Le facteur foi en la science

eruption 2015(3)                                   Éruption du volcan de la fournaise (2015)

Hugh Pickens (cf. http://researchandideas.com/index.php?title=Hugh_Pickens) a écrit ceci:

Pastabagel   (un blogueur) affirme que les réponses scientifiques contemporaines aux questions sur l’origine de l’Univers, l’évolution de l’homme, ainsi que la nature profonde du cosmos font appel à des choses comme l’équation d’ondes, l’électrodynamique quantique et la biologie moléculaire. Il s’agit  de domaines que très peu de non scientifiques peuvent espérer comprendre, et en outre, si nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes , nous devons admettre que nous acceptons l’incroyable complexité des phénomènes rencontrés en physique, en astronomie et en biologie à travers un processus de croyance et non par le moyen de la raison. Lorsque Richard Feynmann a écrit : « Je peux dire avec confiance que personne ne comprend la physique quantique » il est clair qu’il s’incluait lui-même bien que cela soit déconcertant étant donné les nombreux ouvrages qu’il a écrit sur ce sujet. [Il a même reçu en 1965 le prix Nobel de physique avec S.I. Tomonaga et J. Schwinger pour leurs travaux en électrodynamique quantique]. En fait, il faut passer des années entièrement dédiées à l’étude avant que la vérité scientifique dans sa forme la plus véritable, aussi bien mathématique que sa signification symbolique, puisse être convenablement comprise. Tous les autres doivent s’appuyer sur des experts pour les explications. Nous attendons celui qui a vu et compris la vérité et qui a la capacité de la faire partager dans un langage compréhensible. Et c’est justement à ce niveau que se situe le grand problème pour la science et les scientifiques. Pour la plupart des gens, la science se limite à faire confiance à l’expert qui nous explique la chose et dont nous croyons ce qu’il dit. Confiance et croyance : en d’autres termes, la foi. Comment pourrions-nous comprendre si nous ne comprenons pas son langage ? Ce n’est pas uniquement en faisant de la science que nous apprenons la science, nous apprenons la science en lisant et en mémorisant ce que nous apprenons. Il en est de même lorsque l’on apprend l’histoire. Savez-vous réellement ce qu’est un atome, ou bien pourquoi le boson de Higgs est quelque-chose d’important ? Ou bien acceptez-vous ce qu’ils sont parce-que quelqu’un vous l’a dit ?

Source : www.bio-orthodoxy.com/2015/04/the-faith-factor-in-science.html

 

 

Début du Triode de Carême

 

Source: http://orthodoxologie.blogspot.com/

AU SUJET DU TYPICON ET DU TRIODE DE CARÊME

Aujourd’hui (dimanche 21 février 2016) commence le cycle des fêtes mobiles, le Triode commençant le dimanche du Pharisien et du Publicain et s’achevant avec la Semaine de la Passion. Ce cycle tire son nom d’un livre liturgique, le « Triode », appelé ainsi en raison de certains canons des matines qui s’y trouvent et ne contiennent que trois odes, tandis qu’habituellement celles-ci sont au nombre de neuf. Le ton général du Triode dit « de carême » est celui de la prière unie à la pénitence. Le Triode contient des compositions appartenant à une vingtaine d’hymnographes, dont les plus célèbres remontent aux VIIIème et IXème siècle : André de Crète, Cosmas de Maïouma, Jean Damascène, Joseph, Théodore et Syméon les Studites, l’empereur Léon le Sage, Théophane le Marqué, et d’autres encore. Leurs préceptes, exprimés dans les offices, enseignent aux chrétiens orthodoxes depuis plus de mille ans de quelle manière il convient de passer le temps du Grand Carême.

