Voir Dieu

Par quoi commencer si on veut voir Dieu

L’archimandrite Aimilianos (+2019) dans une conférence intitulée «Sur l’état que Jésus confère» dit que le problème humain fondamental est que nous ne voyons pas Dieu. En fait, la plupart des gens ne peuvent pas voir Dieu, mais ne peuvent que le chercher. C’est parce que nos yeux (physiques et les yeux de nos âmes) sont terrestres, ils sont formés pour voir, penser et contempler uniquement les choses physiques et ce qui peut être déduit des choses physiquement perceptibles ou ce qui affecte directement la façon dont nous nous sentons, c’est-à-dire les réalités émotionnelles qui sont à l’œuvre en nous – bien que certaines personnes travaillent dur pour ignorer même cela.

Si cependant, nous voulons voir Dieu, par où commencer? L’archimandrite Aimilianos dit que nous devons commencer par ce que nous pouvons faire. Nous pouvons chercher; nous pouvons venir à Dieu par le désir. En d’autres termes, si vous voulez voir Dieu, vous devez avoir la volonté de voir Dieu. Je ne suis pas redondant. Il y a comme un manque, puis ce manque se confirme. Je peux vouloir devenir médecin, par exemple; mais si ma volonté de devenir médecin n’est pas plus forte que de jouer à des jeux vidéo, ou de sortir avec mes amis et si elle ne passe pas avant tout, je ne deviendrai jamais médecin. Il y a une forme de désir, et puis il y a vraiment un désir plus fort: vouloir tellement que c’est à peu près tout ce que je veux. Et donc nous pouvons dire que si vous voulez voir Dieu, vous devez vouloir voir Dieu plus que n’importe quoi d’autre.

Maintenant, je vais émettre une évidence ici, mais je devrais probablement préciser que le mot «voir» est une métaphore. L’archimandrite Aimilianos ne parle pas de vision physique, il ne parle pas non plus d’une sorte de vision intérieure ou de vision de l’âme dans notre imagination. Au contraire, en voyant Dieu, il se réfère à une connaissance et à une rencontre avec Dieu qui est si réelle que c’est comme voir. Il dit que l’on peut connaître et rencontrer Dieu avec une telle clarté et force que «voir» est le seul mot adéquat pour décrire l’expérience. Tout comme lorsque nous disons que nous savons que quelque chose est vrai, car nous l’avons vu nous-mêmes, nous l’avons testé, ressenti, essayé et expérimenté de nombreuses manières physiques, de même l’Archimandrite Aimilianos nous dit que nous pouvons rencontrer et expérimenter et connaître Dieu d’une manière qui implique tellement de certitude que cette connaissance de Dieu est plus réelle pour nous que la preuve de nos sens physiques. En fait, affirme-t-il, cette connaissance de Dieu est en effet plus réelle que le monde entier qui est perceptible à travers mes sens et ma logique, elle est plus réelle parce que le Dieu que nous pouvons connaître n’est pas seulement réel, mais Il est la source et le fondement de toute réalité. Tout ce qui est immédiatement perceptible par les sens physiques ou par la logique ou même le sentiment humain ne sont que des réalités contingentes, des réalités contingentes à l’Un, au Dieu imperceptible que nous pouvons néanmoins percevoir si nous Le cherchons. Continuer la lecture de Voir Dieu

Le Dieu inutile

Source:https://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2020/05/04/the-useless-god/

Ce texte est une version révisée d’un entretien ayant eu lieu lors d’une retraite plus tôt cette année. Pendant cette période de diverses mesures de quarantaine, lorsque notre «utilité» semble contrariée, cela semble une méditation importante. Je prie pour que ce soit inutilement utile!

L’affirmation, «Dieu est inutile», va, sans aucun doute, surprendre celui qui l’entend et qui va la considérer comme une insulte, et non pas une déclaration d’un chrétien croyant fidèle (encore moins venant d’un prêtre). Cette réaction dit beaucoup sur ce que nous ressentons à propos du mot «inutile» plutôt que sur ce que nous ressentons pour Dieu. Dans le langage américain actuel, «inutile» est surtout un terme péjoratif. Qui voudrait être considéré comme inutile?

Considérez cet extrait d’une lettre de l’auteur et dramaturge Oscar Wilde:

Une œuvre d’art est inutile comme une fleur est inutile. Une fleur s’épanouit pour sa propre joie. Nous gagnons un moment de joie en la regardant. C’est tout ce que l’on peut dire de nos relations avec les fleurs. Bien sûr, l’homme peut vendre la fleur et la rendre ainsi utile, mais cela n’a rien à voir avec la fleur. Cela ne fait pas partie de son essence. C’est accidentel. C’est une mauvaise utilisation. Tout cela, je le crains est très obscur. Mais le sujet est long.

Que l’absence d’utilité soit un terme injurieux en dit long sur notre époque. Stressés, anxieux, malades avec des vies fatiguantes nous nous trouvons obligés de justifier nos loisirs. Je «charge mes batteries», disons-nous, en donnant au travail la priorité ultime. Nous ne nous reposons que pour travailler plus dur.

Il y a beaucoup de choses inutiles qui marquent nos vies: la beauté, le repos, la joie. En effet, il semblerait que bon nombre des choses que nous apprécions le plus soient, pour la plupart, tout à fait inutiles. Qu’est-ce que l’on entend par utile?

La chose (ou la personne) utile tire sa valeur d’autre chose que d’elle-même. C’est un outil. J’apprécie l’outil car il me permet de faire autre chose. Dans de nombreux cas, lorsque l’utilité de l’outil a expiré, il est simplement jeté. Dans une société du jetable, nous nous noyons lentement dans une mer d’obsolescence, entourés de choses dont nous n’avons plus besoin.

Voici un extrait d’un article de la revue National Geographic:

Imaginez 15 sacs d’épicerie remplis de déchets en plastique empilés sur chaque mètre de rivage du monde. C’est la quantité de déchets plastiques terrestres qui se sont retrouvés dans les océans du monde en un an seulement. Le monde génère au moins 3,5 millions de tonnes de plastique et autres déchets solides par jour…. Les États-Unis sont les rois des déchets, produisant 250 millions de tonnes de produits par an, soit environ 4,4 livres ( environ 2kg) de déchets par personne et par jour.

Notre mer de déchets témoigne de l’éthique de l’utilité.

« Tu veux seulement m’utiliser. » Cette déclaration, sur les lèvres d’un amant ou d’un ami, est un acte d’accusation effrayant. Nous voulons être aimés pour nous-mêmes, pas pour ce que nous pouvons faire, encore moins comme but pour autre chose. Nous voulons être aimés comme des êtres inutiles.

Il convient de noter que parmi les premiers commandements de Dieu, il y a celui de l’inutilité:

Tu travailleras six jours et tu feras tout ton travail, mais le septième jour est un sabbat pour l’Éternel, ton Dieu. Vous n’y ferez aucun travail, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni votre bétail, ni le voyageur qui se trouve chez vous. Car en six jours l’Éternel a fait le ciel et la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, et Il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.

Le seul jour sur sept décrit comme «saint» est le jour où il nous est ordonné d’être inutiles (non productifs). En termes chrétiens, cela fait partie de l’œuvre de Dieu en nous de nous faire ressembler à Lui – nous formant et nous façonnant à l’image du Christ.

L’utilité – le profit – est une valeur forte dans le monde de la modernité – cette agglutination philosophique et culturelle qui a vu le jour il y a un peu plus de 200 ans. Inventer de meilleures charrues et batteuses, trouver des moyens de rendre tout plus rapide, moins cher et «meilleur», en effet, faire des choses dont personne n’avait jamais rêvé, est une excellente façon de faire croître une économie. Si vous l’associez au commerce mondial, le niveau de vie augmente et certaines personnes deviennent assez riches.


Le génie de la modernité ne consiste pas dans son amour pour la technologie, ni même pour ce que la technologie peut faire. La modernité est devenue super-compétente en technologie simplement parce qu’elle a appris à la rentabiliser. Nous ne fabriquons pas de meilleurs téléphones parce que nous avons besoin de meilleurs téléphones: nous les fabriquons pour pouvoir les vendre. Une grande partie de la recherche médicale consiste à trouver des moyens d’étendre les brevets plutôt que de guérir les maladies. La modernité n’est pas l’âge de la technologie: la modernité est l’âge du profit.

Si vous vous impliquez dans ce genre de choses pendant un bon nombre de décennies et que vous l’associez à des idées en vogue sur l’individualité et la liberté des hommes, vous pouvez, avant longtemps, commencer à penser que vous formez de meilleurs humains avec de meilleurs engins, batteuses et iPhones. Bien sûr, de nombreux humains vivent des moments difficiles car ils éprouvent un sentiment d’inutilité tenace qui ne semble pas disparaître.

L’inutilité liée au jour du sabbat avait une signification beaucoup plus profonde ainsi qu’une application de plus grande portée. Le jour du sabbat lui-même n’était qu’un signe de tout un mode de vie. Étrangement, l’inutilité était profondément liée à la question de la justice et, en quelque sorte, devient le fondement de la compréhension du Royaume de Dieu lui-même.

Le jour du sabbat de l’ancien Israël n’était qu’une petite partie d’une compréhension plus large du temps et de l’intendance de la création. Un jour de la semaine était réservé et aucun travail n’était à faire. Une année sur sept devait également être réservée, et aucun travail dans les champs ne devait être effectué pendant toute l’année – la terre devait rester en jachère – non labourée. Après sept cycles de sept ans, une cinquantième année devait être réservée.

Chaque septième année, non seulement la terre était en jachère, mais toutes les dettes (à l’exception de celles des étrangers) devaient être annulées. Au cours de la cinquantième année, ces mêmes choses s’appliquent, mais la terre revient à sa fonction d’origine. Cette cinquantième année commence avec le Jour des Expiations et était connue comme «l’Année du Jubilé».

Dans la prédication des prophètes, en particulier d’Isaïe, cette image de la gestion des dettes et de la terre reçoit une interprétation cosmique en plus de sa place dans le cycle annuel d’Israël. L’année jubilaire devient «l’année acceptable du Seigneur», prémisse d’un jour à venir où toute la création sera libérée – un jubilé à venir pour tout le monde et toute chose.

Lorsque Jésus se lève pour lire les Écritures dans la synagogue de Nazareth, il lit le livre d’Isaïe. C’est le passage qui parle de cet acte cosmique à venir de remise et de liberté:

Et il est venu à Nazareth, où il avait été élevé. Et selon sa coutume, il est allé à la synagogue le jour du sabbat, et il s’est levé pour lire. Et le rouleau du prophète Isaïe lui a été donné. Il a déroulé le rouleau et a trouvé l’endroit où il était écrit: «L’Esprit du Seigneur est sur moi, car il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. Il m’a envoyé proclamer la liberté aux captifs et retrouver la vue
aux aveugles, libérer ceux qui sont opprimés, et pour publier une année de grâce du Seigneur. Ensuite, il roula le livre, le remit au serviteur, et s’assit. Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les regards fixés sur lui. Alors il commença à leur dire: Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie. (Luc 4: 16-21).

Ce passage d’Isaïe est choisi par Christ pour décrire ce qu’il est sur le point de faire. Il va prêcher en disant: « Le Royaume de Dieu est proche. » Cette Écriture décrit à quoi cela ressemble. Les pauvres entendent de bonnes nouvelles, les captifs sont libérés; les aveugles reçoivent leur vue; les opprimés ont la liberté – il y a une libération qui se produit jour après jour dans Son ministère. En effet, ce n’est pas pour rien qu’il semble préférer le jour du sabbat à tous les autres pour faire ce travail. Il révèle le vrai sens et le véritable but du sabbat.

Et cela me ramènera à l’inutilité.

Aujourd’hui, nous considérerions les terres en jachère pendant un an comme un substitut primitif à la «rotation des cultures», un moyen utile de promouvoir une agriculture responsable. Ce n’est pas son véritable objectif. C’est une interruption délibérée du cycle de productivité et la maximisation du profit. Il dit: «Non. Il y a quelque chose de plus important.»

La Loi dans l’ancien Israël n’était pas une pratique inconnue au Moyen-Orient. D’autres royaumes de la région pratiquaient une remise de dettes occasionnelle, principalement pour garantir la position d’un souverain. Israël semble être le premier cas où le pardon de la dette et la pratique du repos sabbatique – pour les personnes, la terre et les animaux, ont été inscrites dans le tissu même de la vie sociale et ont reçu le sceau divin. Et, même pendant les années non sabbatiques, il y avait une interdiction de récolter en entier les champs. Une portion devait être laissée pour que les pauvres puissent «glaner» les champs pour leurs besoins. L’ efficacité maximale était interdite. Ce mode de vie n’était pas un effort pour consolider le pouvoir terrestre, mais pour diminuer son arbitraire en accord avec une compréhension fondamentale du but de l’existence humaine
Il n’y avait rien de nouveau dans l’attitude du Christ envers les pauvres et les opprimés. Ce qui était nouveau, c’était sa volonté de l
a mettre en pratique sans dureté et d’étendre son principe à tout et à tous.

Il a employé la notion de dette et de son abolition (avec des exemples extrêmes) dans son enseignement sur le Royaume de Dieu lui-même. Ce que nous apprenons, c’est que cette loi de l’inutilité – le refus de maximiser notre propre puissance et efficacité – va au cœur même de ce que signifie exister à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Bien sûr, l’enseignement du Christ a été obscurci à de nombreuses reprises et en de nombreux endroits. Ceux qui veulent le pouvoir et la richesse trouvent cela terriblement gênant. Le Christ a interdit l’usure – l’imposition d’intérêts sur les dettes. Cela faisait en fait partie du droit byzantin et du droit romain occidental pendant un certain temps. Il y avait des moyens de contourner cela (laissez les Juifs prêter de l’argent à intérêt, car ils n’étaient pas sous la loi chrétienne – et vous pourrez ensuite les attaquer en tant que «amoureux de l’argent» afin qu’ils puissent être tués et leurs biens saisis) .

Par la suite, l’enseignement du Christ devait recevoir une interprétation plus pratique: «usure» signifiait un intérêt «exorbitant» sur la dette – et c’est la base de nos lois actuelles sur la dette. Curieusement, l’intérêt le plus élevé autorisé dans notre économie ( aux USA ) concerne les cartes de crédit renouvelable et le crédit à la consommation – qui pèsent principalement sur les pauvres – ceux qui  ont le moins de moyens. Les taux d’intérêt les moins chers vont aux plus gros emprunteurs. Peu de choses ont changé au cours des millénaires. L’argent est très utile, et les intérêts payés par les pauvres le sont aussi. Y compris les intérêts payés sur les prêts étudiants.

L’évolution et la montée de la conscience moderne pourraient être mesurées par la montée et la domination de l’utilitarisme (la philosophie de l’utilité). L’utilité a été élevée au niveau d’ une vertu religieuse. Le monde moderne n’était pas le résultat de l’intentionnalité de quelqu’un – c’était (et est) un accident – les conséquences inattendues de beaucoup de choses – dont la moindre n’était pas la Réforme protestante et le démantèlement qu’elle a entraînée du consensus médiéval de l’Europe occidentale.

En Angleterre, par exemple, avec l’abolition du catholicisme romain, un nouveau mode de vie a commencé à se développer. Il y avait environ 50 jours par an sur le calendrier médiéval marqués par des jours de fête ( fêtes religieuses ou autres), plutôt que de travail normal.  Cinquante jours de célébration inutile (en plus des 52 dimanches de l’année) à la gloire de Dieu. Ces jours ont disparu pour la plupart. Lorsque Max Weber a écrit sur «l’éthique du travail protestant» et a vanté la productivité supérieure de l’Europe du Nord protestante sur l’Europe du Sud catholique paresseuse, il a oublié de noter que sept semaines de jours ouvrables ont été ajoutées au calendrier protestant. Il est facile d’être plus productif lorsque le travail ne s’arrête jamais.

L’éthique du travail est devenue une éthique culturelle (partout dans le monde). Nous prenons des vacances, assez souvent, pour pouvoir revenir en tant que meilleurs travailleurs. Trop peu de choses sont faites pour elles-mêmes. Pourquoi Dieu a-t-il mis de côté autant de temps pour l’inutilité? Apparemment, lorsque la vie devient motivée par l’utilité, nous négligeons et ignorons les choses qui ont le plus de valeur et qui sont trop facilement jugées inutiles.

