A propos du dimanche qui précède le début du Grand Carême

 

Source:http://www.ancientfaith.com/podcasts/hopko/forgiveness_sunday_the_expulsion_of_adam_from_paradise

Il s’agit d’une réflexion sur le début du Grand Carême par le P. Thomas Hopko (1939-2015) faite sur la radio ancientfaith.com en mars 2009.

 

Le dimanche qui précède le début du grand Carême porte deux thèmes : l’un est l’expulsion d’Adam du Paradis et l’autre thème est celui du pardon.

Sur le plan populaire dans la tradition orthodoxe, ce dimanche est appelé le dimanche du pardon. Et puis, aux vêpres du soir de ce dimanche, vous avez réellement le début de la grande saison du Carême, qui s’accompagne très souvent d’un rituel de pardon où chaque personne dans l’église se rapproche de chaque autre personne, et, s’inclinant lui demande son pardon et reçoit ainsi le pardon de l’autre.

L’expulsion d’Adam du Paradis, les hymnes de ce dimanche d’avant le Carême et le canon aux matines sont une méditation sur l’expulsion d’Adam du Paradis, et dans ces hymnes on s’identifie à Adam et à Eve. Les chants sont très souvent à la première personne : «J’étais avec toi au Paradis, j’ai péché contre toi, j’ai perdu ma beauté originelle, je suis chassé du jardin – qui en grec signifie Paradis – je suis assis ici à l’Est d’Eden, pleurant et déplorant mes péchés.  »

Cette expulsion d’Adam du Paradis est très semblable  – dans son contenu et dans son message –à  la parabole du fils prodigue, pour qui se situer  en dehors du Paradis est comme si on est  dans une porcherie, loin de la maison du père ,  dans un pays lointain, gaspillant ce que l’on a, ayant été insensé, dépensier, pécheur et se trouvant dépourvu et privé de la beauté et de la gloire de Dieu et de la maison du Père.

Cette expulsion d’Adam est également similaire à la méditation sur le Psaume 137, «A Babylone au bord des eaux», qui est chantée en cette période. Là où l’adorateur s’identifie avec les exilés, qui ne sont plus à Jérusalem, qui sont en exil, qui sont sous le contrôle des puissances mauvaises « babyloniennes », qui pleurent en se souvenant de Jérusalem, comme le fils prodigue se souvient et se lamente de la perte de la maison du père. Eh bien, en ce jour particulier, les croyants et les adorateurs de Dieu déplorent la perte du paradis.

Parmi les hymnes qui sont très nombreux, il y en a de très émouvants, très touchants dans ce qu’ils disent. Juste pour un exemple, lors des vêpres, il est chanté: « O paradis précieux, inégalé dans la beauté, tabernacle construit par Dieu, joie et délice sans fin, gloire des justes, joie des prophètes, demeure des saints, avec le son et le bruissement de tes feuilles dans les arbres du jardin, prie le maître de tous. Et qu’il ouvre pour moi les portes que j’ai fermées par ma transgression ; puisse-t-il me considérer comme digne de participer de nouveau à l’arbre de la vie et à la joie qui était la mienne quand je me suis établi en Toi depuis le commencement ».

 

Maintenant, bien sûr, nous les êtres humains ne sommes pas Adam et Eve ; nous sommes nés hors du paradis, nous sommes en quelque sorte victimes de leurs péchés et des péchés de leurs enfants devenus nos parents, nos grands-parents et nos ancêtres. Nous sommes des membres de la race humaine, nous sommes l’humanité, mais nous le savons depuis le début – et c’est l’enseignement de l’histoire de la Genèse ; il y en a deux dans la Bible. Adam et Eve depuis le commencement et l’humanité depuis le commencement ; une humanité qui a été créée pour partager la gloire de Dieu, qui a été créée pour être comme les saints Pères le disent des dieux eux-mêmes par la grâce.  A la condition d’aimer Dieu, d’ avoir  foi en Dieu, de montrer l’amour pour Dieu en gardant Ses commandements, en Lui obéissant, en Lui faisant confiance, en n’écoutant pas les pouvoirs maléfiques, en n’écoutant pas la sagesse de ce monde. Car le serpent dans l’histoire représente la sagesse terrestre, qui dans la lettre de Jacques est appelée psychique par opposition à spirituelle et démoniaque. Alors ce serpent est Satan : c’est la sagesse terrestre. C’est un choix propre, c’est sa propre volonté contre celle de Dieu, c’est écouter toutes ces voix qui ne sont pas la voix de Dieu, obéir à toutes ces paroles qui ne sont pas la parole de Dieu, et donc amener la mort sur soi-même.

