Quand la prière personnelle devient universelle. Saint Sophrony l’Athonite.

Quand la prière personnelle devient universelle.
Saint Sophrony l’Athonite.

 

Dans les évangiles on trouve une prédiction du Christ – il me semble que c’est aux chapitres 24 de Matthieu et 22 de Luc; il y est beaucoup question de la fin des temps et des terribles afflictions qui frapperaient le monde entier pour de longues années. Le Seigneur dit d’une manière paradoxale: « Lorsque vous entendrez parler de tout cela, relevez vos têtes, ne vous alarmez pas, car cela doit arriver » (cf. Matthieu 24, 6; Luc 21, 9). C’est en effet, dans la création d’hommes sauvés en Dieu par le Saint-Esprit – déifiés – que se trouve tout le sens de l’histoire.

Bien que la guerre se fût terminée, disons, victorieusement pour la France (j’avais été attiré par ma profession en France qui était à ce moment historique le pays occupant la première place dans la sphère de mon art) je ressentis – comment dire? – la nullité des résultats de cette guerre sur le plan éthique; bien au contraire, elle anéantit de nombreuses valeurs et brisa d’innombrables vies humaines. Je dois cependant vous dire que, malgré tout, les malheurs d’alors n’avaient pas une forme aussi profonde que maintenant, que les souffrances et le désespoir étaient à cette époque considérablement moindres et plus facilement supportables que les souffrances actuelles.

Nous sommes nés dans un monde différent

Pourquoi est-ce que je vous parle maintenant de cela? C’est parce qu’à nous, moines de notre époque, se pose la question: comment devons-nous organiser notre vie monastique de telle sorte que nous trouvions le salut en Dieu? Dans le monde tel que je l’observe, le progrès réalisé sur le plan scientifique, depuis l’époque où je suis entré au monastère, est colossal. Par contre, les hommes qui vivaient à l’époque de la première édition de la Philocalie, (1784, N.d.T.), possédaient une patience incomparablement plus grande, un espoir dans le salut incomparablement plus grand que maintenant.

Les conditions de la vie du monde ont changé, si bien que les gens qui se marient et donnent le jour à des enfants, les mettent au monde dans un contexte très différent de celui de jadis: à bien des égards il y a une amélioration, mais, dans une proportion encore plus grande, la procréation d’enfants dans ce monde est devenue un problème bien plus difficile qu’autrefois.

Une ascèse adaptée à nos forces

L’apôtre Paul dit quelque part que les Pères d’autrefois, de l’Ancien Testament, – des géants de l’esprit, des héros de la foi, – n’atteignirent pas les révélations que reçurent les apôtres; et il utilise l’expression: « afin qu’ils ne trouvent pas le salut sans nous » (cf Hébreux Il, 40). Maintenant, ayant eu la possibilité, par la bienveillance de Dieu, de passer par toutes les formes de la vie monastique, je vous dirai que nous ne pouvons pas maintenir les formes de vie de nos pères. Il nous faut nécessairement organiser la vie de telle manière que tout corresponde à nos forces.

Les temps de la Philocalie à l’Athos

De quoi s’agit-il? Depuis l’époque où, comme je vous l’ai déjà dit, après la Première guerre mondiale, je me mis naturellement à penser à la vie du monde dans son ensemble, l’esprit de l’homme appréhende toute l’humanité d’une manière plus réelle qu’auparavant. J’ai encore trouvé à l’Athos les temps de la Philocalie, et, même jusqu’à présent, ils n’ont pas cessé. Plusieurs cas étonnants m’ont procuré une grande joie et une vive reconnaissance envers Dieu, de ce que les hommes aient commencé à penser l’humanité dans sa totalité.

Un moine qui priait pour le monde entier

Je me souviens d’une rencontre remarquable qui s’est gravée pour toujours dans ma vie. C’était tout au début de ma vie monastique, – dans les années vingt-cinq ou vingt-six, me semble­t-il. J’étais allé au bord de la mer et j’y aperçus un vieux moine ayant à la main un long chapelet de trois cents noeuds. Je m’approchai de lui avec la crainte propre aux débutants et m’arrêtai en silence, observant comment il priait: assis sur une grande pierre, il égrenait son chapelet. Je trouvai enfin, mais avec difficulté, le courage de lui dire: « Père, priez pour moi. » Je le lui demandais parce que lorsque j’avais quitté la France en mille neuf cent vingt­cinq, l’esprit du désespoir me dominait déjà, dans une forme moins aiguë que plus tard, mais malgré tout il me dominait. Et ainsi, écrasé par ce désespoir, je lui demandai: « Père, priez pour moi. » Il me regarda et me dit: « Tu vois ce chapelet? Je le dis pour le monde entier. Je prie pour le monde entier. Et tu es là, dans ma prière. » Il est difficile d’expliquer pourquoi nous avons telle ou telle réaction. Toujours est-il que je ne m’éloignai pas à sa première parole. Après un certain temps, poussé par le désespoir de ces jours, je lui dis: « Père, priez pour moi ». Il répondit: « Je t’ai déjà dit que je prie pour le monde entier, et tu es ici, dans cette prière ». Je restai silencieux pour quelques instants; de nouveau, pour la troisième fois – car mon affliction était profonde – je lui dis timidement: « Père, priez pour moi. » Il me regarda avec bonté et me dit:  » Mais je t’ai dit que tu es ici – il me montra son chapelet. Que te faut-il de plus? Tu es ici, dans cette prière que je dis pour le monde entier. « Je m’éloignai, impressionné par l’état d’esprit de ce starets:

