Les obstacles à la foi

Source : http://glory2godforallthings.com/2013/06/26/obstacles-to-faith-2/

Obstacles à la foi

Mes écrits et mes pensées me portent souvent sur les « bords » – au bord de l’incrédulité et aux limites des profondeurs de la foi.  Mon ressenti pour ces lieux est un ressenti concernant les obstacles à la foi. Pourquoi certains croient et d’autres pas? Et quelle est la nature exacte de la foi et de l’incroyance?

Il y a une forme de croyance familière à tout le monde. C’est simplement la manière dont nous voyons le monde. Nous ne sommes pas particulièrement conscients de tout l’effort nécessaire à cet exercice. Nous ouvrons nos yeux, nous regardons, et nous voyons ce que nous voyons. Cette perception, cependant, peut également être assombrie par plusieurs choses. Pour certains, chaque simple perception du monde est rendue floue à cause  de la peur et l’anxiété. Les choses ne sont pas seulement ce qu’elles sont supposées être, mais elles sont également considérées comme des menaces. Si vous n’avez jamais eu cette expérience, vous êtes bénis.

Je me souviens de ma première expérience d’une grande ville – New York en 1971. Je travaillais comme un musicien de rue avec un ami. La ville était incroyable – un régal constant pour les yeux et les sens. Je n’avais rien vu de tel. Une semaine après notre arrivée, nous avons été agressés et menacés au couteau. Ce que nous avions perdu financièrement était négligeable. Ce que j’ai perdu était la ville que j’avais d’abord rencontrée. A sa place se trouvait un milieu dangereux et hostile dans lequel chaque visage était un ennemi potentiel, chaque ruelle, une cachette pour la prochaine catastrophe. Nous sommes retournés à la maison.
Bien sûr, cette «perception» du monde est tout simplement le brouillard de la psychologie. Mais il est bon de rappeler l’importance de ce brouillard dans la façon dont nous voyons les choses.

Il y a une façon de voir que beaucoup qualifieraient de «voir les choses comme elles sont ». Nous partons du principe que la façon dont nous voyons les choses est objective, réelle, précise, normale, etc. Tous ces éléments tiennent pour acquis  l’accordement de nos perceptions. Il est aussi facilement accepté que les dispositions internes et les idées qui proviennent du contexte culturel pourraient fausser les perceptions. La société racialement divisée de mon enfance (le sud des USA) contenait un large éventail de conceptions du monde distordues et erronées  mais généralement admises par les Blancs. Ceux qui ont commencé à parler de l’égalité dans les années 1960 ont semblé, au premier abord, comme des gens venus d’une autre planète. Il n’est guère étonnant que Martin Luther King, Jr., ait décrit sa vision d’un monde dans lequel la race n’était pas un problème en des termes de «terre promise».

Ces questions de perception sont essentielles à la compréhension de la foi et pour surmonter les obstacles. La foi est un moyen de perception. Il s’agit d’un «organe» de vision et d’écoute. C’est la «preuve des réalités qu’on ne voit pas», ou «de celui qui voit des choses que l’on ne peut pas voir ».  « Voir ce qui ne peut être vu » est un élément de la connaissance l’inconnaissable. Les choses de Dieu ne sont pas évidentes ou claires pour un coeur qui se trouve dans l’obscurité.

Notre version moderne de : « les choses telles qu’elles sont« , est tout simplement les choses comprises d’une manière «séculière». Car la chose la plus évidente à l’homme moderne, c’est que ce monde est une grande zone neutre. Dieu (s’il y a un Dieu) peut choisir de se rendre présent dans le monde, mais rien dans le monde n’est intrinsèquement lié à Dieu. Le monde est  le monde tel qu’il est. (L’homme moderne) vit dans un brouillard agnostique

Avec un tel postulat de base qui sous-tend le monde apparent, il n’est guère étonnant que la vision donnée par la foi soit une pierre d’achoppement. Car percevoir le monde comme sacrement et émerveillement contredit l’idée communément admise dans notre culture.

Quand quelqu’un dit qu’il «croit» en Dieu, je ne suis pas toujours sûr de ce qu’il veut dire par là. Il est tout à fait possible (et c’est même souvent le cas) qu’il entend quelque chose de très différent de ce que je voudrais dire par la même affirmation. Pour ce quelqu’un c’est une conception de Dieu comme étant une construction théorique, un assentiment mental, ou bien même un assentiment mental qui fait confiance en l’existence d’un être supérieur qui aime, crée et pourvoit la création. Et même si un tel assentiment de confiance puisse être induit par le « Dieu de la Bible», ou le «Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ», etc. dans de nombreux cas (et même plus), cependant, l’assentiment de confiance en l’existence d’un tel Dieu ne modifie pas la forme ou la nature de la création elle-même: elle reste la même, celle d’un monde séculier et neutre. C’est la situation que j’ai décrite comme une vision d’un «univers à deux étages ». [C’est-à-dire la déconnection entre la foi et la vie de tous les jours ou encore la non-centralité de Dieu dans nos vies].

