Ascension de Notre Seigneur Jésus Christ

Fête de l’Ascension

Lectures bibliques : Luc 24/36-53 Actes 1/1-12

À partir de l’Ascension, nous cessons de chanter à tous les offices les chants de Pâques. Cependant, la fête de l’Ascension ne marque pas la fin du temps pascal qui sont les 50 jours qui suivent la fête de Pâques qui s’achèvent avec le dimanche de la Pentecôte, ou plutôt avec les huit jours de l’après fête de la Pentecôte, qui ne forment avec le dimanche qu’un seul jour. Si notre Seigneur a voulu que Sa résurrection ne soit pas immédiatement suivie de Sa montée au ciel et de l’envoi du Saint-Esprit, c’est pour mieux convaincre les apôtres de sa résurrection et les habituer à sa condition nouvelle de Ressuscité. Selon une expression chère à saint Irénée de Lyon, le Seigneur ressuscité veut, en quelque sorte, nous habituer nous aussi, progressivement, à Sa condition de Ressuscité. Monté aux cieux, il est désormais « assis à la droite du Père ». Cela signifie qu’en sa nature humaine elle-même le Christ est revêtu de toute la gloire, de toute la puissance divine, de toute l’autorité du Seigneur du ciel et de la terre, qui lui sont communiquées par son Père. La nature humaine du Christ est glorifiée, elle est remplie de ce rayonnement de la nature divine, de la gloire de Dieu, que le Fils unique, en sa nature divine, recevait de son Père de toute éternité, avant la création du monde, et qui, maintenant, transfigure sa nature humaine elle-même, qui de ce fait n’est plus passible et mortelle, mais véritablement divinisée. Saint Paul déclare que nous sommes, par le baptême, morts au péché et ressuscités avec le Christ, et que Dieu nous a fait asseoir avec Lui dans les cieux : « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés ! – avec Lui Il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux, dans le Christ Jésus » (Éphésiens 2, 4-6). Le Christ a assumé tous les hommes, quiconque revêtu de la nature humaine, et c’est ainsi qu’au jour de son Ascension, c’est toute la nature humaine, qui, en lui, se trouve potentiellement, mais déjà réellement, assise dans les cieux. C’est pour cela que le Christ a pu dire en toute vérité : « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites. » (Matthieu 25,40). C’est pour cela que, si notre foi est vive, nous voyons le Christ en tout homme, juste ou pêcheur. Par le baptême, la chrismation, l’eucharistie, par toute notre vie chrétienne, par toute notre vie dans la foi, nous actualisons cette potentialité, nous faisons que cette cession aux cieux, dans le Christ, à la droite du Père, deviennent pour nous quelque chose de plus en plus réel, de plus en plus effectif. Si nous pratiquons vraiment la charité évangélique, si nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, si nous donnons à ceux qui ne peuvent nous rendre, si notre amour et notre bienveillance affective et effective s’étend aux plus déshérités, aux pauvres, aux malades, aux isolés, aux handicapés de toutes sortes, cela ne vient pas seulement de nous : c’est que la grâce de notre baptême est active en nous et y fructifie, c’est que, véritablement, le Christ vit en nous par son Esprit divin, qui agit avec nous et en nous, comme le feu qui pénètre et transfigure le fer rouge. Si tout cela est devenu pour nous une source de joie, si nous y goûtons une divine saveur, c’est que selon l’expression de l’Écriture, nous trouvons nos délices dans le Seigneur (cf. Psaume 36,4 et 11), et non plus dans les joies et plaisirs terrestres. La vie céleste n’est pas autre chose que cette communion à l’amour qui est Dieu, à l’amour miséricordieux qu’est la nature même de Dieu, de chacune des personnes divines, et donc du Christ ressuscité. C’est cela qui doit remplir notre cœur d’une paix et d’une joie qui ne sont pas de ce monde, et d’un saint émerveillement devant les grandes œuvres de Dieu, devant tout ce qu’Il a accompli pour nous. Que cette fête de l’Ascension nous rende plus conscients de ce que notre vie doit être une vie céleste, de ce que nous devons goûter, apprécier, aimer plus que tout autre chose cette vie divine, cette vie d’amour universel sans retour sur nous-mêmes, à laquelle nous sommes appelés et qui nous rend semblables à notre Père céleste.

D’après l’archimandrite p. Deseille, La Couronne bénie de l’Année chrétienne, vol.2, pages 203-210 * * *

Un peu d’histoire Sur l’Ascension du Christ, par St. Jean Chrysostome

Ce texte est la seule homélie authentique de saint Jean Chrysostome à la fête de l’Ascension qui nous soit parvenue. Il est remarquable en ce qu’il marque l’un des premiers records de l’Ascension célébré quarante jours après Paques. Saint-Jean a prononcé l’homélie dans le martyrium commun situé à l’extérieur des murs d’Antioche, près de la porte romane menant à la banlieue de Daphné, en face de la ville, au nord-est, sur la rive de l’Oronte. Sur ce site se trouvaient les tombes de nombreux martyrs, ainsi que les restes des évêques ariens enterrés au moment où les Ariens contrôlaient l’église d’Antioche. Ce martyrium commun était le plus célèbre de tous la martyrium d’Antioche, qui, selon Saint-Jean, entourait la capitale syrienne comme un mur protecteur.

