Récit surprenant d’une conversion sur une scène de théatre

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Cette histoire merveilleuse qui concerne le célèbre acteur Alexander Rostovtsev s’est produite il y a environ un siècle en Union soviétique. Une campagne d’éradication de la religion battait son plein dans tout le pays. Les responsables athées avaient de l’imagination: comme faire des représentations théâtrales juste la nuit de Pâques (!), représentations où les personnages de la Sainte Écriture étaient tournées en dérision! Mais au cours de l’une de ces représentations, un événement sans précédent a eu lieu…

Tout d’abord, il faut préciser de qui nous tenons cette histoire. Elle a été relatée dans Le Soleil joue de Vasily Nikiforov-Volgin, un remarquable écrivain russe (1900 / 1901-1941). L’histoire a été incluse dans un ouvrage intitulé Malheureuse est votre patrie, publié dans les années trente du XXe siècle. Il est important de noter que dans les 27 récits qui se trouvent dans cet ouvrage, Vasily Nikiforov-Volgin décrit ce qu’il a vu et vécu lui-même – les événements dramatiques de la révolution, la guerre civile, l’après-guerre, le sort du clergé, la période d’impiété et d’athéisme militant…

Voici donc cette histoire incroyable:

La lutte pour que les gens n’aillent pas à la vigile et aux matines de Pâques était planifiée à grande échelle. Tout au long de la grande semaine sainte, de grandes affiches lumineuses ont été placées dans des endroits bien en vue de la ville et sur lesquelles il était annoncé ce qui suit:

Les matines du Komsomol

La dernière comédie de Anton Izyumov

A minuit exactement

Le Christ en manteau smoking

Avec Alexander Rostotsev

Rires garantis

Humour en continu


Avant la représentation, une fanfare est passée dans les rues de la ville pour séduire le public. Devant l’orchestre se trouvait un gars costaud dans une robe sacerdotale portant une sorte de bannière d’église avec une affiche représentant le Christ portant un chapeau haut de forme. Des membres du Komsomol avec des torches marchaient le long des côtés. La ville était en effervescence. Une foule allait au théâtre. Au-dessus de l’entrée,
une radio placée sur la grande place du théatre retransmettait depuis Moscou avec un niveau sonore maximal l’annonce d’une conférence «sur le rôle ignoble du christianisme dans l’histoire des peuples».

À la fin de la conférence, une chorale du  Komsomol était alignée sur les marches de l’entrée. Au son des accordéons, le chœur a commencé à chanter fort:

Je profite peu de la prière
Ma bougie est éteinte.
Je n’ai pas besoin d’Elie le Prophète
Donnez-moi la lampe de Lénine!

La foule hurla, éclata de rire et cria comme un rugissement :

Il y a trois vieilles dames
Et deux vieillards handicapés
L’église est vide –
Vous ne pouvez pas collecter une pièce de cinq kopeck.

Puis la foule exigeait davantage… Donnez quelque chose de plus cinglant!

Oh, mon œuf n’est pas felé
Beaucoup de bêtises sur Dieu nous sont racontées!

– Ce n’est pas assez! Chantez sur la Mère de Dieu!

Au même moment, une procession où l’on portait une croix pour Pâques est sortie d’une petite église située près du théâtre. Au niveau de la procession il faisait sombre.On ne voyait pas bien les gens, on voyait seulement seulement des bougies qui semblaient se déplacer tranquillement de façon aérienne et un chant à une certaine distance.

– «Les anges qui sont aux cieux, ô Christ notre Sauveur, chantent Ta résurrection».

A la vue de la procession et de la croix, les chanteurs du Komsomol se sont un peu énervés  ils se sont agités en sautillant, en criant et en sifflant:

Hé, bandes de pommes, la route est glissante.
La pâques des Komsomol embarasse tous les saints

Les porteurs de cierges pour Pâques se sont arrêtés aux portes de l’église et ont chanté:

– Le Christ est ressuscité des morts…

Et par ailleurs la grande salle de théâtre était bondée.