« Je prie pour le monde entier, tu es aussi là, et ainsi je n’ai pas à me disperser pour des choses particulières. » Comme je venais d’arriver à l’Athos, je fus évidemment fort impressionné en rencontrant cette forme de prière. Je me demandais tout le temps comment ce starets appréhendait le monde entier pour lequel il priait: dans le temps? dans l’espace? était-ce toute l’humanité depuis Adam jusqu’à nos jours? Ou bien sa pensée était-elle encore plus profonde et plus englobant? Mais, les premiers jours de ma vie dans l’habit monastique, je n’ai trouvé à l’Athos que cette forme de prière pour le monde entier.


Nous sommes tous liés les lins aux autres

Durant mes soixante-dix années – ou presque – de vie monastique, il m’est arrivé de vivre bien des moments pénibles, parce que, lorsque nous prions pour quelqu’un, comme nous l’avons déjà souvent dit, la prière nous introduise dans la sphère spirituelle de la personne pour laquelle nous prions.

Mes chers frères et sœurs, je m’efforce tout le temps de fixer votre pensée sur le fait que nous ne sommes pas isolés, coupés des autres. Non, – nous vivons dans un monde où tout est uni, où une chose est liée à l’autre.

Je vous ai maintenant exposé partiellement les conditions de vie qui correspondent à la structure intellectuelle et physique des hommes de notre époque qui viennent à la vie monastique.

Si nous prions pour l’Adam total …

Récemment, en évoquant des événements qui pèsent lourdement sur nos épaules, j’ai suggéré à la personne avec qui je parlais, de prier ainsi: « Seigneur, protège-nous. Tu vois notre incapacité de résister à ces vagues de souffrances cosmiques. « Il est en effet pleinement légitime de penser que l’enfer est produit par l’absence d’amour chez les hommes. Les hommes ne vivent pas par l’amour, mais par la haine. Je lui ai ensuite précisé ma pensée:

« Lorsque vous priez pour vous-même, pour le monastère, pour les frères, priez jusqu’à cette limite: « Seigneur, protège-nous; donne ­nous un petit coin sur terre où nous puissions célébrer la Liturgie pour Toi, T’offrir une prière dans la forme de Gethsémani ». Priez seulement jusqu’à ce point: « Protège-nous », parce que nous ne pouvons pas souhaiter quelque chose de mauvais à qui que ce soit ». Et quelle fut sa réponse? « Mais évidemment! Si nous nous efforçons de prier ici pour l’Adam total, pour toute l’humanité, comment pourrions-nous simultanément souhaiter du mal à qui que ce soit, même à ceux qui nous causent une affliction mortelle? »

Voyez comme cela se répand: d’abord ce starets qui m’avait Sainte Montagne, à l’Athos … Aux jours où je suis arrivé à l’Athos, il s’y trouvait très peu d’hommes instruits. C’est avec difficulté que certains pouvaient lire et écrire quand ils arrivaient à l’Athos, mais ensuite ils se développaient en lisant les saints Pères. Etant peu au courant des affaires du monde, ils priaient cependant pour le monde entier. Ce starets qui ne voulait pas interrompre sa prière pour satisfaire à la demande d’un novice… dans quelle sphère spirituelle demeurait-il? Et dans quelle sphère demeure l’homme intellectuellement développé d’aujourd’hui? Si nous comparons leurs niveaux spirituels, lequel des deux sera reconnu comme supérieur? .

