La Fête de la Nativité: homélie de notre père parmi les saints, Saint Grégoire Palamas

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L’icône de la Nativité

 

Source: http://talitakum.over-blog.com/article-homelie-nativite-selon-la-chair-de-notre-seigneur-dieu-et-sauveur-jesus-christ-122235160.html

 

Homélie de la Nativité selon la chair de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ

Aujourd’hui nous fêtons l’accouchement virginal; et mon discours s’élèvera, par nécessité, conformément à la grandeur de cette fête, et pénétrera dans le mystère, autant qu’il est possible, qu’il est permis, et que le temps s’y prêtera, pour que moi aussi je révèle une part de la puissance qui réside en ce mystère. Pour vous, frères, je vous en prie, tendez et élevez tous ensemble votre intelligence ; afin qu’enflammée depuis les lieux très-hauts de la divinité, elle s’attache parfaitement, avec plus de force, la lumière de la divine connaissance ; car aujourd’hui je vois le ciel et la terre recevoir un même honneur, et la voie qui monte d’ici-bas à ce qui se trouve au-delà de l’univers, rivaliser avec la condescendance du monde supérieur. Oui, s’il existe un ciel des cieux, si des eaux très élevées recouvrent les étendues célestes, et s’il existe un lieu, ou un état, ou encore un ordre par-delà ce monde, rien de tout cela n’est plus admirable, ni plus honorable, que la grotte, la crèche, les vases pour les ablutions, et les langes de nourrissons, car rien, parmi les événements qui se sont déroulés depuis les siècles sous le regard de Dieu, n’est plus profitable à chacun, ni plus divin, que ce qui touche à la Naissance du Christ, que nous fêtons aujourd’hui.

Oui, le Verbe prééternel, incirconscrit, le Maître de l’univers, comme un vagabond, un sans-abri, un sans-demeure, est aujourd’hui enfanté dans une grotte ; comme un nourrisson. Il est déposé sur une crèche, Il est vu par des yeux, il se laisse toucher par des mains. Il est enveloppé de langes ; ce n’est pas une substance intelligente qui n’existait pas encore, qui vient dans la création, ce n’est pas une chair destinée à se dissoudre peu après, qui est introduite dans le devenir, ce ne sont pas une chair et un intellect qui se joignent l’un à l’autre dans l’unité et l’organisation d’un être vivant, mais Dieu et la chair mêlés sans confusion par un intellect dans l’existence d’une seule hypostase divino-humaine, qui jusque-là était cachée dans le sein virginal en qui, et à partir de qui, par la bienveillance du Père et la coopération de l’Esprit, le Verbe suressentiel est venu à l’être. A présent, Il est délivré du ventre et engendré comme nourrisson, n’effaçant pas, mais au contraire gardant incorruptibles les signes de la virginité. Enfanté sans passion car conçu sans passion; en effet, celle qui L’a enfanté s’est révélée supérieure au plaisir passionnel durant la gestation ainsi qu’aux pénibles douleurs pendant l’enfantement: « avant que le travail des douleurs vînt sur elle, elle leur échappa » (Is 66,7), selon la parole d’Isaïe, et elle enfanta dans la chair le Verbe prééternel, de la divinité duquel, non seulement on ne peut découvrir les traces, mais encore dont le mode d’union avec la chair est inconcevable, la condescendance insurpassable; enfin, la sublimité divine et ineffable de son adjonction à notre chair dépasse toute intelligence et toute parole, au point de ne pouvoir admettre la moindre comparaison avec le créé. Car bien que l’on puisse regarder avec des yeux de chair Celui qui a été enfanté d’une jeune femme n’ayant pas connu l’homme, l’Écriture refuse toute comparaison en ces termes : « tu es éclatant de beauté parmi les fils des hommes » (Ps 44,2) ; il n’est pas dit, en effet : ‘plus éclatant », mais simplement « éclatant », pour ne pas comparer l’incomparable, la nature divine, avec le commun des mortels. Continuer la lecture de La Fête de la Nativité: homélie de notre père parmi les saints, Saint Grégoire Palamas

Faire du bien dans un monde mauvais

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Hortensias à petites fleurs

 

Source:http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2015/12/08/doing-good-in-a-bad-world/ Fr. Stephen Freeman

Un homme mauvais ne peut pas faire un monde bon.