L’expulsion du Paradis dans l’histoire est faite par Dieu, mais Il n’a pas le choix. Le péché lui-même – et c’est cela ce que signifie l’arbre de la connaissance du bien et du mal-  le péché signifie un acte d’apostasie, de rébellion, de folie – cet acte tue l’humanité. Dans l’histoire, le Seigneur dit : « Au jour où vous en mangerez, vous mourrez sûrement ; même si vous le touchez, vous mourrez sûrement ». Maintenant, certaines personnes disent : Eh bien, Adam et Eve l’ont mangé. Ils ne sont pas morts , mais ils l’ont fait. Ils sont morts à la minute où ils l’ont fait. Oui, ils sont devenus mortels ; ils ont vécu plus longtemps. Il est dit qu’Adam a vécu, je ne sais pas, cent ans et ainsi de suite, mais ils étaient déjà morts. Ils étaient des hommes morts vivants, comme on dit ; ils existaient mais ne vivaient plus, parce que vivre dans l’Écriture signifie louer, glorifier et obéir à Dieu.

Dans la Tradition orthodoxe, les Écritures et la Liturgie, et même dans les écrits de certains des saints – comme l’un des saints récents Silouane du Mont Athos qui est mort en 1938, il a écrit cette longue lamentation d’Adam: Oh, comme je désire le Paradis, comme je désire ma place originelle. Je peux m’en souvenir c’est dans mon esprit mais je ne l’ai pas. Et ici je suis chassé, chassé par mon propre péché, par ma propre rébellion, destiné à mourir.

Et certains des saints comme saint Jean Chrysostome ont dit que c’est une loi, une loi métaphysique ontologique, que si tu pèches, tu meurs ;et pour saint Paul, «le salaire du péché est la mort». Il y a une certaine miséricorde en cela, parce que si nous pouvions simplement pécher, pécher et encore pécher, faire le mal et la méchanceté et croître sans fin, ce serait une éternité, ce serait l’enfer, ce que certaines personnes peuvent choisir, mais le fait de mourir nous donne une chance, nous donne une chance de renaître, nous donne une chance de recommencement.

Et dans cette méditation sur le fait d’être exilé avec Adam, durant ce même service, nous chantons le psaume « Sur les bords des eaux de Babylone. » Ce n’est pas seulement pour nous rappeler notre apostasie, nous souvenir de notre rébellion, nous rappeler que nous ne sommes pas dans la maison du père, que nous ne sommes pas au paradis, que nous ne sommes pas à Jérusalem; quelque chose a terriblement mal tourné et est devenu terriblement mauvais à cause de la rébellion et du péché de l’humanité. Ce n’est pas seulement que nous devons nous en souvenir, mais nous devons aussi nous souvenir que Dieu nous pardonne, que Dieu a pitié de nous, que Dieu savait que l’humanité pécherait, Dieu sait tout. Il n’a pas créé Adam et Eve et les a mis au Paradis et a ensuite dit : « Oh Là !  Regardez, ils ont péché. Que ferons-nous ? »Et qu’ensuite Dieu le Père dise au Fils qui est le Verbe éternel : « Mon Fils, va et fais quelque chose à propos de cette humanité qui a péché. »

Dieu savait que nous pécherions avant de nous avoir faits, et il nous a fait de toute façon. Ainsi ce péché fait partie de son plan providentiel pour notre salut. Nous devons passer par là ; nous devons l’expérimenter. Comme une mystique anglaise nommée Julian de Norwich l’a dit : « Il y a un péché. » Il ne pouvait en être autrement. Parfois, les gens demandent : «Pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde dans lequel il n’y aurait pas de péché?» Et il semble que la réponse audacieuse que nous devons faire est parce qu’il n’y a pas de monde, il n’y a pas d’êtres humains qui ne pèchent pas.

