Ascension de Notre Seigneur Jésus Christ

Fête de l’Ascension

Lectures bibliques : Luc 24/36-53 Actes 1/1-12

À partir de l’Ascension, nous cessons de chanter à tous les offices les chants de Pâques. Cependant, la fête de l’Ascension ne marque pas la fin du temps pascal qui sont les 50 jours qui suivent la fête de Pâques qui s’achèvent avec le dimanche de la Pentecôte, ou plutôt avec les huit jours de l’après fête de la Pentecôte, qui ne forment avec le dimanche qu’un seul jour. Si notre Seigneur a voulu que Sa résurrection ne soit pas immédiatement suivie de Sa montée au ciel et de l’envoi du Saint-Esprit, c’est pour mieux convaincre les apôtres de sa résurrection et les habituer à sa condition nouvelle de Ressuscité. Selon une expression chère à saint Irénée de Lyon, le Seigneur ressuscité veut, en quelque sorte, nous habituer nous aussi, progressivement, à Sa condition de Ressuscité. Monté aux cieux, il est désormais « assis à la droite du Père ». Cela signifie qu’en sa nature humaine elle-même le Christ est revêtu de toute la gloire, de toute la puissance divine, de toute l’autorité du Seigneur du ciel et de la terre, qui lui sont communiquées par son Père. La nature humaine du Christ est glorifiée, elle est remplie de ce rayonnement de la nature divine, de la gloire de Dieu, que le Fils unique, en sa nature divine, recevait de son Père de toute éternité, avant la création du monde, et qui, maintenant, transfigure sa nature humaine elle-même, qui de ce fait n’est plus passible et mortelle, mais véritablement divinisée. Saint Paul déclare que nous sommes, par le baptême, morts au péché et ressuscités avec le Christ, et que Dieu nous a fait asseoir avec Lui dans les cieux : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! – avec Lui Il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux, dans le Christ Jésus » (Éphésiens 2, 4-6). Le Christ a assumé tous les hommes, quiconque revêtu de la nature humaine, et c’est ainsi qu’au jour de son Ascension, c’est toute la nature humaine, qui, en lui, se trouve potentiellement, mais déjà réellement, assise dans les cieux. C’est pour cela que le Christ a pu dire en toute vérité : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » (Matthieu 25,40). C’est pour cela que, si notre foi est vive, nous voyons le Christ en tout homme, juste ou pêcheur. Par le baptême, la chrismation, l’eucharistie, par toute notre vie chrétienne, par toute notre vie dans la foi, nous actualisons cette potentialité, nous faisons que cette cession aux cieux, dans le Christ, à la droite du Père, deviennent pour nous quelque chose de plus en plus réel, de plus en plus effectif. Si nous pratiquons vraiment la charité évangélique, si nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, si nous donnons à ceux qui ne peuvent nous rendre, si notre amour et notre bienveillance affective et effective s’étend aux plus déshérités, aux pauvres, aux malades, aux isolés, aux handicapés de toutes sortes, cela ne vient pas seulement de nous : c’est que la grâce de notre baptême est active en nous et y fructifie, c’est que, véritablement, le Christ vit en nous par son Esprit divin, qui agit avec nous et en nous, comme le feu qui pénètre et transfigure le fer rouge. Si tout cela est devenu pour nous une source de joie, si nous y goûtons une divine saveur, c’est que selon l’expression de l’Écriture, nous trouvons nos délices dans le Seigneur (cf. Psaume 36,4 et 11), et non plus dans les joies et plaisirs terrestres. La vie céleste n’est pas autre chose que cette communion à l’amour qui est Dieu, à l’amour miséricordieux qu’est la nature même de Dieu, de chacune des personnes divines, et donc du Christ ressuscité. C’est cela qui doit remplir notre cœur d’une paix et d’une joie qui ne sont pas de ce monde, et d’un saint émerveillement devant les grandes œuvres de Dieu, devant tout ce qu’Il a accompli pour nous. Que cette fête de l’Ascension nous rende plus conscients de ce que notre vie doit être une vie céleste, de ce que nous devons goûter, apprécier, aimer plus que tout autre chose cette vie divine, cette vie d’amour universel sans retour sur nous-mêmes, à laquelle nous sommes appelés et qui nous rend semblables à notre Père céleste.

D’après l’archimandrite p. Deseille, La Couronne bénie de l’Année chrétienne, vol.2, pages 203-210 * * *

Un peu d’histoire Sur l’Ascension du Christ, par St. Jean Chrysostome

Ce texte est la seule homélie authentique de saint Jean Chrysostome à la fête de l’Ascension qui nous soit parvenue. Il est remarquable en ce qu’il marque l’un des premiers records de l’Ascension célébré quarante jours après Paques. Saint-Jean a prononcé l’homélie dans le martyrium commun situé à l’extérieur des murs d’Antioche, près de la porte romane menant à la banlieue de Daphné, en face de la ville, au nord-est, sur la rive de l’Oronte. Sur ce site se trouvaient les tombes de nombreux martyrs, ainsi que les restes des évêques ariens enterrés au moment où les Ariens contrôlaient l’église d’Antioche. Ce martyrium commun était le plus célèbre de tous la martyrium d’Antioche, qui, selon Saint-Jean, entourait la capitale syrienne comme un mur protecteur.