1 Au début de cette homélie, nous apprenons que le martyrium commun avait récemment été réaménagé et rénové. Il y a également des indications dans le texte que l’homélie de saint Jean a marqué l’inauguration du martyrium commun après une période tumultueuse d’hérésie et de schisme à Antioche. St. Jean a expliqué à ses auditeurs les raisons pour lesquelles le travail avait été accompli, ainsi que la nouvelle disposition du site; et il a souligné que le projet avait été entrepris sous la direction de Flavian, évêque d’Antioche, qui était présent à la cérémonie. Si le clergé servait au martyrium depuis la rénovation du site, il est peu probable que Chrysostome se soit donné la peine d’élucider une situation qui aurait été connue des fidèles. L’homélie peut être datée des années 386-387, période pendant laquelle Saint-Jean était prêtre à Antioche. En l’absence d’indications internes solides, il est impossible de dater plus précisément le texte.

2 Après avoir souligné l’importance du martyrium et de sa récente rénovation, Saint-Jean a attiré l’attention de ses auditeurs vers la fête actuelle, exposant en profondeur le rôle notre Seigneur Jésus-Christ en tant que médiateur entre Dieu et l’homme. Le Christ, dit-il, se tenait entre Dieu et l’homme, puisque l’homme s’était placé en inimitié avec Dieu et était devenu l’adversaire de Dieu. « Et comment est-ce qu’Il [Christ] s’est placé entre les deux? » Demande Chrysostome. « Il a pris sur lui la punition qui nous était due par le Père, et lui-même a également enduré les insultes et les reproches que nous avons faits contre Dieu. » Saint Jean illumine alors la place de l’Ascension du Christ dans la doctrine orthodoxe de la rédemption. Le Christ, ayant réconcilié Dieu et l’homme par sa vie, sa mort et sa résurrection, monte maintenant au ciel dans son corps spirituel ressuscité. Étant lui-même les premiers fruits de la résurrection générale, il offre ces premiers fruits à son Père céleste. De cette façon, dit saint Jean Chrysostome, Il a amené toute notre nature humaine au ciel et l’a assise à la droite du Père. En présentant cet enseignement, saint Jean offre des réflexions inspirantes sur la façon dont les pouvoirs célestes ont vu se dérouler l’œuvre de rédemption du Christ. Avant la venue du Christ, les anges étaient affligés par la pitoyable condition déchue de l’homme, qui le séparait de Dieu. Grande était donc leur joie lorsque Dieu est devenu homme afin de réunir ce qui avait été scindé auparavant. Alors que le Seigneur, après avoir accompli toutes choses sur la terre selon la volonté divine, est monté au ciel, deux anges étaient présents pour consoler les apôtres, ainsi que pour leur expliquer ce qu’ils voyaient. Ce même Jésus, les saints anges ont dit: Celui qui vous est enlevé au ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel (Actes 1:10). C’est avec cette pensée – le retour de notre Seigneur Jésus-Christ – que Chrysostome conclut son homélie, encourageant les fidèles rassemblés à se réveiller de la torpeur spirituelle et à « regarder vers le retour du Seigneur ». —

Abbé Damascène

Notes

1 Le martyrium commun doit être distingué du grand cimetière, qui était également situé à l’extérieur de la ville, et était le lieu où saint Jean Chrysostome a prononcé son homélie « Sur le mot cimetière et sur la croix « le grand vendredi 392. Saint Jean commence l’homélie actuelle, à l’Ascension, par une référence au service du Vendredi Saint: « Lorsque nous avons célébré le souvenir de la Croix, nous avons observé la fête à l’extérieur de la ville. »

2 Comme mentionné dans la note ci-dessus, l’homélie du Grand Vendredi de saint Jean « Sur le mot » cimetière « et la croix » date de l’année 392. Bien que l’homélie actuelle commence par une référence au service du Vendredi Saint qui a eu lieu plus tôt cette année-là au Grand Cimetière à l’intérieur de la ville, il est impossible de savoir avec certitude si les deux homélies ont été prononcées au cours de la même année. La célébration du Grand Vendredi au Grand Cimetière était pratiquée chaque année, conformément à la coutume décrite dans l’homélie elle-même. L’homélie de saint Jean sur l’Ascension, d’autre part, a apparemment marqué la première célébration de cette fête au martyrium commun.