Et c’est très important de se rappeler cela parce que c’est ce qui nous permet de nous identifier à Adam dans les hymnes de l’Église. Nous ne pouvons pas dire : « Oh, je suis là parce que quelqu’un d’autre a péché ; Je n’aurai jamais agi ainsi ». Ce n’est tout simplement pas vrai ; c’est simplement la vérité que si nous étions nous-mêmes l’humanité originelle, les êtres humains originels, nous aurions aussi péché. Comment savons-nous cela ? Eh bien, les saints nous disent que nous le savons pour une raison très simple. Nous connaissons le Christ et l’Évangile et nous péchons encore. Et saint Siméon le Nouveau Théologien commentant cela a dit : « Notre péché est pire que celui d’Adam. Il était une sorte de créature terrestre primitive, tirée de la poussière, tentée par le diable, essayant d’apprendre à être un humain. Et il a péché dès le commencement, et Dieu savait qu’il le ferait. Mais regardons-nous dit-il ! »

Adam a mangé ce fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, qui symbolise simplement qu’il a péché. Il a existentiellement goûté au péché ; il l’a fait quel que soit la forme de ce « péché » – et nous ne savons pas ce qu’était le péché originel – nous savons que c’était la rébellion, nous savons que ce n’était pas la confiance en Dieu, nous savons que ce n’était pas la foi, nous savons qu’il désobéissait, mais c’est en ce sens un paradigme de tous les péchés. Une chose que nous savons à coup sûr, ce n’était pas un acte sexuel. Ce n’était pas le fait qu’Adam et Ève aient eu des relations sexuelles ou quelque chose dans le genre ; ce n’est absolument pas l’enseignement de l’Eglise. Ils ont reçu le commandement de croître et de se multiplier au paradis. Mais nous n’avons aucune trace de cela, en fait, nous n’avons aucune trace d’une vie qui ne soit pas tombée du tout dans l’histoire de la Genèse et des récits de la Genèse, rien du tout. Nous ne savons rien d’Adam et Ève « vivant avant qu’ils aient péché ». Nous pourrions savoir qu’ils ont été créés pour une vie glorieuse totalement belle avec Dieu au Paradis, et que leur tâche était même de répandre le Paradis dans tout le chaos en dehors de l’Eden.

Certains Pères pensent même que c’est la vocation de l’humanité de montrer la présence et le Paradis de Dieu dans le chaos où ils sont absents. Parce qu’il y avait un Paradis extérieur, et le Paradis dans l’histoire est un petit endroit, et Adam et Ève étaient censés augmenter et multiplier et développer et diviniser la création. Mais ils ne l’ont pas fait. Ils sont tombés, ils se sont rebellés et se sont retrouvés chassés en pleurant. Mais nous savons que si nous étions avec eux, nous aurions fait de même, parce que nous péchons de toute façon. Saint Siméon dit : « Ils ont mangé de cet arbre de la connaissance du bien et du mal, mais nous mangeons du corps et du sang du Christ à la sainte Eucharistie. » Et il ajoute : « Quand le corps et le sang du Christ sont encore dans notre bouche, nous quittons l’église et nous péchons. C’est comme le peuple d’Israël, qui a été conduit hors d’Egypte et nourri par la manne, et tandis que la manne de Dieu était dans leurs bouches, ils ont blasphémé et adoré les idoles et ont fait la méchanceté. Donc, aucun être humain n’échappe au péché ; aucun être humain ne peut blâmer quelqu’un d’autre. Chacun de nous se tient en lui-même. Cependant il est vrai que nous ne sommes pas Adam et Eve et nous sommes déjà, comme il est dit dans les psaumes, «conçus dans les iniquités ; dans le péché, notre mère nous a conçus » ; non pas que l’acte de conception soit un péché, mais que nous sommes nés dans un monde déjà brisé, déjà apostasié, déjà rebelle.