« Il faut faire quelque chose ». S’il y avait un slogan qui convient pour le monde moderne, ce serait celui-ci. Son pouvoir réside dans sa vérité. Certaines choses sont tragiques et injustes, brisées et dysfonctionnelles. Toute analyse qui pourrait suggérer que rien ne doit être tenté va tomber dans l’oreille d’un sourd – et il devrait en être ainsi. Toutefois, c’est ici que la grande tentation de la modernité commence. Quelque chose doit être fait. Mais quoi ?

La modernité regorge de solutions et l’Amérique est la terre des solutions. Chaque Américain est un « mécanicien » de cœur. Nos arguments les plus forts et les plus durables sont sur la façon de réformer les choses : il faudrait plus de ceci, moins de cela ou plus ou moins de cela et davantage.

La première grande tentation de la modernité est l’illusion de la puissance et de la puissance efficace. Le pouvoir de faire une chose n’est pas le pouvoir de tout faire. Pour chaque exercice de la puissance vers une fin particulière, une foule de nouveaux problèmes inattendus et imprévus surgissent. Plusieurs fois, nous arrangeons les choses seulement pour découvrir que la solution est pire que le mal. Nous sommes nos pires ennemis.

La séduction exercée par la possibilité de contrôler est presque irrésistible. Chaque anxiété est une supplique pour avoir les moyens de contrôler l’objet de la peur. Et si nous pouvons faire beaucoup de choses, nous ne pouvons jamais tout faire. Le plus souvent, nos échecs et nos catastrophes opèrent au-delà de nos intentions et sont à l’extérieur de notre portée.

L’exemple du Christ se présente comme une contradiction à notre envie de contrôler. Car, bien que comme Dieu, Il aurait clairement pu faire tout, Il a fait seulement un nombre limité de choses. Tout son ministère a eu lieu dans un rayon de 100 km. A son achèvement, il avait rassemblé seulement quelques centaines de disciples. Il a été largement silencieux sur le sujet de la puissance romaine, et n’a dit presque rien sur les structures sociales. Bien qu’Il ait guéri quelques-uns, la plupart des malades sont restés malades. Nous entendons le cri du   « New York Daily  News », « Dieu ne résout pas ces problèmes ».

 

Bien sûr, l’hypothèse sous-jacente du « New York Daily News » (et de la plupart des gens) est que quelqu’un doit résoudre ces problèmes. Si Dieu ne le fait pas, alors nous le ferons ! D’autres concluent que Dieu pouvait le faire, mais que pour une certaine raison il veut que nous le fassions à sa place. Et d’autres encore diront que si Dieu ne le fait pas c’est parce qu’il n’y a pas de Dieu.

Toutes ces réponses sont fondées sur la croyance que quelque chose peut être fait et que, par conséquent il faut faire quelque chose (je ne pense pas spécifiquement au problème du terrorisme – car «ce quelque-chose qui doit être fait» que Dieu ne fait pas pourrait concerner presque tout). Aucune de ces réponses ne considère la possibilité que Dieu en fait, est en train de faire quelque chose, mais quelque chose de tout à fait inattendu et non envisagé.

La foi chrétienne enseigne que l’homme est lui-même le problème. Elle ne nous enseigne pas que les êtres humains sont mauvais, mais que nous sommes brisés, imparfaits et mal orientés dans nos vies. Le projet humain s’est égaré. Le Christ Lui-même est la première réponse : Il est l’Homme Nouveau.

Saint Séraphin de Sarov a dit «Acquiers l’esprit de paix et les âmes par milliers autour de toi seront sauvées ». Séraphim de Sarov ne peut pas être accusé de n’avoir rien fait. Il a immergé sa vie dans la prière et le jeûne et il a acquis l’Esprit de Paix. En tant que tel, il est devenu le salut de milliers d’âmes.

Le Christ a dit une fois à ses disciples, « Les pauvres, vous les aurez toujours avec vous. » Cela pourrait être pris (à tort) pour signifier, qu’il n’y a rien que vous pouvez faire pour les pauvres. Cependant il est vrai que beaucoup a été fait pour les pauvres en Son nom plutôt que pour une autre raison. Mais les pauvres sont toujours présents. Ils sont toujours présents parce qu’ils vivent au cœur du problème qui est celui de l’humanité brisée, imparfaite et mal orientée. Et même si la pauvreté devait disparaître pour quelque temps, elle reviendrait assez rapidement. Ses causes ne sont pas uniquement économiques : elles sont existentielles.

