Les fondements de la vie spirituelle d’après Saint Ignace Brianchaninov (3)

Quelle est la signification de la foi en Christ ?

Voici ce qu’écrit saint Ignace à ce sujet : Le début de la conversion au Christ consiste à connaître sa propre nature pécheresse et déchue. Grâce à cette vision de soi, une personne reconnaît son besoin d’un Rédempteur et s’approche du Christ par l’humilité, la foi et la repentance. Celui qui ne reconnaît pas son état de pécheur, sa chute et qu’il est péril (de perdre la vie éternelle) ne peut pas accepter le Christ ou croire en Lui ; il ne peut pas être chrétien. De quelle utilité est le Christ pour celui qui se considère lui-même comme étant sage et vertueux, qui est satisfait de lui-même et se considère digne de toutes les récompenses terrestres et célestes ? A travers ces mots, on attire la réflexion sur le fait que la conscience de son propre état de pécheur et la repentance qui en découle sont les premières conditions pour recevoir le Christ, c’est-à-dire que la foi que le Christ est venu, a souffert et est ressuscité est le début de la conversion au Christ, car les démons aussi croient et tremblent (Jac 2:19), et de la connaissance de son propre état de pécheur découle la vraie foi en Lui. La pensée du saint hiérarque montre la première et principale attitude de la vie spirituelle, qui échappe si souvent à l’attention des fidèles et montre la véritable profondeur de sa compréhension orthodoxe. Le chrétien, en l’occurrence, n’est pas du tout celui qui croit selon la tradition ou qui est convaincu de l’existence de Dieu par une forme quelconque d’évidence, et, bien sûr, le chrétien n’est pas du tout celui qui va à l’église et se sent « plus haut que tous les pécheurs, les athées et les non-chrétiens ». Non, le chrétien est celui qui voit sa propre impureté spirituelle et morale, sa propre nature pécheresse, il voit qu’il périt, il en souffre, et donc il est intérieurement libre de recevoir le Sauveur et la vraie foi en Christ. C’est pourquoi, par exemple, Saint Justin le Philosophe a écrit : « Il est le Logos auquel participe tout le genre humain. Ceux qui vivent selon le Logos sont chrétiens par essence, bien qu’ils puissent être sans Dieu : tels étaient Socrate et Héraclite, et d’autres parmi les Hellènes.… De même ceux qui vivaient avant nous en opposition au Logos étaient déshonorants, antagonistes au Christ… tandis que ceux qui ont vécu et vivent encore selon Lui sont des chrétiens par essence. » C’est pourquoi tant de peuples païens ont si facilement accepté le christianisme. Au contraire, quiconque se considère comme juste et sage, qui voit ses propres bonnes actions, ne peut pas être chrétien et ne l’est pas, quelle que soit sa position dans la structure administrative et hiérarchique de l’Église. Saint Ignace cite le fait éloquent de la vie terrestre du Sauveur qu’il a été reçu avec un repentir plein de larmes par de simples juifs qui ont admis leurs péchés, mais a été rejeté avec haine et condamné à une mort terrible par l’élite juive « intelligente », « vertueuse » et respectable. — les grands prêtres, les pharisiens (exécuteurs zélés des coutumes, des règles de l’Église, etc.) et les scribes (théologiens). Ce ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de médecin, mais ceux qui sont malades (Mt 9, 12), dit le Seigneur. Seuls ceux qui voient la maladie de leur âme et savent qu’elle ne peut être guérie par leurs propres efforts arrivent sur le chemin de la guérison et du salut, parce qu’ils sont capables de se tourner vers le vrai Médecin qui a souffert pour eux : le Christ. En dehors de cet état, appelé « se connaître soi-même» par les Pères, la vie spirituelle normale est impossible. « Tout l’édifice du salut est bâti sur la connaissance et la conscience de notre infirmité », écrit saint Ignace. Il cite à plusieurs reprises les paroles remarquables de saint Pierre de Damas : « Le début de l’illumination de l’âme et la marque de sa santé, c’est quand l’esprit commence à voir ses propres péchés, aussi nombreux que le sable de la mer ». Par conséquent, Saint Ignace affirme encore et avec insistance: L’humilité et la repentance qui en découle sont les seules conditions sous lesquelles le Christ est reçu ! L’humilité et la repentance sont le seul prix par lequel la connaissance de Christ est achetée ! L’humilité et la repentance constituent la seule condition morale à partir de laquelle on peut s’approcher du Christ, se laisser prendre par Lui ! L’humilité et la repentance sont le seul sacrifice qui donne du mérite et que Dieu accepte de l’homme déchu (cf. Ps 50, 18-19). Le Seigneur rejette ceux qui sont infectés par l’orgueil, qui ont une opinion erronée d’eux-mêmes, qui considèrent que la repentance est superflue pour eux, qui s’excluent de la liste des pécheurs. Ils ne peuvent pas être chrétiens.

(A suivre)

Source:https://pravoslavie.ru/53476.html