Sur la mort et la résurrection

Sur la mort et la résurrection.

Chaque personne va goûter à la mort et goûter à la résurrection. Elle ne goutte pas uniquement au néant.

Personne n’accepte de passer au néant par la mort mais nous acceptons (en tant que chrétiens) de passer par la mort car nous avons la foi qu’il y a au-delà de la mort quelque-chose de nouveau ainsi que la permanence de notre existence. Il est nécessaire de subir un abaissement, une mort. On ne peut ressentir la résurrection ou la promesse de la résurrection qu’après avoir observé et contemplé la mort. Cela est notre mystère : nous ne ressentons pas la vie comme permanence de la vie. Il faut que la vie soit brisée par la mort pour qu’elle nous donne le meilleur. Je suis étonné que la plupart des humains craignent le caractère certain de la mort parce-qu’ ils qu’ils ne ressentent pas (en eux) la promesse de la résurrection car Dieu seul est donateur de vie.

Ce que nous désignons par résurrection n’est pas seulement une continuité entre cette vie ici-bas et celle qui est accordée d’en-haut selon sa nature (qui n’est pas de ce monde). Il s’agit d’une vie meilleure. C’est cela le mystère : c’est que par la mort il t’est accordé une vie meilleure, une vie qui t’est offerte par Dieu. C’est une vie qui vient de Dieu et qui ne consiste pas en un retour des choses anciennes qui conservent toujours un goût de mort. Le mystère est que ce renouvellement vient de Dieu et qu’il ne consiste pas seulement en un renouvellement de nos forces physiques. La mort est nécessaire pour acquérir la nouvelle vie qui n’est pas uniquement la permanence d’un état biologique. Par la résurrection nous obtenons une grâce qui est en une habitation divine en nous et par cette habitation notre être ne mourra jamais. Ce qui est éphémère doit disparaître. « Les choses anciennes ne sont plus ; voici que tout est nouveau » (2 Corinthiens, 5 :17).

La mort est notre chemin vers la résurrection. Alors qu’après la chute la mort est devenue une malédiction, après la venue du Christ la mort est devenue Grâce à cause de la résurrection. Pourquoi en est-il ainsi ? Je l’ignore…. Pourquoi mourons-nous et ensuite nous ressuscitons ? La seule réponse dans le Livre (La Bible) est que nous mourons à cause de notre rébellion. « Le salaire du pêché est la mort ». Mais le Livre affirme aussi que la justice retrouvée par la repentance est source de vie nouvelle. Cette vie nouvelle n’est autre que la présence de Dieu en nous. Le Christianisme est la religion de la résurrection car on y proclame la mort puis la résurrection… Chez nous la mort et la vie sont entrelacées. La vie et la mort sont en dialectique permanente jusqu’à ce que Dieu triomphe de la mort le Dernier Jour. Nous reconnaissons que nous allons mourir et nous disons que la mort est la conséquence du pêché : elle est une sanction…en d’autres termes l’homme est la cause de sa mort par son pêché ; mais notre voyage est vers la résurrection et celle-ci n’intervient pas uniquement à l’issue de notre vie terrestre. La résurrection traverse les étapes de la vie terrestre et les vivifie par son souffle de Vie. Nous affirmons que la résurrection fait sa demeure en nous car elle est présente durant notre vie terrestre car après la résurrection de Notre Seigneur, le Christ nous a fait don de la force de sa résurrection pour la totalité de notre vie terrestre.

Dans la condition humaine il n’y a pas qu’une seule forme de mort. Il y a des morts spirituelles, des chutes et des effondrements effrayants. La mort physique est l’expression ultime de tout repli et de tout anéantissement. Mais il y a aussi toutes ces morts que le pêché fait en nous. La mort se cache à l’intérieur de ce qui paraît vie. Tout renoncement à une parcelle de vie est mort. Nous luttons contre cela en nous appuyant sur les promesses données par le Christ. Dans la vie spirituelle nous voulons nous libérer de la mort et nous avons par la foi et les mystères accordées en Eglise des résurrections jusqu’à ce que le Christ nous prenne à Lui notre dernier jour. En réalité la mort nous accompagne également et il ne s’agit pas seulement de l’évènement final. Toute chute est une mort. Mais la force de la résurrection dans la vie de foi que nous menons détruit la mort par petits bouts chaque jour que Dieu nous donne jusqu’à ce qu’Il relève nos corps mortels. C’est dans l’Espérance que nous vivons cette interconnexion entre la vie et la mort. Mais l’Espérance n’est pas le report de notre attente. L’Espérance est un avant-goût de la Vie qui vient d’En Haut… C’est par la foi que nous goûtons aux choses à venir. Les choses d’En Haut nous sont constamment accordées. Et nous les goûtons avant leur accomplissement final. C’est en ce sens que toute élévation spirituelle est une petite résurrection jusqu’à ce que le Seigneur nous joigne à Lui.

Mgr Georges Khodr Evêque du Mont Liban dans le journal annahar du 5 octobre 2013.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *