De Saint Nectaire d’Egine

L’homme a été créé pour être une demeure pour Dieu, donc le sommet de sa joie et de son bonheur réside dans le fait de faire le bien, car il n’y a qu’en Dieu que se trouve le bien. Celui qui ne croit pas ne jouit pas de cette bonté car Dieu a quitté son cœur, ainsi son cœur n’étant plus rempli du Dieu Infini et Illimité, tout autour de lui est gémissement et désespoir. Alors il cherche, aspire et halète après les choses, mais rien ne peut le remplir, car tous les plaisirs de la vie sont incapables de combler le vide du cœur humain. Saint Nectaire.

Un conseil de saint Ignace Brianchaninov

Si vous avez le désir de devenir un membre sincère plein de zèle de l’Eglise Orthodoxe cela s’effectue en accomplissant les commandements de l’Evangile concernant ceux que nous côtoyons. Ne les condamnez pas; ne leur faîtes pas la leçon, n’essayez pas de leur prêcher ou de les enseigner. Corriger ceux qui vous sont proches de cette manière n’est pas une expression de foi mais un zèle insensé. Lorsque l’on a demandé à saint Poemen le grand en quoi consistait la foi il a répondu que la foi consiste à rester humble et montrer de la compassion : c’est à dire rester humble en présence de ceux que nous côtoyons et leur pardonner leur manque de courtoisie et leurs offenses et critiques , en somme tous leurs péchés. Ainsi la foi « active » ( par opposition à la foi dogmatique ) se manifeste dans une humilité réelle et la miséricorde envers le prochain et laissons le travail du jugement sur les épaules de ceux qui ont la charge de juger et de diriger leurs frères.

The Arena. Holy Trinity Monastery. Jordanville, N.Y. 1997 p.142

Roi Céleste

Roi Céleste

Saint Sophrony l’Athonite

Roi céleste, Consolateur, Esprit de Vérité (In 14, 16-17), 

Toi qui procèdes du Père et reposes dans le Fils (In 15,26), 

viens et demeure en nous, 

instruis-nous dans la vérité tout entière (In 16, 13), 

et sauve nos âmes,

 Toi qui es bonté. 

Saint Sophrony l’Athonite.

«Mais quand Il viendra, Lui, l’Esprit de vérité, Il vous ins­truira dans la vérité tout entière», nous a promis le Seigneur avant son exode vers la mort sur la Croix. 

Avoir conscience d’être éloigné de Dieu, de ce Dieu caché mais néanmoins aimé, est pénible à l’excès. Maintenant, en réflé­chissant à ce qui m’est arrivé en réalité durant ces années bénies, trois remarques me viennent à l’esprit. D’abord, la soif de Dieu dont j’étais dévoré me semblait tout à fait naturelle, «la seule chose nécessaire» (Luc 10,42) dans l’état pitoyable dans lequel je me trouvais. Ensuite, je sais que je suis faible, instable en tout … ; d’où m’est donc venue cette prière qui excède les forces de ma nature? Enfin, ne serait-ce pas le Seigneur lui-même qui m’a attiré par sa force? N’y a-t-il pas eu là union de deux volontés: celle de Dieu et la mienne, dans la mesure où notre Dieu et Créateur n’accomplit rien en nous sans notre accord ni notre concours? 

La détresse de mon âme était incessante – jour et nuit. Mon tourment se déversait en une prière également ininterrompue, même durant le sommeil ou lorsque je me trouvais parmi d’autres personnes. En leur présence, cependant, une certaine force me rete­nait de manifester mon état à l’extérieur; mais dès que je revenais chez moi – et parfois avant même que j’aie eu le temps de refermer la porte de ma chambre -les pleurs s’emparaient à nouveau de moi. Par moments, la douleur de l’âme causée par ma séparation d’avec Dieu me jetait à terre; dans le silence nocturne, des heures durant, je ne cessais de verser des larmes et de me lamenter sur ma perte, d’une grandeur inexprimable. Mon être tout entier, mon intellect, mon cœur et même mon corps, tout s’unissait étroitement, forte­ment, à la manière d’un nœud bien serré. Et lorsque les pleurs franchissaient une certaine limite, la terre, tout le monde visible disparaissait de ma conscience; j’étais là, seul devant Dieu. L’impal­pable Lumière qui jaillit de l’Éternel me permettait de me voir non dans mon apparence extérieure, non dans les conditions de ma vie quotidienne, mais d’une manière étrange que je ne saurais décrire: je me tenais devant mon Créateur, radicalement nu dans mon être même. Il ne restait rien en moi de caché à ses yeux. 

