Quelques mots sur la parabole du riche insensé

Mais Dieu lui dit : « Insensé, cette nuit même on te redemande ta vie, et ce que tu possèdes, qui l’aura ? » Luc 12 :20

Cette question inquiète et angoisse de nombreuses personnes fortunées.  Le roi Salomon qui était d’une grande richesse et d’une grande sagesse s’est beaucoup posé de questions à ce sujet. Il s’exprime ainsi dans le livre de l’Ecclésiaste : « …je déteste la vie car je trouve mauvais ce qui se fait sous le soleil : tout est vanité et poursuite de vent. Moi, je déteste tout le travail que j’ai fait sous le soleil et que j’abandonnerai à l’homme qui me succédera. Qui sait s’il sera sage ou insensé ? » (Ecclésiaste, 2 : 17-19). Ces paroles du sage Salomon sont semblables à celles que la sagesse populaire exprime en disant que l’homme n’emporte rien avec lui.

Dans la parabole du riche insensé racontée par le Seigneur, toute l’attention du riche était tournée vers  le bien-être matériel passager de ce monde, son esprit étant très éloigné de Dieu et des questions d’ordre spirituel ; ce qui est illustré par le fait qu’il ramène tout vers sa propre personne, oubliant ou ignorant que tout ce que nous possédons nous vient de Dieu et que nos possessions  nous sont données pour une gérance provisoire. Comme le dit le psaume « Au Seigneur appartient la Terre et tout ce qu’elle contient ».

Lorsque l’être humain donne son cœur aux richesses matérielles alors il devient leur esclave. C’est pourquoi la purification du cœur signifie rendre notre monde intérieur libre de tout attachement aux choses terrestres qui sont passagères.  Cela doit être un objectif pour chaque chrétien. L’évêque Théophane  (Russie, XIXème siècle) commente cette parabole par ces mots : «  Puisque la fortune vient de Dieu, offre-la à Dieu si tu l’obtiens, tu sanctifieras ainsi ta fortune. Partages ce que tu possèdes en trop avec les démunis, ce faisant c’est comme si tu rendais à Dieu ce qu’Il t’a donné. Celui qui donne au pauvre est pareil à celui qui donne à Dieu ».

Chaque mot de cette parabole nous concerne. Et ces paroles sont particulièrement importantes pour les hommes de notre temps car tous les hommes de nos jours ont tendance à agir comme le riche de la parabole. Nos contemporains sont toujours disposés à démolir leurs granges pour en construire de plus grandes. Un exemple frappant est la crise économique actuelle dont les causes profondes sont spirituelles. Les gens ne se contentent plus de ce qu’ils gagnent mais ils veulent  davantage pour dépenser davantage…Ce n’est pas ainsi que se comportent ceux qui veulent vivre dans la proximité de Dieu ni ceux qui luttent pour acquérir les fruits de l’Esprit Saint. Dans cette parabole il y a beaucoup à apprendre en ce qui concerne le sens de notre vie, comment la diriger, l’orienter afin qu’elle atteigne sa pleine stature et qui constitue la vraie richesse laquelle n’est autre que l’intimité avec Dieu à travers notre empathie avec ceux qui souffrent et ceux qui sont dans le besoin en essayant de les consoler et en les faisant participer à ce que Dieu nous a confié.

P.  Antoine Melki

http://www.orthodoxlegacy.org/ (novembre 2011)

Les petites choses de la vie…

LES PETITES CHOSES DE LA VIE…

Extraits d’une homélie de Saint Jean Maximovitch (source : Orthodox Heritage, Vol.08, Issue 11-12).

Il y a beaucoup de gens qui pensent que pratiquer les commandements de Dieu et vivre selon la foi constitue quelque-chose de vraiment très difficile. En réalité c’est tout le contraire, c’est plutôt quelque chose de très facile. Il suffit de faire attention aux petits détails et d’éviter de faire le mal dans les choses les plus banales. C’est le moyen le plus simple et le plus sûr pour entrer dans le monde spirituel et de se rapprocher de Dieu.