Publié par l’Eglise Orthodoxe à l’Ile Maurice

Le dimanche de l’aveugle-né

 

Avec cet évangile de l’aveugle-né se poursuit la série de catéchèse sur le don du Saint-Esprit, sur la foi et le baptême, que la liturgie nous procure depuis le dimanche de Pâques, au moyen des lectures de l’évangile de saint Jean. La guérison de l’aveugle-né, comme toutes les guérisons et résurrections accomplies par le Seigneur durant sa vie terrestre, était un signe comme un geste prophétique. Les Pères de l’Église ont toujours vu dans les guérisons d’aveugles, opérées par le Seigneur durant sa vie terrestre, une figure et une annonce de la guérison spirituelle, d’une nouvelle faculté de voir, d’un regard nouveau, qui est celui de la foi, que le Seigneur nous accorde par la grâce de l’Esprit Saint. Celle-ci nous est donnée en lien avec le baptême. La piscine de Siloé était une figure de la piscine baptismale. En même temps, le Seigneur manifeste clairement, dans cet épisode évangélique, que c’est Lui qui, à travers l’ordre qu’il donne à l’aveugle de se laver à la piscine de Siloé, le guérit. C’est le Seigneur lui-même qui le guérit, c’est sa vertu de guérison spirituelle qui se manifeste à travers cette eau. Pour être baptisé, il faut déjà avoir la foi, mais le baptême la fortifie. On ne peut pas accéder au baptême si on n’a pas déjà cru à la prédication des apôtres, au témoignage des apôtres tel qu’il nous est transmis par l’Église. C’est en entendant le message les apôtres que nous pouvons y adhérer et croire, avec l’aide de la grâce intérieure de l’Esprit Saint. Par la guérison de cet aveugle, le Seigneur nous annonce que la grâce de l’Esprit Saint, que ses disciples recevront au baptême, est une grâce qui ouvre en nous un regard nouveau. C’est une grâce qui nous donne en quelque sorte une faculté nouvelle, qui nous permet non pas de comprendre rationnellement, intellectuellement, les mystères de la foi, mais qui nous persuade intérieurement de la vérité de cette parole transmise par l’Église, qui nous en donne l’intelligence profonde, qui nous la fait voir, d’une certaine manière. C’est vraiment un regard nouveau qui s’ouvre dans notre cœur et qui nous fait percevoir les réalités de la foi avec une chaleur, une immédiateté comparable à celle avec laquelle notre vue sensible perçoit les choses qui nous entourent. C’est tout autre chose que de connaître seulement une vérité à travers des idées, des concepts. Si nous laissons la grâce du Saint Esprit se développer en nous, si nous y consentons et y coopérons véritablement, elle nous fera acquérir un sens intime de toutes les vérités du christianisme. Elles deviennent pour nous autre chose que des mots et des phrases. Elles éveillent vraiment un écho profond dans notre cœur. C’est cela, cette foi qui voit. Dans un passage des discours ascétiques, Saint Isaac le Syrien (7ème siècle) précise que la condition essentielle pour que nous passions de la foi qui entend à la foi qui voit, pour que se développe ainsi en nous ce sens intime des vérités de la foi, c’est que nous progressions dans toute notre vie spirituelle. Il insiste particulièrement sur le repentir. C’est dans la mesure où nous vivons vraiment dans ce repentir profond de nos fautes, dans la conscience vive dans notre pauvreté spirituelle devant le Seigneur, que notre foi peut vraiment pleinement s’éveiller en nous. Saint Silouane, lui, nous dit que l’humilité est l’œil par lequel nous pouvons voir la lumière divine. L’humilité, c’est d’être toujours conscient et persuadé que tout vient de la grâce de Dieu.

* * * On entend souvent : « La vie est courte, il faut profiter ! » Et que penser de ceci : « L’éternité est longue, il faut s’y préparer ! » 

Source: texte proposé par l’Eglise Orthodoxe de l’Ile Maurice

Le Dieu inutile

Source:https://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2020/05/04/the-useless-god/

Ce texte est une version révisée d’un entretien ayant eu lieu lors d’une retraite plus tôt cette année. Pendant cette période de diverses mesures de quarantaine, lorsque notre «utilité» semble contrariée, cela semble une méditation importante. Je prie pour que ce soit inutilement utile!

L’affirmation, «Dieu est inutile», va, sans aucun doute, surprendre celui qui l’entend et qui va la considérer comme une insulte, et non pas une déclaration d’un chrétien croyant fidèle (encore moins venant d’un prêtre). Cette réaction dit beaucoup sur ce que nous ressentons à propos du mot «inutile» plutôt que sur ce que nous ressentons pour Dieu. Dans le langage américain actuel, «inutile» est surtout un terme péjoratif. Qui voudrait être considéré comme inutile?

Considérez cet extrait d’une lettre de l’auteur et dramaturge Oscar Wilde:

Une œuvre d’art est inutile comme une fleur est inutile. Une fleur s’épanouit pour sa propre joie. Nous gagnons un moment de joie en la regardant. C’est tout ce que l’on peut dire de nos relations avec les fleurs. Bien sûr, l’homme peut vendre la fleur et la rendre ainsi utile, mais cela n’a rien à voir avec la fleur. Cela ne fait pas partie de son essence. C’est accidentel. C’est une mauvaise utilisation. Tout cela, je le crains est très obscur. Mais le sujet est long.

Que l’absence d’utilité soit un terme injurieux en dit long sur notre époque. Stressés, anxieux, malades avec des vies fatiguantes nous nous trouvons obligés de justifier nos loisirs. Je «charge mes batteries», disons-nous, en donnant au travail la priorité ultime. Nous ne nous reposons que pour travailler plus dur.

Il y a beaucoup de choses inutiles qui marquent nos vies: la beauté, le repos, la joie. En effet, il semblerait que bon nombre des choses que nous apprécions le plus soient, pour la plupart, tout à fait inutiles. Qu’est-ce que l’on entend par utile?