Un des événements les plus marquants de ma vie fut, grâce à la bonne providence de Dieu à mon égard, ma rencontre avec le starets Silouane. A cet homme humble, il avait été accordé d’En-haut de prier pour le monde entier comme pour lui-même. En lui cependant prédominait l’affliction pour ceux qui étaient déjà partis d’ici-bas. Son âme était rivée à la vision de l’enfer qui est au-delà des limites de la terre. Il contemplait cet enfer en raison de son expérience – qu’il lui avait été donné de vivre – de la réalité de cet état spirituel de l’esprit humain. Il n’était, d’une manière géné­rale, limité dans sa prière ni par le temps ni par l’espace, car son esprit était constamment tourné vers l’éternité. En moi, en revanche, prévalait la vision de l’enfer ici-bas, dans l’Histoire. 

Ma vie au désert -loin de me libérer de cet état – augmenta, au contraire, mon tourment pour le monde, en raison des évé­nements tragiques de notre époque; cela, plus spécialement durant la Seconde Guerre mondiale. Le désert me donnait la liberté de me livrer à la prière pour l’humanité, particulièrement durant les heures de la nuit. J’étais en quelque sorte possédé par la perception des souffrances du monde entier. Mon expérience de la Première Guerre mondiale et, à sa suite, de la révolution russe, y avait sans doute contribué. J’avais vécu pendant des années dans une étouf­fante atmosphère de haine fratricide, d’abord dans la guerre inter­nationale, puis dans la guerre civile. Depuis, je préfère entendre parler de la perte de plusieurs milliers de vies humaines dans des catastrophes naturelles, par exemple, les tremblements de terre, les inondations, les épidémies, etc. Les désastres de ce genre suscitent normalement de la compassion de toutes parts, alors que les guerres entraînent, pour ainsi dire, tous les hommes sans exception dans une complicité morale avec les massacres qui sont perpétrés, Il n’y a pas de plus grand péché que la guerre. Ces années-là, je vivais la Liturgie en me souvenant du Christ lors de la nuit de Gethsémani et du jour terrible du Golgotha. J’étais dans le désespoir: la pre­mière chute de l’homme se dévoilait sous mes yeux dans toutes ses dimensions. Comment suis-je resté vivant? Je n’en sais rien. 

«Quand Il eut pris le vinaigre, Jésus dit: « C’est achevé » et, inclinant la tête, Il rendit l’esprit» (Jean 19, 30). Qu’y avait-il dans la conscience du Christ lorsqu’il prononça ces mots: C’est achevé? Personne n’est en mesure de dévoiler en plénitude cette éternité dans laquelle notre Seigneur demeurait constamment. Mais on ne se trompera sans doute pas en supposant que sa vision globale n’intégrait pas seulement son extrême «kénose» – jusque et y compris la descente en enfer -, mais aussi sa victoire sur la mort: 

Il apercevait, dans la Lumière du Royaume du Père, la multitude de ceux qu’Il avait sauvés. Le dessein du Très-Haut sur l’homme dans l’intellect créateur de Dieu dès «avant la création du monde» devient maintenant possible et se réalise: le Christ a achevé «l’œuvre» que le Père lui a confiée (voir Jean 17, 4). 