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Conseils sur la prière

Conseils donnés à une personne sur la prière (par l’Archimandrite T. Bitar)

Traduction à partir de l’original que l’on peut trouver sur : http://holytrinityfamily.org/points%20on%20letters/2011/110220.html

Il est venu me demander: « Je ne prie pas  beaucoup ces temps-ci, je pense que je vis dans la  négligence. Que dois-je faire pour retrouver ma prière? »

Si tu veux, vraiment retrouver  ta prière, tu peux le faire à l’instant. La prière est un acte de volonté. Par la prière tu acquiers la prière. Prie régulièrement. Un peu ou beaucoup? Peu importe!  En ressentant quelque-chose ou sans rien ressentir ?  Ici encore peu importe ! La prière tu la commences sur le plan physique (c’est-à-dire avec le corps). Par des mots, avec des gestes. Il est important de les exécuter avec attention. Sans aller trop vite et sans trop de lenteur. N’élève pas la voix et ne la baisse pas trop non plus. Agis avec modération. Fais attention à ce que tu dis. Comprends bien le sens de chaque mot prononcé. Chaque fois que ton esprit se dissipe, même si c’est peu, ramène-le à la prière. La prière  se fait avec le corps, c’est-à-dire par  la bouche, par la main et les doigts,  en penchant le corps, en se prosternant et en même temps il faut que l’on garde l’attention, la compréhension du sens. Ce qui vient d’être précisé ainsi que ce qui s’en rapproche est une introduction à la prière du cœur. Dans la prière, le mouvement vient de l’extérieur et se dirige vers l’intérieur, et ensuite il est porté vers le haut. La prière assure la maîtrise de soi, elle fait entrer l’homme dans la paix intérieure, la paix intérieure conduit l’homme à la piété, et la piété fait jaillir en lui le parfum de la paix. Après cela tout se suit.

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Cadre chez Exxon et diacre au sein de l’Eglise Orthodoxe

 

Il y a quelque chose de différent  chez vous
Protodiacre Peter Danilchick 20 octobre 2011 / /

Traduit du site : www.pravmir.com/there-is-something-different-about-you/
« Comment pouvez-vous, vous qui êtes un homme d’Eglise,  aller travailler pour une compagnie pétrolière capitaliste? »  C’est ce que m’a demandé le Père Alexandre Schmemann  [le Père Alexandre Schmemann  (1921-1983) a fait des études de théologie à l’Institut Saint-Serge à Paris où il a enseigné, par la suite il est parti enseigner à l’Institut Saint Vladimir à New-York ] lorsque je suis devenu un salarié d’Exxon en 1970. Le Père Alexandre était alors doyen du Séminaire Saint-Vladimir, et je le connaissais déjà depuis quelques années. Nous étions en correspondance et avions discuté des questions concernant l’Eglise, en particulier  quand il  visitait Syracuse (New-York). J’étais encore étudiant en école d’ingénieur.
A cette époque, j’étais déjà habitué au style direct et franc du père Alexandre. Je lui ai immédiatement  répondu: «Ne vous inquiétez pas, père. Exxon est une entreprise qui suit une ligne de conduite éthique avec un sens moral. Si je m’écarte de cette ligne de conduite d’un iota, je serai renvoyé sur le champ ». Cette réponse que j’ai faite au début de ma carrière à Exxon, je pourrais la répéter avec pleine confiance (aujourd’hui) plus de trente ans après.
Cinq ans après avoir été embauché à Exxon, j’ai été ordonné diacre dans l’OCA [Orthodox Church in America -Eglise Orthodoxe d’Amérique] et je suis resté à la fois un diacre orthodoxe et un analyste à Exxon, puis je suis devenu chef de projet, et enfin cadre de direction durant les trois décennies qui ont suivi.
Si vous avez jamais vu de vieux western, vous pourriez avoir vu une scène dans laquelle le héros de cow-boy saute sur deux chevaux, un pied sur chaque selle, et s’en va à la poursuite des méchants. J’ai souvent ressenti qu’il en était de même lorsqu’il fallait à la fois jongler entre l’Eglise et les responsabilités au sein de l’entreprise. Cela devient encore plus compliqué lorsque vous êtes un mari et père de trois enfants et que vous vous déplacez à travers le monde tous les deux ou trois ans.