Il existe de nombreuses versions d’un tel Dieu – à commencer par la version littéraliste des fondamentalistes, pour finir avec la doucereuse version du Dieu politiquement correct des libéraux modernes. Certains luttent avec le nom de ce Dieu, se demandant si le « il » ne devrait pas être remplacé par «il / elle» ou autres néologismes (dans une école d’études supérieures où j’ai assisté à des cours, certains professeurs n’acceptaient que les écrits en conformes avec cette approche – et c’était il y a plus de 20 ans).

Mais ce que l’on comprend par  ‘«être supérieur» dans « l’univers à deux étages » est à côté de la question. Un tel Dieu, indépendamment de son contenu, n’est pas le Dieu et Père de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ: il s’agit d’une version légèrement christianisée des anciens dieux du ciel. Et dans la perception culturelle moderne sécularisée, (un tel dieu) est une espèce en voie de disparition(…)

Mais les chrétiens feraient bien d’écouter leurs critiques – car le dieu auquel ils ne croient pas leur a été enseigné par quelqu’un. Dire: «Je crois en ce Dieu et seules mes raisons de croire sont très justes »   est en fait insuffisant. Ce que Dawkins, Hitchens et leurs pareils expriment  est un obstacle à la foi. Si l’univers lui-même est celui qu’ils perçoivent – si l’univers est vraiment inerte, auto-existant, qu’il est sa propre référence et spirituellement neutre, alors l’argument contre le Dieu enseigné et connu en Jésus-Christ est en effet fort. Postuler un dieu du ciel au-dessus et en dehors d’un tel monde est peut-être intéressant, mais il n’est pas convaincant et, plus particulièrement n’est pas celui du christianisme. David Bentley Hart a ceci à dire au sujet du Dieu des chrétiens:

    Pour parler de «Dieu» correctement dans un sens en accord avec les enseignements du judaïsme orthodoxe, du christianisme, de l’islam, du sikhisme, de l’hindouisme…et de la plus grande partie  du paganisme antique etc.  c’est parler de cet infini qui est à la base de tout : éternel, omniscient, omnipotent, omniprésent, incréé, sans cause, parfaitement transcendant de toutes choses et pour cette raison absolument immanent à toutes choses. Dieu ainsi compris n’est pas quelque chose de particulier posé en face de l’univers créé, en plus de l’univers, pas plus qu’Il n’est l’univers lui-même. Il n’est pas un être, du moins pas de la façon dont un arbre, une horloge, ou un dieu est. Il n’est pas non plus un objet dans l’inventaire des choses qui existent. Il est  la source infinie de tout ce qui existe et en qui toutes les choses vivent, se meuvent et ont leur être. Il peut être considéré comme «au-delà de l’être», si par «être» on entend l’ensemble des choses finies, mais peut aussi être appelé «être en soi», en ce sens qu’Il est la source inépuisable de toute réalité, l’absolu sur lequel le contingent est toujours totalement dépendant, l’unité qui sous-tend toutes choses.

Mais parler de «dieux», en revanche, est de ne parler que d’une dimension plus élevée ou plus puissante ou plus splendide de la réalité immanente. Tous les dieux qui pourraient être là-bas ne transcendent pas la nature, mais lui appartiennent. Leurs théogonies peuvent être racontées, on peut décrire comment ils ont surgi de la nuit primitive, ou bien comment ils sont nés à partir d’autres, des géniteurs plus titanesques, et ainsi de suite, et dans de nombreux cas, leurs disparitions  éventuelles étaient prévisibles. Chacun d’eux est un être distinct plutôt qu’ «être en soi», et ce sont eux qui sont tributaires de l’univers pour leur existence plutôt que l’inverse. De ces dieux il peut y avoir une diversité infinie, alors que de Dieu, il ne peut y avoir qu’Un seul. Ou, mieux, Dieu n’est pas seulement Un, Il n’est pas simplement singulier ou unique, mais il est lUnité en tant que tel, et par le seul fait « qu’Il est » toute chose finie existe et par qui toutes choses existent ensemble. (Extraits de  « De  Dieu, des dieux et des Fées »  Les choses premières, Juin / Juillet 2013).

Comment percevons-nous le «fondement de tout ce qui existe? » Comment percevons-nous Celui qui est « au-delà de l’être? » Car c’est à ce Dieu que les Pères se réfèrent dans l’ensemble de leurs écrits.

La première et la plus importante réponse pour les chrétiens est que Jésus Christ n’est autre que le Verbe du Père, le Logos du fondement de tout ce qui existe, et qu’il est devenu homme. Selon les mots de l’Évangile de saint Jean: «Personne n’a jamais vu Dieu. Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître ».

Comme le Père Thomas Hopko l’a dit à maintes reprises: «Vous ne pouvez pas connaître Dieu … mais vous devez Le connaître pour savoir qu’on ne peut Le connaître ».