Si vous ajoutez les autres symboles de la période (du Grand Carême), vous pourriez dire : nous sommes nés à Babylone ; nous ne sommes pas nés à Jérusalem. Nous sommes nés dans la porcherie ; nous ne sommes pas nés dans la maison du père. Nous devons être ramenés à Jérusalem, ramenés à la maison du père, ramenés au paradis. Et nous croyons que c’est ce que Jésus a fait pour nous, et c’est ce que nous célébrons pendant le Carême et la Semaine Sainte et surtout la Sainte Pâques. Nous célébrons le fait que Dieu a envoyé son fils pour être le vrai dernier Adam final qui ne pèche pas. Nous célébrons le fait qu’il nous a cherchés et nous a trouvés : dans le parc à cochons, dans la campagne lointaine, en dehors du paradis. Et il nous pardonne et il nous lave et il nous purifie et il nous rafraîchit et nous renouvelle et nous restaure et nous ressuscite des morts et nous ramène à la maison du père, nous ramène à la Jérusalem céleste, nous ramène à la maison au paradis.

Ainsi, durant le Grand Carême, nous commençons toute cette période en nous souvenant de notre exil, en nous souvenant qui nous sommes et ce que nous sommes et comment nous sommes, maudits, pécheurs, morts par nous-mêmes, en tant que race humaine, en tant qu’ensemble et en tant qu’êtres humains individuels et il n’y a personne qui vit qui ne pèche pas, il n’y a personne qui soit juste; personne sauf le Seigneur Jésus-Christ lui-même. Il est l’homme sans péché qui est devenu de toutes les manières ce que nous sommes. Comme il est dit dans la lettre aux Hébreux, à partir de laquelle toutes les lectures d’épître pendant le Carême seront prises, dans cette lettre aux Hébreux, il est dit : « Il est devenu semblable à ses frères en tout égards, afin que, en devenant comme nous, nous pourrions devenir comme lui. Il a été tenté comme nous le sommes afin d’être avec nous qui sommes tombés en tentation.  »

 

Donc, le dimanche, la veille même du Grand Carême, ce sont les choses dont nous nous souvenons. C’est ainsi que nous nous identifions, c’est ainsi que nous nous voyons. Mais nous nous voyons non seulement bannis, chassés, expulsés, assis en dehors de l’Eden, en pleurs, mais nous nous voyons aussi comme les objets de la miséricorde infinie de Dieu. Et Lui, sachant cela, a  depuis le commencement, sachant que le Fils de Dieu, l’éternel logos divin et la parole de Dieu, le propre fils de Dieu, l’image de Dieu ne s’accrocherait pas à sa divinité, comme l’a dit saint Paul dans la lettre aux philippiens, mais deviendrait humain, prendrait la forme d’un homme mais pas seulement, il sera  mort, maudit, suspendu à l’arbre de la croix, prenant sur lui toute la condition de l’humanité déchue pour nous rendre divins.

