Le Christ a dit qu’il y aura des épidémies

Le Christ a dit: il y aura des pestes…
Réflexions sur les pandémies, le confinement, les peurs et la Divine Providence

Prêtre Valery Dukhanin

https://orthochristian.com/131156.html

Et de grands tremblements de terre se produiront dans divers endroits, et des famines et des pestes (Luc 21:11). Dans l’Évangile, les «pestes» (λοιμοὶ en grec) sont des maladies contagieuses, c’est-à-dire des épidémies. Le Christ a dit qu’il y aura des pestes et qu’elles se produiront effectivement. Elles doivent arriver. Le Sauveur a essayé de nous faire comprendre que les épidémies de masse ne disparaîtraient pas après sa première venue. Ni les «tremblements de terre» (c’est-à-dire les catastrophes naturelles) ni les «famines» (calamités sociales). Telle est la loi de la vie en dehors du paradis. Depuis que l’homme a infecté le monde par le péché, (en retour) le monde a infecté l’humanité par des virus, des microbes et des bactéries malignes.

Les épidémies, et à grande échelle elles sont appelées pandémies, sont semblables au COVID-19. Toute l’humanité est également faible devant une calamité qui fait rage. Les puissants et les gens modestes, les riches et les pauvres , tous fuient également les incendies, ont peur des catastrophes naturelles et tremblent devant la contagiosité des maladies mortelles.

Le fils unique de William Shakespeare, Hamnet, est mort de la peste bubonique à l’âge de onze ans. Constantin Pavlovich, un frère cadet de l’empereur Alexandre Ier, est mort du choléra. Les célébrités et la noblesse, les tsars et les aristocrates mouraient pendant les épidémies dont les mâchoires acérées sont restées grandes ouvertes, dévorantes et insatiables au fil des siècles.

Dix maladies se sont transformées en pandémies:

Lèpre
Peste
Choléra
Variole
Typhus

Paludisme
Tuberculose
Grippe (tous ses types)
Infection par le VIH

Et la maladie coronavirus actuelle – COVID-19.

Comme les dix plaies d’Égypte, elles bouleversent les gens, propageant anxiété et douleur. Les fléaux se succèdent, mais aucun d’eux n’a été entièrement surmonté. Comme les vagues d’une mer déchaînée, de sévères pestes couvrent, «emportent» ceux qui se trouvent sur leur chemin, puis reculent – pour revenir après un certain temps. Les épidémies ont fait rage au cours de tous les siècles de notre misérable histoire, bien que la force des vagues varie.

Quelle est la source des pandémies?

Les craintes et l’incertitude suscitent de nombreuses théories dans l’esprit des gens: en passant de la théorie du complot puis au gouvernement mondial et aux armes biologiques qui auraient échappé à tout contrôle. Mais dans leur origine, toutes les pandémies procèdent de la même source amère.

Les maladies sont le tribut à payer pour ce monde imparfait et brisé. La dure et laide vérité est que l’homme a brisé ce monde.

L’homme a été chargé par Dieu de cultiver et garder le paradis (cf. Gn 2, 15). À travers l’homme, la création se spiritualisait, le créé s’unissait à l’incréé, la terre se mêlait au ciel et l’univers entier était illuminé par la lumière du Donateur de vie. Mais, paradoxalement, celui qui était appelé à être le roi s’est comporté comme un esclave, un clown et un traître. Au lieu de cultiver le jardin d’Eden, il a cultivé son propre orgueil. Au lieu de préserver l’union avec Dieu et l’harmonie de la création, il est entré en contact malsain avec l’esprit déchu (impur). Il a laissé le poison du serpent entrer dans le monde pur, et toute la création a été infectée par le péché.

Misérable et pauvre homme. Tu as perdu et brisé le don de la vie paradisiaque tout comme quelqu’un qui laisse tomber et briser négligemment un précieux vase à qui on a demandé de prendre soin. De même, le monde paradisiaque confié à la «couronne de la création» a été brisé; l’homme nouvellement créé tourna immédiatement le dos au Créateur. La vie et l’harmonie ont régné dans le monde aussi longtemps que l’homme – la couronne de la création – a participé à la Vie. En s’éloignant de la Vie, il a provoqué des maladies et la mort.