La préparation du Grand Carême commence peu après la Théophanie, parce que Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même,  après Son baptême, s’éloigna dans le désert pour jeûner. Par cette préparation, la sainte Église, agit dans ses offices « comme un général qui, par des paroles opportunes et sages, encourage ses soldats avant le combat » (synaxaire du jour). Pour cette raison, elle montre en ce jour que l’humilité est le commencement et le fondement du repentir : « Par l’élévation (de soi-même) tout bien se vide, par l’humilité tout mal est purifié » (canon des matines). Au cours de la semaine du Publicain et du Pharisien, il est permis de manger toute nourriture, même le mercredi et le vendredi, afin de dénoncer l’orgueil du Pharisien, qui se vantait de jeûner deux fois par semaine.  Selon les paroles du saint hiérarque Athanase de Kovrov (†1962), « les offices et les règles de prières n’ont pas été créés par hasard ou n’importe comment. Tous ces offices, tout ce qui se trouve dans le Typicon [livre contenant les règles de célébration de l’office] et les livres liturgiques, est, pour la plupart, le fruit des labeurs dans la prière des meilleurs enfants de l’Église, les grands saints de Dieu. Ceux-ci consacraient toute leur vie à la prière incessante, brûlaient de l’aspiration pour le monde céleste. Ils« préféraient la rudesse du désert à toutes les douceurs du monde entier » (kondakion de St Gérasime) et, s’éloignant complètement des hommes, devenus habitants du désert, ils « affermirent l’univers par leurs prières » (tropaire de S. Antoine le Grand), et, lorsqu’ils « chantaient les saintes prières, ils avaient pour concélébrants les anges » (tropaire de St Spyridon). L’Église a reçu et conservé ces paroles sacrées, dans lesquelles ils épanchaient leur âme devant Dieu. La Sainte Église, guidée par l’Esprit Saint a, dans la richesse de l’expérience de prière de ses meilleurs fils, rassemblée de cette façon, choisi ce qu’il y avait de meilleur, de plus nécessaire, puis l’a systématisé, corrigé ce qui était inachevé, et a ajusté le tout en une unité harmonieuse. C’est ainsi que s’est constitué le Typicon que les anciens écrivains russes appelaient non sans raison « un livre inspiré ».

http://orthodoxologie.blogspot.com/

Evangile du Dimanche du Pharisien et du Publicain: Luc 18 10:14 (Bible du Semeur)

10 —Deux hommes montèrent au Temple pour prier: un pharisien et un collecteur d’impôts.

11 Le pharisien, debout, faisait intérieurement cette prière[a]:
    «O Dieu, je te remercie de ne pas être avare, malhonnête et adultère comme les autres hommes, et en particulier comme ce collecteur d’impôts là-bas.

12 Moi, je jeûne deux jours par semaine, je donne dix pour cent de tous mes revenus.»

13 Le collecteur d’impôts se tenait dans un coin retiré, et n’osait même pas lever les yeux au ciel. Mais il se frappait la poitrine et murmurait:
«O Dieu, aie pitié du pécheur que je suis!»

14 Je vous l’assure, c’est ce dernier et non pas l’autre qui est rentré chez lui déclaré juste par Dieu. Car celui qui s’élève sera abaissé; celui qui s’abaisse sera élevé.

La seule chose que le progrès ne peut faire

La seule chose que le progrès ne peut réaliser

Source : http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2016/02/06/the-one-thing-progress-cannot-do/

Fr. Stephen Freeman

Il est courant chez les orthodoxes d’identifier la prière avec la «seule chose nécessaire» dont le Christ parle dans Luc10. On insiste sur la prière comme communion avec Dieu – et la communion avec Dieu est la source même de notre vie. Je vais développer le sens de l’expression «une seule chose est nécessaire» et inclure «l’état d’’esprit» indispensable à sa mise en pratique. Ensuite, comme nous le verrons, cela est remarquablement en contradiction avec les habitudes de notre culture. La prière est devenue peut-être la plus difficile de toutes les activités spirituelles.

Il y a un côté très populaire dans l’enseignement sur la prière qui résonne bien avec la culture contemporaine. C’est la prière qui « obtient des résultats. » Chaque quelques années, un nouveau livre arrive sur le marché, offrant une nouvelle prière avec des résultats merveilleux et prometteurs… Mais même au sein de la Tradition catholique, différents groupes préconisent certaines prières ou des pratiques spirituelles avec des promesses de grands résultats. Au sein de l’orthodoxie, certains saints ont une grande popularité en raison de leur association avec la prière réussie. Je note ces derniers exemples seulement pour dire que « obtenir des résultats » a toujours attiré les gens de tous bords.