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La connaissance du Dieu merveilleux

Traduction du texte paru le 12 octobre 2011  sur l’excellent  site http://fatherstephen.wordpress.com/

Nous prouvons l’existence de Dieu en l’adorant et non en avançant des  soi-disant preuves. Nous avons ici l’argument liturgique et iconographique de l’existence de Dieu. Nous arrivons à une croyance solide dans l’existence de Dieu en allant au-delà de ce qui semble vrai, plus loin que la certitude de Pascal. Ainsi que  l’énonce un ancien adage monastique: «Donne ton sang et reçois l’Esprit».
Paul Evdokimov dans L’Art de l’Icône: Une théologie de la beauté

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J’ai écrit et réfléchi sur le « Dieu inconnaissable » et sur le « Dieu non nécessaire ». Il s’agissait  de  tentatives modestes  pour illustrer  la théologie « apophatique » de l’Eglise. Une théologie qui est au delà des mots – et qui ne peut pas être décrite. La citation extraite du très beau livre  de Paul Evdokimov va au cœur des choses. Paul Evdokimov comprend parfaitement que ce que nous savons de Dieu n’est pas quelque chose qui est soumis à l’argumentation rationnelle et aux preuves. Car Dieu est un Dieu vivant et non pas une idée que nous pouvons « saisir ». Le Salut n’est pas en soi une telle idée. Bien que Dieu soit tout à fait au delà de nos connaissances, il s’est fait connaître et le chemin que nous entreprenons vers cette connaissance est un chemin qui nous transforme.  Pour connaître Dieu de la façon dont Il devrait être connu consiste à se trouver en train de connaître d’une manière qui, à cause notre péché, nous est étrangère.

Celui que nous connaissons et comment nous Le connaissons  font partie de notre salut.
L’apprentissage impliqué dans la manière dont nous  acquérons la connaissance est peut-être la chose la plus difficile parmi toutes les choses auxquelles nous faisons face concernant la foi dans notre contexte moderne. Car la modernité elle-même n’a pas de langage ni de place pour le genre de connaissance impliqué dans le chemin chrétien de la foi. Même l’aperçu le plus minime que nous avons de Dieu dans notre voyage de foi est d’une valeur infiniment plus élevée que le savoir qui vient à travers la simple considération rationnelle.
La grande difficulté dans la connaissance de Dieu et qui est propre pour le voyage de la foi chrétienne, est celle qui n’est pas recherchée en tant que connaissance en soi. Cette dernière connaissance se présente à nous comme un aperçu, parfois soudainement et de façon inattendue, mais elle vient comme le fruit de l’humilité et de la repentance (conversion) dans nos vies. Les orgueilleux ne connaissent pas Dieu car il nous est dit que «Dieu résiste aux orgueilleux. » L’humilité est une lutte très difficile, car nous apprenons à nous considérer nous-mêmes comme étant en dessous des autres, plutôt qu’en dessus. C’est un grand mystère car nous sommes entourés par des personnes que nous aurions aisément tendance à considérer comme étant moins bien que nous et également plus grands pêcheurs que nous. Cependant, dans la vérité qui est révélée à la lumière du Royaume de Dieu, ce n’est tout simplement pas le cas. Cette sainte lumière nous révèle que nous sommes moins que les autres et moins dignes des faveurs accordées par Dieu.
C’est un grand mystère selon la plupart sinon par toutes les normes objectives – donc nous devons abandonner les normes objectives telles qu’elles sont car  leur témoignage n’est pas la vérité (ou pas la vérité que nous recherchons). Nous recherchons ce qui est bon parmi ceux qui nous entourent, et si alors nous voulons porter un  jugement, nous nous trouverons en dessous d’eux. Seul le cœur peut voir ce qui est bon ou entrevoir notre propre faiblesse.
Nous haïssons et nous craignons notre propre échec quand il nous est manifeste, et nous nous pressons de trouver quelque chose avec lequel nous pouvons couvrir nos erreurs. C’est le pêché d’Adam et Eve lorsqu’ ils ont cherché à se cacher à tort de la présence de Dieu. Par l’humilité on pourrait embrasser de tels moments donnés par Dieu pas pour  que nous ayons honte de nous mêmes, mais parce que dans ces moments, nos cœurs sont brisés et sont beaucoup plus capables de voir Dieu. Je trouve aussi (malheureusement) que lorsque de tels moments viennent  que je suis plus facilement conscient de mon échec que je ne le suis de la présence de Dieu – car tel est mon orgueil.
Cependant, Dieu ne veut pas de nous écraser, ni nous briser. Il est, après tout, un Dieu bon.
Acceptez les manquements qui surviennent car alors nous nous humilions devant nous-mêmes et devant les autres. Fuyez l’orgueil et l’entêtement. Prenez garde d’avoir (à tout prix)   raison. Rendez toujours grâce pour toute chose et en toute circonstance. (Et alors) Dieu  se rendra connaissable.

12 octobre 2011  fatherstephen