Bulletin du mois de juin 2019 de l’Eglise Orthodoxe à Maurice

 

 

Paroisse orthodoxe de la sainte Transfiguration

Numéro 43, juin 2019

VIVRE L’EVANGILE

Ne peut se dire véritablement chrétien que celui qui vit l’Évangile. Or, vivre l’Évangile, c’est participer pleinement à la mort et à la résurrection du Christ. Cette participation implique un changement radical de point de vue, la metanoïa, que l’on traduit en français par conversion ou repentir, mais dont la signification est bien plus profonde. La metanoïa, dont l’ascèse est une composante essentielle, est tout à la fois repentance et changement de perception, exhaussements de l’affectivité et de l’intelligence pénétrée des énergies divines. La metanoïa est une sorte de judo de l’âme qui vainc son adversaire, la passion, en utilisant sa propre force.

Pour appréhender l’ascèse, il faut donc comprendre qu’elle vise à réorienter notre désir. Aucune castration ici, mais le souci de passer des désirs partiels et fragmentés au désir total réunifié. La véritable impassibilité ne consiste pas en la cessation des passions mais en leur réorientation vers une passion unique, l’amour. Comme l’écrit Saint Jean de Cronstadt : « les passions nous empêchent d’aimer Dieu et notre prochain, d’accomplir les commandements de Dieu, elles enracinent en nous un égoïsme criminel. » (In Ma vie en Christ, édition Bellefontaine, 1979). Et de citer le buveur qui ne compte pas son argent quand il s’agit de son abrutissement, « mais qui rechigne à donner quelques Kopecks à un pauvre ». Ainsi, l’ascèse est un exercice visant à nous débarrasser de cette obésité spirituelle que constitue le péché.

(…) La quantité est une notion essentielle à l’ascèse, donc à la vie spirituelle. Les pèlerinages à pied de Saint Arsène de Cappadoce, les nombreux offices que récite Papa Planas, les jeûnes auxquels s’astreint le père Amphilochios, n’ont de sens que dans la mesure où ils s’adressent à des êtres incarnés. Si nous n’étions que de purs esprits, et si le salut ne s’adressait qu’à notre âme, la quantité n’aurait pas droit de citer dans nos pratiques. Or, nous sommes dans l’espace et dans le temps, et le Christ est venu sauver l’homme avec son corps. La quantité est donc un élément fondamental de notre pratique parce que le salut, offert gratuitement, doit prendre chair en nous.

Toutefois, l’ascèse s’applique d’abord à l’intelligence. Le jeûne ne concerne pas seulement les aliments, mais en premier lieu les pensées. C’est pourquoi toute la spiritualité orthodoxe s’annonce comme une attention persévérante aux mouvements de notre esprit, une vigilance permanente, une sobriété joyeuse et une purge intellectuelle.

(…) L’ascèse monastique n’est pas un ensemble d’activités corporelles, mais une action de la volonté illuminée par l’Esprit Saint sur le corps. L’ascèse est une grâce qui rend au corps sa véritable matérialité, une matérialité diaphane. Le monde auquel renoncent les moines n’est pas plus matériel que celui de leur monastère, il l’est même beaucoup moins. Ceci est d’autant plus vrai dans les grandes cités du XXIe siècle où la vie tend de plus en plus à se dématérialiser. Le monde est plus que jamais virtuel, coupé de la nature, de la réalité. Il est peut-être plus démoniaque, mais certainement pas plus matériel. En revanche, le monastère est un lieu où l’homme retrouve la nature et la véritable matérialité des choses.

La vie monastique n’est qu’une forme de martyre, le martyre non sanglant. Par conséquent, la référence ultime de l’orthodoxie n’est ni la vie monastique ni le mariage, mais le martyre. Quel est le sens du martyre chrétien ? C’est la participation à la mort et à la résurrection du Christ. Baptême, martyre, vie monastique, mariage, disent au fond la même chose, à savoir un engagement total dans le mystère de l’amour. L’orthodoxie n’est rien d’autre que la suite du Christ, pauvre et humble de coeur. Elle n’est pas une doctrine, une philosophie, une métaphysique, une morale, une méthode pour accéder au bien-être, mais l’existence Pascale.

De cela, il découle que toutes les formes de vie permettent également la vie en Christ, à la seule condition de mourir à soi et de se charger du fardeau des autres.

La vie du moine n’est pas de chanter Dieu, mais de devenir lui-même un chant. Je comprends, pendant l’office des vêpres auquel nous assistons, que si le Christ est le chemin, aucun chemin ne saurait y conduire. Après l’office, je fais une merveilleuse rencontre avec l’aumônier du monastère, un vieux moine au regard pénétrant. Ce dernier me dit : « Qui est moine ? Certains portent l’habit, d’autres non. Il n’y a qu’une seule spiritualité dans l’orthodoxie, c’est la spiritualité monastique. Pourtant certains laïcs l’accomplissent bien mieux que les moines ! »

De même que le panneau « eau potable » ne dit rien de la structure moléculaire de l’eau, mais indique seulement qu’on peut la boire, de même le monachisme ne dit rien de Dieu, mais indique comment le rencontrer. Et de même que la formule H2O ne désaltère pas, la théologie académique ne fait pas davantage connaître Dieu. Le monachisme garde le sens du christianisme non à cause de l’anachorèse, du célibat ou de l’ascèse, mais parce qu’il interprète l’orthodoxie comme une orthopraxie, c’est-à-dire une pratique juste, et non comme une morale ou une idéologie. La vie monastique révèle quelque chose de toute vie humaine, sa quintessence : l’émerveillement.

D’après Alain DUREL, l’archipel des saints (Albin-Michel), pages 65-67 et 107-109

 

 

 

 

 

Divine Liturgie

Chaque dimanche à 9h30

Dimanche 2 juin : de l’aveugle de naissance

9 : des Pères du premier concile oecuménique

16 : PENTECOTE

23 : dimanche de tous les saints

Lundi 24 : début du carême des saints apôtres Pierre et Paul.

30 : dimanche des saints apôtres Pierre et Paul.

 

Eglise orthodoxe de la

Sainte Transfiguration

Grande-Rivière N-O

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(derrière le garage Bala)

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