Ces moines vivaient moins par les événements de ce monde, ils vivaient sans être au courant des progrès de la science, de la technique et ainsi de suite, mais leur esprit demeurait dans l’éternité. Leur prière avait pour objet le salut éternel. Mais lorsque notre esprit, l’esprit des intellectuels actuels, ne peut pas demeurer dans l’éternel, même pour quelques brefs instants, il serait intéressant de savoir qui vit dans un monde plus élevé …

Quand la prière personnelle devient universelle

Est-ce que je m’exprime correctement en disant qu’il y a un état de l’esprit humain dans lequel on vit l’Adam total d’une manière naturelle en invoquant constamment le Nom de Dieu:

« Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur »? A une telle prière personnelle que s’unit alors une prière de portée universelle, comme nous le voyons dans le cas de Séraphin de Sarov. Nous vivons maintenant dans un monde incomparablement plus riche sur le plan de la technique et sur celui de l’instruction. Mais cette forme de vie est-elle vraiment supérieure? Si nous voulions faire des comparaisons, nous devrions reconnaître que, tout compte fait, les Pères anciens étaient supérieurs à nous, non seulement dans le domaine de la prière mentale, mais encore par l’état d’esprit dans lequel ils se trouvaient. Mais si, en faisant l’expérience du Nom du Christ, nous sommes introduits dans ce monde qui souffre, c’est aussi une grande œuvre.!..

 

 

 

Référence :

Paroles à la communauté. Archimandrite Sophrony Sacharov. Novembre 1993. N*15.

Posted by Holy Trinity Family – Douma

https://holytrinityfamily.blogspot.com/2021/11/quand-la-priere-personnelle-devient.html

Saint Silouane : sur l’humilité

Nous souffrons parce que nous n’avons pas d’humilité… Nous souffrons parce que nous n’aimons pas notre frère…

Quand nous aimons notre frère, l’amour de Dieu vient à nous. Les hommes n’apprennent pas l’humilité et, à cause de leur orgueil, ne peuvent recevoir la grâce du Saint-Esprit, et ainsi le monde est plongé dans la souffrance.

Saint Silouane du Mont Athos ♱fond de la riviere

Une pensée de Saint Théophane le reclus (1815-1894) sur la Reine de Saba la Reine du Midi

« Au jour du jugement, la reine du Midi se lèvera et condamnera les gens de notre temps, car elle est venue du bout du monde pour écouter l’enseignement plein de sagesse de Salomon. Or, il y a ici plus que Salomon ! [Luc 11:31]. Les condamner pour quoi ? Pour l’indifférence à l’œuvre de Dieu qui s’est déroulée sous leurs yeux. Cette reine, ayant entendu parler de la sagesse de Salomon, est venue de loin pour l’entendre, tandis que ces hommes, voyant le Seigneur lui-même, ne l’ont pas écouté – même s’ils le savaient plus haut que Salomon comme le ciel est plus haut que la terre . De même, la Reine du Midi condamne tous ceux qui sont indifférents et froids envers Dieu et ses œuvres en ce moment, car le Seigneur dans son Évangile est visible aujourd’hui aussi clairement qu’il était visible sur terre il y a 2000 ans. En lisant l’Évangile, nous avons devant les yeux le Seigneur avec tous ses miracles, car l’Évangile est aussi certain que le témoignage de nos propres yeux. Et pourtant, bien que Son impression sur nos âmes soit si puissante, seuls quelques-uns prêtent attention au Seigneur. Soit nous regardons de l’autre côté, soit nous avons simplement fermé les yeux. De toute façon, nous ne le voyons pas, et par conséquent, nous ne participons pas à ses œuvres. Ce n’est cependant pas une excuse pour nous, mais simplement une raison pour notre mépris du Seigneur, une raison tout aussi abominable que notre comportement lui-même. L’œuvre du Seigneur est la plus importante de toutes : c’est le salut de nos âmes. L’œuvre du Seigneur, indépendamment de nous-mêmes, devrait de toute façon être de la plus haute priorité – d’autant plus lorsqu’elle nous est consacrée, à notre existence même, à notre bien-être éternel. Voyez donc comme il est détestable de l’ignorer !
https://russian-faith.com/explaining-orthodoxy-saints/november-15-daily-thoughts-st-theophan-one-russias-favorite-19th-century