Presque humoristiques sont les expériences occasionnelles comme prier en groupe, ou de prier d’une manière particulière, et qui auraient un effet statistique sur les résultats. Les « une » des journaux s’interrogent : «Est-ce que la prière fonctionne ? » Et, bien sûr, il y a les fréquents appels à la prière à travers un large spectre avec le message implicite que plus il y a des gens qui prient et plus une chose donnée est susceptible d’être obtenue. Ceci est la prière par la démocratie.

Mon expérience me dit que cela n’est tout simplement pas vrai. Ces prières sont souvent un peu plus « que des vœux pieux. » On dit parfois dans les messages « Nous prions pour vous ! » .Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ?

Saint Paul inclut souvent des demandes de prière dans ses lettres. Il y a des années, un « supporter » de Jésus m’a dit qu’il priait pour St. Paul -. Surpris, je lui ai demandé pourquoi ? « Eh bien, c’est dans la Bible, donc je pense que je ferais ce qu’il a demandé. » J’ai aimé sa réponse. Mais ce qui manque dans les Ecritures est une indication que la prière « fonctionnerait » d’une manière qui serait plus efficace si elle est entreprise par de grands groupes de personnes. « Deux ou trois » constitue à peu près de la limite supérieure.

Le mystère de la prière exaucée est grand. Ce qui semble plus vrai, dans l’expérience de l’Église à travers les siècles, est que les prières de certains individus semblent très efficaces, et que ce mystère est également lié à ce que nous entendons lorsque nous appelons quelqu’un un « saint ». Et c’est l’état d’esprit de ces saints qui retient mon intérêt à ce stade.

Saint Paul dit : «Ayez cet esprit parmi vous», puis il décrit l’anéantissement (la kénose) du Christ sur la Croix (Philippiens 2: 5-11). Cette « kénose» est le marqueur de la sainteté et elle se situe au cœur de ce que nous appelons « l’humilité. » C’est le cœur humble qui plaît à Dieu, nous dit-on, alors que Dieu « résiste aux orgueilleux» (Jacques 4 : 6). Et c’est à ce niveau particulier que la modernité et sa dynamique de progrès sont mis à nu.

« Je veux être un homme meilleur, » résonne comme les mots du cœur d’un saint. Mais le contraire est vrai. Saint-Paul a été un tel « homme meilleur » quand il était le pharisien que lui-même a décrit plus tard comme «irréprochable». Ce pharisien irréprochable, étrangement, s’était fait de lui-même l’ennemi de Dieu.

C’est le même saint Paul qui écrit avec une telle éloquence et se soucie de notre faiblesse et du péché. J’avais écrit précédemment que nous ne sommes sauvés que dans notre faiblesse. Le Christ n’est pas venu pour sauver les justes mais seulement les pécheurs. De la même façon, nous ne sommes pas sauvés grâce à notre excellence, ni à notre maîtrise de la vie. Ceux qui imaginent leur vie comme une dynamique pour le progrès et l’excellence risquent de se faire des ennemis de Dieu. Heureusement, la plupart d’entre nous sont incapables d’être excellent, mais notre échec souvent conduit au désespoir plutôt que vers Dieu.

On enregistre un certain nombre d’exemples dans les évangiles de personnes qui sont venues à Jésus et qui ont été refusées. Par exemple l’homme qui est venu à Christ et qui voulait que Jésus intervienne auprès de son frère pour partager l’héritage a été simplement repoussé (Luc 12:13). De la même façon, le Christ refuse de répondre aux questions de ceux qui ne cherchent qu’à le prendre au piège de ses propres paroles.

St. Jacques présente un bref commentaire sur ces refus :

Vous convoitez, et vous ne possédez pas ; vous êtes meurtriers et envieux, et vous ne pouvez pas obtenir ; vous avez des querelles et des luttes, et vous ne possédez pas, parce que vous ne demandez pas. Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, dans le but de satisfaire vos passions.
(Jacques 4: 2-3)

Chacun de nous peut penser à beaucoup d’exemples flagrants de nos propres vies et de celles des autres quand nos désirs nous submergent nous-mêmes et nos prières avec. Je peux penser à un certain nombre de fois dans ma vie au cours desquels je priais avec une grande ferveur pour quelque chose que, avec le recul, était tout simplement né de mon désir d’éviter l’angoisse de ne pas posséder cette chose. Et cela est justement le point.