La chose (ou la personne) utile tire sa valeur d’autre chose que d’elle-même. C’est un outil. J’apprécie l’outil car il me permet de faire autre chose. Dans de nombreux cas, lorsque l’utilité de l’outil a expiré, il est simplement jeté. Dans une société du jetable, nous nous noyons lentement dans une mer d’obsolescence, entourés de choses dont nous n’avons plus besoin.

Voici un extrait d’un article de la revue National Geographic:

Imaginez 15 sacs d’épicerie remplis de déchets en plastique empilés sur chaque mètre de rivage du monde. C’est la quantité de déchets plastiques terrestres qui se sont retrouvés dans les océans du monde en un an seulement. Le monde génère au moins 3,5 millions de tonnes de plastique et autres déchets solides par jour…. Les États-Unis sont les rois des déchets, produisant 250 millions de tonnes de produits par an, soit environ 4,4 livres ( environ 2kg) de déchets par personne et par jour.

Notre mer de déchets témoigne de l’éthique de l’utilité.

« Tu veux seulement m’utiliser. » Cette déclaration, sur les lèvres d’un amant ou d’un ami, est un acte d’accusation effrayant. Nous voulons être aimés pour nous-mêmes, pas pour ce que nous pouvons faire, encore moins comme but pour autre chose. Nous voulons être aimés comme des êtres inutiles.

Il convient de noter que parmi les premiers commandements de Dieu, il y a celui de l’inutilité:

Tu travailleras six jours et tu feras tout ton travail, mais le septième jour est un sabbat pour l’Éternel, ton Dieu. Vous n’y ferez aucun travail, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni votre bétail, ni le voyageur qui se trouve chez vous. Car en six jours l’Éternel a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et Il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Le seul jour sur sept décrit comme «saint» est le jour où il nous est ordonné d’être inutiles (non productifs). En termes chrétiens, cela fait partie de l’œuvre de Dieu en nous de nous faire ressembler à Lui – nous formant et nous façonnant à l’image du Christ.

L’utilité – le profit – est une valeur forte dans le monde de la modernité – cette agglutination philosophique et culturelle qui a vu le jour il y a un peu plus de 200 ans. Inventer de meilleures charrues et batteuses, trouver des moyens de rendre tout plus rapide, moins cher et «meilleur», en effet, faire des choses dont personne n’avait jamais rêvé, est une excellente façon de faire croître une économie. Si vous l’associez au commerce mondial, le niveau de vie augmente et certaines personnes deviennent assez riches.


Le génie de la modernité ne consiste pas dans son amour pour la technologie, ni même pour ce que la technologie peut faire. La modernité est devenue super-compétente en technologie simplement parce qu’elle a appris à la rentabiliser. Nous ne fabriquons pas de meilleurs téléphones parce que nous avons besoin de meilleurs téléphones: nous les fabriquons pour pouvoir les vendre. Une grande partie de la recherche médicale consiste à trouver des moyens d’étendre les brevets plutôt que de guérir les maladies. La modernité n’est pas l’âge de la technologie: la modernité est l’âge du profit.

Si vous vous impliquez dans ce genre de choses pendant un bon nombre de décennies et que vous l’associez à des idées en vogue sur l’individualité et la liberté des hommes, vous pouvez, avant longtemps, commencer à penser que vous formez de meilleurs humains avec de meilleurs engins, batteuses et iPhones. Bien sûr, de nombreux humains vivent des moments difficiles car ils éprouvent un sentiment d’inutilité tenace qui ne semble pas disparaître.

L’inutilité liée au jour du sabbat avait une signification beaucoup plus profonde ainsi qu’une application de plus grande portée. Le jour du sabbat lui-même n’était qu’un signe de tout un mode de vie. Étrangement, l’inutilité était profondément liée à la question de la justice et, en quelque sorte, devient le fondement de la compréhension du Royaume de Dieu lui-même.

Le jour du sabbat de l’ancien Israël n’était qu’une petite partie d’une compréhension plus large du temps et de l’intendance de la création. Un jour de la semaine était réservé et aucun travail n’était à faire. Une année sur sept devait également être réservée, et aucun travail dans les champs ne devait être effectué pendant toute l’année – la terre devait rester en jachère – non labourée. Après sept cycles de sept ans, une cinquantième année devait être réservée.

Chaque septième année, non seulement la terre était en jachère, mais toutes les dettes (à l’exception de celles des étrangers) devaient être annulées. Au cours de la cinquantième année, ces mêmes choses s’appliquent, mais la terre revient à sa fonction d’origine. Cette cinquantième année commence avec le Jour des Expiations et était connue comme «l’Année du Jubilé».

Dans la prédication des prophètes, en particulier d’Isaïe, cette image de la gestion des dettes et de la terre reçoit une interprétation cosmique en plus de sa place dans le cycle annuel d’Israël. L’année jubilaire devient «l’année acceptable du Seigneur», prémisse d’un jour à venir où toute la création sera libérée – un jubilé à venir pour tout le monde et toute chose.

Lorsque Jésus se lève pour lire les Écritures dans la synagogue de Nazareth, il lit le livre d’Isaïe. C’est le passage qui parle de cet acte cosmique à venir de remise et de liberté:

Et il est venu à Nazareth, où il avait été élevé. Et selon sa coutume, il est allé à la synagogue le jour du sabbat, et il s’est levé pour lire. Et le rouleau du prophète Isaïe lui a été donné. Il a déroulé le rouleau et a trouvé l’endroit où il était écrit: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer la liberté aux captifs et retrouver la vue
aux aveugles, libérer ceux qui sont opprimés, et pour publier une année de grâce du Seigneur. Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur, et s’assit. Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie. (Luc 4: 16-21).

Ce passage d’Isaïe est choisi par Christ pour décrire ce qu’il est sur le point de faire. Il va prêcher en disant: « Le Royaume de Dieu est proche. » Cette Écriture décrit à quoi cela ressemble. Les pauvres entendent de bonnes nouvelles, les captifs sont libérés; les aveugles reçoivent leur vue; les opprimés ont la liberté – il y a une libération qui se produit jour après jour dans Son ministère. En effet, ce n’est pas pour rien qu’il semble préférer le jour du sabbat à tous les autres pour faire ce travail. Il révèle le vrai sens et le véritable but du sabbat.

Et cela me ramènera à l’inutilité.

Aujourd’hui, nous considérerions les terres en jachère pendant un an comme un substitut primitif à la «rotation des cultures», un moyen utile de promouvoir une agriculture responsable. Ce n’est pas son véritable objectif. C’est une interruption délibérée du cycle de productivité et la maximisation du profit. Il dit: «Non. Il y a quelque chose de plus important.»

La Loi dans l’ancien Israël n’était pas une pratique inconnue au Moyen-Orient. D’autres royaumes de la région pratiquaient une remise de dettes occasionnelle, principalement pour garantir la position d’un souverain. Israël semble être le premier cas où le pardon de la dette et la pratique du repos sabbatique – pour les personnes, la terre et les animaux, ont été inscrites dans le tissu même de la vie sociale et ont reçu le sceau divin. Et, même pendant les années non sabbatiques, il y avait une interdiction de récolter en entier les champs. Une portion devait être laissée pour que les pauvres puissent «glaner» les champs pour leurs besoins. L’ efficacité maximale était interdite. Ce mode de vie n’était pas un effort pour consolider le pouvoir terrestre, mais pour diminuer son arbitraire en accord avec une compréhension fondamentale du but de l’existence humaine
Il n’y avait rien de nouveau dans l’attitude du Christ envers les pauvres et les opprimés. Ce qui était nouveau, c’était sa volonté de l
a mettre en pratique sans dureté et d’étendre son principe à tout et à tous.

Il a employé la notion de dette et de son abolition (avec des exemples extrêmes) dans son enseignement sur le Royaume de Dieu lui-même. Ce que nous apprenons, c’est que cette loi de l’inutilité – le refus de maximiser notre propre puissance et efficacité – va au cœur même de ce que signifie exister à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Bien sûr, l’enseignement du Christ a été obscurci à de nombreuses reprises et en de nombreux endroits. Ceux qui veulent le pouvoir et la richesse trouvent cela terriblement gênant. Le Christ a interdit l’usure – l’imposition d’intérêts sur les dettes. Cela faisait en fait partie du droit byzantin et du droit romain occidental pendant un certain temps. Il y avait des moyens de contourner cela (laissez les Juifs prêter de l’argent à intérêt, car ils n’étaient pas sous la loi chrétienne – et vous pourrez ensuite les attaquer en tant que «amoureux de l’argent» afin qu’ils puissent être tués et leurs biens saisis) .

Par la suite, l’enseignement du Christ devait recevoir une interprétation plus pratique: «usure» signifiait un intérêt «exorbitant» sur la dette – et c’est la base de nos lois actuelles sur la dette. Curieusement, l’intérêt le plus élevé autorisé dans notre économie ( aux USA ) concerne les cartes de crédit renouvelable et le crédit à la consommation – qui pèsent principalement sur les pauvres – ceux qui  ont le moins de moyens. Les taux d’intérêt les moins chers vont aux plus gros emprunteurs. Peu de choses ont changé au cours des millénaires. L’argent est très utile, et les intérêts payés par les pauvres le sont aussi. Y compris les intérêts payés sur les prêts étudiants.

L’évolution et la montée de la conscience moderne pourraient être mesurées par la montée et la domination de l’utilitarisme (la philosophie de l’utilité). L’utilité a été élevée au niveau d’ une vertu religieuse. Le monde moderne n’était pas le résultat de l’intentionnalité de quelqu’un – c’était (et est) un accident – les conséquences inattendues de beaucoup de choses – dont la moindre n’était pas la Réforme protestante et le démantèlement qu’elle a entraînée du consensus médiéval de l’Europe occidentale.

En Angleterre, par exemple, avec l’abolition du catholicisme romain, un nouveau mode de vie a commencé à se développer. Il y avait environ 50 jours par an sur le calendrier médiéval marqués par des jours de fête ( fêtes religieuses ou autres), plutôt que de travail normal.  Cinquante jours de célébration inutile (en plus des 52 dimanches de l’année) à la gloire de Dieu. Ces jours ont disparu pour la plupart. Lorsque Max Weber a écrit sur «l’éthique du travail protestant» et a vanté la productivité supérieure de l’Europe du Nord protestante sur l’Europe du Sud catholique paresseuse, il a oublié de noter que sept semaines de jours ouvrables ont été ajoutées au calendrier protestant. Il est facile d’être plus productif lorsque le travail ne s’arrête jamais.

L’éthique du travail est devenue une éthique culturelle (partout dans le monde). Nous prenons des vacances, assez souvent, pour pouvoir revenir en tant que meilleurs travailleurs. Trop peu de choses sont faites pour elles-mêmes. Pourquoi Dieu a-t-il mis de côté autant de temps pour l’inutilité? Apparemment, lorsque la vie devient motivée par l’utilité, nous négligeons et ignorons les choses qui ont le plus de valeur et qui sont trop facilement jugées inutiles.

Le prophète Amos a fait cette observation:

Écoutez ceci, vous qui dévorez l’indigent, Et qui ruinez les malheureux du pays!
Vous dites: Quand la nouvelle lune sera-t-elle passée, Afin que nous vendions du blé? Quand finira le sabbat, afin que nous ouvrions les greniers? Nous diminuerons l’épha, nous augmenterons le prix, Nous falsifierons les balances pour tromper; Puis nous achèterons les misérables pour de l’argent, Et le pauvre pour une paire de souliers, Et nous vendrons la criblure du froment.
(Amos 8: 4-6).

Il semble que très peu de choses aient changé depuis. Nous ne parvenons pas à honorer le Dieu inutile et, ce faisant, nous avons oublié comment et pourquoi nous vivons.

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Dimanche du Paralytique

Dans ce temps de Pâques, nous avons lu deux récits évangéliques insistant sur le témoignage porté par les apôtres à la résurrection du Christ. Aujourd’hui nous commençons une autre série de lectures des Évangiles qui a un caractère un peu différent en ce qu’elle insiste particulièrement sur le mystère de l’eau, sur le sens symbolique de l’eau, en nous rappelant que ce temps pascal est le temps qui fait suite au baptême administré à Pâques. Donc pour nous ce temps pascal est comme un mémorial de notre propre baptême par lequel nous avons été initiés à la vie dans le Christ, par lequel nous avons été plongés dans la mort du Christ et sommes ressuscités avec lui. Aujourd’hui c’est le récit de la guérison du paralytique qui gisait auprès de la piscine des brebis que nous avons entendu. Cet Évangile, ainsi que ceux des dimanches qui vont venir, peut nous faire mieux comprendre la transformation que le baptême a opérée en nous, et les divers aspects de notre résurrection spirituelle dans le Christ. Mais il fait en même temps beaucoup plus : il réactualise en notre faveur la grâce de notre propre baptême, il guérit ce qui nous reste de notre antique infirmité. Ce texte raconte d’abord une guérison accomplie par le Christ durant sa vie terrestre. C’est une guérison physique, réelle, mais qui en même temps est un signe. Saint Jean, quand il parle des miracles du Christ emploie avec prédilection le mot de signe. Cela signifie que parce que le Christ était le Logos, le fils de Dieu, tous les actes terrestres qu’il accomplissait transcendaient le temps, de telle sorte que, lorsque nous en lisons le récit avec foi pendant la liturgie ou même en privé, ces actes du Christ redeviennent actuels pour nous, nous concernent personnellement. L’Évangile ne raconte pas simplement un épisode du passé, mais nous révèle ce qui devrait s’accomplir à travers le temps, tous les jours, dans l’Église pour chacun d’entre nous. Aujourd’hui donc, avec le récit de la guérison du paralytique nous comprenons que cet homme était comme un mort-vivant qui gisait au bord de la piscine, et que le Christ, le guérissant, en un sens le ressuscite. Il le ressuscite en lui rendant le mouvement. Cela signifie que par le baptême, le Christ éveille en nous une nouvelle manière de bouger. C’est ça la vie nouvelle. Nous étions spirituellement des paralysés, et voilà que nous recevons une vie nouvelle qui nous rend le mouvement, qui suscite un élan nouveau dans nos membres eux-mêmes, dans notre corps lui-même. Par le baptême, le Christ rend ainsi le mouvement à nos membres, et même à nos membres physiques. Et c’est déjà comme un avant-goût, comme une annonce de notre résurrection future. Par le baptême c’est un mouvement nouveau qui nous est donné et notre corps lui-même, par nos gestes, par nos expressions, doit exprimer qu’il a reçu cette vie nouvelle. Ce mouvement nouveau qui est ressuscité dans nos membres par le don de l’Esprit Saint, se traduit d’abord par une participation de tout notre corps, de tout notre être, à la louange divine, à la prière, dans la liturgie et dans la prière privée. Exprimer notre louange, notre prière, uniquement par la parole, ce n’est pas suffisant. Il faut que notre corps y soit associé, pour que ce soit notre être entier qui participe, que ce soit quelque chose qui met en œuvre notre cœur, notre sensibilité spirituelle profonde, non pas seulement notre cerveau, notre intelligence. Le signe de la croix, les métanies grandes ou petites, permettent à notre prière de ne pas être quelque chose de cérébral seulement, mais de procéder vraiment de notre cœur, de tout notre être rassemblé. Car le Saint-Esprit réunit notre être, assouplit notre paralysie spirituelle ; il nous fait descendre au niveau du cœur. Nos gestes, nos métanies, nos signes de croix deviennent alors spontanés, libres, nous permettant d’exprimer avec tout notre être ce qui procède de notre cœur. Car c’est le langage du cœur, et ces gestes expriment en réalité la transfiguration de nos corps par la grâce de l’Esprit saint. Si nous nous prosternons, si nous faisons des métanies, si nous nous signons fréquemment, si nous nous inclinons profondément, tout cela est une manière d’exprimer notre adoration, notre humilité, et de les vivre sous la motion la plus intime du SaintEsprit. Et si nous nous tenons debout, comme il convient de le faire le dimanche pendant le temps pascal, c’est parce que nous sommes ressuscités avec le Christ. Cette position debout exprime admirablement notre condition de ressuscités, notre attitude filiale envers le Père céleste. Et lorsque nous nous asseyons, cela ne doit pas être simplement parce que nous sommes fatigués ; nous devons savoir aussi, autant que possible que c’est d’abord la position de l’écoute, celle de Marie, la sœur de Lazare, aux pieds de Jésus. Alors, laissons retentir en nous le message que nous adresse ce récit de l’Évangile, cessons d’être des paralytiques spirituels, et comprenons combien, non seulement dans la liturgie, mais dans toute notre vie courante, par nos corps et par tous nos mouvements, toutes nos allées et venues, tous nos gestes, nous devons traduire cette vie nouvelle que l’Esprit saint a répandue non seulement dans nos cœurs, mais aussi dans nos membres et dans tout notre être.
 D’après L’Archimandrite Pl. Deseille, la couronne bénie de l’année chrétienne, vol. 2, pages 181187

Ce que la pandémie nous apprend : issu des conversations du Métropolite Athanase de Limassol (Chypre) avec les paroissiens

Source:https://orthodoxologie.blogspot.com/2020/04/ce-que-la-pandemie-nous-apprend.html

Issu des conversations du Métropolite Athanase de Limassol avec les paroissiens

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L’Église a sa propre façon de relever les défis

Nous ferons ce qui dépend de nous sur le plan humain et nous remercions les responsables, les scientifiques, les politiciens et le gouvernement, ceux qui nous expliquent comment nous comporter dans cette situation difficile. Sans ignorer la réalité objectivement difficile et en tant que peuple d’Église, nous avons certainement notre propre façon de nous aider à juger, évaluer et utiliser pour le bien les épreuves que nous rencontrons sur le chemin de la vie. C’est pourquoi nous devons faire preuve de prudence dans nos rapports avec cette épreuve, en observant toutes les mesures – sociales, scientifiques et autres – mais avant tout avec confiance en Dieu, en la Mère de Dieu et dans les saints de notre Église. L’Église nous enseigne toujours et nous appelle à prier dans les moments difficiles.

Seule la prière peut changer le cours des événements !

Cette situation critique peut être surmontée. Elle peut être surmontée par la prière. Nous devons beaucoup prier. Nous avons besoin de personnes qui, par la force de leur prière, peuvent renverser la situation mondiale, car en fin de compte, seule la prière peut changer le cours des événements. Toutes les autres mesures sont l’œuvre de mains humaines. Elles sont bonnes et utiles, mais la prière peut vraiment, en un instant, tout changer et dissiper cette épreuve, qui a d’ailleurs un côté positif, car elle nous apprend beaucoup de choses.

Que nous apprend la pandémie ?

Elle nous apprend notre faiblesse. Elle nous apprend la vanité des choses humaines. Elle nous apprend que tout ce que nous voyons autour de nous est transitoire. Nous devrions comprendre que notre principale aspiration devrait être le Royaume de Dieu. Comme le dit le Seigneur dans le Saint Évangile : Cherchez d’abord le Royaume de Dieu. Tout le reste vous sera donné par le Seigneur de gloire, le Christ. Le Royaume de Dieu – c’est ce dont nous avons vraiment besoin. C’est pourquoi l’Église nous appelle à l’ascèse de la prière [podvig de prière] issue de la repentance et de l’humilité.

Repentons-nous donc de nos péchés, des péchés du monde entier ! Offrons à Dieu la puissance de la prière, en vivant avec un cœur humble et repentant. Alors le Seigneur aura pitié et changera le cours de l’histoire.

Si nous prions, alors tout change. Si nous ne prions pas, alors nous marchons sur un chemin humain, dont on ne sait pas comment il sera et où il nous mènera.

Les églises sont ouvertes. Que ceux qui le veulent viennent !

Les églises [à Chypre] restent ouvertes. Les services divins n’y seront pas interrompus. Nos prêtres et nous sommes tous dans la position dans laquelle le Seigneur nous a placés. En tant que pasteurs de l’Église, nous offrons des prières, des offices et la Divine Eucharistie pour le monde entier. Que ceux qui le veulent viennent ! Ceux qui ressentent une difficulté, un manque de force ou autre chose, qu’ils agissent selon leur compréhension de la situation. Nous n’avons pas le droit de juger qui que ce soit. Nous prions pour le monde entier, pour tout « Adam », pour toute l’humanité.