Sur l’aspect vivifiant de la Sainte Communion

Cette histoire d’aide miraculeuse du sacrement de la Sainte Communion m’a été racontée par une femme croyante qui était directement impliquée dans le sauvetage d’un bébé. « Ma sœur cadette a eu une première grossesse très compliquée, qui s’est soldée par la naissance de son bébé au huitième mois, et le nouveau-né a à peine été sauvé. Il est né pesant 1,6 kg  et il a été placé dans un incubateur. Cela s’est produit à la fin du siècle dernier, et il n’y avait pas de bonnes conditions pour les bébés prématurés à l’époque. L’anarchie régnait partout (en Géorgie), et les maternités ne faisaient pas exception. Pour chaque jour de séjour du nourrisson à l’hôpital, ils exigeaient beaucoup d’argent, ce que ma sœur n’avait tout simplement pas. « Le bébé est né très faible avec des problèmes de santé. Nous avons décidé d’inviter un prêtre pour baptiser le nouveau-né directement à l’hôpital, mais les médecins ne l’ont pas laissé entrer. Enfin, nous avons réussi à persuader le médecin de garde d’autoriser le prêtre à voir l’enfant. Il baptisa le bébé, qui fut nommé Savva (Sabbas) en l’honneur du vénérable Savva de Storozhev. «Mais l’enfant faiblissait. Il ne prenait pas de poids, était très faible et réagissait à peine à quoi que ce soit. Les médecins ont détourné les yeux lorsque nous les avons interrogés sur son état. Il était clair qu’ils n’espéraient pas qu’il survivrait. « Nous voulions inviter à nouveau un prêtre, pour donner la sainte communion à l’enfant et compter pleinement sur Dieu. Mais c’était hors de question, il nous avait fallu beaucoup d’efforts pour convaincre le personnel de l’hôpital de nous permettre de faire baptiser le bébé. Puis, croyant fermement au pouvoir vivifiant de la Sainte Communion, je résolus de faire un pas désespéré : après avoir enveloppé l’enfant dans un foulard (il était très petit), je l’ai « volé » de l’hôpital et je l’ai pris à l’église. La liturgie était en cours. Les paroissiens qui me connaissaient ont commencé à me demander de qui il s’agissait. Je leur ai tout dit, et bientôt toute l’église a prié pour le bébé. Le nouveau-né a reçu le Saint Corps et le Saint Sang du Christ, et je suis retourné à l’hôpital sain et sauf. Ils n’avaient même pas remarqué l’absence du bébé, car à cette époque, les nouveau-nés à l’hôpital étaient généralement négligés. Le lendemain, la couleur de la peau du bébé a commencé à revenir à la normale (avant, elle était bleuâtre), et le bébé a commencé à prendre du poids et à revivre sous nos propres yeux. « Notre Savva a survécu ! « Aujourd’hui, il est déjà adulte ; il connaît l’histoire de sa naissance, et qui lui a sauvé la vie ! » Notre famille connaît également le pouvoir vivifiant des Saints Mystères du Christ. J’ai écrit sur la façon dont ce sacrement a sauvé ma belle-mère nouveau-née de la mort lorsqu’elle est tombée gravement malade. Voyant que la petite fille empirait et qu’il n’y avait aucune aide des médecins, sa mère (une femme pieuse qui allait à l’église à l’époque soviétique) a amené l’enfant mourant au saint calice. Ayant reçu la communion, la jeune fille s’est rapidement rétablie. Et dès lors, ma belle-mère n’a souffert d’aucune maladie toute sa vie, presque jusqu’à sa mort. Le pouvoir de la Sainte Communion a un effet bénéfique sur les nourrissons en particulier, et dans ma vie j’en ai vu la preuve à plusieurs reprises. Lorsque mon fils (qui communie régulièrement depuis l’âge de trois mois) était un nourrisson, après la Sainte-Cène il dormait jusqu’à l’heure du déjeuner sans se réveiller ni demander à manger, et il était très calme. En vérité, les Saints Mystères du Christ le nourrissaient mieux que n’importe quelle nourriture ! Ce sacrement aide également les personnes dans des situations désespérées. La mère d’un de mes amis est tombée gravement malade. Les médecins ont détecté un caillot de sang dans son cœur. Mon amie et ses quatre sœurs sont allées à l’église, ont prié pour leur mère et ont décidé d’inviter un prêtre pour lui donner la communion. Leur mère a reçu la communion directement dans la salle d’hôpital. Deux semaines plus tard, un deuxième test a révélé qu’elle n’avait pas de caillot de sang ! En effet, le Saint-Esprit à travers les Saints Mystères du Christ réalise l’impossible !  Les chrétiens ont ce feu céleste pour nourriture. C’est leur délice. Il nettoie, purifie et sanctifie leur cœur. Cela les amène à croître. C’est leur air et leur vie. » Ces paroles de S. Macaire le Grand caractérisent de la meilleure façon possible le sacrement de la Sainte Communion et son effet sur les gens.

 Irina Krikhéli Traduit par Dmitry Lapa Pravoslavie.ru 18/10/2021  La source de la citation : https://pravoslavie.ru/77995.html

 

Une loi spirituelle

« Nous devons toujours être prêts à ce que notre bien soit répondu par le mal. Selon la loi spirituelle, comme le jour suit la nuit, le bien est toujours suivi du mal. Les Saints Pères disent figurativement que nous recevons très souvent « la bile pour la manne ». Cela vient du Seigneur. C’est un test de notre foi, de notre volonté de vivre selon les commandements de Dieu et de faire courageusement (malgré tout !) le bien. »
St Ignace Brianchaninov