L’observation de St. Jacques pourrait facilement être limitée à ces exemples qui semblent évidents : la prière avec la forte envie d’obtenir quelque-chose ne mène nulle part. Mais son principe fonctionne beaucoup plus profondément. Nous ne serons pas sauvés en obtenant ce que nous voulons. Les seules créatures de l’univers qui obtiennent ce qu’elles veulent sont les démons – en fait, ils ne sont largement rien de plus que d’être devenus un « vouloir» : leur rationalité a presque complètement disparu.

La vraie prière est un mouvement de plus en plus dans le mouvement de faire le vide en soi (la kénose). La prière est le moyen normatif de notre union quotidienne avec le Christ. Comme le Christ, la prière porte en elle ceux qui sont perdus et ceux qui sont dans la servitude. La vraie prière entre volontiers avec Lui dans l’Hadès (l’enfer) (littéralement et symboliquement) afin d’intercéder pour ceux qui sont toujours en captivité. Saint-Paul même a souhaité être damné si cela signifiait le salut d’Israël. C’est cela le cœur du Christ.

Sans doute, notre monde moderne va continuer à «faire des progrès», au moins selon son propre esprit. Mais ceux qui adoptent cet esprit (du monde) pour leur vécu de chrétien se trouveront frustrés à chaque étape. La caricature qui est le soi-disant « évangile de la prospérité», avec ses prédicateurs à la télévision qui fanfaronnent et demandent en même temps de l’argent est la modernité rapportée à la prière. Cette caricature construit des empires sur le sol sablonneux de la volonté des gens pour le progrès et la promesse de leur nouvelle formule. Une telle prière ne nous rend pas saint, mais nous attire plus profondément dans l’illusion.

De les premiers temps, il a été clair que la religion existe pour servir les désirs des gens. Que ce soit éviter la catastrophe ou de se procurer le succès dans l’agriculture, la fertilité, ou la guerre, toutes les religions proposent ces choses qui répondent à nos désirs humains. Cela réconforte ceux dont les désirs ont été contrariés et leur assure que tout sera bien un jour.

J’ai désigné cela par le terme de «religion». En tant que tel, la foi chrétienne est pas une religion, sauf quand elle est détournée. Il est à noter que ce détournement est une menace constante et est universelle. Aucun groupe de chrétiens n’est à l’abri de l’attrait pour la religion. [Je dois noter ici que Alexandre Schmemann et John Romanides, ainsi que d’autres, ont utilisé le mot «religion» pour décrire cette déformation. Il est évident que le terme peut être utilisé avec d’autres significations.]

Le christianisme n’est pas une religion. Le christianisme est un chemin spirituel vers l’union avec Dieu. Jésus n’est pas venu établir un nouveau système sur la façon d’obtenir ce que nous voulons. Il « s’est vidé lui-même, » et à plusieurs reprises il nous invite à faire de même. La kénose est le chemin de l’union avec Dieu et elle est la définition même de l’amour. Si les désirs inassouvis pouvaient être utiles pour nous, alors ce monde deviendrait l’arène parfaite pour réaliser notre salut. Car, en vérité, nous n’avons pas généralement besoin de devenir faible ou incompétent pour être sauvé. Nous le sommes déjà. Ceux qui sont sur le chemin le savent et le montrent dans leurs prières.

 

 

 

Sur la patience de Dieu (Saint Paissios l’Athonite)

téléchargement

 

Si nous pouvions comprendre la patience de Dieu!…En quelques secondes, Dieu peut bouleverser le monde et faire de tout le monde des croyants, et même des super croyants. Comment? Tout ce qu’il a à faire est d’appuyer sur le bouton « tremblements de terre »… A 8 sur l’échelle de Richter, les immeubles élevés s’écrouleront comme des ivrognes. A 10, tout le monde sera en train de hurler « Nous sommes pêcheurs, sauve-nous »; il se peut qu’ils disent aussi « nous allons devenir des moines ». Mais aussitôt que le tremblement de terre aura pris fin, alors qu’ils en sont encore tout secoués,  mais encore debout, ils retourneront aux clubs de bouzouki. Car leur retour vers Dieu n’était pas le résultat d’un repentir véritable, leur appel à Dieu était juste provisoire, le temps d’être sauvé du désastre.