Nous commençons donc la grande saison de Carême en méditant sur ces choses.

http://www.ancientfaith.com/podcasts/hopko/forgiveness_sunday_the_expulsion_of_adam_from_paradise

Ne négligeons pas le jeûne…

Ne négligeons pas le jeûne : bien que délaissé [quelquefois…et même souvent] de nos jours en Occident, il a une très grande importance dans la tradition biblique. Il a une place prépondérante dans la tradition patristique : ainsi saint Isaac le Syrien (« Chacun sait une chose, c’est que toute lutte contre le péché et le mal commence par le travail du jeûne », « Quiconque méprise le jeûne sera faible, sans vigueur pour toute bonne œuvre, car il lui manque l’arme avec laquelle tous les athlètes divins ont obtenus la victoire »). De même saint Jean Climaque et tous nos pères dans la foi, jusqu’aux nombreux spirituels de notre Église orthodoxe contemporaine comme l’ hiéromoine Émilianos : « Le jeûne est une tradition de notre Église. Si nous ne jeûnons pas nous ne sommes pas chrétiens. Par quel moyen le prophète Élie est-il monté aux Cieux ? Quand Moïse a-t-il vu Dieu ? Comment l’apôtre Paul a-t-il reçu l’appel divin ? Et Barnabé ? Tous jeûnaient. À quel moment Pierre vit-il la nappe descendre de la Jérusalem céleste ? Lorsqu’il jeûnait. Donc, nous aussi, observons ce qui nous est transmis par la tradition de notre Église » (« Catéchèses et discours »).

Et encore : « L’Église orthodoxe est très profondément ascétique, et ceux qui n’aiment pas l’ascèse et sont amis de la mollesse et du confort n’ont pas de place en elle ! » (Épiphane, Géronda d’Athènes). Parole un peu sévère, mais bien équilibrée par la suivante : « Ne vous faite pas violence avec orgueil pour pratiquer l’ascèse au-delà de vos forces, car vous en retireriez de l’angoisse. Le Christ est, non pas un tyran, mais un père plein de tendresse, et Il se réjouit du combat que nous menons avec zèle. » « Si nous ne pouvons pas mener une grande ascèse ou si même nous ne pouvons accomplir aucune pratique ascétique, du moins reconnaissons-le humblement et demandons à Dieu de nous faire miséricorde. Si cet humble aveu ne nous aidait pas, le Christ ne nous le demanderait pas » (« Fleurs du Jardin de la Mère de Dieu » du moine athonite Païssios).

Source : https://www.sagesse-orthodoxe.fr/jaimerais-savoir/foi-et-tradition-orthodoxe/histoire-et-organisation-de-leglise/le-jeune

Sur la vigilance

La Vigilance

La sainteté n’est donnée qu’à ceux qui exercent la vigilance.

Pas une heure ne doit passer sans que nous prenions le temps d’examiner notre cœur, car l’heure du jugement peut venir à tout moment, et nous devons être prêts à rendre compte à Dieu de notre vie. Dans l’Évangile de Matthieu (5: 8), nous lisons : «Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu». Il est clair que sans un cœur humble et contrit nous ne pourrons pas voir Dieu.

Saint Isaac le Syrien nous dit : « Personne ne peut comprendre s’il n’est pas humble, et celui qui manque d’humilité manque de compréhension. » La prescription qui nous est donnée par tous les Saints Pères indique que l’examen des pensées et la vigilance sont la voie pour atteindre la pureté du cœur, car l’orgueilleux qui n’a pas extirpé la maladie qui est dans son cœur, sera incapable de plaire à Dieu.  Seule la sainteté de la vie ouvre les portes du Paradis qui nous attend.

Aucune amélioration spirituelle ne peut être réalisée si nous ne cherchons pas à plaire à Dieu par la sainteté de vie, et pourtant tout ce que nous faisons de bien doit être attribué à Dieu. « Il n’y en a aucun qui fasse le bien, non pas un seul (Romains 3:12) », et aussi « Car il n’y a pas un homme juste sur la terre, qui fasse le bien, et qui ne pèche pas (Ecclésiaste 7:20) ».

Si nous trouvons que nous avons négligé notre lutte spirituelle, et agi avec un abandon insensé, nous devons, dans notre faiblesse, nous tourner vers Dieu dans la repentance, et cela ne peut arriver qu’avec un examen à toute heure de notre cœur. Nous devons nous résoudre à revenir à nous-mêmes, et avec l’aide de Dieu, combattre l’ennemi de nos âmes, car la sainteté ne vient que pour ceux qui luttent.