Le premier acte représentait un autel. Sur l’autel bien décoré, il y avait des bouteilles de vin, des carafes teintées, des collations. À l’autel, sur de hauts tabourets de restaurant, des personnes habillées en prêtres étaient installées en vêtements complets et faisaient résonner des calices. L’artiste, vêtu d’un vêtement de diacre, jouait de l’accordéon. Des « nonnes » étaient assises par terre, jouant avec des cartes. La salle éclatait de rires. Une personne parmi les spectateurs s’est sentie mal. Elle a été conduite hors de la salle, elle a grondé comme un animal et, gloussant, a hoché la tête vers la scène, le visage déformé et pâle. Cela a fait rire le public encore plus fort.

Ensuite pendant l’entracte on a annoncé :

– Ce n’est rien comparé à ce qui est à venir! Attendez une minute… Rostovtsev va se présenter au deuxième acte et tout le monde va se tordre de rire!

Dans le deuxième acte, sous les tourbillons d’applaudissements extatiques, le célèbre Alexander Rostovtsev est apparu sur la scène.

Il était revêtu d’une longue tunique blanche, avec un maquillage parfait du Christ. Il tenait un Evangile.
Pendant la pièce, l’artiste devait lire deux versets évangéliques des Béatitudes.
Lentement et solennellement, il
se met devant l’analogion (pupitre sur lequel on pose l’Evangile), il place l’Évangile et dit d’une voix impressionnante:

Soyons attentifs!

Le public était silencieux.

Rostovtsev a commencé à lire:

– «Bienheureux les pauvres d’esprit: car le royaume des cieux est à eux… Bienheureux ceux qui pleurent: car ils seront consolés…»

Il fallait s’arrêter là. Ici, il était censé prononcer un monologue blasphèmatoire le concluant par les mots:

– Donnez-moi le manteau et le chapeau haut de forme!

Mais cela ne s’est pas produit. Rostovtsev a soudainement cessé de parler. Le silence devint si long qu’ils commencèrent à chuchoter de derrière les rideaux à l’artiste, à faire des gestes avec leurs mains, prononcant des mots, mais il s’est maintenu tout droit, et comme dans une stupeur folle, il n’entendait plus rien.

Ensuite, il a eu un tremblement il a regardé avec une sorte de peur l’Évangile ouvert. Ses mains s’agrippant nerveusement à la tunique.

Il a baissé les yeux sur le livre et d’abord dans un murmure, puis de plus en plus fort il a commencé à lire les autres versets:

«Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice: car ils seront rassasiés. Bienheureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde… »

Peut-être que la puissance de sa merveilleuse voix, ou le charme de sa notoriété d’artiste, ou le désir nocturne de ces paroles humbles et méprisées du Sermon sur la montagne, ou l’image du Christ vivant qui s’est présentée aux yeux des spectateurs, causée par la métamorphose de l’artiste a influencé les gens . Il y avait un tel silence dans le théâtre que l’on pouvait entendre le bourdonnement d’un moustique

Et les paroles du Christ se sont succédées comme des bougies de Pâques autour de l’église dans ce silence:

– «Vous êtes la lumière du monde… aimez vos ennemis… et priez pour ceux qui vous persécutent…»

Rostovtsev a lu le chapitre entier, et personne dans le public n’a bougé. Des pas rapides excités se firent entendre derrière les rideaux et un murmure retentit. Ils ont assuré que l’artiste plaisantait, c’était sa technique préférée, puis qu’il surprendrait le public de telle manière que tout se transformerait en ambiance festive et dansante!

Mais sur scène, quelque chose d’encore plus inattendu s’est produit, dont plus tard presque tout le pays soviétique a parlé.

Rostovtsev a fait très clairement un signe de croix puis il a dit :

Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans Ton royaume! ..

Il voulait toujours dire quelque chose de plus, mais à ce moment le rideau a été baissé.

Quelques minutes plus tard, il a été annoncé:

– En raison de la maladie inattendue du camarade Rostovtsev, notre représentation d’aujourd’hui n’aura pas lieu.