Le prophète Amos a fait cette observation:

Écoutez ceci, vous qui dévorez l’indigent, Et qui ruinez les malheureux du pays!
Vous dites: Quand la nouvelle lune sera-t-elle passée, Afin que nous vendions du blé? Quand finira le sabbat, afin que nous ouvrions les greniers? Nous diminuerons l’épha, nous augmenterons le prix, Nous falsifierons les balances pour tromper; Puis nous achèterons les misérables pour de l’argent, Et le pauvre pour une paire de souliers, Et nous vendrons la criblure du froment.
(Amos 8: 4-6).

Il semble que très peu de choses aient changé depuis. Nous ne parvenons pas à honorer le Dieu inutile et, ce faisant, nous avons oublié comment et pourquoi nous vivons.

https://blogs.ancientfaith.com/glory2godforallthings/2020/05/04/the-useless-god/

Ce que la pandémie nous apprend : issu des conversations du Métropolite Athanase de Limassol (Chypre) avec les paroissiens

Source:https://orthodoxologie.blogspot.com/2020/04/ce-que-la-pandemie-nous-apprend.html

Issu des conversations du Métropolite Athanase de Limassol avec les paroissiens

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L’Église a sa propre façon de relever les défis

Nous ferons ce qui dépend de nous sur le plan humain et nous remercions les responsables, les scientifiques, les politiciens et le gouvernement, ceux qui nous expliquent comment nous comporter dans cette situation difficile. Sans ignorer la réalité objectivement difficile et en tant que peuple d’Église, nous avons certainement notre propre façon de nous aider à juger, évaluer et utiliser pour le bien les épreuves que nous rencontrons sur le chemin de la vie. C’est pourquoi nous devons faire preuve de prudence dans nos rapports avec cette épreuve, en observant toutes les mesures – sociales, scientifiques et autres – mais avant tout avec confiance en Dieu, en la Mère de Dieu et dans les saints de notre Église. L’Église nous enseigne toujours et nous appelle à prier dans les moments difficiles.

Seule la prière peut changer le cours des événements !

Cette situation critique peut être surmontée. Elle peut être surmontée par la prière. Nous devons beaucoup prier. Nous avons besoin de personnes qui, par la force de leur prière, peuvent renverser la situation mondiale, car en fin de compte, seule la prière peut changer le cours des événements. Toutes les autres mesures sont l’œuvre de mains humaines. Elles sont bonnes et utiles, mais la prière peut vraiment, en un instant, tout changer et dissiper cette épreuve, qui a d’ailleurs un côté positif, car elle nous apprend beaucoup de choses.

Que nous apprend la pandémie ?

Elle nous apprend notre faiblesse. Elle nous apprend la vanité des choses humaines. Elle nous apprend que tout ce que nous voyons autour de nous est transitoire. Nous devrions comprendre que notre principale aspiration devrait être le Royaume de Dieu. Comme le dit le Seigneur dans le Saint Évangile : Cherchez d’abord le Royaume de Dieu. Tout le reste vous sera donné par le Seigneur de gloire, le Christ. Le Royaume de Dieu – c’est ce dont nous avons vraiment besoin. C’est pourquoi l’Église nous appelle à l’ascèse de la prière [podvig de prière] issue de la repentance et de l’humilité.

Repentons-nous donc de nos péchés, des péchés du monde entier ! Offrons à Dieu la puissance de la prière, en vivant avec un cœur humble et repentant. Alors le Seigneur aura pitié et changera le cours de l’histoire.

Si nous prions, alors tout change. Si nous ne prions pas, alors nous marchons sur un chemin humain, dont on ne sait pas comment il sera et où il nous mènera.

Les églises sont ouvertes. Que ceux qui le veulent viennent !

Les églises [à Chypre] restent ouvertes. Les services divins n’y seront pas interrompus. Nos prêtres et nous sommes tous dans la position dans laquelle le Seigneur nous a placés. En tant que pasteurs de l’Église, nous offrons des prières, des offices et la Divine Eucharistie pour le monde entier. Que ceux qui le veulent viennent ! Ceux qui ressentent une difficulté, un manque de force ou autre chose, qu’ils agissent selon leur compréhension de la situation. Nous n’avons pas le droit de juger qui que ce soit. Nous prions pour le monde entier, pour tout « Adam », pour toute l’humanité.