Quelqu’un peut se demander : mais nous, ceux qui viennent à l’église, ne risquons-nous pas de tomber malades ? Nous tomberons malades et nous mourrons. Qui vous a dit que nous serons immortels dans ce monde ? Aviez-vous vraiment besoin du coronavirus pour savoir que nous allons mourir ? Avez-vous vraiment eu besoin du coronavirus pour savoir que nous allons tomber malade ?

Vous souvenez-vous de ce qu’ont dit les quarante martyrs de Sébaste ? Faisons le bien avec zèle ! Puisque nous allons mourir de toute façon, il vaut mieux mourir honnêtement avec nous-mêmes et en étant agréables à Dieu.

Ayons le souvenir de la mort, dont notre compatriote saint Néophyte le Reclus disait que la crainte de Dieu au souvenir de la mort est un bien plus élevé que tous les autres biens, car il nous rappelle que nous allons quitter ce monde vain et nous tenir devant le Seigneur.

Nous nous dirigeons tous vers Pâques

Que nous donne l’Église ? L’intrépidité : la victoire sur la peur de la mort. La mort biologique nous attend tous, sans exception, mais pas la mort spirituelle : Elle ne menace pas un homme qui croit en Dieu. « Celui qui croit en moi ne verra jamais la mort », dit le Seigneur (cf. Jn 8, 51). C’est-à-dire que celui qui croit en Dieu ne verra jamais la mort ; biologique – oui, spirituelle – non. Mais c’est ce qui nous fait peur : la mort spirituelle, notre séparation éternelle du Christ. Cela nous terrifie. Nous espérons que cela ne nous arrivera pas, car la mort biologique est temporaire, mais [la mort spirituelle] est une séparation éternelle !

Que nous soyons saints ou pécheurs, nous entrerons tous par les portes de la mort biologique. Quoi que nous soyons, nous nous dirigeons tous vers Pâques, vers la Résurrection du Christ, qui a piétiné la mort, dont nous entendons parler la nuit de Pâques. Que personne ne craigne la mort. Le Seigneur nous a délivrés de la peur de la mort par Sa mort. Il n’y a plus de mort, il y a la vie éternelle, le Christ, et le Royaume de Dieu dans les siècles des siècles.

C’est avec une telle foi que nous traverserons l’épreuve qui nous a été envoyée – sans panique, sans peur, sans pensées humaines. Nous irons en appelant à l’aide l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ.

L’amour de Dieu triomphe de la peur

Nous savons que notre vie dans ce monde a une « date d’expiration ». Mais nous savons aussi que la mort est une transition entre des choses vaines et des choses éternelles, vers le Royaume éternel de Dieu. La crise actuelle est un jugement sur notre foi, notre vie, nos pensées et la qualité de notre lien avec Dieu le Père.

L’Église reste un serviteur priant du Dieu vivant, indépendamment de tout calcul et de toute convoitise humaine. Elle donne l’espoir que Dieu est au-dessus de tout – non pas pour que nous négligions les efforts humains, mais pour que nous surmontions la peur de la mort. Elle est vaincue par l’Amour. L’amour parfait chasse la peur. Celui qui aime Dieu ne craint rien. Il n’est assombri par aucune épreuve dans ce monde, parce que l’Amour de Dieu vainc la peur et donne un sentiment de vie éternelle.

Sans la lumière du Christ, l’obscurité est insupportable

Dans notre métropole, dans la cathédrale et dans d’autres églises, l’onction sera servie tous les jeudis, soit avant soit après les Grandes Complies pour la guérison de l’âme et du corps. L’Église nous donne la médecine pour la vie éternelle. Avec les médicaments biologiques et chimiques fabriqués par l’homme, l’Église nous donne le saint sacrement de l’Onction, pour donner à nos âmes et à nos corps la force de passer à travers tout ce qui nous arrive – tant la vie que la mort – en maintenant notre paix intérieure.

La mort a été mise à mort par la mort du Christ, comme le disent les saints Pères de l’Église. Espérons en Christ. Faisons appel à la Très Sainte Génitrice de Dieu et aux saints Pères, et allons de l’avant avec foi et en toute sérénité. Ainsi, nous réconforterons nos frères. 

Pensez à quel désespoir, quelle peur, quelle insécurité, quelle crainte vit dans le cœur des personnes qui ne sont pas éclairées par la Lumière du Christ ! C’est une véritable tragédie – la vie sans Dieu ! C’est une vie tragique sans la Sainte Église ! L’homme ne peut pas vivre sans le Christ. Sans la lumière du Christ, l’obscurité est insupportable !

Par conséquent, tous ceux d’entre nous qui croient au Christ et invoquent Son Saint Nom apporteront l’espoir, la joie, la paix, le calme, la tranquillité et le courage au cœur de nos frères, en faisant appel à la Présence et à l’Amour de notre Seigneur Jésus-Christ pour les aider.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d’après

ORTHOCHRISTIAN