Le péché a provoqué la rupture, le déséquilibre et la distorsion dans le monde qui avait vécu dans l’harmonie paradisiaque. S’en prendre aux autres, la lutte effrénée pour la survie, se dévorer et se quereller – voilà à quoi ressemble le monde depuis la perte du paradis. Après avoir rejeté Dieu, l’homme s’est soumis à des particules infinitésimales ridiculement misérables du monde déchu; celui qui était destiné à la déification a été asservi par des microbes. Par peur de la mort, il faut étudier les parasites microscopiques, les bacilles, les souches virales, et même faire analyser sa propre urine et les excréments à cause du refus de contempler Dieu, la pureté céleste et de devenir sembles aux anges.

Telle est la loi de la vie en dehors du paradis.

Par le virus des péchés capitaux, nous avons obtenu le virus des maladies mortelles.

Par les passions qui ont infectés nos âmes, nous avons des infections incrustées dans nos chairs.
Pour la
maladie de l’autocomplaisance, nous sommes contaminés par des maladies qui nous privent de repos et de confort.

Les pandémies sont analogues aux guerres mondiales avec la seule différence qu’ici c’est la nature qui se rebelle contre l’homme. Vous avez agi comme prédateur – et le monde déchu vous le rend. La nature est devenue incontrôlable au moment où vous avez cessé d’obéir au Créateur. Dans un certain sens, le monde se venge contre l’homme à travers des pandémies car il a défiguré la nature par les péchés et sa relation perfide avec le diable destructeur.
L’
immense catastrophe causée par la Chute se reflète dans chaque pandémie comme dans un miroir. L’impuissance des gens face à toute peste mortelle est l’image de l’abîme béant du péché – l’aliénation de l’homme vis à vis de Dieu; et en conséquence, la souffrance et la mort.

Ô Homme! Ton cœur a soif de vie et de bonheur, mais tu es blessé par les épines de la misère et de la souffrance. Ton esprit monte au ciel, mais l’épine de maladie, enfoncée dans ta chair, te remet à la place que tu as mérité. De la sorte l’orgueil humain est anéanti, car c’est ainsi que toute idole est renversée. La vie de celui qui est appelé à être immortel est devenue misérable, comme ce microbe. Les pandémies montrent à quel point l’homme est faible. Mais elles révèlent également  qu’il n’y a pas de sens de vivre seulement pour cette Terre.

Ne pensez pas qu’en dehors du paradis, vous vivrez une vie heureuse sans maladie ni mort. La vie en dehors du paradis n’est pas la vie mais la lutte pour la survie. Après avoir vaincu une maladie, nous sommes sûrs qu’il faudra affronter ensuite une autre nouvelle maladie inconnue. Après tout il est impossible d’éviter le verdict de Dieu: car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière (Genèse 3:19). On ne peut pas prospérer sur une terre qui produit des épines… et des chardons… (Genèse 3:18) pour les péchés.

Les maladies dans le cadre de la providence divine

Que sont les maladies devant la main de Dieu? Les maladies ne sont que de la poussière qui est balayée en effleurant la tunique du Christ. Le Christ a vu la belle-mère de Pierre qui était alitée avec de la fièvre, Il l’a prise par la main…, et la fièvre l’a quittée aussitôt (Marc 1:31). Il a ordonné au cadavre en décomposition dans la tombe sombre: Lazare, sors (Jean 11:43) – et Lazare est sorti de sa tombe plein de vigueur et inspiré pour une nouvelle vie. Voilà ce que sont les maladies et la mort devant la main de Dieu! Le contact avec la Vie est vivifiant, le contact avec l’Immortel guérit.

Mais l’homme reconnaît la valeur du pain quand il n’y a pas de pain, et de l’eau quand il est assoiffé , et de l’air quand il est à bout de souffle. Ainsi, un homme pécheur commence à apprécier toutes les choses de Dieu par la privation, c’est-à-dire par la souffrance. Toute privation est souffrance. La perte de santé est un tourment. Car une bonne santé est indissociablement liée à la vie. Personne ne meurt parce que sa vie est terminée – les gens meurent à cause de leur santé ruinée – ses ressources étant épuisées ou détruites. C’est pourquoi tout le monde s’efforce de prendre soin de sa santé – d’où ce désir indomptable de vivre chez les êtres humains. Et même si quelqu’un néglige sa santé, la ruinant par son comportement déraisonnable, c’est uniquement parce qu’il croyait naïvement que ses ressources de santé étaient inépuisables.