Un dialogue intéressant (4/4)

 

LOPEZ : Vous écrivez : «Je ne devrais pas le dire, mais le malin est vraiment mauvais ». Pourquoi le dites-vous de toute façon ?

MATHEWES-GREEN : Je trouve que certaines personnes, même des chrétiens conservateurs, sont surpris que les orthodoxes croient en la réalité du diable. Il semble pour beaucoup que le diable est une superstition – et la façon dont on l’imagine est peut-être une superstition – mais je crois qu’il est réel que nous devons en être conscients et préparés. Je pense que la raison pour laquelle le diable a été exclu de la pensée chrétienne occidentale provient de ces nouvelles idées, mentionnées ci-dessus, à propos de ce que la souffrance du Christ sur ​​la croix signifiait. Au lieu de l’idée ancienne que le Christ est mort et ressuscité pour nous libérer du mal, la nouvelle idée était que le Christ est mort pour payer le Père la dette de notre péché. Le diable n’est pas une partie essentielle de cette histoire, car il s’agit maintenant d’une transaction entre le Père et le Fils. Je tiens à souligner la réalité du diable ici parce que je trouve que, quand je vous écris au sujet du diable, les gens imaginent parfois juste un personnage comique dans un costume rouge, un personnage qui n’existe pas vraiment. Je trouve que c’est une bonne idée de prendre un moment pour expliquer qu’il y a un diable et qu’il existe.

LOPEZ : Comment est-ce que le Christ est celui qui nous guérit et qui nous sauve ? Et pourquoi est-il important de comprendre ces deux aspects à la fois ?

MATHEWES-GREEN : Il y a un équilibre délicat entre les divers éléments du salut : le Christ nous libère de la captivité, il nous guérit et restaure notre être de la maladie du péché, il offre un sacrifice au Père, il vainc le mal – tout cela et plus. Je pense que nous avons besoin de comprendre l’intégralité du salut (dans la mesure où nous le pouvons), car nous avons notre propre rôle à jouer. Le salut est dynamique, et nous avons besoin d’y entrer pleinement.

LOPEZ : Pourquoi les reliques sont importantes dans la vie du chrétien orthodoxe ?

MATHEWES-GREEN : Les reliques des saints sont importantes parce que la réalité matérielle est importante. Le salut n’est pas un processus qui exalterait le spirituel et qui ignore ce qui est matériel car Dieu remplit le monde matériel. Voilà pourquoi Dieu fait des miracles, parce qu’il se soucie de notre vie physique et du monde matériel que nous habitons.  La croissance en Christ signifie devenir un avec Lui : c‘est un processus qui engage le corps ainsi que l’âme. Les saints sont de puissants intercesseurs, et sont souvent utilisés comme agents de miracles. J’ai remarqué il n’y a pas si longtemps, que les orthodoxes ne parlent pas d’un saint comme d’un «mystique», mais comme d’un «faiseur de merveilleux » (thaumaturge).  Un saint ne grandit pas dans la présence de Dieu pour acquérir ses propres expériences, mais pour les autres, pour ceux qui ont besoin de ses prières. La vie d’un saint n’est pas pour lui seul, mais pour d’autres. Parce que Dieu est amour, plus la personne se remplit de la présence de Dieu, plus elle prie pour les autres, et les miracles suivent. Quand Dieu a si bien rempli quelqu’un dans cette vie, aussi bien le corps et l’âme, les effets peuvent persister après la mort. Il y a un exemple de cela dans l’Ancien Testament : «Comme un homme était enterré, voici, qu’on aperçut une bande de maraudeurs, et l’on jeta l’homme dans la tombe d’Elisée ; et dès que l’homme a touché les os d’Elisée, et il reprit vie, et se leva sur ​​ses pieds » (2 Rois. 13:21)

LOPEZ : Vous soulignez dans votre livre que 70 pour cent des membres du clergé dans le Patriarcat d’Antioche (aux USA) sont des convertis. Qu’en est-il à propos de l’évangélisation que les orthodoxes ont en panne chez eux ?

