous avez remarqué cela ? Nous n’avons pas le temps pour lire un livre, réfléchir, rencontrer des amis. Il ne nous reste même plus de temps pour les enfants et la compagne rencontrée à la croisée des chemins de notre vie.

Les savants voulurent mesurer cette accélération du temps, de la durée. Bien qu’il ne soit pas aisé de calculer l’unité de mesure de ce qui est. Car il n’existe aucun état ou mouvement dont la perception de l’écoulement du temps serait absent. Et ils conclurent, on ignore par quel calcul, qu’aujourd’hui 24 heures passent aussi vite qu’auparavant 16 heures.

 

Ainsi donc nous avons déjà perdu le tiers du temps de notre vie, sinon une moitié du temps pendant lequel nous restons actifs. Et ce ne sont pas uniquement les savants qui le remarquent. Les ascètes qui sont nos contemporains, les pères qui s’exercent à la vertu dans les ermitages de la Montagne sainte, disent la même chose : aujourd’hui, le temps s’écoule bien plus vite qu’auparavant. Il serait injuste de les accuser d’une subjectivité psychologique due aux changements sociaux.

La vitesse de tous les processus a augmenté mais le temps a accéléré sa course : il se produit le contraire à ce à quoi on pourrait s’attendre. Ainsi, en dépit de toute la logique scientifique, les idéologues de la théorie du progrès se montrèrent être de grands menteurs. Le siècle précédent, ne nous persuadaient-ils pas que le progrès scientifique et technologique ferait que les machines se substitueraient au travail des hommes qui auraient ainsi plus de loisirs ? Oui, la machine à laver facilita la vie de la ménagère. Mais aujourd’hui les femmes souffrent encore plus de stress infligé par le manque de temps que lorsqu’on rinçait le linge dans la rivière…

Auparavant les hommes se déplaçaient lentement ; chaque jour de leur vie, d’une manière convenable, ils faisaient tout ce qu’ils devaient faire au cours de la journée qu’on commençait par la prière du matin et finissait par celle du soir. A table, on disait le Notre Père et on ne se mettait jamais au travail sans se signer avec le signe de Sainte Croix. En tout heure et en tout lieu, l’homme trouvait une minute pour dire un mot à Dieu et, comme réponse, recevoir dans son âme la certitude de ne pas être seul. Bien que sa vie ait été pénible avec ses élans et ses chutes, elle lui offrait le sentiment de la plénitude. C’était une existence qui était ressentie dans toute sa plénitude.

Maintenant tout se fait en courant parce qu’en permanence nous nous sentons privés de la joie de l’instant, imparfaits dans ce que nous faisons et ce que nous vivons. Et quand on prie (si quelqu’un en a le zèle), l’esprit n’est pas là. Il se hâte, il s’enlise dans les soucis du quotidien ou de la banalité de notre vie ordinaire. Quand on se met à l’œuvre, l’idée de se signer ne vient même pas à l’esprit parce qu’on pense déjà à tout autre chose. Enfin, la prière ne s’insère pas dans l’ambiance de nos vies. Comme si c’était Dieu qui devrait suivre le monde, l’imiter, et pas le contraire.

Ainsi l’homme reste seul.

Ce n’est pas uniquement parce qu’il ne trouve plus une place pour Dieu dans sa vie, mais il ne se sent plus capable d’être proche des autres : les amis, les frères, l’épouse ou l’époux. Et c’est parce que, dans la course de la vie, chacun de nous a son rythme. Autrement dit, tout le temps pressés on regarde en avant dans l’espoir que viendra un moment où on pourra se calmer. Mais la vie passe encore plus vite. La maladie et la mort arrivent beaucoup plus tôt que ce répit si désiré, plus vite qu’on ne s’y attend, sans nous avoir laissé le temps pour se calmer et revenir à soi, regagner ses pénates.

Mais on peut comprendre cette solitude autrement : la hâte, le rythme extrême et le bruit du monde dans lequel nous vivons ne nous laissent pas entendre les pas timides d’un autre monde dans les sentiers de notre âme. Pourtant, comme l’enfant ou l’amour, l’âme a besoin qu’on lui accorde du temps. Elle a son rythme pour les relations profondes et calmes avec Dieu et d’autres âmes. La femme comprend mieux cela puisqu’elle sent plus fortement.

Le rythme de l’alternance des jours et des années de la société dans laquelle nous vivons nous aliène de la vie de notre propre âme, nous nous accoutumons à cet état : nous oublions encore davantage l’existence même de notre âme. C’est pour cela que les théories évolutionnistes ont tant succès. Autrement dit, nous oublions d’où nous venons, nous oublions le langage du paysage de l’âme où il y a tant de beau et de mystérieux. Inconnus des autres, nous mourrons parmi des étrangers, un grand nombre de chrétiens étant perdus parmi ceux qui se sont éloignés de la foi orthodoxe. Dieu l’a voulu – peut-être, après avoir saisi les choses matérielles comme symbole, l’homme comprendra ce qui se passe au niveau de l’esprit.

Les architectes du paysage de la société contemporaine, les biotechnologues de l’humanité subordonnés au mécanique crurent que l’homme pouvait être usiné comme une pièce puisqu’ il deviendra robot. Tel un ordinateur programmé qui répond rapidement aux commandes du système. Ils se mirent à ce projet et conduisirent l’individu occidental jusqu’à devenir conforme à leur projet. Mais malgré tout, ils ne réussirent pas à changer entièrement la nature humaine. Dans le monde des machines et de l’information, aliénés de leurs propres âmes, les hommes souffrent et n’en comprennent pas la cause. La plupart d’eux ne savent même pas qu’ils ont une âme. Comment donc peuvent-ils les reconnaître et comprendre leurs souffrances ? Ils se ressemblent alors à un malade souffrant de la faiblesse, du vertige, qui se sent courbaturé mais n’est pas capable de dire au docteur d’où vient ce malaise.

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