Le Seigneur n’a qu’à faire un mouvement de Sa main pour que toutes les pestes disparaissent et que toutes les maladies humaines s’arrêtent. Mais il nous reste des méthodes naturelles de lutte contre les maladies afin de pouvoir apprécier toutes les choses venant de Dieu.

Nous sommes comme les disciples du Christ dans le bateau avec une forte tempête qui les frappe, tandis que le Sauveur les a soi-disant laissés, dormant et ne les entendant pas. Ne serait-il pas préférable que le Sauveur veille, protégeant leur sommeil de tout souffle de vent, et que les disciples dorment paisiblement? Non, la négligence tue les gens. Ce qui nous ruine, ce ne sont pas les ennuis et les misères, mais le sommeil de nos propres âmes, notre obsession du confort et de la prospérité et notre insouciance.

 Israël est devenu gras, et il a regimbé; Tu es devenu gras, épais et replet! -Et il a abandonné Dieu, son créateur, Il a méprisé le rocher de son salut (Deut. 32:15). Adam, qui était pur du péché et a eu une vie tranquille, est mort spirituellement. Comment pouvons-nous être sauvés, pécheurs et négligents que nous sommes ?

Supposons que l’on donne à une personne tout ce qu’il faut sur le plan matériel mais en le laissant dans l’oisiveté ; que deviendra alors son âme? Une attitude consumériste et insouciante envers la vie est nuisible pour l’âme. Lorsque l’on peut tout obtenir sans effort c’est que l’on est proche de la perdition. La sagesse de la providence divine, qui est insondable pour nous, s’est révélée dans le fait que malgré l’abondance des dons de guérison, notre sort consiste à surmonter les épreuves par une lutte terrible plutôt que de recevoir de Dieu de bonnes choses miraculeuses avec un manque total de préoccupation.


Le christianisme n’est pas confortable
J’exprimerai également une idée, sachant très bien qu’elle ne sera pas acceptée par tout le monde. Le christianisme n’est pas un réconfort. Le christianisme ne peut pas être confortable. Le christianisme est confession et martyre, car il s’agit de suivre le Christ; et le chemin du Christ est celui de la croix.
Lorsque le christianisme devient confortable, le Seigneur envoie des épreuves qui écrasent le confort. Le Sauveur s’adresse à nous: dormez maintenant et reposez-vous (Marc 14:41). Et nous ne savons pas quoi répondre. Nous sommes habitués à la liberté, à tout avoir et à pouvoir tout faire, quand les églises sont ouvertes, nos droits sont protégés, il fait calme et nous pouvons même dormir un moment. Mais le Seigneur nous permet de nous réveiller.

Chaque tempête nous fait sortir des conditions de vie habituelles et confortables. L’Église de Dieu – la «chambre du paradis» – nous est fermée pour que nous puissions considérer l’Église, les sacrements et notre heureuse rencontre avec le Christ dans l’Eucharistie sous un angle différent. Nous chérissons les choses qui nous sont rendues avec beaucoup de difficulté comme la prunelle de nos yeux. Cela s’applique aux églises, à la bonne santé et à tout ce qui se fait sur terre.

Nous luttons contre les maladies comme contre des géants. Avec la sueur de notre front, nous cultivons notre pain et nous acquérons une bonne santé en versant le sang. Les géants sont plus forts que nous. Le modeste David a vaincu le fier géant Goliath. Au cours des siècles, notre victoire sur les pandémies mondiales a été obtenue grâce à des efforts incroyables et à de nombreuses pertes afin que nous puissions apprendre à valoriser notre vie donnée par Dieu.

Après avoir enduré des pandémies impitoyables qui se reproduisent chaque siècle, l’humanité a l’occasion de remporter une victoire sur elles. Le Seigneur révélera certainement aussi le remède à ce nouveau virus. Et chaque fois les méthodes de lutte contre les pandémies sont le reflet de la bénédiction de Dieu qui ouvre la porte du salut à chaque travailleur laborieux et humble.

C’est ainsi que l’humilité est cultivée. Ainsi, nous commençons à apprécier le don de la vie donnée par Dieu, en languissant du don de l’immortalité que nous avons perdu à cause du péché. Ainsi, nous arrivons à comprendre que la vraie Vie n’est pas dans les batailles et les affrontements – cela est la vie de ce monde mais dans les demeures que nos âmes attendent depuis longtemps, auxquelles notre Sauveur a ouvert la voie en triomphant de la mort par Sa résurrection.

Prêtre Valery Dukhanin
Pravoslavie.ru 19/05/2020

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