MATHEWES-GREEN : Je ne pense pas que ce soit le résultat de l’évangélisation. Ce sont surtout des membres du clergé qui ont fait leur propre chemin dans l’orthodoxie, insatisfaits de leur ancienne dénomination pour une raison ou une autre, et à la recherche d’une ancienne église immuable. Et je ne pense pas que le nombre de convertis soit particulièrement élevé ; c’est juste que il y a une étonnante proportion (de prêtres) parmi eux. Je comprends mal les statistiques mais je pense qu’il y a encore plus de clergé converti que de laïcs. Peut-être parce les membres du clergé sont plus susceptibles d’être au courant des changements dans les enseignements et de la pratique de leur dénomination. Et peut-être parce les gens du clergé sont généralement plus intéressés à lire la théologie et l’histoire de l’Eglise que les laïcs, et ils continuent à creuser jusqu’à ce qu’ils trouvent ce qu’ils recherchent. La plus forte proportion de convertis révèle aussi une plus faible proportion de personnes élevées dans la foi orthodoxe, celles-ci  peuvent s’éloigner de l’église si elles croient qu’il s’agit seulement d’une question d’héritage ethnique. Il y a un certain nombre de facteurs en jeu, et je ne pense pas qu’une évangélisation géniale soit un facteur décisif.

LOPEZ : Vous êtes une convertie. Qu’est-ce que cela vous fait ?

MATHEWES-GREEN : C’était une idée de mon mari, et je suis vraiment heureuse à ce sujet. La première fois qu’il est allé à un service orthodoxe, il en est tombé amoureux. Il est venu à la maison et m’a dit qu’il avait trouvé l’église à laquelle il aimerait appartenir. Je suis allée avec lui au service de la semaine suivante, et je n’ai rien trouvé que je puisse aimer. C’était comme si nous avions assisté à deux films différents. Au cours des deux années suivantes, il a juste continué à lire et étudier, visiter des églises orthodoxes, et me dire comment elle était merveilleuse. J’étais sceptique, mais je suis finalement arrivée à un point où je lui ai dit, « Il est évident que tu vois quelque chose que je ne vois pas – mais je crois que tu vois réellement quelque chose. Donc, je suis prête à essayer ». Une fois que nous avons été chrismés, bien que (avec trois enfants, 11 à 16 ans à l’époque), j’ai commencé à « saisir ». C’était une église entièrement différente de celle que je connaissais avant ; elle a une idée tout à fait différente de ce en quoi consiste le christianisme. Elle avait une non-considération vivifiante pour mes opinions et préférences. Je pense que la persévérance et l’objectivité font partie de ce que les hommes aiment à son sujet, et pourquoi (on pourrait dire que c’est anecdotique) les hommes sont attirés à l’orthodoxie plus immédiatement que les femmes. Je connais beaucoup d’autres femmes qui pourraient dire, « Mon mari m’a traîné ici alors que je me débattais et criait » mais une fois qu’elles comprennent de quoi il s’agit, elles aiment l’orthodoxie autant que les hommes, et pour les mêmes raisons.

LOPEZ : Vous écrivez : «Nous devons écouter ce que les gens rapportent de leurs expériences avec le Christ de la même façon que nous écoutons les expériences d’une salle remplie de chirurgiens cardiologues. Certaines des expériences rapportées peuvent être communes à tous, certaines expériences seraient arrivées à la moitié d’entre eux et certaines à quelques-uns seulement. Mais plus de gens nous font part de leurs expériences mieux çà vaut car un grand nombre de récits vont nous donner des informations plus détaillées et fiables. Quelle a été votre expérience ?

MATHEWES-GREEN : L’histoire que j’ai racontée, à savoir que j’ai entendu la voix du Christ dans l’église à Dublin est l’une des toutes premières, mais il y avait quelques indices et signes avant cela, et dans les 41 ans qui ont suivi, il y en a eu beaucoup plus. Je garde un journal personnel, et je pense que je pourrais écrire un livre sur toutes les expériences que j’ai eues, en passant au crible tous ces cahiers pour les incidents, les miracles, et « mots » que j’ai reçus. Je sais qu’il est sage d’être attentif à la possibilité d’une auto-illusion, ou même d’une mauvaise influence déguisée comme «un ange de lumière ». Ce serait un bon exercice pour moi, et peut-être intéressant pour d’autres, d’examiner toutes ces années et toutes ces expériences.

