Sur le jêune et le monde monderne

 

Extraits de (source) : http://glory2godforallthings.com/2014/03/14/a-modern-lent/

 

Peu de choses sont aussi difficiles dans le monde moderne que le jeûne. Ce n’est pas simplement l’action de changer nos habitudes alimentaires que l’on trouve problématique – c’est tout le concept de jeûne et de ce que cela implique vraiment. Le jeûne appartient à un autre monde.
Nous comprenons ce qu’est un régime – changer la façon dont nous mangeons afin d’améliorer la façon dont nous nous regardons ou comment nous nous sentons. Mais changer la façon dont nous mangeons afin de connaître Dieu ou bien pour respecter correctement une fête de l’Eglise – c’est quelque-chose d’étranger. La première question posée est souvent : «Comment ça marche ? »  Pour nous qui vivons dans une culture qui recherche ce qui est utile – nous voulons savoir l’utilisation des choses .A travers de la question sur l’utilité du jeûne est la demande sous-jacente que ce soit quelque chose qui ait du sens pour moi, quelque-chose que je suis en mesure de prendre en charge, de façonner comme je l’entends et le conformer selon mes propres désirs. Peut-être le jeûne pourrait être amélioré ?

Notre compréhension de nous-même voit en nous des personnes qui sont des centres individuels de choix et de décision. Une personne est considérée comme le produit de ses choix et de ses décisions – nos vies sont authentifiées par nous-mêmes. En tant que tels, nous sommes des gestionnaires (de nos vies).

Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes avec cette vision du monde du point de vue du christianisme traditionnel. Bien que nous soyons libres de faire des choix et décisions, notre liberté n’est pas illimitée. La plus grande partie de nos vies n’est pas déterminée par nous-mêmes. Une grande partie de la rhétorique de la modernité est orientée vers ceux qui ont la richesse et la puissance. Elle privilégie leurs histoires et se moque de la faiblesse de ceux qui n’ont pas le pouvoir et fait des promesses qui ne sont rarement, voire jamais, remplies.

Nos vies sont un don de Dieu…  La vie spirituelle chrétienne classique n’est pas marquée par le choix et l’autodétermination : elle est caractérisée par le dépouillement de soi-même et le chemin de la Croix.

Quand un chrétien moderne aborde le temps du Carême – la question qu’il se pose est souvent : « Qu’est-ce que je vais abandonner pour le Carême ? » L’intention est bonne, mais la question est mal posée. Le Carême devient vite un autre choix de vie, un jeûne d’un membre de la société de consommation.

La pratique du jeûne traditionnel a fortement diminué au cours des derniers siècles. L’Eglise catholique a modifié ses exigences et le jeûne du Carême s’en est simplifié …  Les Églises protestantes qui observent le Carême n’offrent pas de lignes directrices formelles pour la pratique du Carême. L’individu est laissé à son choix propre. .

L’Orthodoxie maintient le jeûne traditionnel complet, qui est fréquemment modifié dans son application… Il s’agit essentiellement d’un régime végétalien (pas de viande, pas de poisson, pas de vin, pas de produits laitiers)… Bien sûr, maintenir le jeûne traditionnel et observer effectivement le jeûne sont deux choses très différentes. Je ne suis pas au courant d’une étude sur la façon dont les orthodoxes jeûnent dans le monde moderne, mais mon expérience pastorale me dit que les gens font généralement un effort conséquent.

Est-ce que tout cela importe ? Pourquoi les chrétiens dans le monde moderne devraient se préoccuper d’une pratique traditionnelle ?

Ce qui est en jeu dans le monde moderne est notre humanité. L’idée que nous sommes des individus qui se réalisent (entièrement) par nous-mêmes est tout simplement fausse. Nous ne sommes évidemment pas venus par nous-mêmes tout seuls dans l’existence – notre existence est un don. Et la plus grande partie de ce qui constitue notre vie nous est tout simplement accordé-c ‘est un don. Ce n’est pas toujours un cadeau dont on est heureux – souvent on aimerait être différent. Mais le mythe du monde moderne, ce sont nous qui effectivement nous créons nous-mêmes et nos vies – nos identités sont imaginées pour être issues de notre propre construction. Nous sommes ce que nous choisissons d’être. C’est un mythe qui est extrêmement bien adapté pour fournir un cadre à une culture fondée sur la consommation. L’identité peut avoir un prix. Les riches ont un bien plus grand éventail d’identités qui s’offrent à eux – les plus démunis sont bloqués avec ce qui ils sont.

Mais la seule vie humaine vraiment authentique est celle que nous recevons comme un don de Dieu. La spiritualité basée sur le choix et la façon de se comporter comme dans la société de consommation sous prétexte de la liberté est une spiritualité vide. L’identité que nous créons est éphémère, un produit de l’imagination et du marché. Les habitudes du marché (de la société de consommation) nous asservissent – le Carême est un appel à la liberté.

Ainsi un début de Carême moderne serait de se repentir du monde moderne lui-même. Par cela, je veux dire renoncer à l’idée que vous vous réalisez par vous-mêmes de façon autonome, que vous vous authentifiez par vous-mêmes. Vous n’êtes pas définis par vos choix et vos décisions, et encore moins par votre carrière et vos achats. Vous devez commencer par reconnaître que Dieu seul est le Seigneur (et pas vous). Votre vie n’a de sens et de but qu’en relation à Dieu. Ce qui manifeste cette pratique fondamentale de cette vie centrée sur Dieu est le fait de rendre grâce.

Il faut renoncer à essayer de s’améliorer et devenir quelque chose. Vous n’êtes pas un projet en cours d’exécution. Et si vous êtes un travail en cours d’exécution- alors vous êtes l’œuvre de Dieu. «Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus Christ pour une vie riche en actions bonnes, celles que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions »  (Eph 2:10).

Ne prévoyez pas d’avoir un  » bon Carême  » ou d’imaginer ce que serait un « bon Carême ».  Arrêtez de juger – en particulier de vous juger vous-mêmes Sortez du centre de votre monde. Le Carême n’est pas centré sur vous. Il est tourné vers ​​le Christ et Sa Pâques.

Accomplissez le jeûne en suivant la Tradition au lieu de suivre vos propres idées et conceptions. Cela peut être difficile pour certains s’ils ne font pas partie de l’Église traditionnelle et n’ont donc pas la tradition du jeûne(…).
Priez. Le jeûne sans la prière est appelé «le jeûne des démons », parce que les démons ne mangent jamais, mais ils ne prient jamais .Votre jeûne et votre prière doivent être le plus équilibré possible comme un moyen de se rapprocher de Dieu. Votre jeûne et votre prière doivent être équilibrés autant que possible. Si vous jeûnez d’une manière rigoureuse, alors vous devriez prier pendant de longues périodes. Si vous jeûnez légèrement, alors vos prières peuvent être plus légères aussi. C’est quelque-chose d’unique car la prière et le jeûne sont une même chose unique.

A notre prière et à notre jeûne, il faut ajouter la miséricorde (donner…en particulier de l’argent). Vous ne pouvez pas être trop généreux non plus car votre miséricorde doit être aussi invisible que possible aux autres, à l’exception de votre gentillesse qui doit être donnée à tous. Dépensez moins et donnez plus.

Manger boire, prier, pratiquer la générosité sont des actions naturelles. Considérerez votre vie. Jusqu’à quel point ce que vous mangez est naturel ? Est-ce que votre alimentation est faite principalement par des aliments manufacturés, transformés…  Cela pourrait être un moyen humainement très pauvre de manger. Manger doit prendre du temps. Ce n’est pas une perte de temps que de passer jusqu’à six heures sur vingt-quatre à préparer, partager, manger puis remettre au propre (nettoyer)… Même les animaux prennent le temps de manger.

Se limiter aussi dans les divertissements mondains. Dans les pays traditionnellement orthodoxes les divertissements sont souvent suspendus au cours de la période du Carême. Cela peut être très difficile pour les gens modernes que nous sommes qui vivons pour consommer et qui sommes donc pris dans un cycle de plaisirs et de peines. Ce ne sont pas les plaisirs normaux comme l’exercice ou la marche que j’ai à l’esprit – mais il me semble que c’est très caractéristique de la modernité qu’il y ait des entreprises dédiées à nous aider à faire quelque chose de normal (comme la marche ou de l’exercice), de telle sorte que même nos activités normales deviennent une marchandise à consommer.

Il faut jeûner de : regarder / lire les nouvelles et d’émettre des opinions. Les nouvelles ne sont pas présentées afin de vous tenir informés Elles sont souvent inexactes et servent l’objectif principal d’un agenda politique ou de la frénésie de consommation. Elles ne sont pas bonnes pour l’âme. Les opinions peuvent être destructrices pour la santé de l’âme(…) Les opinions (ou les avis) peuvent être des passions qui se font passer pour des pensées…. Le besoin de les exprimer révèle leur nature passionnée.

Je pourrais très bien imaginer ce qu’une personne moderne, à la lecture de cette liste, puisse se sentir dépassée et se demander ce qui reste. Ce qui reste est d’être humain. Que tellement de choses dans nos vies ne soient pas particulièrement humaines, mais une distraction éphémère est une explication de la plus grande partie de notre épuisement et de notre anxiété. Il n’y a pas de nourriture pour nous dans ce qui n’est pas humain.

Et ici les paroles d’Isaïe viennent à l’esprit :
Holà, vous tous qui avez soif, voici de l’eau, venez. Même sans argent, venez ; prenez de quoi manger, c’est gratuit ; du vin ou du lait, c’est pour rien. A quoi bon dépenser de l’argent pour un pain qui ne nourrit pas, à quoi bon vous donner du mal pour rester sur votre faim ? Ecoutez-moi bien, et vous aurez quelque-chose à manger, quelque-chose de bon, vous vous régalerez de ce qu’il y a de meilleur. Esaie ; 55 :1-2.

http://glory2godforallthings.com/2014/03/14/a-modern-lent/

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