Cet absolu transcendant, mais vraiment Dieu incarné,  se fait aussi connaître dans les sacrements et dans la vie de la «communauté d’union» (pour reprendre l’expression de saint Irénée). Le Dieu qui ne peut être connu ne peut être connu que parce qu’Il se révèle, parce qu’Il se fait connaître. Il n’est pas un objet parmi les objets, pas plus qu’Il n’est une idée parmi les idées.

Lorsque l’on vit les sacrements, on ne  doit pas les considérer comme des moments distincts de la grâce dispensée par l’Église, mais plutôt comme des révélations de la Réalité divine, les dons de la vie même de Dieu qui nous sont donnés par les moyens qu’Il a choisi. Et ces moyens ne sont pas arbitraires, ces moyens sont révélateurs de la relation entre le Dieu qui ne peut être connu et Sa création.

La notion hautement psychologique de «relation» vantée dans une bonne partie du christianisme moderne est un écart par rapport à ce qui est établi dans les Écritures et la vie historique de la communauté de foi(…).
Il devrait être évident que nous ne pouvons pas percevoir le vrai Dieu  de la façon de percevoir qui domine notre vie culturelle. La foi est un moyen de perception qui nécessite une modification de l’agent de la perception. «Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ».  Le commencement de la foi est un mouvement (qui est toujours en soi un changement) en même temps loin de notre perception actuelle et orientée vers le Dieu que l’on ne peut connaître. La foi est toujours un mouvement vers l’existence authentique.

Ce mouvement vers Dieu est initié en nous par la grâce, par la puissance de Dieu qui nous attire, qui nous encourage, qui nourrit notre désir d’existence véritable. Dimitru Staniloae décrit ainsi notre réponse:

    Au début ce n’est que la simple volonté de croire et de non pas de faire quelque chose. Alors forcément le premier effort de notre volonté en vue du bien, ne peut avoir que cet objet:  croire. En ce qui nous concerne, nous ne pouvons pas commencer ailleurs, par un changement pour le bien dans notre vie, sauf celui de  croire. Et celui qui veut croire, arrive au point où il peut ….Alors avant de commencer le chemin de purification, il est nécessaire à l’homme pour renforcer sa foi reçue au baptême par la volonté ; mais aussi parce que la foi est une relation de notre esprit avec  Dieu, elle ne peut être renforcée qu’en commençant à penser plus souvent à Dieu, non d’une manière théorique, comme d’un sujet philosophique à l’étude, mais comme de Celui en qui je dépends pour tout et qui peut m’aider dans mes insuffisances. La pensée de Dieu est rendue réelle, ou bien elle est maintenue par un souvenir de Lui court et fréquent, cela étant fait avec piété et avec le sentiment que nous dépendons de Lui. Une telle pensée  oriente nos pensées sur Dieu ou sur Jésus-Christ, sur ce qu’Il a fait pour nous, et constitue fondement de notre confiance en ce que le Seigneur nous aidera aussi maintenant  (dans  Spiritualité Orthodoxe, Kindle 2228-2233).

Je me rappelle parfois la célèbre maxime de John Wesley, «Vivez la foi jusqu’à ce que vous ayez la foi. » Ce n’est pas une question de nous convaincre de quelque chose, et encore moins se bercer d’illusions. C’est une action qui  risque et qui teste une nouvelle perception. Ma propre expérience a été celle d’une volonté de faire confiance (dans une certaine mesure) et c’est ce que je peux juste décrire – à la frontière de la vision.

Cela nous ramène aux bords – où cet article a commencé. Bien que Dieu soit vraiment le fondement de l’être, le seul fondement de l’existence, notre habitude de perception agit comme un obstacle à la perception vraie. Notre vision doit être attirée sur les bords (même ceux qui sont immédiatement devant nous) où l’on voit des indications, voire des indications sur les indications, qu’il y a une réalité qui se trouve à l’extérieur, à l’intérieur et en dessous de tout ce que nous voyons. Cette petite perception vient parfois porteuse de sa propre joie, car Il est lui-même joie et émerveillement. C’est la communion et l’union. C’est la pureté du cœur et de l’amour.

J’ai récemment été frappé par cette déclaration de l’Ancien Tadej de Serbie:

Il y en a certains qui se disent athées, mais il n’existe pas quelque-chose  comme un athée …. Rien de tel. Même le diable croit et tremble (Jacques 2:19), mais il refuse de faire le bien. Il n’y a pas une telle chose comme une personne qui ne croit pas en Dieu, et il n’est pas un être rationnel sur la terre qui ne désire pas la vie de tout son cœur. Nous donnerions tout pour vivre éternellement, et nous désirons tous l’amour parfait, un amour qui ne change jamais, mais qui dure éternellement. Dieu est vie, Il est l’amour, la paix et la joie. Il y a ceux qui s’opposent à lui, mais qui ne peuvent rien faire pour lui faire du mal. C’est nous qui compliquons notre vie avec nos pensées négatives (Nos pensées déterminent nos vies, 1626-1630 Kindle Edition).

Source : http://glory2godforallthings.com/2013/06/26/obstacles-to-faith-2/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *