Le péché n’est pas un problème d’ordre moral

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 Flamboyant en fleurs annonçant Noel 

sous les tropiques de l’hémisphère austral

 

Source :http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2014/12/08/sin-not-moral-problem/

 

LE PECHE N’EST PAS UN PROBLEME D’ORDRE MORAL

Beaucoup de lecteurs n’ont jamais entendu qu’il n’y a pas une telle chose comme un progrès moral – donc je ne suis pas surpris que l’on me demande d’écrire de manière plus approfondie sur le sujet.

Je vais commencer en se concentrant sur la question du péché lui-même. Si nous comprenons de façon correcte la nature du péché, sa vraie nature, la notion de progrès moral se verra plus clairement. Je vais commencer par clarifier la différence entre la notion de moralité et la compréhension théologique du péché. Ce sont deux mondes très différents.

 

La moralité (tel que j’utilise le mot) est un terme qui décrit généralement l’adhésion (ou le manque d’adhésion) à un ensemble de normes et de comportements.  Avec cette façon de considérer les choses, on peut admettre que tout le monde pratique une certaine forme de moralité. Quelqu’un qui ne croit pas en Dieu aura toujours un sens intériorisé de ce qui est bon ou mauvais et il aura un ensemble d’attentes pour lui-même et pour les autres. Il n’y a jamais eu un ensemble de valeurs morales universellement acceptées. Différentes personnes de différentes cultures ont une large variété de conceptions morales et de ce que signifie être «moral».

 

J’ai observé et j’ai écrit que la plupart des gens ne vont pas progresser moralement. Cela signifie que nous ne devenons pas meilleurs en observant les normes et les pratiques que nous considérons comme moralement correctes. Dans l’ensemble, nous restons à peu près aussi moralement corrects que nous l’avons toujours été.

 

Cela est fondamentalement différent de ce qu’on appelle «péché» en termes théologiques. Le non-respect de certaines normes morales peut revêtir certains aspects du «péché» , mais les défaillances morales ne sont pas la même chose que le péché. De la même manière, la rectitude morale n’est pas du tout la même chose que « être juste ». Une personne peut être moralement correcte durant toute la durée de la vie (en théorie) et être toujours embourbée dans le péché. Comprendre ce qu’est le péché permettra de clarifier cela.

 

Le pêché est un mot qui est utilisé fréquemment d’une manière erronée. Pour les gens il est utilisé soit pour désigner les infractions morales (contrevenir à des règles), ou, religieusement, ne pas respecter les commandements de Dieu. Ainsi, lorsque quelqu’un demande : «Est-ce un péché de faire x, y, z  » Ce qu’il veut dire est : »Est-ce contre les règles de Dieu de faire x, y, z ? » Mais cela n’est pas correct. Eh bien, le péché est quelque chose de tout à fait distinct de la violation de règles – St. Paul en parle d’une manière tout à fait différente :

 Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair : j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. Et si je fais ce que je ne veux pas, ce n’est plus moi qui le fais, c’est le péché qui habite en moi. (Rom 7:18-20)

 

 

« Le péché qui habite en moi ? » Evidemment « enfreindre les règles » n’est pas un sens qui correspond à cette formulation dans tous les cas de figure. Le péché a un sens complètement différent. Nous pouvons reprendre son sens de saint Paul :

 

Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. Quels fruits portiez-vous alors ? Des fruits dont vous rougissez aujourd’hui. Car la fin de ces choses, c’est la mort. Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur. (Romains 6 :20-23).

Ainsi le péché est une chose à laquelle nous pouvons être liés (comme dans une servitude), et dont l’aboutissement est mort. Alors qu’est-ce que le péché ?

 

Le péché est un mot qui décrit un état, une façon d’être – ou, plus correctement, un processus de non-être. C’est un mouvement qui nous éloigne de notre propre existence –qui est le don de Dieu à sa création. Dieu est le seul Etre véritable – Lui seul est auto-existant. Tout ce qui existe est subordonné- tout ce qui existe est totalement dépendant à chaque instant de Dieu pour son existence. Quand selon les Pères Dieu nous a créés, Il nous a donné l’existence. Lorsque nous grandissons dans la communion avec Lui nous nous dirigeons vers le bien-être. Son don final pour nous est cette union (avec Lui) vers laquelle nous tendons, c’est la vie éternelle.

 

Mais il y a aussi une (condition) opposée à cette vie de la grâce. Il s’agit d’un mouvement vers la non-existence, un mouvement qui s’écarte de Dieu et un rejet du bien-être. C’est ce mouvement qui est appelé «le péché. » Nous pouvons être dans un état de servitude envers le péché, comme une feuille piégée dans un tourbillon d’eau. Le péché n’est pas quelque chose en lui-même (car le non-être n’a pas d’existence). Il est décrit dans l’Écriture par des mots tels que «mort» et «corruption». Corruption ou « pourriture » (φθορά) est un excellent mot pour décrire le péché. Car il consiste en la dissolution progressive (un mouvement dynamique ou processus) d’une chose qui était initialement vivante – vers sa décadence progressive dans la poussière.

 

Cela diffère remarquablement de la conception du péché comme étant une rupture avec des règles morales. La rupture d’une règle implique seulement une erreur extérieure, une infraction purement juridique ou judiciaire. Rien de substantiel n’est modifié (rien n’est modifié en profondeur). Cependant les Écritures traitent le péché beaucoup plus profondément – car le péché est lui-même un changement de substance, une décroissance de notre être.

 

Et c’est là qu’une certaine pensée créatrice devient nécessaire. Les habitudes de notre culture consistent à penser du péché en termes moraux. C’est simple, çà demande très peu d’effort, et c’est en accord avec ce que tout le monde autour pense. Mais c’est théologiquement incorrect. Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas trouver de telles considérations moralistes dans les écrits de l’Eglise – en particulier dans les écrits au cours des derniers siècles. Mais la capture de la théologie de l’Église par le moralisme est une véritable captivité et n’est pas une expression de l’esprit orthodoxe.

 

Alors, comment pouvons-nous réfléchir sur le bien et du mal, sur la croissance spirituelle, sur le salut lui-même si le péché n’est pas un problème moral ? Nous n’ignorons pas nos choix erronés et les passions désordonnées (habitudes de comportement). Mais nous les voyons comme des symptômes, comme des manifestations d’un processus plus profond au travail. L’odeur d’un cadavre n’est pas le vrai problème et le traitement de l’odeur n’est pas du tout la même chose que la résurrection.

 

Le travail du Christ est l’œuvre de résurrection. Notre vie en Christ n’est pas une question d’amélioration morale – c’est le (choix) de la vie en (opposition) à la mort. Nous sommes ensevelis en sa mort – et c’est une mort réelle – avec tout ce que signifie la mort. Mais sa mort ne va pas jusqu’à la corruption. Il a détruit la corruption. Notre baptême dans la mort du Christ est un baptême dans l’incorruptibilité, la guérison de la rupture fondamentale de notre communion avec Dieu.

 

Alors à quoi la guérison ressemble ? Est-il erroné de s’attendre à ce que se présente une sorte de progrès ?

 

Mon expérience de vie (34 ans comme un prêtre) et la lecture des Pères et la tradition suggèrent que ces attentes sont en effet mal placées. Cela m’a rendu perplexe pendant de nombreuses années. Je suis venu à penser que notre salut est semblable à la réalité des sacrements. Que voyez-vous dans l’Eucharistie ? Est-ce que le pain et le vin passent par un changement progressif ? Est-ce que voyons-nous une transformation sous nos yeux ?

 

Ce qui apparaît comme véridique, est que notre salut est largement caché – parfois même de nous-mêmes. La foi chrétienne est «apocalyptique» dans sa nature même – en ce sens qu’elle révèle ce qui est caché. Les paraboles sont remplies de surprises imagées : un trésor découvert, etc. Le Salut a une façon de paraître qui est « (de se montrer) tout juste », qui est « révélateur de ce qui est caché ». Je vois la même chose se dérouler durant la Divine Liturgie ; les portes s’ouvrent, les rideaux sont tirés et « on voit », puis ils sont fermés et « on ne voit pas » et cela durant toute la Liturgie.

Trouver notre salut signifie se détourner de l’apparence des choses. Cela nécessite une réorientation vers l’intérieur profond et fondamental de nos vies. Cela exige le travail sur soi du repentir (repentir est traduit du grec métanoïa qui signifie changement d’état d’esprit). La vie morale est vécue à la surface – les incroyants aussi se comportent d’une manière morale. Quand nous nous tournons vers le Christ -en nous-mêmes- , nous passons sous la surface. Nous commençons à voir combien nos actions sont éphémères et confuses.

 

Ces actions sont le plus souvent l’aboutissement d’un faux «égo », un ego qui est brisé et humilié et qui se bat frénétiquement pour « être meilleur ». Mais le cœur de la vie spirituelle chrétienne ne passe pas par ce chemin d’un ego amélioré, mais par la voie d’une « mort à soi», dans laquelle nous perdons une existence qui n’est pas notre vrai moi, et nous acquérons une existence qui est la nôtre en Christ. Mais ce que nous voyons est souvent autre chose. Car, lorsque nous trouvons la vérité, l’autre partie (de notre égo) s’accroche encore à sa fausse existence – et c’est principalement ce que nous voyons et ce que les autres voient. Le travail caché du salut reste invisible.

 

Il n’est pas du tout inhabituel dans la vie des saints que la sainteté d’une personne reste cachée jusqu’à sa mort. C’était le cas pour Saint-Nectaire d’Égine. Il a été rejeté par beaucoup, mais il n’a été vraiment vu comme un saint que par quelques-uns seulement. Cependant à sa mort, les miracles ont commencé à se répandre de lui, et tout à coup les histoires ont commencé à faire surface.

 

Et mystérieusement, il semble que cette vie cachée est souvent tout aussi cachée pour le saint lui-même (tout comme notre propre vraie vie nous est cachée). Je pense que Dieu nous préserve de la charge de cette connaissance pour le bien de notre salut.

 

 

 Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire. (Colossiens 3 :2-4).

 

Cela est, encore une fois, le caractère « apocalyptique » de la vie chrétienne. Nous sommes morts et nos vies véritables sont cachées avec le Christ en Dieu – et ils apparaîtront quand Il apparaîtra.

 

Alors qu’est-ce que nous voyons dans cette vie ? La réponse simple est claire : le Christ. Ce n’est pas notre propre amélioration que nous recherchons, mais le Christ. Notre propre amélioration cesse peu à peu de compter à la mesure que nous trouvons le Christ. Et plus nous trouvons le Christ, et plus nous voyons clairement la nature de notre faux égo, et alors nous pouvons dire : «Je suis le pire de tous les pécheurs ».

Source :http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2014/12/08/sin-not-moral-problem/

 

 

 

 

 

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