Nous sommes dans la crainte, l’effroi, lorsque les degrés extrêmes de la souffrance se découvrent devant nous. Mais la voie chrétienne a précisément ceci de particulier que, en même temps que la descente dans le pays des affres de la mort, l’esprit humain a la possibilité de monter dans la sphère de la Lumière incréée. Lorsque des épreuves insupportables, à ce qu’il nous semble, s’abat­tent sur nous, l’accès à une surabondance vraiment infinie de vie s’ouvre à nous, à l’improviste. Alors, nous commençons à connaître plus profondément le Christ, dans son humanité et sa divinité. Alors, notre esprit triomphe et s’étonne du miracle que Dieu a accompli pour nous. De la même manière que la prière de Geth­sémani demeure éternellement dans sa réelle puissance, que la mort du Christ au Golgotha est inscrite pour toujours dans le corps de l’univers créé, que tous les actes et toutes les paroles du Seigneur sont ineffaçables de l’histoire de notre race, de même seront gravés en nous aussi, pour toute l’éternité, tous les labeurs que nous aurons accomplis dans notre marche à la suite du Christ, mais transfigurés par la force de l’amour divin. 

Référence :

Voir Dieu tel qu’Il Est. Archimandrite Sophrony. Sel de la terre. 2004.

Quelques paroles de Saint Paissios (+1994)

Il faut croire en Dieu avec philotimo ( philotimo=noblesse d’âme, bonté, reconnaissance, amour purifié exempt de tout retour sur soi, de celui qui ne regarde jamais son propre intérêt mais ne cherche qu’à être agréable à Dieu, le Père Païssios considérait cette vertu comme le fondement du progrès dans la vie spirituelle), et ne pas demander de miracle. Tu sais comme je suis troublé quand des adultes viennent me dire qu’ils voudraient voir un petit miracle qui leur permettrait de croire. S’ils étaient encore enfants, ils auraient une excuse liée à l’âge. Mais dire que «pour croire, il faudrait voir quelque chose», alors que soi-même, on ne fait rien pour le Christ, c’est si vil. Et même s’ils voyaient un miracle, cela leur serait-il utile? Ils diraient que c’est de la magie ou quelque chose du genre.

Geronda, comment renforcer la foi?
La foi se renforce par la prière. L’homme qui n’a pas cultivé la foi en lui-même dès son enfance, mais qui est disposé à le faire, il peut la faire grandir par la prière en demandant au Christ d’augmenter sa foi. Nous devons demander au Christ d’augmenter notre foi et de la faire grandir. Que demandèrent les Apôtres au Christ? «Augmente notre foi». Si tu dis augmente, cela signifie que tu te confies à Dieu. Car si l’homme ne se confie pas à Dieu, qu’est-ce que Dieu pourrait augmenter en cet homme? Nous devons demander à Dieu d’augmenter notre foi non pour faire des miracles, mais pour L’aimer plus. Tout contribue à l’augmentation de la foi en Dieu, tant les fleurs que les sauterelles, les étoiles et la foudre. Nous voyons tout cela, mais nous n’en tirons aucun profit car nous acceptons les «télégrammes», les pensées que nous envoie l’ennemi. Par exemple, s’il n’y avait pas le sel, la mer pourrirait. Toutefois, si un homme dépourvu de foi analyse de l’eau de mer dans son laboratoire, il n’en tire aucun profit car il n’a pas purifié son propre cœur du sel. Si l’homme travaillait avec philotimo, avec de bonnes pensées il verrait même ce qui lui semble absurde d’un œil différent, à l’aide de l’éclairage de Dieu. Et il rendrait gloire à Dieu.

http://www.lalorgnettedetsargrad.gr/2023/05/22/saint-paissios-lathonite-la-logique-ruine-la-foi/#easy-footnote-bottom-4-7987

Les fondements de la vie spirituelle d’après Saint Ignace Brianchaninov (7)

Sur la prière correcte

Ces réflexions ont un rapport direct avec la compréhension d’une activité chrétienne très importante : la prière. En disant comme tous les saints que « la prière est la mère des vertus et la porte de tous les dons spirituels», saint Ignace indique avec insistance les conditions à remplir pour faire de la prière la mère des vertus. Violer ces conditions rend au mieux la prière infructueuse ; mais le plus souvent, elle en fait l’instrument de la chute précipitée de l’ascète. Certaines de ces conditions sont bien connues. Celui qui ne pardonne pas aux autres ne sera pas pardonné à lui-même. « Quiconque prie avec ses lèvres, mais ne se soucie pas de son cœur, prie l’air et non Dieu ; il travaille en vain, parce que Dieu prend soin de l’esprit et du cœur, et non des paroles abondantes », dit le hiéromoine Dorothée, un ascète russe pour qui saint Ignace avait un grand respect.

Cependant, saint Ignace porte une attention particulière aux conditions de la Prière de Jésus. À la lumière de sa grande importance pour chaque chrétien, nous présentons un bref extrait du remarquable article de saint Ignace, « Sur la prière de Jésus : entretien avec un disciple ». Dans la pratique de la prière de Jésus, il y a son commencement, sa progression graduelle et sa fin sans fin. Il faut commencer la pratique par le début, et non par le milieu ou la fin.… Ceux qui commencent au milieu sont les novices qui ont lu les consignes… données par les pères hésychastes… et acceptent cette consigne comme guide dans leur activité, sans y réfléchir. Ils commencent par le milieu qui, sans aucune sorte de préparation, essaie de forcer leur esprit dans le temple du cœur et envoie des prières à partir de là. Ils commencent par la fin ceux qui cherchent à déployer rapidement en eux la douceur pleine de grâce de la prière et ses autres actions pleines de grâce. Il faut commencer par le commencement ; c’est-à-dire prier avec attention et révérence, dans le but de se repentir, en veillant uniquement à ce que ces trois qualités soient continuellement présentes avec la prière.… En particulier, le plus grand soin doit être pris pour établir la morale conformément aux enseignements des Évangiles .… Ce n’est que sur la moralité en bon accord avec les commandements de l’Évangile… que le temple immatériel de la prière agréable à Dieu peut être construit. Une maison bâtie sur du sable est un travail vain – le sable est une moralité facile qui peut être ébranlée. A partir de cette citation, on peut voir à quel point il faut être attentif et respectueux à l’égard de la prière de Jésus. Il ne faut pas prier n’importe comment, mais correctement. Sinon, sa pratique cessera non seulement d’être une prière, mais elle peut même détruire celui qui la pratique. Dans une de ses lettres, saint Ignace parle de la manière dont l’âme doit être disposée pendant la prière : Aujourd’hui, j’ai lu la parole de saint Sisoès le Grand que j’ai toujours particulièrement aimée ; une parole qui a toujours été selon le penchant de mon cœur. Un certain moine lui a dit:« Je demeure dans le souvenir incessant de Dieu. » Saint Sisoes lui répondit : « Ce n’est pas un grand exploit ; ce qui sera grand sera quand tu te considéreras pire que toutes les créatures ». Le souvenir incessant de Dieu est une grande chose souligne Saint Ignace, « Mais c’est une hauteur très dangereuse quand l’échelle qui y mène n’est pas fondée sur le roc solide de l’humilité » .

(En relation avec cela, il faut noter que « le signe de la prière incessante et autonome de Jésus n’est en aucun cas un signe que la prière est remplie de grâce, parce que [de telles qualités] ne sont pas une garantie… des fruits qui indiquent toujours que la prière est rempli de grâce. » « La lutte spirituelle, dont le résultat et le but est l’acquisition de l’HUMILITÉ… est [dans ce cas] remplacée par un but [intérimaire] : l’acquisition de la prière incessante et autonome de Jésus, qui… n’est pas le but final, mais seulement un moyen d’atteindre ce but) Tiré de : Alexei I. Osipov, La recherche de la vérité sur le chemin de la raison (Monastère Sretensky, Pokrov Press, 2009) 238-240.

Source: https://pravoslavie.ru/53476.html

FIN