Quelqu’un peut se demander : mais nous, ceux qui viennent à l’église, ne risquons-nous pas de tomber malades ? Nous tomberons malades et nous mourrons. Qui vous a dit que nous serons immortels dans ce monde ? Aviez-vous vraiment besoin du coronavirus pour savoir que nous allons mourir ? Avez-vous vraiment eu besoin du coronavirus pour savoir que nous allons tomber malade ?

Vous souvenez-vous de ce qu’ont dit les quarante martyrs de Sébaste ? Faisons le bien avec zèle ! Puisque nous allons mourir de toute façon, il vaut mieux mourir honnêtement avec nous-mêmes et en étant agréables à Dieu.

Ayons le souvenir de la mort, dont notre compatriote saint Néophyte le Reclus disait que la crainte de Dieu au souvenir de la mort est un bien plus élevé que tous les autres biens, car il nous rappelle que nous allons quitter ce monde vain et nous tenir devant le Seigneur.

Nous nous dirigeons tous vers Pâques

Que nous donne l’Église ? L’intrépidité : la victoire sur la peur de la mort. La mort biologique nous attend tous, sans exception, mais pas la mort spirituelle : Elle ne menace pas un homme qui croit en Dieu. « Celui qui croit en moi ne verra jamais la mort », dit le Seigneur (cf. Jn 8, 51). C’est-à-dire que celui qui croit en Dieu ne verra jamais la mort ; biologique – oui, spirituelle – non. Mais c’est ce qui nous fait peur : la mort spirituelle, notre séparation éternelle du Christ. Cela nous terrifie. Nous espérons que cela ne nous arrivera pas, car la mort biologique est temporaire, mais [la mort spirituelle] est une séparation éternelle !

Que nous soyons saints ou pécheurs, nous entrerons tous par les portes de la mort biologique. Quoi que nous soyons, nous nous dirigeons tous vers Pâques, vers la Résurrection du Christ, qui a piétiné la mort, dont nous entendons parler la nuit de Pâques. Que personne ne craigne la mort. Le Seigneur nous a délivrés de la peur de la mort par Sa mort. Il n’y a plus de mort, il y a la vie éternelle, le Christ, et le Royaume de Dieu dans les siècles des siècles.

C’est avec une telle foi que nous traverserons l’épreuve qui nous a été envoyée – sans panique, sans peur, sans pensées humaines. Nous irons en appelant à l’aide l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ.

L’amour de Dieu triomphe de la peur

Nous savons que notre vie dans ce monde a une « date d’expiration ». Mais nous savons aussi que la mort est une transition entre des choses vaines et des choses éternelles, vers le Royaume éternel de Dieu. La crise actuelle est un jugement sur notre foi, notre vie, nos pensées et la qualité de notre lien avec Dieu le Père.

L’Église reste un serviteur priant du Dieu vivant, indépendamment de tout calcul et de toute convoitise humaine. Elle donne l’espoir que Dieu est au-dessus de tout – non pas pour que nous négligions les efforts humains, mais pour que nous surmontions la peur de la mort. Elle est vaincue par l’Amour. L’amour parfait chasse la peur. Celui qui aime Dieu ne craint rien. Il n’est assombri par aucune épreuve dans ce monde, parce que l’Amour de Dieu vainc la peur et donne un sentiment de vie éternelle.

Sans la lumière du Christ, l’obscurité est insupportable

Dans notre métropole, dans la cathédrale et dans d’autres églises, l’onction sera servie tous les jeudis, soit avant soit après les Grandes Complies pour la guérison de l’âme et du corps. L’Église nous donne la médecine pour la vie éternelle. Avec les médicaments biologiques et chimiques fabriqués par l’homme, l’Église nous donne le saint sacrement de l’Onction, pour donner à nos âmes et à nos corps la force de passer à travers tout ce qui nous arrive – tant la vie que la mort – en maintenant notre paix intérieure.