1 Au début de cette homélie, nous apprenons que le martyrium commun avait récemment été réaménagé et rénové. Il y a également des indications dans le texte que l’homélie de saint Jean a marqué l’inauguration du martyrium commun après une période tumultueuse d’hérésie et de schisme à Antioche. St. Jean a expliqué à ses auditeurs les raisons pour lesquelles le travail avait été accompli, ainsi que la nouvelle disposition du site; et il a souligné que le projet avait été entrepris sous la direction de Flavian, évêque d’Antioche, qui était présent à la cérémonie. Si le clergé servait au martyrium depuis la rénovation du site, il est peu probable que Chrysostome se soit donné la peine d’élucider une situation qui aurait été connue des fidèles. L’homélie peut être datée des années 386-387, période pendant laquelle Saint-Jean était prêtre à Antioche. En l’absence d’indications internes solides, il est impossible de dater plus précisément le texte.

2 Après avoir souligné l’importance du martyrium et de sa récente rénovation, Saint-Jean a attiré l’attention de ses auditeurs vers la fête actuelle, exposant en profondeur le rôle notre Seigneur Jésus-Christ en tant que médiateur entre Dieu et l’homme. Le Christ, dit-il, se tenait entre Dieu et l’homme, puisque l’homme s’était placé en inimitié avec Dieu et était devenu l’adversaire de Dieu. « Et comment est-ce qu’Il [Christ] s’est placé entre les deux? » Demande Chrysostome. « Il a pris sur lui la punition qui nous était due par le Père, et lui-même a également enduré les insultes et les reproches que nous avons faits contre Dieu. » Saint Jean illumine alors la place de l’Ascension du Christ dans la doctrine orthodoxe de la rédemption. Le Christ, ayant réconcilié Dieu et l’homme par sa vie, sa mort et sa résurrection, monte maintenant au ciel dans son corps spirituel ressuscité. Étant lui-même les premiers fruits de la résurrection générale, il offre ces premiers fruits à son Père céleste. De cette façon, dit saint Jean Chrysostome, Il a amené toute notre nature humaine au ciel et l’a assise à la droite du Père. En présentant cet enseignement, saint Jean offre des réflexions inspirantes sur la façon dont les pouvoirs célestes ont vu se dérouler l’œuvre de rédemption du Christ. Avant la venue du Christ, les anges étaient affligés par la pitoyable condition déchue de l’homme, qui le séparait de Dieu. Grande était donc leur joie lorsque Dieu est devenu homme afin de réunir ce qui avait été scindé auparavant. Alors que le Seigneur, après avoir accompli toutes choses sur la terre selon la volonté divine, est monté au ciel, deux anges étaient présents pour consoler les apôtres, ainsi que pour leur expliquer ce qu’ils voyaient. Ce même Jésus, les saints anges ont dit: Celui qui vous est enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel (Actes 1:10). C’est avec cette pensée – le retour de notre Seigneur Jésus-Christ – que Chrysostome conclut son homélie, encourageant les fidèles rassemblés à se réveiller de la torpeur spirituelle et à « regarder vers le retour du Seigneur ». —

Abbé Damascène

Notes

1 Le martyrium commun doit être distingué du grand cimetière, qui était également situé à l’extérieur de la ville, et était le lieu où saint Jean Chrysostome a prononcé son homélie « Sur le mot cimetière et sur la croix « le grand vendredi 392. Saint Jean commence l’homélie actuelle, à l’Ascension, par une référence au service du Vendredi Saint: « Lorsque nous avons célébré le souvenir de la Croix, nous avons observé la fête à l’extérieur de la ville. »

2 Comme mentionné dans la note ci-dessus, l’homélie du Grand Vendredi de saint Jean « Sur le mot » cimetière « et la croix » date de l’année 392. Bien que l’homélie actuelle commence par une référence au service du Vendredi Saint qui a eu lieu plus tôt cette année-là au Grand Cimetière à l’intérieur de la ville, il est impossible de savoir avec certitude si les deux homélies ont été prononcées au cours de la même année. La célébration du Grand Vendredi au Grand Cimetière était pratiquée chaque année, conformément à la coutume décrite dans l’homélie elle-même. L’homélie de saint Jean sur l’Ascension, d’autre part, a apparemment marqué la première célébration de cette fête au martyrium commun.

Publié par l’Eglise Orthodoxe à l’Ile Maurice