La vie chrétienne dans le monde moderne est un art. Son cœur se soucie à juste titre pour le monde et même couve ses problèmes. Mais cet art n’est pas plus grand que le Christ. Nous ne pouvons pas réaliser nous qui sommes mauvais, ce que le Christ Lui-même ne cherchait pas, Lui qui est l’Homme bon. Car, à la fin, la perfection réalisée grâce au contrôle ne peut fonctionner que grâce à ce contrôle. La perfection absolue signifie un contrôle absolu. Cela devient le centre de quelque chose de démoniaque. Il est cependant vrai que nous cherchons seulement une amélioration relative et non pas l’absolue perfection. Ceci est quelque chose que nous pouvons, de temps à autre, faire réellement. Mais plus ce qui est envisagé est grand et plus la nécessité d’un contrôle s’impose. L’art de faire du bien exige de l’humilité.

Ceci est également vrai lorsque l’on veut traiter le mal. Nous ne pouvons pas débarrasser le monde du mal, peu importe sa forme. Nous ne pourrons pas détruire le terrorisme. Nous pouvons chercher à limiter sa portée et ses effets. La volonté de l’éradiquer complètement créerait inévitablement soit plus de terreur, ou encore des conséquences imprévues (tout comme le terrorisme contemporain est lui-même une conséquence imprévue).

Cela est particulièrement vrai dans nos vies personnelles. Beaucoup de gens dans le monde contemporain substituent les opinions et les sentiments à propos de problèmes situés ailleurs à l’action réelle dans un domaine particulier. C’est une existence imaginaire dans lequel nous nous livrons à du vide. Elle est principalement motivée par la rhétorique politique de la droite ou de la gauche et n’a que peu de conséquence.

 

Mais la véritable action  importante est en profondeur. La foi sans les œuvres est morte.

 

L’action véritable vient avec l’intégrité. La modernité veut faire du monde un endroit meilleur. L’action chrétienne reconnaît que moi-même je suis le premier de tous les problèmes. Si rien ne change en moi, alors rien de vrai n’est arrivé. C’est cela que saint Séraphim décrit comme « l’acquisition de l’Esprit de la Paix. »

Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : laisse-moi ôter la paille de ton œil toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite ! Ote premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour enlever la paille de l’œil de ton frère. (Mat 7: 3-5)

Beaucoup traitent cette parole comme un avertissement pour éviter de juger les autres. Mais elle est aussi une description de la véritable action. Je peux aider mon frère concernant la paille dans l’œil, mais seulement si je suis occupé avec le problème plus vaste de ma propre poutre. Le péché entraîne le péché. Seule la justice guérit. Le monde a besoin de guérison et non pas de réforme.

«Faire du monde un endroit meilleur » est un discours prétentieux… Un starets plein de sagesse a dit une fois, « je n’ai pas besoin d’aller plus loin que mon propre cœur pour trouver la source de toute violence dans le monde. »

C’est là, dans mon propre cœur, que quelque chose doit être fait.

Doing Good in a Bad World

 

 

Pourquoi jeûner?

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L’Eglise orthodoxe prépare la fête de la Nativité de Notre Seigneur par une période de jeûne qui commence le 15 novembre.

POURQUOI NOUS JEUNONS

Le jeûne n’est pas très vivant et ne se porte pas bien dans le monde chrétien. Une grande partie de ce monde a depuis longtemps perdu toute relation vivante avec la mémoire historique du jeûne chrétien. Ce monde se comporte comme des juifs qui auraient entendu (pour la première fois) qu’il y avait une telle chose que la nourriture casher et qui décideraient de faire des règles pour savoir quoi manger et quoi ne pas manger parce que personne ne savait ce qu’était effectivement la nourriture casher.

Il y a d’autres segments de la chrétienté qui ont gardé de minuscules vestiges du jeûne chrétien traditionnel, mais face au monde moderne ils ont réduit la tradition à un presque insignifiant sacrifice personnel.