La mort a été mise à mort par la mort du Christ, comme le disent les saints Pères de l’Église. Espérons en Christ. Faisons appel à la Très Sainte Génitrice de Dieu et aux saints Pères, et allons de l’avant avec foi et en toute sérénité. Ainsi, nous réconforterons nos frères. 

Pensez à quel désespoir, quelle peur, quelle insécurité, quelle crainte vit dans le cœur des personnes qui ne sont pas éclairées par la Lumière du Christ ! C’est une véritable tragédie – la vie sans Dieu ! C’est une vie tragique sans la Sainte Église ! L’homme ne peut pas vivre sans le Christ. Sans la lumière du Christ, l’obscurité est insupportable !

Par conséquent, tous ceux d’entre nous qui croient au Christ et invoquent Son Saint Nom apporteront l’espoir, la joie, la paix, le calme, la tranquillité et le courage au cœur de nos frères, en faisant appel à la Présence et à l’Amour de notre Seigneur Jésus-Christ pour les aider.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d’après

ORTHOCHRISTIAN

Saint Nicéphore (1890-1964)

La vie de saint Nicéphore le lépreux ( voir le site de l’Église orthodoxe en Amérique:https://www.oca.org/saints/lives/2016/01/04/205506-saint-nikephoros-the-leper).

Le père Nicéphore (Nikephoros) (Nicholas Tzanakakis dans le monde) est né en 1890 dans un village montagneux de Khania, à Sikari, Kastanohori à l’ouest de la préfecture région qui a un climat sain, avec de belles forêts, des eaux abondantes, des gorges et des grottes. Ce village a une particularité que l’on ne rencontre pas souvent: il est divisé en onze quartiers, qui portent également le nom des familles qui s’y sont d’abord installées. Saint Nikephoros est donc né dans le quartier de Kostoyianides.
Ses parents étaient des villageois simples et pieux,
ils sont décédés alors qu’il était encore un jeune enfant, le laissant comme orphelin. Ainsi, à l’âge de treize ans, il a quitté son domicile. Son grand-père, qui avait entrepris de l’élever, s’est rendu à Khania pour y travailler dans un salon de coiffure afin d’ apprendre le métier. Il a alors montré les premiers signes de la maladie de Hansen, à savoir la lèpre. Les lépreux étaient isolés sur l’île de Spinalonga car la lèpre était une maladie contagieuse et elle était traitée avec crainte et consternation.

Nicolas avait seize ans lorsque les signes de la maladie ont commencé à devenir plus visibles, alors il est parti sur un bateau pour l’Égypte afin d’éviter d’être confiné à Spinalonga. Il est resté à Alexandrie, travaillant à nouveau dans un salon de coiffure, mais les signes de la maladie sont devenus de plus en plus apparents, en particulier sur ses mains et son visage. C’est pourquoi, grâce à l’intervention d’un clerc, il se rendit à Chios, où il y avait à l’époque une église pour les lépreux, et le prêtre était le père Anthimos Vagianos, plus tard saint Anthimos (15 février).

Nicolas est arrivé à Chios en 1914 à l’âge de vingt-quatre ans. Dans l’hôpital pour lépreux de Chios, qui était un complexe avec de nombreuses propriétés familiales, il y avait une chapelle de Saint-Lazare, où l’icône miraculeuse de Panagia Ypakoe (2 février) a été conservée. Dans cet espace, le chemin des vertus a été ouvert pour Nicolas. En deux ans, Saint Anthimos le considérait prêt pour le schéma angélique et le tonsura avec le nom de Nikephoros. La maladie a progressé et évolué en l’absence de médicaments appropriés, provoquant de nombreuses lésions importantes (un médicament a été trouvé en 1947).

Le père Nikephoros vivait dans une obéissance sans réserve et authentique à son père spirituel, pratiquant un jeûne austère, travaillant dans les jardins. Il a également enregistré les miracles de Saint Anthimos, dont il avait été témoin de ses propres yeux (beaucoup d’entre eux étaient liés à la délivrance de ceux possédés par les démons).

