Le jeûne de la Dormition

Le 1er août, commence le jeûne de la Dormition qui est relativement court et culmine avec la célébration de la Grande Fête de la Dormition le 15 août. Chaque jeûne nous propose un défi et un choix. Dans ce cas, je dirais que notre choix se situe entre «la commodité» et «l’engagement». Nous pouvons choisir la commodité en raison du simple fait que jeûner est décidément peu pratique. Il faut de la planification, de la vigilance, de la discipline, du renoncement à soi-même et un effort global réfléchi. Il est pratique de laisser la vie s’écouler à son rythme habituel (d’été), ce qui inclut la recherche d’un niveau de confort de moindre résistance. Modifier nos modes de vie établis est toujours difficile, et c’est peut-être quelque chose que nous n’envisagerons qu’avec réticence. Donc, un choix est de ne rien faire de différent pendant ce jeûne de la Dormition ou alors peut-être seulement quelque chose de minimal, comme une sorte de reconnaissance symbolique de notre appartenance à l’Église. Cependant, je ne suis pas tout à fait sûr de ce qu’un tel choix entraînerait en termes de croissance supplémentaire dans notre vie «en Christ». Cela peut plutôt signifier une occasion manquée.

Pourtant, le choix demeure d’adopter le jeûne de la Dormition, un choix résolument «contre-culturel» et qui manifeste un engagement conscient envers un «mode de vie» chrétien orthodoxe. Un tel engagement signifie que nous regardons au-delà de ce qui convient vers ce qui a du sens. Ce serait un choix dans lequel nous reconnaissons nos faiblesses et notre besoin précisément de la planification, de la vigilance, de la discipline, du renoncement à soi et de l’effort global concerté qui caractérise le chercheur de «l’esprit du Christ» que nous avons comme don dans la vie de l’Église. C’est un choix difficile à faire, et peut-être particulièrement difficile dans la vie d’une famille avec des enfants qui résistent souvent à tout changement. Je continue cependant de croire qu’un choix aussi difficile a ses «récompenses» et qu’un tel engagement portera ses fruits dans nos familles et dans nos paroisses. (Si le jeûne est pratiqué de manière légaliste nous perdrons notre accès à la fécondité potentielle du Jeûne et ne réussirons qu’à créer une atmosphère misérable dans nos maisons). C’est un choix qui montre que nous sommes déterminés à saisir une bonne opportunité comme étant au minimum un outil potentiel menant à la croissance spirituelle.

Mon observation est que nous combinons dans une certaine mesure le « côté pratique» avec notre «engagement» dans notre vie sociale et culturelle contemporaine. Souvent, nous ne permettons pas à l’Église de «gêner» nos plans et objectifs, et cela peut être difficile à éviter dans les circonstances et les conditions de notre «mode de vie» actuel. Il est difficile de l’emporter dans la «bataille interminable des calendriers». Le milieu social et culturel environnant ne soutient plus notre engagement envers le Christ et l’Église. En fait, ce milieu est généralement assez indifférent et peut même être hostile à un tel engagement. Même si nous hésitons à l’admettre, nous trouvons très difficile de ne pas nous conformer au monde qui nous entoure. Mais il n’est jamais impossible de choisir notre engagement envers notre mode de vie chrétien orthodoxe plutôt que ce qui est simplement pratique – ou simplement désiré. Ce n’est peut-être qu’une de ces «croix quotidiennes» dont le Seigneur a parlé – même si cela peut être difficile d’appeler cela une «croix». Cela implique également des choix, et nous devons évaluer ces choix avec honnêteté en examinant tous les facteurs qui composent nos vies. En bref, il est très difficile – mais profondément gratifiant – de pratiquer notre foi chrétienne orthodoxe aujourd’hui!

Je reste cependant convaincu que le cœur d’un chrétien orthodoxe sincère désire choisir le chemin difficile de l’engagement plutôt que le chemin facile (et plutôt ennuyeux?) de la convenance. Nous avons maintenant l’opportunité donnée par Dieu d’échapper à ce qui draine notre énergie spirituelle au cours de cette période (estivale). Avec la prière, l’aumône et le jeûne, nous pouvons renouveler nos corps et nos âmes fatigués. Nous pouvons lever nos «mains tombantes» dans une attitude de prière et d’action de grâce. La Dormition de la Theotokos a souvent été appelée «pâques en été». La dormition célèbre la victoire de la vie sur la mort – ou plutôt du transfert de ce qui est mortel vers le Royaume des Cieux. Le jeûne de la Dormition est notre préparation spirituellement vigilante menant à cette glorieuse célébration. «Voici, c’est maintenant le moment favorable; voici maintenant le jour du salut! » (2 Corinthiens 6: 2).

Source: https://www.oca.org/reflections/fr.-steven-kostoff/the-dormition-fast-commitment-vs.-convenience?fbclid=IwAR1kPpWPYTlgzwdha395Tgk-r7cz78k5HtU_szofp9kl15z9L8F-8MvBrBs

A propos de la guérison des deux aveugles et d’un muet dans l’Evangile de Matthieu

Il y a un célèbre proverbe français qui dit: « Il n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir », ce qui signifie que le pire des aveugles est celui qui ne veut pas voir. La base de ce proverbe provient de ce qui a été dit dans la Bible, spécifiquement dans l’Ancien Testament, par Jérémie le Prophète: « Ils ont des yeux et ne voient pas. Ils ont des oreilles et n’entendent pas » (Jérémie 5:21). Personne ne pense que ce que l’on entend ici par cécité est de savoir qui est aveugle, mais plutôt celui qui est aveugle et qui a perdu la compréhension. Nombreux sont ceux qui ont la vue et n’ont pas de perspicacité. Le début du verset ci-dessus donne le sens voulu: «Écoutez ceci, peuple insensé et qui n’a point de coeur». C’est exactement ce que voulait dire le Seigneur Jésus-Christ lorsqu’il a utilisé ce verset dans le Nouveau Testament: «Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe: Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. Car le coeur de ce peuple est devenu insensible; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur coeur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse (Matthieu 13). Ce verset est entré dans l’usage littéraire, et il est venu de l’exemple ci-dessus, et il a été interprété comme suit: « Il est impossible de faire entendre raison à quelqu’un qui s’y refuse. »