Je lisais récemment (bien que je ne me souviens pas où) que le rejet de l’Hésychasme était la source de toute hérésie. En termes moins techniques, nous pouvons dire que la connaissance de Dieu en vérité, en participant à Sa vie, l’union avec Lui par l’humilité, la prière, l’amour des ennemis et le repentir avant toute chose et pour tout, est le but de la vie chrétienne. L’hésychasme (du grec Hésychasme=silence) est le nom donné à la tradition orthodoxe de prière continue et de calme intérieur.

Mais cela peut être mal compris si c’est séparé de la connaissance de Dieu et de la participation à Sa vie, l’union avec Lui par l’humilité, la prière, l’amour des ennemis et le repentir avant toute chose et pour tout.

Et c’est le même chemin de la connaissance intime de Dieu (avec toutes ses composantes) qui est le contexte approprié du jeûne. Si nous jeûnons mais nous ne pardonnons pas nos ennemis – notre jeûne n’est d’aucune utilité. Si nous jeûnons et que nous ne rapprochons pas de l’humilité – notre jeûne n’est d’aucune utilité. Si notre jeûne ne nous rend pas encore plus conscients du fait que nous sommes pécheurs devant tous et responsable de tous, alors il n’est d’aucune utilité. Si notre jeûne ne nous unit pas avec la vie de Dieu – qui est doux et humble – il n’est alors à nouveau d’aucune utilité.

Le jeûne n’est pas un régime amaigrissant. … Le jeûne est à propos de la faim et de l’humilité (qui croît alors nous nous autorisons à devenir un peu faible physiquement). Le jeûne c’est pour permettre d’avoir un cœur brisé (cf.Ps50).

J’ai vu un plus grand bien accompli dans les âmes qui ont échoué dans la garde de leur jeûne que dans les âmes de ceux qui «ont jeûné selon les règles ». Les Publicains entrent dans le royaume de Dieu avant les pharisiens à chaque fois.

Pourquoi jeûnons-nous ? Peut-être la question la plus pertinente est «pourquoi mangeons-nous ? » Le Christ a cité l’Ecriture lorsqu’Il a été tenté par le diable et a dit : «L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Nous mangeons comme si notre vie en dépendait alors que ce n’est pas le cas. Nous jeûnons parce que notre vie dépend de la parole de Dieu.

J’ai travaillé deux ans comme aumônier d’hôpital. Pendant ce temps, j’étais assis tous les jours à côté du lit de patients mourants – j’ai appris un peu plus sur la façon dont nous mourons. Il est un fait médical que beaucoup de gens deviennent « anorexiques » avant la mort – c’est-à-dire qu’ils cessent de vouloir s’alimenter. Plusieurs fois, la famille et même les médecins en sont très inquiets et essaient d’alimenter de force un patient qui ne survivra pas. Fait intéressant, il a été constaté que les patients qui sont devenus anorexiques avaient moins de douleur que ceux qui, étant devenus anorexiques, ont été contraints de prendre de la nourriture. (Rien de tout cela n’est valable pour l’anorexie psychologique qui afflige beaucoup de nos jeunes. Cela est une tragédie)

C’est comme si au moment de la mort, notre corps a une sagesse qui nous aurait échappé la plupart du temps. Notre corps sait que ce qu’il faut n’est pas la nourriture – mais quelque chose de plus profond. L’âme cherche et a faim du Dieu vivant. Le corps et la douleur peuvent nous détourner de Dieu. Et cela est atténué par la miséricorde de Dieu.

Le Christianisme en tant que religion – c’est-à-dire en tant que système théorique d’explications concernant le ciel et l’enfer, la récompense et la punition, est tout simplement le christianisme qui a été déformé de sa vraie nature. Soit nous connaissons le Dieu vivant soit nous n’avons rien. Soit nous mangeons Sa chair et buvons Son sang ou bien nous n’avons pas la vie en nous. Le rejet de l’Hésychasme est la source de toute hérésie.

Pourquoi jeûnons-nous ? Nous jeûnons pour que nous puissions vivre comme un homme qui meurt – et, qu’en mourant, nous naissons à la vie éternelle.

Fr. Stephen Freeman

Source : http://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2015/11/12/why-we-fast-4/