Avec l’amour en Christ,   Abbé Tryphon

Source : https://www.facebook.com/Abbot-Tryphon-1395030584153681/

Apprivoiser les passions

De même que le jardinier qui n’arrose pas son jardin laisse ainsi mourir ses légumes, ainsi l’intellect qui ne purifie pas ses pensées ruine ses efforts.
Saint Thalassios le Libyen   

 

Les passions naissent par l’intermédiaire de nos sens. Si vous aspirez à devenir véritablement libre et à apprendre à vivre selon la volonté de Dieu, vous avez besoin d’apprendre à maîtriser les passions qui résultent de la façon dont vous réagissez à vos sens. Par exemple, vous pouvez avoir un besoin irrépressible de certains aliments. Lorsque vous en êtes privé vous en êtes perturbés et cela vous met peut-être même en colère.
Vous libérer de ces goûts et de ces dégoûts c’est ce que nous entendons par dompter les passions. Lorsque vous serez capable de faire cela, vous acquerrez la liberté de faire la volonté de Dieu et d’aimer les autres en étant moins concentré sur vos propres désirs. Cela ne signifie pas que vous devez vous priver de bonne nourriture ou de divertissement. Tout ce que Dieu a créé est bon. Il signifie que vous pouvez jouir de ce qui est nécessaire pour votre bien-être, mais aussi que vous devez renoncer à toutes les complaisances fondées sur vos désirs du plaisir sensuel. Vous ne pouvez pas tout simplement ignorer les passions. Vous avez besoin de les reconnaître, puis de les amener à passer sous le contrôle de votre âme et de votre esprit.
Voici comment vous pouvez vivre de manière à ne pas nuire à votre santé, votre sécurité, et en l’absence de tendances au péché comme la colère. Avoir des passions non domestiquées, c’est comme avoir un troupeau de chevaux sauvages pour tirer votre chariot. Vous pensez que vous êtes le conducteur, mais les chevaux décident d’aller où ils veulent. Ces chevaux sauvages sont les passions sauvages. Le défi consiste à harnacher et à dresser vos passions de telle sorte qu’elles obéissent à vos ordres, tout comme un attelage de chevaux entraîné est obéissant aux ordres du cocher.
Cette tâche commence par la reconnaissance que vous êtes souvent guidés par vos goûts et vos aversions. Commencez par apprendre à dire non quand vous êtes amené à vous livrer à quelque chose que vous savez n’être pas bon pour vous. Acquérir de la discipline dans ce que vous mangez est une des premières choses à faire. C’est l’un des avantages du jeûne qu’il nous est conseillé de faire. En choisissant de ne pas manger certains aliments, vous entraînez en effet votre esprit à être plus obéissant. Quand il deviendra obéissant, alors il deviendra davantage capable de faire la volonté de Dieu. Vous allez acquérir une plus grande liberté. Dans la tradition de l’Église, le jeûne a toujours été l’une des premières disciplines enseignées après la prière. Cela a été enseigné par le Christ lui-même. La première chose qu’il fit après son baptême fut d’aller dans le désert pour jeûner et prier pendant quarante jours. Comme Il était à la fois pleinement homme et pleinement Dieu, Il avait à dompter ses passions d’homme.
Le mode vie orthodoxe implique de nombreuses périodes et jours de jeûne. Il y a le Grand Carême, avant Pâques (voir le cycle liturgique), nous devons jeûner chaque mercredi et chaque vendredi, et nous jeûnons avant de recevoir la Sainte Communion. Vous pouvez suivre le calendrier liturgique pour le jeûne et les consignes qui ont été établies par l’Église pour vous aider dans vos efforts pour dompter vos passions. Demandez néanmoins toujours l’avis de votre père spirituel sur ce qui est approprié à votre situation personnelle.
Source:https://vie-orthodoxe.blogspot.com/p/apprivoiser-les-passions.html