Il y avait une relation spirituelle particulière entre Saint Anthimos et le moine Nikephoros, qui est toujours resté proche de lui, comme l’écrit le père Theoklitos Dionysiatis dans son livre Saint Anthimos de Chios. Le père Nikephoros priait la nuit pendant des heures en faisant d’innombrables métanies, il ne s’est querellé avec personne, ni blessé le cœur de personne, et il était le maître de choeur de l’ église. À cause de sa maladie, cependant, il a lentement perdu la vue, et il a donc chanté les tropaires et les épîtres de mémoire.

La léproserie de Chios a été fermée en 1957 et les patients restants, ainsi que le père Nikephoros, ont été envoyés au foyer de Sainte Barbara pour les lépreux à Athènes, à Aigaleo. À cette époque, le père Nikephoros avait environ 67 ans. Ses membres et ses yeux ayant été complètement altérés et déformés par la maladie.

Là-bas, le père Eumenios y vivait également au foyer des lépreux. Il souffrait également de la maladie de Hansen, mais avec les médicaments qu’il avait reçus, il était complètement guéri. Cependant, il a décidé de rester dans la maison des lépreux pour le reste de sa vie près de ses compagnons de souffrance, en prenant soin d’eux avec beaucoup d’amour. Il se soumit ainsi au père Nikephoros, à qui le Seigneur avait accordé de nombreuses en récompense de sa patience. Une foule de gens se réunissaient dans l’humble cellule du lépreux Nikephoros, à Sainte Barbara à Aigaleo pour obtenir ses prières. Voici quelques témoignages de ceux qui l’ont rencontré:

«Alors qu’il était accablé de blessures et de douleurs, il ne se plaignait pas, mais il faisait preuve d’une grande patience.»

«Il a eu le charisme de consoler ceux qui étaient tristes. Ses yeux étaient irrités en permanence et sa vue était limitée. Il avait également une raideur dans les mains et une paralysie des membres inférieurs. Néanmoins, il a enduré tout cela de la manière la plus douce, douce, souriante et délicieuse, et il était aussi agréable et aimable. »

«Son visage, rongé par les marques de sa maladie et ses blessures, brillait. Ce fut une joie pour ceux qui ont vu cet homme démuni et apparemment faible dire: Que Son Saint Nom soit glorifié. »

Le père Nikephoros s’est reposé le 4 janvier 1964 à l’âge de 74 ans. Après trois ans, ses reliques sacrées ont été exhumées et se sont révélées parfumées. Le Père Eumenios et d’autres croyants ont rapporté de nombreux cas où des miracles se sont produits en appelant Saint Nikephoros à intercéder auprès de Dieu.

La vie de Saint Nikephoros est un brillant exemple et un modèle pour tout le monde. Il plaisait à Dieu parce qu’il avait tant enduré. Pour cette raison, nous avons de nombreux témoignages que notre saint a reçu du Saint-Esprit le don de discernement et une foule d’autres charismes. Il convient de noter que la plupart des miracles sont enregistrés, et aujourd’hui le saint apporte une aide à toute personne dans le besoin ( et il faudrait préciser: qui lui demande cette aide avec foi). Certainement que d’autres miracles seront manifestes.

Surtout lire l’homélie du P. Elie du monastère de la Transfiguration – Terrasson sur https://orthodoxologie.blogspot.com/

Les fleurs et les fruits

 

Un ancien a dit : Si l’âme n’a que des paroles et pas d’œuvres, elle est semblable à l’arbre qui porte des fleurs, mais pas de fruits ».

Admirable vieillard qui a en peu de mots si bien expliqué la vie spirituelle ! Car les fleurs ne trompent que les yeux : si tu t’en éloignes tu les oublies, alors que le fruit de l’arbre rassasie l’homme et lui donne des forces pour soutenir sa vie. Ainsi, les paroles de ceux qui témoignent par leurs œuvres agissent sur le cœur comme un baume sur une blessure ; en revanche les paroles de ceux qui témoignent parce qu’ils ont étudié ne proviennent que de leur intelligence. L’eau et le vinaigre ont beau avoir la même couleur, le palais fait la différence !

Staretz Michel de Valaam . Lettre du 6 février 1955.

Pour un brève biographie du Staretz Michel de Valaam voir: https://orthodoxologie.blogspot.com/2010/09/staretz-michel-de-valaam.html