LOPEZ : Que pourrait notre culture américaine permettre d’apprendre de l’Eglise orthodoxe ?

MATHEWES-GREEN : Peut-être la chose la plus importante serait le sérieux de la foi chrétienne. Ou bien est-il préférable de parler du sérieux de la vie. Je secoue ma tête d’étonnement parfois en observant le degré de stupidité atteint par notre vie commune (dans la société). Cette vie tourne autour des vidéos drôles et des célébrités. Même nos controverses, même nos tragédies, sont traitées comme divertissement. D’innombrables générations de nos ancêtres ont travaillé et se sont sacrifiés œuvrant pour ce monde prospère sûr et confortable dont nous jouissons aujourd’hui. Et, une fois cet objectif atteint, regardez comment les gens veulent passer leur temps. Vous avez envie de rire et de pleurer en même temps. Donc, je souhaiterais qu’au moins quelques personnes, réfléchissent sur la nature éphémère de la vie, et de la certitude de la brisure et de la souffrance qui arrive dans la vie de tout le monde tôt ou tard. Je souhaite que cela les motive tout d’abord, à respecter leurs engagements et de rester fidèles envers ceux qui dépendent d’eux. La fidélité que vous donnez est la fidélité dont vous aurez désespérément besoin un jour. Et s’ils passent aussi du temps à réfléchir sur ce qui se trouve au-delà de la vie et de la mort, et pourquoi nous avons été mis sur cette planète tournante, et de ce que cela signifie- j’espère qu’ils tiendront compte de Jésus-Christ. Le connaître est le point central de toute la foi chrétienne. Et l’orthodoxie est un ensemble de sagesse éprouvé par le temps sur la façon de le réaliser. Nous sommes en mesure de maintenir une telle sphère publique transparente divertissante à cause de notre désir féroce pour l’indépendance. Le revers de la médaille de l’indépendance est l’isolement, alors quand quelqu’un tombe dans la tristesse ou la difficulté, il tombe hors de la vue, et la fête continue. Il y a beaucoup de souffrance ; Je pense que la solitude est une épidémie. Mais, beaucoup plus qu’auparavant, les gens souffrent seuls. Quand ils atteignent les moments difficiles de la vie, tout ce qu’ils ont est la liste des vidéos préférées. Ils ont des «amis» qui comprennent «l’amitié» comme s’il s’agissait de cliquer sur ​​un bouton .L’amitié était beaucoup plus que cela.

LOPEZ:  Qu’espérez-vous chaque lecteur prenne de votre livre? Voulez-vous que votre « Bienvenue » soit une étape, dans la grâce de Dieu, vers l’unité chrétienne, même si votre livre parle de différences ?

MATHEWES-GREEN : Quand je rencontre des gens dans d’autres confessions qui aiment Jésus, et quand je lis des histoires de gens qui l’aimaient à d’autres époques ou dans d’autres cultures, je vois que l’unité donnée par Dieu est déjà là. Il est Un, et nous sommes uns en Lui. L’orthodoxie n’est pas la seule façon d’acquérir cette unité avec lui, mais j’ai trouvé que c’est une manière efficace, cela fonctionne, et elle est accessible aux gens ordinaires dans toutes les étapes de la vie. Mais si les gens viennent à lui, ils viendront tous au même endroit, ils se rassemblent, et le Christ fait de nous une unité.

LOPEZ : Envers quoi êtes-vous le plus reconnaissant ?

MATHEWES-GREEN : Je suis très reconnaissante pour le salut. Je suis reconnaissant que Jésus m’ait parlé, il y a 41 ans. Je ne le méritais pas. Je suis heureuse.

Source : http://www.nationalreview.com/article/419718/orthodox-way-knowing-god-nr-interview

Kathryn Jean Lopez est senior fellow à l’Institut National Review et  éditeur (at large) de la National Review Online.

Frederica Mathewes-Green est une orthodoxe américaine. (Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Frederica_Mathewes-Green)

(FIN)