Le sens de ces paroles est qu’il est impossible pour quiconque de comprendre ce qui est vrai et juste s’il refuse et ne le veut pas. La vérité est lumière et brille comme le soleil, et saint Basile le Grand (330 – 379) a commenté le refus des chefs juifs à Jésus en disant: «Si une personne ferme ses yeux, cela ne signifie pas que le soleil ne brille pas. Nombreux sont ceux qui dans cette vie rejettent ce qui est juste parce que leurs intérêts sont dans ce qui est vain. C’est le cas depuis le début. Ainsi, le Seigneur dit à Nicodème, l’un des chefs des pharisiens: Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient dévoilées; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu. ( Jean 3: 19-21)

Soit nous ouvrons les yeux et nous nous tournons vers la lumière pour voir et être éclairé, soit nous tombons dans les ténèbres et nous n’avons aucune perspicacité ni même compréhension. Il n’y a pas de troisième position. L’évangile de ce dimanche parle de deux aveugles que Jésus a guéri (Matthieu 27: 9-35). Cela peut sembler naturel puisque Jésus est Dieu et réalise des miracles.

Mais le sujet est beaucoup plus profond. La première personne que les aveugles ont vu était Jésus, et la langue du muet s’est déliée devant la Parole qui devint homme. Cela ressemble à la célébration pascale lorsque le prêtre se tient devant la porte royale portant une bougie allumée se dirige vers le peuple et scandant: «Venez, prendre la lumière qui ne connaît pas de déclin et glorifiez le Christ ressuscité d’entre les morts». Il est question de voir et de proclamation Nous prenons la lumière et nous parlons avec droiture. C’est la glorification droite, et c’est l’orthodoxie dans son vrai sens, et non pas une confession à laquelle nous appartenons. Et c’est ce qui s’est passé avec l’Apôtre des Nations lorsqu’il s’est converti de Saül à Paul. Il a vu la vraie lumière, a été baptisé et a commencé à prêcher l’Évangile. Il a été témoin et a annoncé la parole. C’est à cela que nous sommes appelés, à ouvrir nos yeux sur la lumière du Sauveur qui sort de la tombe, afin que notre langue puisse proclamer dans le Saint-Esprit. En dehors de cela tout est nul et vide, commérages sans signification, plein de méfiance et de laideur. Une vaine confusion .

Bien avant dans le passé , Dieu s’était adressé au peuple par l’intermédiare du prophète Isaie, un peuple qui s’était égaré à cause de l’aveuglement par le péché  et  qui s’est perverti, en lui disant: « Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume! Malheur à ceux qui sont sages à leurs yeux, Et qui se croient intelligents! (Is 5). Et à cet endroit l’Evangile s’adresse à chacun de nous: voyez-vous vraiment la vraie lumière, ou bien vivez-vous dans la nuit noire des ténèbres? Annoncez-vous la vérité ou dites-vous que le mal est bien? La réponse est dans ce que nos âmes recherchent, dans ce qui plait à notre regard et que l’on proclame. Si c’est la lumière divine que nous recherchons alors nous sommes éclairés mais si c’est le péché alors nous trébuchons. Si notre intelligence se purifie alors nos paroles seront justes. Il est dit dans le psaume 116 j’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, disons aussi: mes yeux ont vu Ton salut, que tu as préparé devant tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israel Ton peuple . C’est pourquoi j’ouvre ma bouche et je parle.

https://www.elnashra.com/news/show/1432866/%D8%A3%D9%8E%D8%A8%D8%B5%D8%B1%D8%AA%D9%8F-%D9%81%D8%A8%D8%B4%D9%91%D9%8E%D8%B1%D8%AA?fbclid=IwAR2th1zcmd9DTrLo0N_Qwk_cGGGE_fMxsOhBxSO4KS-AZMiZL6effDDxV-8

Paroles d’un prêtre de village

 

Selon la logique du monde, les gens deviendraient toujours de plus en plus intelligents. Malheureusement, il n’en est pas ainsi. L’intelligence, ne se résume pas à une somme de connaissances.
Saint Nicolas de Serbie disait que les premiers hommes ne connaissaient pas grand chose, mais comprenaient tout ensuite, progressivement, leurs connaissances ont augmenté, mais ils comprennent de moins en moins et à la fin, ils connaîtront énormément de choses, mais ils ne comprendront plus rien.
Traduit du russe

Père Valerian  Kretchetov

http://www.lalorgnettedetsargrad.gr/2020/05/

 

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers.

Ce que la terre est aux plantes, Dieu l’est pour l’âme

L’arbre solidement enraciné dans la terre se développe et porte des fruits. L’âme solidement enracinée en Dieu par la foi et l’amour, comme par des racines spirituelles, elle aussi se développe spirituellement et porte des fruits de vertu agréables à Dieu, grâce auxquels elle vit maintenant et vivra dans le monde futur. L’arbre déraciné cesse de vivre ; il ne reçoit plus la vie qu’il puisait dans la terre par ses racines. De même, l’âme de celui qui a perdu la foi et l’amour et ne demeure plus en Dieu, en qui seul il peut avoir la vie, meurt spirituellement. Ce que la terre est aux plantes, Dieu l’est à l’âme.
Saint Jean de Cronstadt